Défense européenne : Les britanniques moins réticents?

En 1998, le sommet franco-britannique de Saint-Malo avait permis de faire avancer l’idée d’une défense européenne autonome. D’un côté Paris reconnaissait ouvertement l’apport essentiel de l’Alliance atlantique pour la sécurité du Vieux continent alors même que l’armée française coopérait déjà étroitement avec les forces de l’Otan pour stabiliser les Balkans. De l’autre, Londres décida ne de plus s’opposer à ce que des questions de défense soient évoquées au sein de l’Union européenne.

Cette double évolution avait permis, par la suite, de lancer le chantier de l’Europe de la Défense lors du Conseil européen de Cologne et de doter l’UE de capacités d’action autonomes pour la gestion de crises. Depuis, les initiatives en matière de défense européenne ont été plutôt rares, bien que la présidence française de 2008, en 2008, a permis de faire avancer quelques dossiers, comme par exemple l’Erasmus militaire ou la mise sur pied de la mission navale Atalante pour lutter contre la piraterie au large de la Corne de l’Afrique.

Parmi les raisons pouvant expliquer ce manque d’engouement relatif, il y a la faiblesse des budgets militaires de la plupart des Etats membres de l’UE, alors que les dépenses d’armement sont en augmentation partout ailleurs dans le monde. Bien évidemment, cela a un impact sur les capacités en matière de défense du Vieux Continent.

Outre les blocages culturels, bien souvent liés à l’histoire de chaque pays, l’attitude du Royaume-Uni n’a guère fait avancer les choses. En effet, considérant que cela pourrait faire de l’ombre à l’Otan, Londres a toujours refusé, jusqu’à présent, l’idée d’un état-major européen. Or, cette dernière est notamment défendue par Paris et d’autres capitales européennes.

Est-ce que les Britanniques vont un jour changer d’avis? Peut-être, si l’on en croit le document d’une cinquantaine de pages rédigé par le ministre de la Défense d’outre-Manche, Bob Ainsworth et qui doit être rendu public ce 3 février. Selon le Financial Times, qui en a eu la primeur, la Grande-Bretagne envisagerait ainsi de renforcer sa coopération militaire avec la France et, plus généralement, avec l’Union européenne afin de conserver un rôle de premier plan sur la scène mondiale.

Cette option serait nécessaire en raison des contraintes budgétaires qui touchent l’armée britannique, en raison de ses engagements en Irak et en Afghanistan qui ont réduit sa marge de manoeuvre financière.

Comme pour le sommet de Saint-Malo, il semblerait que la décision française de réintégrer le commandement militaire de l’Alliance atlantique ait joué un rôle dans l’évolution britannique. « Le retour de la France dans les structures militaires intégrées de l’Otan offre l’occasion d’une coopération accrue avec un partenaire clé dans un éventail d’activités de défense » souligne ainsi Bob Ainsworth.

Par ailleurs, le document insiste sur l’importance à accorder à une politique européenne de défense et de sécurité, et notamment en matière de gestion de crise, considérant que cela pourrait renforcer davantage l’Alliance atlantique.

Cependant, le texte ministre de la Défense rappelle que l’alliance militaire avec Washington reste prioritaire. Ce qui peut se comprendre quand l’on sait, par exemple, que la dissuasion nucléaire britannique dépend des Etats-Unis, qui lui fournissent les missiles Trident qui arment ses sous-marins.

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