L’armée de Terre va recevoir 1 000 drones d’entraînement « Sonora » pour l’exercice Orion 26

Constatant la place « incontournable » prise par les micro drones sur le champ de bataille grâce à leur « rapport coût-bénéfice exceptionnel » et à leur « dualité » intrinsèque, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, avait estimé que s’entraîner avec ce type d’appareil ne devait « pas être plus compliqué qu’une séance de tir ». Ce qu’il a résumé, plus tard, par la formule « volez comme vous tirez ».

D’où la création, au niveau des brigades, de centres d’entraînement tactique drones [CETD], en lien avec l’École des drones [EDD] de l’armée de Terre, installée à Chaumont-Semoutiers. Ces structures ont pour mission de former les soldats à assembler des drones dits FPV [pilotage immersif] et de les entraîner à leur emploi.

Dans le même temps, des « défis drones » sont régulièrement organisés au sein des unités, comme cela a récemment été le cas au 13e Régiment de Dragons Parachutistes [RDP] et à l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA].

Tout ceci s’accompagne d’un effort en matière d’innovation, tant sur le plan technique que tactique. Ainsi, le 17e Groupe d’Artillerie [GA] a mis au point SL 450 NG3, un drone FPV pouvant être produit en masse, au plus près du champ de bataille, grâce à l’impression 3D tandis que le 1er Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] a créé un « escadron de drones de chasse », qui a su démontrer toute sa pertinence lors d’un exercice de l’Otan organisé en Estonie.

Grâce aux drones, les unités légères « gagnent en importance », dans la mesure où elles sont « plus mobiles, moins détectables et capables de collecter du renseignement au plus près des lignes ennemies », a par ailleurs résumé l’armée de Terre, en évoquant l’exercice tactique drone « AIN TAYA », effectué par la 7e Brigade Blindée en juin.

« Le drone, désormais omniprésent, joue un rôle central en détruisant les unités trop visibles et guidant les actions de feu. L’engagement blindé retrouve ainsi l’une de ses formes historiques qui coexiste avec les missions traditionnelles de la cavalerie : le combat de rupture, en appui des autres armes, telles que l’infanterie et le génie », a-t-elle ajouté.

Seulement, les besoins en micro drones ne cessent de croître. Afin d’y répondre, lors de l’édition 2024 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, le ministère des Armées a lancé le « pacte drones aériens de défense » pour « structurer la filière [française] des drones et apporter une réponse adaptée et souveraine aux besoins des forces armées ».

L’objectif était alors de favoriser l’émergence d’une filière devant être en mesure de développer et de produire des drones de contact [moins de 150 kg] à grande échelle si nécessaire. Et cela dans des délais courts, les évolutions technologiques dans ce domaine étant particulièrement rapides.

Souhaitant acquérir environ un millier de micro drones destinés à l’entraînement du combattant, l’armée de Terre a ainsi rencontré, en décembre, les membres de ce « pacte drones aériens de défense » afin de « sonder » le marché. Ce qui a ensuite permis à la Direction générale de l’armement [DGA] d’émettre un appel d’offres européen avec une « expression de besoin volontairement simplifiée, proche de l’offre du marché et comportant une vingtaine d’exigences seulement, pour viser un coût unitaire faible et une production rapide tout en répondant aux enjeux opérationnels ».

Puis, les mini drones proposés par plusieurs entreprises ayant répondu à la sollicitation de la DGA ont fait l’objet d’essais précontractuels. Et, six mois après l’expression des besoins de l’armée de Terre, un contrat a été attribué à l’entreprise française Harmattan AI.

« La notification de ce marché est assortie d’une commande de 1 000 drones qui seront livrés avant la fin 2025 en priorité aux unités qui prendront part à l’exercice ORION 2026. Ils seront également utilisés dans le cadre de la formation et de la préparation opérationnelle des combattants », a en effet annoncé le ministère des Armées, via un communiqué publié le 2 juillet.

