Artillerie : La DGA prévoit de mener les essais des potentiels successeurs du LRU d’ici la mi-2026

Étant donné qu’une solution souveraine est privilégiée pour remplacer les neuf derniers Lance-roquettes unitaires [LRU] de l’armée de Terre, la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le programme FLP-T [Frappe Longue Portée – Terrestre], dans le cadre d’un « partenariat d’innovation » impliquant MBDA [associé à Safran] et ArianeGroup [allié avec Thales].

Concrètement, cette procédure vise à notifier des contrats de recherche aux industriels sollicités pour mettre au point une nouvelle capacité. Puis, les solutions jugées les plus efficaces sont retenues pour une seconde phase, dite de « développement », avant d’être de nouveau mises en concurrence. La meilleure fait ensuite l’objet d’une commande.

Comme seulement deux consortiums ont été sélectionnés par la DGA, le partenariat d’innovation mis en place pour le programme FLP-T devrait, théoriquement, se concrétiser plus rapidement.

D’ailleurs, lors d’une audition au Sénat, en novembre dernier, le Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, avait indiqué que si les industriels « travaillaient bien », alors les « premières commandes pourraient être lancées fin 2025 ou début 2026 ». Et d’ajouter : « Pourquoi pas plus tôt ? Du fait de la définition des besoins, d’itérations avec l’armée de Terre, mais aussi une certaine confusion dans les demandes. Le successeur du LRU doit être souverain, nous travaillons dans ce sens ».

Seulement, ce délai ne sera vraisemblablement pas tenu. En effet, selon des informations de Defense News, qui a sollicité la DGA, les tirs de démonstration effectués par les systèmes développés par les industriels concernés devraient avoir lieu « dans un an » au plus tôt. Soit d’ici la mi-2026.

Pour le moment, seul le tandem MBDA / Safran a communiqué sur la solution qu’il est en train de développer, en dévoilant la maquette d’un lance-roquettes multiples appelé « Thundart », à l’occasion de l’édition 2024 du salon aéroterrestre EuroSatory.

« Forts de notre connaissance en matière de propulsion, nous avons été sollicités pour travailler au remplacement de lance-roquettes unitaires, sujet sur lequel nous travaillons avec Thales », a simplement indiqué Martin Sion, le PDG d’ArianeGroup, lors d’une récente audition au Sénat.

De son côté, interrogé par Defense News, Thales a indiqué être « pleinement mobilisé » aux cotés d’ArianeGroup pour « proposer un système d’appui-feu souverain capable de traiter des cibles de grande valeur ».

Sauf que le LRU arrivera au bout de son potentiel en 2027.

Fin novembre, le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre, s’était fait une raison, en estimant « nécessaire » de prolonger les LRU « puisqu’ils ne seront pas remplacés à court terme ».

Et cela n’ira pas sans poser un immense défi aux maintenanciers de l’armée de Terre étant donné que ce type d’équipement n’est plus soutenu par l’industriel américain qui l’a conçu. Récemment, le détachement de Tulle de la 13e Base de soutien du matériel [BSMAT] a effectué plus de 120 heures de travail [dont 100 heures de recherches, faute de disposer d’une documentation en français] pour réparer la boîte de vitesses HMPT-500E d’un LRU.

Cela étant, la possibilité d’un achat sur « étagère » n’est pas totalement exclu. Dans son dernier avis budgétaire sur le programme 178 « Emploi et préparation des forces – Terre », la députée Isabelle Santiago avait précisé que des « travaux étaient menés en parallèle pour étudier le recours à une solution étrangère » dans le cas où le programme FLP-T prendrait trop de retard.

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26 contributions

  1. HMX dit :

    Pour le moment, c’est apparemment l’offre du consortium MBDA-Safran qui tient la corde pour le programme FPL T.

    L’offre est articulée autour d’une roquette sol-sol « Thundart » de 150 km de portée, avec un système de navigation et de guidage directement dérivé de l’AASM, et un diamètre de 227mm le rendant compatible avec les LRM au standard OTAN. La seconde munition ne serait autre que la variante terrestre du MDCN, avec une portée >1000km.

    Le concurrent est le consortium mené par Thales et Arianegroup, dont l’offre reposerait tout d’abord sur une munition balistique de 150km de portée (mach 3), puis dans un second temps (à quelle échéance ?…), sur un missile balistique de 1000km de portée (mach 5).

    les deux offres sont intéressantes et devront être évaluées, mais l’offre de MBDA-Safran présente l’immense avantage de s’appuyer sur des éléments existants et déjà en service : la phase de développement est limitée, peu risquée, donc en principe très rapide.

