De grosses fuites dans le budget russe de la Défense

Au cours des 10 prochaines années, la Russie dépensera 474 milliards d’euros pour moderniser les équipements de ses forces armées et doter ces dernières de 600 avions, 1.000 hélicoptères et 100 navires de guerre. Des sommes seront également investies dans les nouvelles techonologies pour tenter de rattraper le retard pris dans les systèmes de commandement et de contrôle. Et de nouveaux missiles balistiques straégiques seront également mis en oeuvre.

Cet effort d’équipement s’accompagne d’une réforme sans précédent de l’armée russe, qui doit adopter les standards en vigueur en Occident. En clair, il s’agit de « dégraisser » pour prendre du muscle pour disposer de forces à la fois plus compactes, mobiles et mieux équipées pour leur permettre d’intervenir à l’extérieur de leurs frontières. Ce qui est une nécessité quand l’on sait que Moscou entend maintenir une présence militaire partout où ses approvisionnements énergétiques seraient menacés.

Ainsi, les effectifs de l’armée russe seront réduits de 17% et 61% des officiers – soit 200.000 – seront mis à la retraite. La volonté de disposer de forces plus compactes n’est pas la seule explication à cette hémorragie : compte tenu de son déficit démographique, la Russie n’aurait de toute façon pas pu faire autrement.

Cette réforme vise aussi à « moraliser » l’armée russe, connue pour les brimades infligées aux recrues (la dedovchtchina) et aussi pour la corruption qui règne dans ses rangs.

En 2010, 950 membres des forces de l’ordre et de l’armée ont été inculpés pour des faits de corruption, allant du pot-de-vin au détournement pur et simple. Près de 9.000 infractions ont ainsi été relevées. Et parmi elles, il y a des cas qui sont savoureux, comme ce colonel condamné à 4 ans de prison pour avoir joué au casino les 520.000 euros qu’il devait gérer pour des travaux de reconstruction en Tchétchénie, ou encore de général qui a détourné 600.000 euros du budget fédéral en créant un réseau de sociétés écrans.

Aussi, l’ampleur de ces détournements a atteint un summum. Selon Sergueï Fridinski, le procureur en chef de la justice militaire, 20% du budget de la Défense russe – qui est de l’ordre de 37 milliards d’euros – irait ainsi dans d’autres poches. « D’énormes sommes d’argent sont volées, pratiquement le cinquième, et les soldats reçoivent des équipements et armes de mauvaise qualité » a-t-il indiqué dans les colonnes du quotidien Rossiiskaïa Gazeta.

Et les fournisseurs russes du ministère de la Défense ne sont pas en reste. Ainsi, Sergueï Fridinski a évoqué une manipulation consistant à faire passer pour neuves des pièces de rechange destinées à la maintenance des avions qui étaient en réalité contrefaites ou provenaient de vieux stocks. Idem pour des torpilles, dont les composants importés étaient dépassés. Coût de cette arnaque : 200 millions de roubles.

Plus généralement, la corruption est endémique en Russie. En juillet 2010, un rapport de l’Association des avocats pour les droits de l’homme l’avait évaluée près de la moitié du PIB russe.

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