L’escadron de drones de chasse du 1er Régiment d’Infanterie de Marine démontre son efficacité

Dans leur récent rapport intitulé « Masse et haute technologie : quels équilibres pour les équipements militaires français », les députés Thomas Gassilloud et Damien Girard ont défendu l’idée de former chaque élève officier et sous-officier à l’assemblage et à l’utilisation d’un drone personnel FPV [à vue subjective] dès le début de leur cursus.

« Cette mesure pourrait s’accomplir en parallèle d’une systématisation des formations drones, en s’appuyant sur l’exemple de l’École de drones ouverte récemment par l’armée de Terre, modèle qu’il conviendrait d’étendre à l’ensemble des armées et formations. L’usage de ces équipements serait personnel et discrétionnaire. Il pourrait également s’étendre au domaine civil, permettant aux élèves de développer leurs compétences durant leur temps libre », ont développé les rapporteurs.

Cela étant, les militaires se sont rapidement appropriés cette capacité, comme en témoignent le récent défi organisé par le 13e Régiment de Dragons Parachutistes [RDP] autour des drones FPV et la récente création de l’escadron de drones de chasse au sein du 1e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], dont les « innovations doctrinales » ont été saluées par l’Inspection générale de l’armée de Terre.

Contrairement à ce que nom peut suggérer, cet escadron n’a pas vocation à faire la « chasse » aux appareils télépilotés ennemis… mais plutôt à traquer l’adversaire grâce à des essaims de drones et à l’intelligence artificielle. Et ce concept a tenu ses promesses, à l’occasion de l’exercice Hedgehog 2025, organisé le mois dernier en Estonie.

Dans le détail, un peloton « d’acquisition et de surveillance » est d’abord chargé de déployer des drones eBee Vision afin de repérer les mouvements ennemis. Pour cette tâche, les marsouins s’appuient sur des algorithmes d’intelligence artificielle [IA] censés faciliter la détection et l’identification de cibles potentielles. Les renseignements sont ensuite transmis, via une liaison Starlink, à un peloton de commandement, à des fins d’analyse et d’exploitation. Puis, le cas échéant, il revient à un peloton de « drones de contact » de détruire les objectifs qui lui ont été désignés.

« Discret et mobile », cet escadron de drone de chasse « désorganise l’adversaire en provoquant la surprise. Le tout à coût maitrisé et en s’intégrant dans la manoeuvre tactique », souligne le 1er RIMA.

Et de souligner que, « avec 5 % de la force vive du GTIA » [groupement tactique interarmes, ndlr], il est en mesure d’infliger 20 % des pertes chez l’ennemi ». Durant l’exercice, deux blindés Bradley ont ainsi été neutralisés [« à blanc », évidemment], sans avoir à utiliser autant de missiles antichar Akeron MP [dont le prix unitaire s’élève à environ 198 000 euros…].

Photo : EMA

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61 contributions

  1. Elwin dit :

    La vidéo mentionne aussi l’utilisation de Starlink. Plus tôt on sera autonome, mieux ce sera. Bravo en tout cas au 1er RIMA.

    • EchoDelta dit :

      C’est En cours avec la monté au capital de l’état dans la société eutelsat.

  2. olgi dit :

    « via une liaison Starlink »
    On n’est pas autonome. Dommage

    • Kobayashi Maru dit :

      Si je comprend votre raisonnement à partir du moment où c’est un exercice OTAN simulant une réaction rapide avec 15.000 paxs, non, vous n’êtes pas autonomes et c’est normal.

      • Aymard de Ledonner dit :

        Rien à voir. Starlink s’est permis de bloquer une offensive ukrainiene en bloquant les communications.
        La fiabilité de Starlink est donc maintenant proche de zéro. Il est logique d’avoir une solution de secours, peut-être avec de moins bonnes performances, mais qui sera toujours disponible

        • Hermes dit :

          En effet starlink peut être une solution pour prototyper, mais certainement pas pour déployer.
          .
          Musk n’est pas fiable du tout.

      • olgi dit :

        On parle du 13eme RDP spécialiste du renseignement humain dans la profondeur.
        C’est certes un exercice OTAN mais il est possible qu’on le déploie en solo et j’espère que l’on sera capable de l’utiliser avec un système de communication souverain.

