Aux Etats-Unis, on peut troubler les obsèques de militaires tués en opération

Il s’appelait Lance Matthew Snyder et avait 20 ans lors de son premier déploiement en Irak, avec l’armée américaine. Tué cinq semaines après son arrivée sur le sol irakien, en 2006, ses funérailles avaient été perturbées par un groupe d’illuminés (désolé, il n’y a pas d’autres mots), se prétendant chrétiens mais ayant manifestement oublié au passage les valeurs dispensées par les Evangiles et surtout le respect que l’on doit aux morts.

En effet, ce groupe émanant de l’église Wesboro, au Kansas et constitué principalement par les membres de la famille de son gourou, Fred Phelps, prétend que la mort de soldats américains s’explique par le fait que l’Amérique « vit dans le péché ». Et au cours de la cérémonie funèbre concernant le jeune Lance Snyder, il n’avait pas hésité à brandir des pancartes où l’on pouvait lire « Merci mon Dieu pour les soldats morts », ou encore « soldats pédés! ».

Le père du militaire décédé a porté plainte contre ces agités du bocal pour diffamation et violation de la vie privée. Après un premier jugement, il s’était vu accorder 11 millions de dollars de dommages et intérêts.

L’affaire n’en est pas resté là. En effet, un cour d’appel a par la suite cassé ce jugement en avançant que le discours des religieux, aussi « répugnant soit-il », était protégé par le fameux Premier amendement, lequel garantit la liberté d’expression aux Etats-Unis.

Pour invalider ce jugement, la Cour suprême des Etats-Unis a été saisie. Et ses juges ont estimé, par 8 voix contre 1, ce 2 mars, que le groupe de Wesboro était dans son droit.

« La parole est puissante. Elle peut pousser les gens à agir, les faire pleurer, de joie ou de tristesse, et leur infliger, comme c’est le cas ici, une grande souffrance. (…) Mais nous ne pouvons pas répondre à cette souffrance en punissant celui qui s’est exprimé » ont estimé les juges.

« En tant que nation, nous avons choisi une voie différente, qui est de protéger la liberté d’expression, même quand elle peut blesser, sur les questions de société, pour faire en sorte que nous n’étouffons pas le débat public » ont encore expliqué les magistrats.

La position défendue par la Cour suprême est toutefois surprenante, surtout si l’on considère que les obsèques d’un jeune soldat mort au combat n’ont rien à voir avec « le débat publique » qu’elle ne veut pas « étouffer ».

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