Le modèle de micro drone sélectionné n’a pas été précisé. Mais selon les caractéristiques décrites par la DGA, il s’agit du « Sonora ». D’une masse de 1,8 kg, cet appareil a une portée de 2 km et dispose d’une autonomie en vol de 40 minutes. Équipé d’une caméra infrarouge, fournie par Lynred, il intègre des algorithmes d’intelligence artificielle [IA] permettant l’identification et le suivi des cibles en temps réel dans des « scénarios d’entraînement complexes ». Les premiers exemplaires seront livrés à l’armée de Terre à partir d’octobre prochain.

Photo : Harmattan AI

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32 contributions

  1. Dardev dit :

    A quand les drones chasseurs de drones ennemis si cela est pertinent dans un rayon de 50kmsou ….

  2. Mic dit :

    HS Pour info :
    La Bulgarie et l’Albanie s’offrent des radars GM400 source « https://www.forcesoperations.com/la-bulgarie-et-lalbanie-soffrent-des-radars-gm400/ »
    Pour ceux qui chouinent tout le temps « La division du groupe français rajoute deux clients à son portfolio d’utilisateurs de la gamme GM400, vendu à plus de 115 exemplaires de part le monde » !
    Je pense que Monsieur fera un article sur cette vente

  3. Bomber X (l'original) dit :

    C’est encourageant, au delà du fait que nous ayons été pionniers sur les drones avant de se faire largement dépasser (une vieille habitude des armée françaises et de leurs décideurs) il semblerait que l’effort pour se mettre à niveau soit bien présent avec la bonne dose d’agilité nécessaire à ce genre de transformation. Reste à voir si la masse et la BITD seront au RDV.

  4. GENERAL O'NEILL dit :

    « volez comme vous tirez » Vu le niveau d’entrainement de nos forces c’est assez malin on peut avoir des surprise et développer de nouvelle tactique de combat spécifiquement de drone made in France…

    • Faites un don à l'association de sauvegarde des consonnes abandonnées dit :

      On peut avoir des surpriseS et développer de nouvelleS tactiqueS.

  5. Sempre en Davant dit :

    Tout cela est bel et bon mais n’oublions pas le minage à distance et la contre mobilité.

    Il n’y a guère que dans un « retour à Beyrouth » que les drones seront une arme employé sans coordination avec le génie, l’artillerie et les moyens aériens pilotés…

    Dans tout cela la cavalerie est pertinente si son rythme est tellement rapide que les forces adverse ne peuvent reprendre leur équilibre… affaire de logistique et d’appuis.

    Si un seul pont manque à portée d’une « arme volante plus ou moins automatique » faudra faire du chemin.
    Si le truc n’a plus assez d’énergie pour voler il se pose et devient une mine intelligente voir un moyen d’observation grâce à un petit panneau solaire.
    La définition de rayon d’action à changée…

    • Avekoucenzeh dit :

      Plutôt que le verbe « voir » (qui n’a pas ce sens), c’est l’adverbe « voire » qui convient pour dire « et même ».

      Il se pose et devient une mine intelligente, voire un moyen d’observation.

    • Le changement dans la continuité dit :

      La définition de rayon d’action a changé.

  6. Perplexe dit :

    Chiva est obnubilé par l’innovation et inspire les réflexions des uns et des autres. En pratique, l’innovation est rarissime et absente sur un pas de tir.

  7. Clavier dit :

    Si on en garde un certain nombre pour nos propres besoins…..ça devrait renforcer la crédibilité de nos armées et permettre à notre diplomatie internationale de mieux s’affirmer !

  8. philippe renard dit :

    «C’est Nicolas qui paie»

  9. vrai_chasseur dit :

    Les ukrainiens sont sur une nouvelle étape tactique : la chasse aux opérateurs de drones adverses par des drones tueurs. Une chasse à l’homme spécifique et systématique.