L’amiral Forissier voudrait un porte-avions commun à la Marine nationale et à la Royal Navy pour la formation

Le chef d’état-majors de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Pierre-François Forissier, s’est exprimé, la semaine passée, sur les coupes budgétaires qui affectent la marine britannique.

« Du point de vue français, je dois dire que nous sommes véritablement choqués parce que la Royal Navy a toujours été un modèle pour nous. Elle se trouve maintenant dans une situation très difficile » a-t-il déclaré au quotidien britannique The Telegraph, le 4 juin dernier.

Les choix de Londres en matière de politique de défense, annoncés à l’automne 2010, ont en effet conduit au désarmement du porte-aéronefs Ark Royal et de plusieurs autres bâtiments et au retrait des chasseurs Harrier. Et ces équipements font actuellement défaut aux militaires britanniques impliqués dans l’opération de l’Otan en Libye.

« Si la Grande-Bretagne avait eu un porte-avions sur le théâtre libyen, cela aurait été un soutien pour la RAF (ndlr, Royal Air Force) parce qu’elle aurait eu besoin de moins d’heures de vol, et ses avions auraient été plus efficaces » a observé l’amiral Forissier.

Cela étant, la Royal Navy a pu sauver ses deux porte-avions, dont l’annulation aurait coûté plus cher que leur construction, laquelle a d’ailleurs commencé. Seulement un des deux navires – le HMS Queen Elizabeth – devrait être mis en service, le second, le HMS Prince of Wales (qui pourrait cependant être baptisé HMS Ark Royal) devant être placé en « disponibilité prolongée » quand il sera livré.

Pour l’amiral Forissier, il serait judicieux que la France et le Royaume-Uni, qui ont signé des accords de défense très poussés en novembre dernier, aient en commun un porte-avions pour assurer des missions de formation. Et cela pourrait être celui qui sera mis sous cocon…

« Cela serait utile d’avoir un porte-avions en Europe pour former les pilotes. Sinon, nous aurions besoin d’avoir deux porte-avions dans nos deux pays, et je ne pense pas que cela soit faisable économiquement » a ainsi déclaré le CEMM, après avoir expliqué que, pour bien faire, à cause des problèmes de maintenance et de disponibilité, l’idéal pour une marine est de disposer de deux bâtiments de ce type.

« Si nous avions le budget nécessaire, cela serait utile d’avoir chacun un porte-avions national, et d’avoir un porte-avions supplémentaire – pas aussi coûteux et pour l’entraînement – pour une utilisation par les marines française et britannique » a-t-il précisé.

Et l’amiral Forissier est allé encore plus loin en avançant l’idée que des avions britanniques – des F35 C, c’est à dire avec des capacités CATOBAR (Catapult Assisted Take Off But Arrested Recovery, décollage avec catapulte et apontage avec des brins d’arrêt), comme les appareils français – pourraient être mis en oeuvre depuis le Charles de Gaulle.

« Lorsque vous menez une attaque, c’est la nationalité de l’avion qui est importante. Donc, potentiellement, à l’avenir, l’on peut imaginer avoir des avions britanniques menant un mission britannnique, depuis une base française » a-t-il expliqué.

Note :  L’amiral Forissier a dit la même chose à l’agence de presse Reuters, un jour avant l’entretien qu’il a accordé au Telegraph. Cependant, selon certaines reprises sur des sites d’informations (à commencer par l’Express, avec une faute dans le titre non encore corrigée), l’on peut lire que l’amiral Forissier a dit qu’un « porte-avions ne se partage pas et ne se construit pas en commun pour des raisons de souveraineté nationale ». Or, il n’y aucune trace de ces propos dans la dépêche de Reuters, rédigée en anglais… A moins que cela m’ait échappé.

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