L’idée d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye se précise

Selon différents témoignages, deux avions des forces aériennes libyennes ont détruit, le 28 février, des dépôts de munitions situés dans la région de la ville de Benghazi, désormais sous le contrôle des opposants au régime du colonel Kadhafi. Par ailleurs, la semaine passée, des pilotes ont fait défection après avoir refusé de bombarder des civils. Deux d’entre eux se sont ainsi posés à Malte, avec leur Mirage F1.

Pour éviter ce type d’opération, mais aussi afin d’empêcher la venue, en Libye, de mercenaires à la solde du colonel Kadhafi et enlever à ce dernier toute possibilité de fuite, il est question d’établir une zone d’exclusion aérienne – ou une No Fly Zone (NFZ) – au-dessus du territoire libyen.

Cette option a été évoquée par le Premier ministre, François Fillon, hier, sur les ondes de la station de radio RTL et elle a été débattue, le même jour, au Conseil de sécurité des Nations unies, sans qu’aucune décision ne soit prise en raison de l’opposition de la Russie.

Or, pour mettre en place cette NFZ, il faut tout d’abord obtenir un cadre légal, c’est à dire une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Et quand bien même le feu vert serait donné, il reste encore à définir les modalités d’une telle opération et les moyens à réunir.

Pour ce type d’initiative, il faut des avions de chasse prêts à intervenir à tout moment, des appareils ravitailleurs, des systèmes de détection, qui peuvent être aériens comme les Awacs, ou navals, avec, par exemple, les frégates de défense aérienne française de type Horizon. Et sans oublier des moyens de guerre électronique pour brouiller les radars libyens et les batteries de DCA.

Et puis il est aussi nécessaire de disposer de points d’appuis proches de la zone d’opérations. Le porte-avions semble l’outil le plus approprié. L’on pense évidemment au Charles de Gaulle, qui vient de rentrer à Toulon après une mission de 4 mois dans l’océan Indien mais aussi aux navires de l’US Navy, qui ont reçu l’ordre de se repositionner autours de la Libye. C’est notamment le cas de l’USS Enterprise. La base de Solenzara, en Corse, pourrait être mobilisée, de même que celle Sigonella en Sicile. Et l’on peut même imaginer un déploiement à Malte, voire même un recours aux Eléments français du Tchad (EFT).

« Personne aujourd’hui n’a les moyens tout seul de réaliser cette opération » a estimé François Fillon. Aussi, pour le Premier ministre, « il faudrait donc impliquer l’Otan » tout en s’interrogeant si cette organisation « doit être impliquée dans une guerre civile au sud de la Méditerranée ».

Les modalités d’une telle opération sont également compliquées à définir. Il faut en effet se mettre d’accord sur les appareils qui seront visés par la NFZ mais aussi sur le périmètre géographique qu’elle devra couvrir. Enfin, une autre difficulté à dépasser concerne les règles d’engagement pour les forces aériennes qui seront éventuellement sollicitées.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]