La marine royale canadienne accusée d’avoir dissimulé l’état réel du sous-marin NCSM Corner Brook

En 1998, le Canada a acquis auprès du Royaume-Uni 4 sous-marins à propulsion classique de la classe Victoria pour 750 millions de dollars canadiens. Ce qui aurait pu être une bonne affaire ne l’a finalement pas été…

Depuis qu’ils sont passés sous le pavillon canadien, ces sous-marins accumulent les problèmes. En 2004, le NCSM Chicoutimi fut victime d’un incendie lors de sa première traversée de l’Atlantique sous ses nouvelles couleurs. Un officier y laissa la vie.

Le NCSM Victoria n’a effectué, depuis son acquisition, qu’une centaine de jours de mission. La plupart du temps, il est resté à quai, à Esquimalt, en Colombie-Britannnique. Et, cerise sur le gâteau, jusqu’à une date récente, il ne pouvait pas plonger en eaux profondes à cause de fissures constatées sur sa coque.

Le plus récent de ces submersibles, le NCSM Windsor, n’a pas fait mieux. Il est actuellement en cours de réparation et 45 millions de dollars canadiens ont d’ores et déjà été dépensés pour le remettre en état, alors que 17 millions avaient été initialement prévus. Le navire connaît en plus des problèmes de corrosion…

Enfin, bien qu’il n’est pas armé, le NCSM Corner Brook était le seul sous-marin canadien à tenir encore la route. Du moins, c’était encore le cas jusqu’au 4 juin 2011… Car ce jour-là, il a heurté le fond de l’océan dans la baie de Nootka, au large de la Colombie Britannique, lors d’un entraînement.

Selon les conclusions de l’enquête menée par la Marine royale canadienne, « cet incident était évitable. L’échouement est attribuable à un manque de prise en compte de l’incertitude de la position du sous-marin comme le veulent les pratiques et techniques de la navigation en plongée en eaux restreintes ». Du coup, son commandant au moment de l’accident a été relevé de ses fonctions et affecté à un poste à terre.

Le même rapport d’enquête a également indiqué que « l’incident n’a causé aucune blessure grave ni aucun retard, mais la proue du Corner Brook a été endommagée et l’un des ballasts avant a subi une fuite mineure ».

Seulement, il semblerait que tout n’ait pas été dit au sujet de l’état du NCSM Corner Brook. En effet, l’ancien président du comité de la défense du Sénat canadien, Colin Kenny, s’est dit « estomaqué » par l’étendue des dégâts subis par le bâtiment. Selon le parlementaire, ces derniers seraient « horribles ». « Cela pourrait expliquer pourquoi la marine a sorti le sous-marin de l’eau en pleine nuit » a-t-il confié à CBC, qui a obtenu des photographies du navire en cours de réparation (vidéo ci-dessous).

Et le parlementaire de s’inquièter du sort des 60 sous-mariniers : « Je pense que l’impact psychologique de ce peut être décrit comme une expérience de mort imminente pourrait avoir un effet profond sur certains de ces hommes. J’espère qu’ils reçoivent les soins et le soutien dont ils ont besoin ».

Pour la Marine Royale Canadienne, qui a réagi aux propos du sénateur, les « dégâts » en question ne sont pas aussi « importants qu’ils en ont l’air ». Quant à savoir pourquoi le sous-marin a été sorti de l’eau pendant la nuit, son commandant-adjoint, le contre-amiral Mark Norman, a donné deux explications.

La première est qu’il fallait assez de fond pour pouvoir tirer le sous-marin de l’eau et l’installer dans un dock flottant. Autrement dit, il fallait que cela se fasse à marée haute et attendre les 4 heures du matin. D’où la seconde explication : à cette heure, le trafic maritime est quasi inexistant. « Le moindre petit mouvement peut avoir de graves conséquences lorsque vous levez 3.500 t de sous-marin » a avancé le contre-amiral Norman.

D’après des experts consultés par CBC, le choc subi par le NCSM Corner Brook aurait été de nature à endommager gravement sa coque, ce qui pourrait l’empêcher de reprendre la mer.

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