Des militants islamistes combattraient dans les rangs des rebelles libyens

Le colonel Kadhafi a affirmé, à plusieurs reprises, que les troupes qui sont restées fidèles combattent al-Qaïda. Aussi déroutantes qu’ont été les premières interventions du leader libyen au début de la crise que traverse son pays, il se pourrait qu’il n’ait pas totalement tort.

Comme il a été écrit sur ce blog le 12 mars, la situation libyenne laissait craindre que des mouvements terroristes puissent s’emparer de matériels militaires – et en particulier de missiles anti-aériens Manpad Sa-7) à la faveur du chaos ambiant. Le cabinet d’analyse stratégique Stratfor soulignait que le conflit libyen « pourrait offrir aux jihadistes plus de liberté de manoeuvre qu’ils n’en ont eu depuis des années ».

Et il semblerait que les craintes que l’on pouvait nourrir soient devenues réalité. « Nous avons des informations sûres. Nous sommes très inquiets pour la sous-région. Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) a profité de la situation en Libye pour se procurer des armes lourdes qui ont été transportées dans la zone sahélienne » a ainsi déclaré une source maliene proche des services de sécurité et dont les propos ont été rapportés par l’AFP.

Cela a été confirmé par un responsable militaire nigérien : « Nous avons les mêmes informations. Parmi ces armes, il y a des missiles Sa-7. C’est très inquiétant. Ce surarmement est un vrai danger pour toute la zone sahélienne. Apparemment, AQMI utilise des intermédiaires ou envoie même des militants pour récupérer ce matériel. Reste à savoir ce que l’organisation compte faire de ces armes. L’on peut imaginer qu’une partie puisse servir à faire du trafic. Et que l’autre soit utilisée… Auquel cas, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les Etats concernés (Mauritanie, Niger, Mali, Algérie) mais aussi pour les militaires français amenés à intervenir dans la région sahélienne.

Pour le président tchadien, Idriss Deby Itno, il n’y aucun doute non plus sur le fait qu’AQMI s’est procuré du matériel militaire libyen. « Les islamistes d’al-Qaïda ont profité du pillage des arsenaux en zone rebelle pour s’approvisionner en armes, y compris en missiles sol-air, qui ont été par la suite exfiltrés dans leurs sanctuaires du Ténéré » a-t-il déclaré dans un entretien à paraître le 28 mars dans Jeune Afrique.

« C’est très grave. AQMI est en pesse de devenir une véritable armée, la mieux équipée de la région » a poursuivi le président Déby, avant d’estimer qu’il y a « une part de vérité » dans les affirmations du colonel Kadhafi. « Je suis certain qu’AQMI pris une part active au soulèvement » a-t-il dit, tout en reconnaissant ne pas savoir « jusqu’à quel point ».

Selon les quotidiens The Daily Telegraph et Il Sole 24 Ore, des militants islamistes recrutés à Derna par un certain Abdel Halkim al-Hasadi pour aller combattre en Irak seraient dans les rangs des rebelles à Ajdabiya.

La ville de Derna, justement, avait été épinglée par un câble diplomatique américain diffusé par WikiLeaks. Cette cité, située entre al-Baïda et Tobrouk, avait été décrite comme étant un « vivier de combattants libyens » pour l’Irak. Elle subirait l’influence d’un petit groupe d’anciens djihadistes passés par l’Afghanistan, qui la pousseraient vers un islam rigoureux et conservateur.

Par ailleurs, il est fort probable que bon nombre de prisonniers islamistes libérés en plusieurs vagues par le régime du colonel Kadhafi aient pris les armes aux côtés des rebelles. Depuis 2007, Tripoli a lancé le programme « dialogue et réconciliation » pour « recycler » les djihadistes. Au moins 946 ont été ainsi élargis des prisons libyennes.

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