        • dolgan dit :

          C est marrant les gens qui font semblant de croire qu on ne communiquait pas avant l apparition de Starlink….

          • olgi dit :

            « C’est marrant’ les gens qui font exprès de ne pas comprendre la teneur du message

          • dolgan dit :

            La teneur du message varie d abord affirmative puis laisse entendre qu on ne saurait pas faire sans Starlink alors que c est faux.

          • tschok dit :

            Moi-même, qui ai connu le Minitel, j’ai très bien connu votre arrière-grand-mère.

            Nous avons détruit deux divisions blindées nazies et trois divisions blindées soviétiques.

            Les doigts dans le nez, si je puis dire, quoique la morale et le secret défense m’interdisent absolument de vous informer de ce que nous avons fait de nos doigts.

    • GotoRaptor dit :

      Avec l’investissement dans EUTELSAT on peut peut-être esperer une solution locale dans le future.

  3. François 01 dit :

    Un drone de surveillance qui envoie l’image au commandement qui envoie éventuellement un drone de contacte.
    Ne faudrait il pas fusionner les deux drones ?
    Le drone envoie l’image au commandement qui, s’il y a lieu, lui ordonne d’attaquer.
    Cela n’est il pas faisable techniquement ?
    Portée du drone de contacte 10km. A 10km du front on se déplace en pick-up non blindé ?

    • dolgan dit :

      1) le drone de surveillance a plus d autonomie et une meilleure optique. Et il survit a l attaque pour te dire si la cible a été détruite par exemple.

      2) Certains drones le font, on les appele alors munitions rodeuses. Mais elles ne remplacent jamais les drones de surveillance.

      3) C est parfois plus efficace. Les équipes drones semblent privilégier la vitesse et la discretion en ukraine. Mais il existe des lanceurs de drone comme montrés ici qui peuvent se fixer sur griffon ou serval. Il est probable qu on aura un conteneur de ce type assez vite par section avec des drones de frappe disponibles a la demande des chefs de groupe (qui ont déja un drone d observation)

    • Sempre en Davant dit :

      C’est certainement faisable techniquement et le drone de surveillance, qui pourrait être un drone périscope ( https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/video-cooperation-avec-les-agriculteurs-drones-les-pompiers-de-l-oise-se-preparent-a-un-ete-sous-tension-face-aux-incendies-2373698.html ) relié à une nourrisse en en énergie via câble multifonction, porterait et maintiendrait en charge les drones d’assaut sans signaux EM.

      Selon les besoins de discrétion et de légèreté le véhicule porteur pourrait être un VTT (Quad québécois) classique ou cote à cote, électrique ou hybrides dans les unités légères ou un blindé dans le lourd…
      Les équipes d’accompagnement pourraient être dotés de Trialinettes E-SX8 conjuguant le feu classique aux drones supplémentaires.

      Dans la mesure ou les capteurs comportent de l’infrarouge ces équipes pourraient être essayés dans les forets proches dont celles des Landes. Contrer la menace incendie volontaire est désormais de l’ordre de « s’arrêter – tomber en garde » : les mêmes « astuces » sont en vente libres…

      Ça pourrait faire des bons moments de cohésion (sans tomber dans la ZMS au camping) et de contact avec les populations.

      Tant qu’à faire, pour sauver les cours d’eaux, limiter la destructions des berges, l’aggravation des sécheresses qui en résulte et les feux de forêts il faudrait lancer les Chaudrées Cajun Colo Écrevisse ! https://www.youtube.com/watch?v=V2LqOIiDd5E A grande échelle.

    • Faux contact dit :

      Quand il contacte, il est en contact.

    • Quand on ouvre par mégarde la porte d'une salle de bain dans laquelle se trouve une femme nue, dire "pardon madame", c'est de la politesse, mais dire "pardon monsieur", c'est du tact. dit :

      Drone de contact.

      • Cadbury dit :

        Il est beau ton pseudo, Monsieur Tact-Poli, mais tu pouvais pas le faire un p’tit peu plus long ?

    • tschok dit :

      @François 01,

      Ben, leur système est hiérarchisé. Il n’est pas vraiment à la page.

      On va dire que l’armée française s’essaye aux drones, en refusant la pensée tactique qui sous-tend leur usage, parce qu’elle remet en cause son organisation.

