Un véhicule militaire libanais pris pour cible par une patrouille syrienne

Voilà maintenant six mois que le régime du président Syrien Bachar el-Assad doit faire face à une forte contestation populaire qu’il réprime durement. Ainsi, d’après l’ONU, les heurts auraient fait 2.600 morts depuis le 18 mars dernier.

Pour le moment, Damas et Alep sont épargnées par les violences (le régime ayant tiré les leçons des évènements en Egypte, en Tunisie) et les foyers de contestation sont surtout situés à Hom, à Hama (épicentre de la contestation des Frères musulmans dans les années 1980 et plus généralement dans les villes moyennes et les campagnes.

Jusqu’à présent, l’armée syrienne a toujours été en mesure d’intervenir pour réprimer les mouvements de révolte. Et la répression souvent sanglante de ces mouvements de révolte à valu à la Syrie des sanctions de la part de l’Union européenne, qui a décidé un boycott du pétrole syrien, ce qui représente une perte annuelle d’environ 4 milliards de dollars, soit 20% du montant de ses exportations.

Des initiatives ont été lancées aux Nations unies pour condamner le régime syrien. Seulement, la Russie, qui dispose dans le pays de facilités militaires, en plus d’un débouché pour ses industries de l’armement, est le principal rempart à toute condamnation de son allié. Et si Ankara a pris ses distances avec Damas, ce n’est pas le cas de Téhéran, même si le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a lancé de discrets appels au dialogue avec l’opposition syrienne.

Et, cerise sur le gâteau, aussi bien les Etats-Unis qu’Israël redoutent de voir l’arsenal chimique syrien tomber entre de mauvaises mains dans le cas où la situation viendrait encore à se dégrader pour le régime de Bachar el-Assad. En effet, Damas n’a jamais signé le traité de non-prolifération de 1993 concernant ce type d’armes. Selon des experts – mais depuis le précédent irakien, il faut être prudent – la Syrie disposerait d’énormes quantité de gaz sarin ainsi que des milliers de vecteurs (missiles, artillerie).

Ainsi, l’évolution de la situation syrienne peut avoir des influences au niveau régional. En premier lieu, Israël craint avant tout le chaos à ses frontières et ne sait pas ce qu’il adviendra si jamais le régime de Bachar el-Assad s’effondre.

Mais c’est surtout le Liban qui est susceptible de subir les conséquences d’un tel scénario. Le Hezbollah, l’influente milice libanaise, perdrait ainsi un soutien précieux, ce qui pourrait l’amener à adopter une ligne plus agressive (l’attentat contre les casques bleus français en juillet, en est-il un premier signe?) et l’Iran n’aurait plus accès au pays du Cèdre, et donc la possibilité de peser sur la frontière sud d’Israël.

Et il s’ajoute le risque, toujours pour Beyrouth, de voir la contestation syrienne se transformer en guerre confessionnelle (les chrétiens maronites, les druzes et les alaouites soutiennent dans l’ensemble el-Assad), lequelle serait susceptible de déborder les frontières libanaises.

Et les heurts syriens ont en effet franchi la frontière, mais pas comme Beyrouth pouvait le craindre. En effet, le 15 septembre, un véhicule de l’armée libanaise, avec 5 soldats à bord, ont été visés par les tirs d’une patrouille syrienne près du village d’al-Mouansseh, dans le nord du pays. Aucune raison n’a été fournie pour expliquer ce geste, qui n’a cependant pas fait de victime. Méprise? Acte délibéré? D’après l’agence officielle ANI, il faudrait retenir la première option.

Selon un communiqué de l’armée libanaise, cette patrouille syrienne aurait franchi la frontière et « pénétré sur environ 200 mètres, en ouvrant le feu sur des personnes qui fuyaient ». Des militaires libanais ont ensuite été déployés le long de la rivière Nahr el-Kébir, qui sépare le Liban de la Syrie, afin de voir si leurs homologues syriens étaient bel et bien repartis.

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