Le Royaume-Uni et l’Allemagne vont développer conjointement un missile d’une portée de 2 000 km
En octobre dernier, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont renforcé leurs liens militaires en signant l’accord de Trinity House. Outre les questions opérationnelles, ce texte a surtout mis l’accent sur les coopérations industrielles en matière de défense. Parmi les projets évoqués, il était question de développer conjointement un système aérien autonome de surveillance maritime, un drone susceptible d’accompagner les avions de combat et d’une capacité de frappe à longue portée.
S’agissant de cette dernière, le ministère britannique de la Défense [MoD] précisa que l’objectif était de « travailler ensemble pour développer rapidement de nouvelles armes pouvant frapper plus loin, avec plus de précision que les systèmes actuels, notamment le Storm Shadow ».
Pour rappel, ce missile, également appelé SCALP, a été développé via une coopération franco-britannique. Et, jusqu’à présent, ce doit aussi être le cas pour son successeur, dans le cadre du programme FMAN/FMC [Futur Missile AntiNavire – Futur Missile de Croisère].
Cependant, le communiqué publié par l’homologue allemand du MoD n’évoqua pas le développement d’un nouveau missile de croisière air-sol susceptible de remplacer le KEPD-350 Taurus. En revanche, il expliqua que l’Allemagne et le Royaume-Uni allaient « travailler ensemble » sur un « développement rapide de capacités de frappes de précision dans la profondeur [DPS – Deep Precision Strike] » afin de pouvoir « assurer la dissuasion conventionnelle en Europe ».
Et d’ajouter qu’il s’agirait d’élaborer des « exigences communes » pour « promouvoir le développement de systèmes à longue portée, notamment dans le cadre de l’European Long Strike Approach » [ELSA].
Ayant fait l’objet d’une lettre d’intention signée en juillet 2024 par la France, l’Italie, la Pologne et l’Allemagne, puis, plus tard, par le Royaume-Uni et la Suède, le projet ELSA vise à développer un missile sol-sol, éventuellement balistique, pouvant avoir une portée supérieure à 2 000 km.
« Les États membres de l’initiative sont invités à rejoindre des ‘clusters’ qui correspondent à autant de domaines prioritaires relatifs à la longue portée. La capacité de frappe sol-sol dans la grande profondeur opérative est bien évidemment un élément majeur des discussions », ont expliqué les députés Jean-Louis Thiériot [LR] et Matthieu Bloch [UDR] dans un récent rapport publié à l’issue d’une « mission flash » sur l’avenir de l’artillerie.
« L’initiative ELSA permet aux nations membres de préciser au sein de chaque ‘cluster’ leur besoin opérationnel et d’envisager un cadre doctrinal d’emploi des capacités concernées », ont-ils ajouté, avant de saluer cette « méthodologie de coopération innovante et souple qui ouvre la voie au réarmement européen dans le volet de la frappe de précision dans la profondeur ».
Quoi qu’il en soit, le projet évoqué par l’accord de Trinity House va se concrétiser. En effet, ce 15 mai, le MoD a fait savoir que le Royaume-Uni et l’Allemagne « confirmeront pour la première fois qu’ils travailleront ensemble pour développer une nouvelle capacité de frappe d’une portée de plus de 2 000 km ». Et cela, à l’occasion d’une rencontre entre le ministre britannique de la Défense, John Healey, avec son homologue allemand, Boris Pistorius, à Berlin.
Cette « nouvelle capacité de frappe de précision dans la profondeur d’une portée de 2 000 km sera l’un des systèmes les plus avancés jamais conçus par le Royaume-Uni pour protéger la population britanniques et renforcer la dissuasion de l’Otan », fait valoir le MoD, sans donner plus de détails sur les caractéristiques, le coût et le calendrier de ce projet.
Pour le moment, le ministère allemand de la Défense n’a fait aucun commentaire.
« Le Royaume-Uni et l’Allemagne n’ont jamais été aussi proches, et l’accord de Trinity House a déjà un impact positif sur notre sécurité et notre économie. Ce partenariat nous aide à faire de la défense un moteur de la croissance, en créant des emplois, en renforçant les compétences et en stimulant les investissements dans les deux pays », a soutenu M. Healey.
