Une grande figure des opérations spéciales s’est éteinte

Après le colonel Jean Deuve, qui nous a quitté en décembre dernier, c’est un autre ancien de la Force 136 qui vient de s’en aller. Le colonel Jean Sassi, une des figures emblématiques des forces spéciales pendant la Seconde Guerre Mondiale et la guerre d’Indochine, s’est éteint le 9 janvier dernier, à l’âge de 91 ans.

Né en 1917, Jean Sassi, d’origine corse, prend part à la campagne de France de 1940 au sein des Corps Francs d’Afrique. En 1943, il rejoint, avec 300 autres volontaires américains, britanniques et français sévèrement sélectionnés, la force Jedburgh qui inspirera plus tard les forces spéciales. Créée par le Commandement Suprêmet Interallié, cette unité, rompue aux techniques de la guerre non-conventionnelles, devait mener des opérations clandestines.

Une centaine d’équipes « Jedburghs » furent parachutées avant le débarquement du 6 juin en Normandie afin d’assurer la liaison entre les groupes de maquisards et les forces alliées afin d’harceler l’armée allemande. Mais d’autres commandos furent envoyés en France pour accomplir le même genre de missions durant l’été 1944, dont Jean Sassi, qui participa par la suite aux opérations contre les occupants japonais en Asie après avoir rejoint la Force 136.

Après quatre années passées en métropole au sein du 11e Bataillon de Choc, Jean Sassi participe à la guerre d’Indochine en recrutant des maquisards Méos – favorables à la France – au Laos. Lui et ses hommes montèrent des embuscades et tentèrent des coups de main contre les régiments vietminh qui combattaient le corps expéditionnaire français. Il tentera même de rejoindre le camp retranché de Dien Bien Phu, en 1954, avec ses 2.000 maquisard, afin d’y renforcer la garnison française. Il y arrivera trop tard, c’est à dire au lendemain de la fin de la bataille. De retour d’Asie, Jean Sassi combattra en Algérie avec le 11e Choc.

Spécialiste des guerres révolutionnaires et asymétriques, le colonel Jean Sassi était commandeur de la Légion d’Honneur et décoré de la Croix de guerre 39-45 ainsi que de la Croix de guerre des TOE. Il était également le président fondateur de l’Association nationale des anciens parachutistes du 11e Choc, encore appelée « Bagheera ». En avril prochain, les éditions Nimrod publieront ses mémoires, « Opérations spéciales : 20 ans de guerres secrètes. »

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