L’Irak replonge dans la violence

Alors que le retrait militaire américain est sur les rails, l’Irak renoue avec le terrorisme. Normalement, d’ici au 31 août 2010, toutes les troupes combattantes auront quitté le pays. Il ne devrait rester, jusqu’en 2011, plus que 50.000 hommes, affectés à des tâches de soutien et de formation à l’armée irakienne.

Si la violence a baissé d’intensité depuis janvier 2007, grâce notamment au « surge » proposé par le général David Petraeus à George w. Bush, le président américain de l’époque, il n’en reste pas moins que le terrorisme frappe toujours en Irak.

La preuve avec le double-attentat à la voiture piégée qui a endeuillé Bagdad, le 25 octobre. Et les terroristes n’ont pas frappé aveuglément car ce sont des symboles des institutions irakiennes qui ont été visés, comme cela avait déjà été le cas le 19 août dernier avec l’attaque selon le même mode opératoire des ministrères des Finances et des Affaires étrangères, aux abords de la « zone verte », qui passe pour être très bien protégée (100 tués).

Cette fois, la cible des terroristes ont été le ministère de la Justice, celui des municipalités et le gouvernorat de Bagdad. Le double attentat a été commis alors que les trois principaux dirigeants irakiens se réunissaient pour discuter des modalités des prochaines élections générales, prévues le 16 janvier prochain. Le bilan de ces attaques reste à définir. Mais il est question d’au moins 150 tués et de plus de 500 blessés.

Selon Salah Abdel Razak, le gouverneur de Bagdad, le premier attentat a été commis avec un camion appartenant à la compagnie des eaux de Fallouja, un des bastions de l’insurrection islamiste au plus fort des violences qui ont secoué le pays après la chute de Saddam Hussein. Le second, qui a visé le gouvernorat de Bagdad, a impliqué un minibus.

D’après l’armée irakienne, des personnes soupçonnées d’avoir participé à la préparation de ces attaques auraient été arrêtées. « Les informations que nous possédons confirment l’implication d’al-Qaïda et des baassistes » a indiqué le général Mohammad al-Askari, le porte-parole du ministère de la Défense. « Nous avons perquisitionné deux maisons, dans deux quartiers de Bagdad, et nous avons trouvé des produits chimiques qui ont servi aux attentats et ils venaient d’un pays voisin » a-t-il indiqué, sans précisé lequel.
Reste que le doute est permis quant à la capacité des forces de sécurité irakiennes à garantir l’ordre. Elles ont été accusée de négligence par le gouverneur de Bagdad, qui s’est interrogé sur d’éventuelles complicités dont auraient bénéficié les auteurs des attaques, étant donné que les camions sont habituellement interdits de circulation en ville, et surtout aux abords de la zone verte.

La perspective des élections générales laissaient toutefois présager d’une flambée de violence, le tout sur fond de désaccords sur la loi électorale ainsi que sur la question de Kirkouk, située à la frontière du Kurdistan irakien. « Nous considérons les tensions arabo-kurdes comme le facteur numéro 1 de l’instabilité en Irak » avait indiqué, le 12 octobre dernier, le porte-parole des forces américaines en Irak, le général Steve Lanza.

L’officier américain parlait surtout de « l’ouverture » que disposerait al Qaïda dans les régions du nord de l’Irak « pour conduire des opérations, attaquer des cibles vulnérables et poursuivre ses tentatives d’implantation ». Et pour y mettre un terme, le commandant des troupes américaines en Irak, le général Ray Odierno, souhaite voir l’armée irakienne et les combattants kurdres (les « peshmergas ») travailler ensemble contre les réseax terroristes.

Seulement, la région autonome du kurdistan irakien et le gouvernement de Bagdad sont en désaccord sur le statut à accorder à la ville pétrolière de Kirkouk. Les Kurdes voudraient la contrôler, ce qui n’est pas acceptable pour les autorités irakiennes à cause des royalties liées à l’exploitation de l’or noir. Cette question explique en partie les difficultées rencontrées par le Parlement irakien pour se mettre d’accord sur la loi électorale qui doit régir le scrutin de janvier prochain.

Et tant qu’aucun accord n’est trouvé, les législatives pourraient être reportées à une date ultérieure, ce qui compliquerait le retrait de l’armée américaine, qui reçu pour mission de « s’organiser sur la façon de sécuriser les élections ».

Mais pour l’instant, le calendrier reste maintenu et un haut-responsable du Pentagone, le vice-amiral James Winnefield, a rassuré les parlementaires américains sur la question d’un éventuel report  de la date du scrutin irakien. « Avec les 10 brigades que nous aurons sur le terrain au début de l’année prochaine, le général Odierno dispose d’une force tout à fait apte à faire face à toute sorte d’imprévus » a-t-il estimé.

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