Probablement que ce programme germano-britannique sera évoqué à l’occasion de la réunion des ministres de la Défense du Groupe européen des cinq [E5, France, Italie, Pologne, Allemagne, Royaume-Uni] qui doit se tenir à Rome, le 16 mai.
Photo : British Army
Si il s’avère que le Trinity House est dans les faits un anti-Lancaster House, alors on ferait mieux de lâcher les allemands pour de bon. On n’a pas seulement besoin de financement mais aussi de confiance mutuelle pour préparer l’avenir et avancer sereinement.
@david Cauchon
Restez zen… ce n’est pas parce que nous avons signé un traité de coopération avec les britanniques sur certains sujets, qu’ils ont automatiquement interdiction de travailler avec d’autres pays que le nôtre ! Nous même, nous travaillons et signons des partenariats avec d’autres pays (Pologne, Grèce…) sans que cela soit un drame !
En l’occurrence, ce projet germano-britannique s’annonce très intéressant. Il ne s’agira probablement pas d’un doublon avec le programme FMAN/FMC déjà en cours (ce n’est pas le genre des britanniques, très pragmatiques et qui n’ont de toute façon pas les moyens financiers pour se disperser sur des programmes concurrents). On peut supposer que le projet portera sur un missile balistique, ou un missile de croisière hypersonique à charge conventionnelle évoluant dans les couches hautes de l’atmosphère, alors que le futur missile de croisière FMC franco-britannique sera subsonique, furtif et à vol rasant, pour ce que l’on en sait.
Sous réserve de confirmation, il faut donc au contraire voir ce projet germano-britannique comme une potentielle opportunité : nous avons également besoin d’une telle arme pour améliorer nos capacités de frappe conventionnelle dans la grande profondeur. Par ailleurs, MBDA a un pied dans les 3 pays concernés et ferait figure de maître d’œuvre naturel… Pourquoi ne pas envisager un rapprochement avec les britanniques et les allemands ?
Merci pour cette hauteur de vue.
merz annonce vouloir atteindre les 5% du PIB consacrés aux dépenses militaires https://www.telegraph.co.uk/world-news/2025/05/15/germany-must-have-stronger-army-britain-merz/
Attention, il y avait un piège : les 5%, ce sont des « dépenses de sécurité ». Donc pas uniquement les dépenses strictement militaires… les Etats vont joyeusement pouvoir comptabiliser toutes les dépenses de police, gendarmerie, polices municipales, contrats passés avec des sociétés privées de gardiennage et de sécurité, actions de prévention diverses, et j’en passe et des meilleures… le but du jeu, on le devine, sera de comptabiliser tout et n’importe quoi en « dépense de sécurité » pour atteindre les 5%. Vu la rapidité avec laquelle avec laquelle tous les Etats ont accepté (y compris la France), on se dit que l’exercice ne devrait pas être trop difficile. La ficelle est grosse, mais auprès d’une opinion publique peu sensibilisée sur le sujet, la petite confusion verbale « sécurité / défense », ça devrait passer… les communicants vont se régaler !
Cela étant, et même si c’est beaucoup plus flou, un timide consensus semble se dessiner pour des dépenses militaires (les vraies !) entre 3 et 3.5% du PIB pour tous les Etats européens. Wait & see…
Et pourtant, combien qui aiment rappeler le budget militaire français d’il y a 30 ou 40 ans vont également rappeler qu’on y comptait la gendarmerie?
L’idée c’est 3,5% aux armées et 1,5% qui vont au « reste » de la sécurité. Contrairement à ce qu’on croit, de nombreux pays actuellement comptent aujourd’hui des forces paramilitaires comme forces armées. En dissociant les deux, avec un effort porté à 3,5% pour les armées, l’effort demandé à ces pays est plus fort encore que si on avait seulement suggéré ces 3,5% dans le système actuel.
Ce n’est pas parce que la France ne va plus compter sa gendarmerie dans son budget militaire que tous les autres le font aussi. Donc ce piège va en vérité dans le sens contraire que vous pensez, il pousse d’autres pays qui sont peut-être aujourd’hui à 1,5% de leur PIB mais qui vont comprendre 0,3% pour des forces paramilitaires à tomber à 1,2%, donc à devoir faire bien plus pour atteindre les 3,5%.