      Mais, il y a un effort, et c’est déjà bien (ce qui est extraordinaire à l’échelle de cette vieille institution poussiéreuse et anémique, qui tente désespéramment de gagner les guerres du futur parce qu’elle a perdu celles du passé).

  4. Tartempion dit :

    Lors d’un mandat FINUL en 1985/ 1986 je rendais compte à ma hiérarchie de la présence d’un aéronef de petite taille se trouvant au dessus de notre position alors que se déroulait dans notre secteur une incursion de l’armée israélienne.
    Il aura fallu près de 30 ans à l’armée française pour comprendre l’intérêt de cet outil et s’en équiper et dix ans de plus pour commencer à former nos soldats …..

    • tschok dit :

      Trente ans, c’est assez court comme délai, à l’échelle de la France, je veux dire.

      On n’est pas un pays particulièrement connu pour sa modernité, non plus, surtout en ce moment. Je trouve par exemple que le XIX e siècle était terriblement progressiste et horriblement moderne à un point qui serait interdit par le code pénal actuel, si jamais cela devait se reproduire.

      Heureusement. Ouf.

      Vous-vous rendez-compte? Inventer le cinéma? L’automobile? L’aviation?

      Dieu merci, nous ne sommes plus capables de ce genre de folies.

      Alors donc, qu’est-ce qui vous est arrivé au Liban en 1986?

  5. Howk dit :

    Bravo Charlie. Respect.

  6. Côlon dit :

    L’exercice « Hedgegog 2025 » ?
    Il aurait fallu que j’y sois !

    • En fait dit :

      Vous auriez été déçu. L. Lagneau a corrigé son texte : c’était l’exercice Hedgehog 2025.

    • Robert Collins dit :

      Sauf que c’est « Hedgehog », ce qui signifie hérisson (littéralement : cochon des haies).

  7. Thierry dit :

    Donc ça fait: un peloton d’hommes qui déploient et pilote les drones d’observations, un second peloton qui reçoit les images et les analyse, et enfin un troisièmes peloton chargé de neutraliser ce qui lui a été demandé par le second.
    Ça ressemble un peu à la bureaucratie à la française.
    Où est l’autonomie et l’agilité du soldat là-dedans?
    3 maillons, veut dire, il y en a un seul qui dysfonctionne ou est perturbé par le conflit, il n’y a plus rien qui fonctionne, car les 3 sont à terre.

    • dolgan dit :

      C est bien, vous découvrez la guerre. Mais vous partez visiblement de trés loin. La guerre cela n a jamais été rambo ou des barbares chargeant n importe comment apres avoir montré leur cul a l ennemi. Sortez vous ces idées holliwoodiennes de la tete.

      La guerre, c est du renseignement , un commandement qui utilise ces renseignements et des unités qui les exploitent.

      Et les armées ne vous ont pas attendues pour fonctionner avec des perturbations sur ces maillons.

      • Le petit Besher el Bled attend ses parents à l'accueil. dit :

        (Thierry,) les armées ne vous ont pas attendu.

    • Alexandar dit :

      Le premier détecte
      Le second au niveau commandement analyse et décide en fonction de la manœuvre et de l’allocation de feux.
      Le troisième exécute.
      Ce n’est pas de la bureaucratie, c’est la chaîne normale d’intervenants en opération.
      Et pour le moment, on n’a pas trouvé mieux.

    • tschok dit :

      Thierry,

      Oui, c’est de la bureaucratie.

      Ils vont commencer par ça, et puis y mettre un peu de Foch à l’usage. Mais on sera tous morts d’ici-là et d’autres armées que la nôtre auront gagné les guerres qui comptent.

      Mais c’est un bel effort, tout de même.

    • Thierry dit :

      Effectivement, je confirme, je viens de très très loin, n’étant pas spécialiste.
      C’est juste que vu d’ici, tout là-bas, plus à l’est, j’avais cru comprendre que l’un des points forts qui avait permis à la petite armée bleu et jaune de résister à la grosse armée rouge, était leur capacité d’initiative, de débrouillardise et d’autonomie, jusqu’aux plus petites unités, très agiles.
      Mais là non plus, pas plus experts que ça, ce n’est que ce que j’en ai retenu des nombreux articles que j’ai lu.
      Je ne sais pas dans quelle mesure les techniques élaborées ici ont été inspiré de ce qui fonctionne là-bas, mais la lecture de cet article-ci m’en paraissait assez éloigné. D’où ma perplexité.

