La Russie veut se renforcer militairement dans les îles Kouriles

C’est un archipel de quatre îles, appelées Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri par les Japonais. Pour Moscou, ce sont les Kouriles du Sud. En 1855, la question de leur appartenance avait été réglée par le traité de Shimoda : l’Empire russe, qui revendiquait ces territoires les cédait au Japon, lequel y avait alors établi sa souveraineté et l’Empire.

Du moins le croyait-on puisqu’après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale, Staline annexait ces îles, en vertu des accords de Yalta. Pour l’Union soviétique, et maintenant la Russie, ces territoires ont une importance stratégique puisqu’ils verrouillent l’accès à la mer d’Okhotsk. Pour autant, le Japon n’a jamais renoncé à cet archipel, riche en ressources halieutiques, en soufre et en minéraux polymétalliques.

Depuis, l’affaire des Kouriles empoisonnent les relations entre Moscou et Tokyo, au point qu’elle a toujours empêché, jusqu’à présent, la signature d’un accord de paix entre les deux capitales.

Aussi, quand le président, Dmitri Medvedev, s’est rendu sur l’archipel en novembre dernier (une première pour un chef d’Etat russe), la réaction du gouvernement japonais a été vive, le Premier ministre Naoto Kan ayant, dans un premier temps, qualifié cette visite de « très regrettable », avant de parler « d’outrage impardonnable » le 7 février dernier, quelques jours avant le voyage programmé à Moscou de son ministre des Affaires étrangères, Seiji Maehara.

D’où la réponse ferme du président Medvedev, qui n’entend pas transiger sur la question de ces îles, contrairement à ce qu’avait été tenté de faire Boris Eltsine dans les années 1990. « Tous doivent comprendre que les îles de l’archipel des Kouriles sont un territoire de la Fédération de Russie, sur lequel s’étend sa souveraineté » a-t-il affirmé. Et de promettre de « mettre en oeuvre tous les efforts nécessaires pour y renforcer » la présence « stratégique » russe. Autrement dit, il s’agit d’y renforcer les moyens militaires déjà présents sur place.

« Les armements qui sont là-bas doivent être suffisants et modernes pour garantir la sécurité des îles, en tant que partie inaliénable de la Fédération de Russie » a encore précisé le maître du Kremlin.

Selon Igor Korotchenko, membre du conseil social auprès du ministère russe de la Défense, ce renforcement des capacités militaires pourrait passer par le déploiement de « deux batteries de missiles antiaériens S-400, d’un système de DCA Pantsir S1, d’une batterie de défense côtière avec des missiles antinavires Iakhont, ainsi que plusieurs radars susceptibles d’assurer un contrôle aérien total ».

Pour compléter le tout, des avions SU-35 pourraient être également mis en oeuvre à partir de ces territoires contestés, de même que des appareils de lutte contre les sous-marins, des vedettes lance-missile et « 2 à 3 corvettes ».

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