Pour les 1,5%, en vérité, on s’en fout, s’il y a des pays en-dessous (je pense la plupart), ben ça pousse à faire un effort, s’il y en a au-dessus, ils ne vont pas supprimer des postes de policiers pour retomber plus bas.
Ne croyons pas que ça va permettre de réduire l’objectif de l’effort des dépenses militaires étant donné qu’on est loin des 3,5%.
La question se poserait différemment si on était tous aux alentours de ces 3,5% voir au-dessus, là effectivement un objectif à 5% pour toutes les dépenses de sécurité pourraient amener à limiter, stabiliser, réduire les dépenses militaires, là on serait dans de la manipulation de chiffres et de l’affichage politique.
Quand on sait déjà la difficulté de se mettre d’accord sur 2%, on ne va pas faire comme si l’objectif de 3,5% serait insuffisant.
Après « comme si », c’est l’indicatif qui doit être employé, à l’imparfait ou au plus-que-parfait.
On ne va pas faire comme si l’objectif de 3,5 % était insuffisant.
Pour dire « et même » le verbe « voir » ne convient pas. C’est l’adverbe « voire » (avec un e final) qui a ce sens.
Aux alentours de ces 3,5 %, voir au-dessus.
oui, enfin avec 1.8% du PUB, les schleuhs sont déjà au-dessus de nous et même des anglais qui dépensent 2.2 (et ont une économie équivalente à la nôtre)
et eux sont pas à 120% de dette.
et je ne vois aucun souci à mettre l’accent sur la sécurité intérieure plutôt que l’obession typique du boumeur de compter les chars comme si ça confirmait un quelconque rang.
notre principale menace n’est pas en russie, elle est déjà sur le territoire et à moins d’avoir un sérieux bouchon de cire (ou d’être branché exclusivement sur radio Vrounze) elle est d’une tout autre ampleur car le smoyens juridiques, matériels et humains de la réponse légale sont simplement totalement dépassés.
Entièrement d’accord avec votre point de vue, à la place de « totalement dépassés » j’aurais même été tenté d’écrire « quasi inexistants ». S’il existe une gendarmerie mobile assez forte pour contenir des troubles venant de l’intérieur, il faut bien sûr la compter avec les forces de défense.
Ce qui nous ferait bien plaisir en revanche, ce serait de vous résoudre à penser que tous les maux de notre pays ne viennent pas des « boumeurs » ; ce leitmotiv vous fait passer pour quelqu’un qui a de sérieux problèmes freudiens, ne pouvant parvenir à « tuer le père » autrement que dans la symbolique…
P.S. J’ai lu que le mot polonais « czar »peut se traduire par sortilège ; mais il a de nombreuses autres significations comme charme ou talisman….
Ahhhhhh, alors là j’y comprends plus rien !!!!
Et ce fameux couple « Franco-Allemand » ?
On nous aurait menti ?
Ce n’est pas parce qu’on a signé un traité de coopération avec les anglais, et que nous travaillons avec eux sur certains projets, que ceux-ci n’ont pas le droit de travailler avec les autres européens sur d’autres projets ! Nous-mêmes, nous avons signé des accords de coopération avec d’autres pays (Grèce, Pologne…) sans que cela ne pose aucune difficulté ou que quiconque se sente trahi… Où est le problème si les allemands et les anglais veulent travailler ensemble sur un missile balistique ou un missile de croisière hypersonique ?
Nous devrions au contraire songer à rejoindre une telle initiative.
Il n’y a qu’en France qu’on parle de couple pour la relation franco-allemande.
Non non , il n’y a pas qu’en France , l’ensemble de l’Europe est consciente que le moteur de l’Europe se trouve entre Paris et Berlin . Nos économie son ultra interdépendantes , nous sommes leurs premiers client et leur premier fournisseur et inversement (ou a peu de choses près suivant les années).
Fermer la frontières franco-allemande et en quelques jours il n’y aura plus grand choses qui tournent des deux cotés du Rhin.
