Les pilotes de la Royal Navy devront apprendre la langue de Surcouf

« Les pilotes de la Royal Navy forcés d’apprendre le Français ». Le titre de l’article publié sur le site Internet du quotidien britannique « The Telegraph » n’a pas manqué de susciter un flot de réactions outre-Manche. Même chose pour un papier du Daily Mail. Pensez donc, des marins de Sa Majesté contraints de se mettre à la langue des froggies, ça ne peut pas laisser indifférent de l’autre côté du « channel ».

Avec les décisions prises par le gouvernement britannique, au mois d’octobre dernier, la Royal Navy a dû retirer du service son porte-aéronefs, le HMS Ark Royal. Et les Harrier qui étaient embarqués à son bord ont connu le même sort.

Dans le même temps, et par souci « d’interopérabilité » avec l’US Navy et la Marine nationale, ses deux porte-avions de la classe Queen Elizabeth, actuellement en cours de construction, seront dotés de catapultes et de brins d’arrêt en lieu et place d’un pont incliné afin de mettre en oeuvre des F35C (navalisé) et non plus des F35B (STOVL, à décollage et atterrissage vertical/court).

Aussi, pour maintenir ses capacités aéronavales, mais aussi pour réapprendre l’art du catapultage et de l’apontage, la Royal Navy n’a guère plus le choix que d’envoyer ses pilotes s’entraîner et se former aux Etats-Unis et en France.

Dans le cadre des accords franco-britanniques signés en novembre 2010 en matière de défense, la Marine nationale a ainsi accepté d’entraîner les pilotes et les techniciens de la Royal Navy à bord du Charles de Gaulle, en attendant l’arrivée des F35C et de leur propre porte-avions, c’est à dire d’ici 2018-2020. D’où la nécessité pour ces derniers de se mettre sérieusement à la langue française.

« Qui aurait pensé que, plus de 200 ans après la bataille de Trafalgar, nous demanderions aux Français de former nos pilotes de l’aéronavale ? Notre relation avec les Français a toujours été un peu tendue, donc ce sera un test important de cette coopération » a ainsi commenté un officier supérieur de la Royal Navy. « Pendant des décennies, notre impression était que les Français arrivaient toujours lorsque la bataille était terminée. Maintenant, David Cameron nous a forcé à joindre leurs forces, à prendre des leçons de français et à manger leur nourriture », a-t-il ajouté.

En attendant, les 5 premiers pilotes britanniques – sur 30 – suivent actuellement des cours intensifs de langue française à l’Ecole Militaire de Paris. Ils seront ensuite affectés pendant 3 ans à une flottille de l’aéronautique navale française et voleront sur Rafale, tout en conservant leur uniforme.

Par ailleurs, la formation des pilotes de la Royal Navy se fera aux Etats-Unis, à l’instar des Français. Un accord allant dans ce sens a été signé le 13 juin dernier, à l’occasion de la visite au Royaume-Uni de l’amiral Roughead, le chef d’état-major de l’US Navy.

« Nous avons beaucoup de travail (…). Nous devons préparer les matelots, les ingénieurs, les opérateurs de catapultes, les opérateurs de brins d’arrêt et le contrôle de la navigation aérienne. C’est un défi majeur et quelque chose que nous n’avons pas fait depuis la fin des années 70 », a commenté, à cette occasion, l’amiral Mark Stanhope, le chef d’état-major de la Royal Navy. « Nous y parviendrons avec le soutien de nos alliés américains et français » a-t-il ajouté.

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