Mort du colonel Kadhafi : L’Otan répond aux interrogations de la Russie

Les versions qui circulent à propos de la mort du colonel Kadhafi, à Syrte, le 20 octobre, suscitent des interrogations. Ainsi, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a demandé qu’une enquête soit ouverte pour les préciser.

« A propos de la mort de Kadhafi, les circonstances ne sont toujours pas claires. Nous estimons qu’une enquête est nécessaire » ainsi décalré Rupert Colville, le porte-parole du Haut-Commissariat, en faisant référence à deux vidéos de la mort de l’ancien homme fort de Tripoli, lesquelles sont, d’après lui, « inquiétantes ». Certaines images tendent à faire penser que le colonel Kadhafi a été lynché par les combattants révolutionnaire et qu’il n’est pas mort des suites de blessures reçues lors d’un échange de coups de feu.

Cela étant, les Etats-Unis, engagés militairement dans l’opération Unified Protector, sous commandement de l’Otan, ont également demandé au CNT de déterminer de manière « transparente » les causes de la mort du colonel Kadhafi et indiquer souhaiter que « les prisonniers soient traités humainement ».

Côté russe, l’on s’interroge sur le rôle qu’a joué l’Otan dans cette affairen le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, ayant précisé que le convoi dans lequel se trouvait le colonel Kadhafi avait été arrêté par un bombardement d’un Mirage 2000D de l’armée de l’Air.

Ainsi, la légalité de la frappe aérienne contre le convoi de l’ex guide libyen a été remise en cause par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « La décision (de la communauté internationale) était qu’il avait perdu sa légtimité et qu’il devait partir. La manière dont il est mort soulève nombre de question » a-t-il déclaré. « Nous nous intéressons notamment aux actes de l’Otan du point de vue de la législation internationale » a-t-il poursuivi.

Rappelant que l’action militaire en Libye avait été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU uniquement pour imposer une zone d’exclusion aérienne et protéger les civils, Sergueï Lavrov a déclaré qu’il « n’y a aucun rapport entre la zone d’exclusion aérienne et une attaque contre un objectif au sol, en l’occurrence le convoi » du colonel Kadhafi, « d’autant plus qu’il ne pouvait être question de protéger des civils, vu que ce convoi n’attaquait personne ». Et d’ajouter : « on peut même dire qu’il était en fuite ».

Aussi, l’Otan a apporté de nouvelles précisions au sujet du raid mené le 20 octobre. Par voie de communiqué, elle a indiqué qu’un convoi de 75 véhicules « armés quittaient Syrte à grande vitesse et tentaient de forcer leur passage dans les faubourgs de la ville ». Cette colonne transportant « une quantité significative » d’armes et de munitions et constituait de fait « une menace pour la population civile locale ». Par conséquent, elle a été « prise sous le feu par un avion de l’Otan afin de réduire cette menace ».

Une première frappe, réalisée par un drone Predator américain, et ayant détruit un véhicule, a dans un premier temps arrêté la progression du convoi, qui s’est alors dispersé, en changeant régulièrement de directions.

« Un groupe d’une vingtaine de véhicules a continué à vive allure en direction du sud, juste à l’ouest de Syrte, et posait toujours une menace significative » poursuit le communiqué de l’Otan. C’est donc à ce moment qu’une patrouille française, constituée par un Mirage 2000D et un Mirage F1CR, est intervenue en lançant deux bombes GBU-12, lesquelles ont touché une dizaines de véhicules, qui ont été soit détruits, soit endommagés.

« Nous avons appris par la suite de sources publiques et auprès du renseignement allié que Kadhafi se trouvait dans ce convoi et que notre frappe a contribué à sa capture » a fait valoir l’Otan, qui a encore préciser que « cibler des individus ne fait pas partie de sa doctrine militaire ».

Interrogé par le Figaro, un responsable français a indiqué que l’Otan se doutait que « Kadhafi était caché quelque part à Syrte ». « Nous surveillions de près les différentes sorties qu’il aurait pu emprunter pour quitter la ville » a-t-il précisé. C’est pourquoi la région était survolée en permanence par des drones américains. Aussi, tous les convois en partance de Syrte devaient être arrêtés, au besoin par une frappe aérienne. « Ce qui n’était pas prévu, c’est qu’un groupe de combattants libyens qui patrouillaient au sol réservent un pareil sort au dictateur » écrit le quotidien.

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