Les allemands défendent leurs intérêts nous aussi , mais sur les points vitaux notre proximité fait de nous des alliées objectifs. Je me pose la question de ce bashing permanent des allemands sur ce site , qui a intérêt à enfoncer un coin entre l’Allemagne et la France à votre avis ? Jadis ce fut les anglais aujourd’hui je regarderais beaucoup plus à l’est….Pour être plus clair le style du germanbashing est tout à fait dans la ligne des anti-France présent ici.
Je connais bien l’Allemagne et je parle un peu la langue , les allemands d’aujourd’hui sont démocrates , pour l’état de droits et aucunement bellicistes .
Plus grand chose qui tourne.
Chacun voit midi à sa porte, dit le proverbe ! Allez en Italie et vous y apprendrez que les deux pays moteurs de l’Europe sont l’Allemagne et l’Italie… Comme pour les Anglais avant le Brexit, ils estiment leur économie à la deuxième place.
Le problème de l’UE c’est bien la France et l’Allemagne, car aucun autre pays ne souhaite leur domination et même un quelconque « leadership » ou force managériale. D’où la relation incontournable avec les USA pour quasi tous, exceptés les amis de Poutine.
C’est dramatique en général de penser que l’on est la solution, quand les autres vous voient comme le problème !
C’est vraiment un gros foutoir cette europe
Et les Allemands sont les Roi de ce merdier
Un concurrent européen au Tomahawk américain ?
Hâte de savoir à quoi ressemblera ce futur missile : missile de croisière, ou missile balistique ?
Rappelons que la GB est déjà engagée avec la France dans le développement d’un missile de croisière (FMC), qui devrait être subsonique et à long rayon d’action (probablement 1000 à 2000km de portée). Il est donc peu probable que les anglais s’engagent dans un « doublon », et que le missile issu de cette coopération germano-britannique sera très différent du FMC franco-britannique.
Il pourrait donc s’agir :
– d’un missile balistique à charge conventionnelle,
– d’un missile de croisière hypersonique (>mach 5) à superstatoréacteur, évoluant dans les couches hautes de l’atmosphère (25 à 40km)
Dans le 1er cas, la mise au point s’annonce relativement simple (un V2 amélioré…). Mais un tel missile, avec une trajectoire balistique facilement prévisible, s’annonce également assez simple à intercepter pour les systèmes antiaériens modernes.
La seconde hypothèse est donc beaucoup plus attrayante. Il s’agirait alors de produire un équivalent européen au Zirkon russe… ou un équivalent de l’ASN4G français, mais avec une charge conventionnelle ! Un beau projet technologique.
« ou un équivalent de l’ASN4G français, mais avec une charge conventionnelle ! »
Vous êtes certain de vos propos ? Ne vous manque-t-il pas une vision qui dépasse le seul outil militaire pour aborder la vision géo-stratégique ?
L’Allemagne éternelle ne veut ABSOLUMENT PAS accepter une éventuelle avance française. Cette même Allemagne se pose des questions sur la pérennité du parapluie américain. Cette même Allemagne a des liens historiques (et linguistiques) avec le monde anglo-saxon en général , donc l’Angleterre. Les Allemands ont une admiration pour les Anglais et les Anglo-saxons.
Même Hitler avait de l’admiration pour la Grande-Bretagne et son Empire.
A ce jour, la dissuasion nucléaire anglaise se limite à la composante navale, et son missile américain Trident. La composante nucléaire anglaise est donc à la fois limitée (pas de terrestre ni d’aérien) et non-souveraine.
Pour ce qui est du développement et l’amélioration de la bombe elle-même, l’Angleterre loue (locataire) des capacités de calcul intensif à la France (loueur). Elle tente ainsi de limiter comme elle peut sa dépendance à l’égard des USA. Mais pourquoi diable n’ont-ils pas leur propre mega-calculateur ?
Le développement de ce missile « conventionnel » apporterait à la GB de disposer à nouveau d’un vecteur aérien porteur d’une ogive nucléaire, indépendamment des USA.