  8. Vins dit :

    Désespérant le manque d’imagination de nos décideurs.
    N’importe quel père de famille qui a été jusqu’au collège pourrait dire que la masse est essentielle dans un conflit.
    Après on peut avoir la meilleure armée du monde, si le chef est un clown on ira pas loin.

    • Momo dit :

      « … la masse est essentielle dans un conflit. »
      Israel, 9.5M de personne, le démontre-t-elle tous les jours face à l’Iran et ses proxys +100M (*)?

      (*) C’est la masse de matière noire, c’est ça?

      • Hôpital des Quinze-Vingts dit :

        Le français marque le pluriel à partir de deux (inclus). À 9,5 millions, on peut largement mettre « personne » au pluriel.

        9,5 M de personnes.

    • dolgan dit :

      C est pas gentil pour poutine, mais son armée bien que massive était de toute maniere trop obsolete. La masse seule ne compense pas le retard technologique.

      • Ouf ouf dit :

        Pas que technologique… le moral, la motivation, c’est primordial
        bref savoir pourquoi on risque sa vie…
        un combattant motivé, prêt à mourir, sera toujours plus dangereux en guenilles…
        qu’un combattant ultra technologique qui ne fait que penser à
        * mais putain qu’est ce que je fais ici *

    • Ma oui, c'est bien vrai ça ! dit :

      Désespérant le manque de clairvoyance concernant l’évolution du monde.
      Et croire qu’il faudrait être père de famille pour comprendre ce monde est encore plus marrant.
      Beaucoup de stéréotypes  »du bon sens bien de cheu nous » dans ces commentaires qui fleurent bon le terroir.
      Et la petite pointe finale pour l’autorité. Un vrai florilège.

  9. Stakan Vada dit :

    « Combat proven » en Ukraine ?? Non bah alors ça reste de la théorie pseudo validée lors d’un exercice. Tout ça pour sauver les EEI….

    • dolgan dit :

      C est exactement ce que font les deux camps en Ukraine (et c est sans doute ce qui était recherché dans cet exercice ). Souvent avec du matos moins performant technologiquement. Donc oui combat proven.

  10. Naoned46 dit :

    ok très bien mais les effectifs de cet escadron ont été pris ou ?

    • Objets perdus dit :

      J’ai bien une idée assez précise de la réponse à cette question, mais la bonne tenue de ce blog m’empêche de vous la communiquer.

    • Tintouin dit :

      Si j’en crois les articles de presse, ce régiment blindé disposait de 18 Amx 10rc avant leur remplacement en cours par des Jaguar.
      Si leur remplacement est de un pour un, il y a là de quoi équiper 1 escadron et demi. Une marge suffisante pour équiper les autres escadrons avec des drones plutôt que des fleurs au fusil.
      Ce n’est que mon avis.

  11. Frédéric dit :

    Dans la lutte antidrone, on a présenter au Bourget un ULM slovaque de guerre électronique pouvant brouiller les drones en Ukraine : https://www.youtube.com/watch?v=d6CJtoibnWc

  12. Olivier Fournier dit :

    Intéressant, mais quid des drones kamikaze ? Ce sont les plus importants. Il serait probablement trop coûteux d’en détruire à l’entraînement.

    • dolgan dit :

      Il y a des drones d entrainement qui servent de cible et peuvent aussi similer une attaque suicide type FPV.

    • tschok dit :

      En tout cas, ils ne vont pas s’en plaindre, puisque c’est leur fonction (de se sacrifier). Et ils ne coûtent pas cher du tout. donc on peut les utiliser pour se former sans déséquilibrer les comptes publics. Utile et peu coûteux, quoi.

      Pour nous, Français, un drone kamikaze est une énigme absolue: c’est le contraire d’un fonctionnaire. Cela ne peut pas exister. C’est interdit par la loi.

      C’est inconcevable. D’ailleurs, cela n’a pas été conçu en France et, il faut bien le reconnaître, ce n’est pas un objet intellectuellement facile d’accès pour un Français.

      Vous savez, on en discute ici depuis… Pffff, je ne sais même plus. Vos enfants n’étaient pas nés, je pense.