Quant à l’Allemagne, elle refuse de rester « minorée » par rapport à la France. Jamais elle ne demandera à la France de la protéger ; plutôt mourir . Par contre…l’Angleterre…ils diront OUI. D’autant plus si l’Angleterre se substitue aux USA comme « protecteur nucléaire ».
Au travers de ce développement conjoint on retrouve des intérêts bien compris :
– la GB financièrement exsangue trouve un partenaire pour lui financer son développement.
– l’Allemagne souhaite acquérir-développer des technologies de propulsion (le moteur du missile Taurus est d’origine américaine donc ITAR)
– l’Allemagne rêve secrètement d’accéder un jour (lointain) au statut de nation nucléaire
– et évidemment, en bons industriels et commerçants, ils ont calculé de produire 50% de ce missile diminuera leurs importations. Tout ça, c’est quand-même du pognon
Les accords franco-GB de Lancaster-House ont finalement abouti à peu de résultat, en comparaison des ambitions initiales.
En conclusion, croire que ce missile n’a pour ambition qu’une seule composante conventionnelle, c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate.
« Il est des secrets militaires qui justifient des silences budgétaires » (Pierre Messmer)
@Lothringer : merci pour cet éclairage, vous avez sans doute raison, et ce ne serait pas une mauvaise nouvelle pour l’Europe. L’Allemagne ne peut dépendre à ce point de la France sur le plan militaire, notamment parce que nous persistons à être les cancres de l’Europe en gestion des finances publiques, et ça va forcément nous amener à une confrontation (douloureuse et humiliante pour nous) avec l’Allemagne sur ce point.
@Lothringer
Je n’ai pas de boule de cristal, et vous laisse la paternité des suppositions que vous exprimez sur les « intentions cachées » de l’Allemagne, qui détesterait la France, préfèrerait la GB à la France, et voudrait en rélaité se doter de l’arme nucléaire sans le dire… vous allez sans doute un peu loin, et je ne suis pas sûr que ce point de vue radical soit partagé par beaucoup de leaders politique ou par l’état major allemand…
« …et voudrait en rélaité se doter de l’arme nucléaire sans le dire… vous allez sans doute un peu loin… »
C’est comme le rêve français du retour de « mon » Alsace-Lorraine dans le giron français pendant la période Annexion (1871-1919). Il y avait un fameux dicton au sein du gotha politique français, qui était :
« y penser, toujours , n’en parler , jamais » (Léon Gambetta)
Vous vous êtes offert un dictionnaire des citations ?
Lothinger,
Ça y est, des que les allemands achètent un écrou britannique, vous sentez finement le complot saxon, la tenaille stratégique qui va saigner la France.
Le plus intelligent est peut-être la vision réaliste, et non la fabrication de suppositions de complots qu’on peut tous faire: suffit de se laisser aller.
il vaut mieux développer ce type de missile avec les Polonais ou les Italiens qu’avec les Allemands qui vont encore vouloir tirer la couverture à eux.
Ni l’Allemagne ni le Royaune-Uni n’ont de compétences dans les missiles balistiques a poudre. Le RU achète ses missiles balistiques aux américains depuis bien longtemps. Les allemands ont juste une startup de lanceurs mais qui utilisent des moteurs a carburants liquides. Il n’y a que la France qui a de solides competences dans le domaine. les italiens ont aussi deja investis dans cette filière pour leurs lanceurs.
Et que faites-vous du récent rachat de Roxel par MBDA (propulsion à poudre) ?
Roxel, qui possède une filiale UK.
@Deres. « Ni l’Allemagne ni le Royaume-Uni n’ont de compétences dans les missiles balistiques a poudre ». Et ??? Il y a un début à tout. ET si vous ne franchissez jamais la première marche, vous n’y arrivez jamais. Avec ce raisonnement, la France ne se serait jamais lancée… En fait, ce que vous désirez, c’est que les Européens abandonnent leur dépendance aux US et l’échangent contre une dépendance à la France.. Brave garçon….
Les Italiens ont investi.
Objectivement, face aux enjeux d’un (très potentiel) CHI généralisé sur la frontière orientale de l’OTAN ou aux gesticulations chinoises qui pourraient s’étendre vers la nouvelle Calédonie ou ailleurs, il ne s’offre que 2 options intéressantes en FLP :
1 > SOIT un missile de croisière très furtif à très longue portée, soit une variante du FMC, réalisée avec les anglais. Un engin à section rectangulaire, à facettes et à nez en adaptation rasante d’impédance OEM comme le très ancien TACIT BLUE. Ce gros FMC nécessiterait cependant de sacrés réservoirs, une grande taille ( vers 6 m ou plus ), des volumes imposants et donc un engin à turboréacteur plus de la classe du Kh-555 avec des portées de 1.700 à 2.000 km. Gros et encombrant sous un Eurofighter, plus qu’un TAURUS.
2> Soit un missile hypersonique à corps terminal manoeuvrant comme le DF-17 chinois ou les Kh47M2 Kinjal et 3M22 Zircon, 2 engins dont les trajectoires terminales ont été récemment modifiées par les ingénieurs russes pour diminuer les probabilités d’interception par les PATRIOT PAC3-MSE au-dessus de Kiev, Dnipro et autres.
3> Pour définir un tel choix entre ces 2 options radicalement différentes, il faut peut-être se baser sur les enseignements de la guerre en Ukraine et sur les engagements avec les Houthis.
4> Les missiles de croisière subsoniques doivent être obligatoirement basés sur un postulat de furtivité soutenue et sur l’autre postulat idéal de l’absence de rencontre durant 2 heures de vol (voire plus) de la moindre trace de défense sol-air de basse couche qui pourrait VISUELLEMENT les détecter, genre MANPADS, GEPARD, ASRAAM bricolés ou autres. Il faut aussi parier sur l’absence opportune de radars métriques anti-furtifs comme le YLC-8B chinois ou le NEBO russe. Récemment, de vieux radars de ce genre ont permis le ciblage d’un F-35 au Yémen et on rappelle toujours le F-117 abattu en Serbie le 27 mars 1999 par un bon vieux SA-3 modifié (S-125) guidé aussi par des radars à grande longueur d’onde ( > 5 cm ). GROS PARI !
5> Les missiles hypersoniques, eux, ne se sont révélés pertinents que s’ils sont en haute couche, à plus de Mach 5 en vol intermédiaire et surtout, HAUTEMENT manoeuvrants pour les évasives terminales quand ils sont obligés de s’approcher en décélérant fortement près des cibles. Les PAC3-MSE se sont révélés capables d’intercepter Kinzhal et Zirkon en Ukraine jusqu’à ce que récemment, les évasives d’approche n’aient été améliorées. En tout cas, leurs temps de vol sur objectifs 2.000 km ne dépasse sans doute pas les 20 à 25 minutes (et non 2h30 en croisière), ce qui rend la chaîne de riposte beaucoup moins susceptible de se mettre en condition optimale de succès d’interception.
6> On le voit, les 2 options de la FLP se jouent entre, d’une part, un pari osé de parcours discret long basé sur une technologie furtive un peu plus poussée que l’état actuel du SCALP ou, d’autre part, un engin hypersonique beaucoup plus sophistiqué et donc beaucoup plus cher, car équipé forcément d’un corps terminal manoeuvrant à volets, ailerons courts, déviateurs de chocs et équipé de revêtements évolués en carbure de silicium ou bore pour résister aux plus de 3.000°C d’échauffement cinétique très très éprouvants. Là, la discrétion IR est catastrophique, mais les ondes radar peuvent être absorbées par la gangue de plasma.
quand le commentaire est plus intéressant que l’article
@ONERESQUE
Tout à fait d’accord avec cette analyse. Dans l’idéal, il faudrait disposer des deux capacités : un missile subsonique furtif ET un vecteur hypersonique. ces capacités sont en effet complémentaires. L’idée générale étant que le missile hypersonique soit réservé aux frappes sur les objectifs de très haute valeur (centre de commandement militaires et politiques, composants des systèmes sol-air à longue portée…) ouvrant ainsi la voie au missile subsonique qui aurait davantage vocation à être utilisé en grand nombre, pour faire le gros du travail.
Cette répartition des rôles se justifie également par les aspects économiques : un missile hypersonique manoeuvrant à superstatoréacteur va probablement coûter très cher (10 à 15 M€ ?), donc on en aura nécessairement moins que des missiles de croisière subsoniques dont le prix devrait rester plus « accessible » (2 à 3 M€ ?).
Concernant votre point 4/, s’agissant de la vulnérabilité des missiles subsoniques furtifs à vol rasant, on peut imaginer plusieurs améliorations :
– Doter ces engins d’un DDM, associé à un lanceur de leurres IR,
– Travailler sur un missile subsonique, mais capable d’atteindre une vitesse supersonique associée à des manœuvres évasives complexes en phase terminale (y compris éjection de leurres thermiques, comme proposé ci-dessus), lors des dernières secondes du vol, pour maximiser la probabilité d’atteinte de l’objectif et déjouer les systèmes de défense adverses.
Merci pour cet éclairage.
la presse spécialisée émet la possibilité qu’un SCALP ait été abattu ( en plus d’un Rafale) par la défense pakistanaise. Au delà des discours et des traités sans suite la DGA et les etats major français devraient se bouger. L’amelioration de nos deux composantes nucléaires , clef de voute à moyen long terme de notre sécurité est pris à contre pied par ces solutions conventionnelles à 2000km+ de portée. Macron a totalement » oublié » cette facette operationelle lors de sa dernière intervention . On ferait mieux de diminuer les crédits sur le SCAF trop long terme et mettre de l’argent pour accompagner ce projet anglo saxon . je précise que je suis un simple civil retraité avec un background aero de 40 ans totalement désintéressé mais souhaitant le meilleur pour mon pays sans trop croire à une Europe unie sur le plan securitaire à long terme.
Pendant ces 40 ans, vous auriez tout de même eu le temps de transformer ce « background » en expérience.
Compte tenu des évolutions politiques respectives des pays majeurs en Europe, aucun rapprochement ne peut être admis comme stable pour les 10 à à 15 ans à venir. C’est particulièrement vrai pour la France où nous devons assumer notre particularisme gaulois/gaullien, le référendum de 2005 qui hante la classe politique pour tout sujet européen et le résultat quasi-certain de 2027. Mais ça l’est aussi pour la RFA et le RU, où les prémisses de bouleversements sont nettement apparents.
Un programme aussi coûteux, lourd de sens internationalement, concurrent de produits de l’ami américain de tous (!), et dont certains pourrait compléter les caractéristiques par l’emport d’une tête nucléaire, nage en pleine incertitude.
Les prémisses ou les prémices ?
Dans ce cas, il s’agit vraisemblablement des secondes.
https://www.academie-francaise.fr/premisse-premices
Voilà typiquement un projet élaboré dans l’optique d’une défense européenne globale.
Macroscopiquement, les Anglais apportent leur savoir-faire et les Allemands leur financement. Ce qui importe c’est l’acquis technologique et l’indépendance stratégique des pays européens. Il eut été préférable de le faire dans le cas d’une politique de défense de l’UE mais pourquoi pas l’envisager dans le cadre d’une politique de défense globale de pays démocratiques (Canada i.e.g ?) indépendantes de l’allié américain.
Il serait bien que la France quitte sa tour d’ivoire et y participe avec ses atouts mais sans morgue.
Il eût été préférable.
i.e.g ?
Il faudrait choisir entre « i.e. » (id est : c’est à dire) et « e.g. » (exempli gratia : par exemple).
@Oneresque. « Un engin à section rectangulaire, à facettes et à nez en adaptation rasante d’impédance OEM comme le très ancien TACIT BLUE ». Le TACIT BLUE est un engin à « facettes » ?? Oh que non, et c’est une très grosse divergence par rapport au F-117…
bien, la France a développé un missile intermédiaire d’une porter de 600 km.
notre pays a amplement la compétence pour développer un arme balistique de porté intermédiaire de 2000 km ..
Ni une « porter » ni une « porté ». Une portée.
Avec quoi ils n ont ni industrie ni chimie
Ah ? Et la chimie…c’est pas une spécialité allemande, justement ? Et l’industrie ?
merci pour cette analyse.
Fabrice