    • Deres dit :

      Avec un lanceur a quatre conteneurs avec chacun un missile de croisière ou 4 roquettes. Idéalement le véhicule aurait deux versions comme le CAESAR, une 6×6 aérotransportable et une 8×8 plus blindée. Evec un tel format, il serait simple d’ajouter des containers pour tirer des Exocets, Et de faire des containers a 9 roquettes de 155 mm réutilisant les obus BONUS et KATANA déjà existants comme projectile.

    • Raoul dit :

      malheureusement le discours marketing de Safran ne colle pas avec les réalités physiques d’un vol de roquette portant à 150 km : c’est un vol balistique arrivant à Mach 3 et qu’il faut guider piloter sur l’objectif, strictement rien à voir avec un A2SM arrivant en subsonique => il faut tout revoir sur les lois de guidage, de pilotage et les gouvernes qui vont avec = on jette le kit A2SM…bon heureusement qu’il y a MBDA qui devrait reprendre tout cela !

  2. tow dit :

    Source des heures ?
    Si c’est Simat, ceux qui connaissent savent sa valeur…

  3. Arduin Angcam dit :

    Ça me fait marrer, j’ai retrouvé une doc que j’avais emmené dans mon sac à la fin de mon service au 12 RA à Haguenau lors de mon déménagement où j’avais traduit le manuel pour la PMCS (maintenance semestrielle) du LRM (en 1994 on était encore en Multiple). Et je l’ai jetée…

  4. Mahmoud dit :

    Cela doit être une coquille : 9. Pour une armée telle que celle de la France.

    • Rakam dit :

      @ mahmoud …décidément rien de nouveau sous les commentaires où se distingue le sempiternelle esprit revanchard… pathétique…

    • Roland Desparte dit :

      @Mouhmoud,
      Ne serait-ce pas pour cela que l’article de Monsieur Lagneau parle de l’acquisition de nouveaux LRU ? Il suffit de lire pour comprendre…

  5. Thorgal dit :

    Quid du Pinaka ?
    Utilisation du seul châssis indien pour greffer le panier lanceur de MBDA / Safran ?
    Réelle solution globale de rechange ?
    Simple « carotte » pour faire courir l’Inde (qui d’ailleurs vient d’acheter enfin des Rafale Marine) ?
    Le chemin qui produira le plus rapidement l’engin est à privilégier car pour le moment nous sommes nus… non, autant pour moi, il y a encore environ 9 LRU en service. Soulagement fébrile.

    • Jack dit :

      La valeur d’un lance-roquette n’est certainement pas dans le camion qui porte le panier-lanceur. Le plus pertinent serait d’acquérir des Pinaka sur étagère comme solution intermédiaire, pour faire de la masse.

    • HMX dit :

      @Thorgal
      Le Pinaka pourrait représenter un complément intéressant au futur LRM français, sa plus grande qualité étant… d’être immédiatement disponible, ce qui est très important dans le contexte actuel. On peut tout à fait imaginer une acquisition d’un lot de Pinaka mk3, qui seraient ensuite amenés à tirer les nouvelles munitions françaises grâce à des paniers interchangeables. Si c’est le prix à payer pour sécuriser certains gros contrat avec l’Inde (Rafale et Scorpène, notamment), alors c’est un prix auquel nous pouvons consentir sans aucun regret.

      En réalité, le choix du véhicule porteur n’a qu’un intérêt marginal. On se moque de la marque du camion, ce qui compte, ce sont les munitions, et le système de gestion des feux (compatibilité ATLAS et Scorpion dans le cas français).

      Au passage, une collaboration avec l’Inde pourrait s’avérer très fructueuse, notamment sur une roquette de 100-150 km de portée destinée à des frappes de saturation. Une version indienne de cette roquette (compatible OTAN ou pas) fabriquée en Inde, avec un tarif qu’on suppose très bas, pourrait permettre à l’AdT de constituer des stocks à faible coût en cas d’acquisition de Pinaka 3.

  6. GotoRaptor dit :

    Ce serait cool d’avoir un CAESAR convertible MLRS ou canon. Réduction des coûts grâce à une plateforme commune modulaire qui permet des achats en masses. Ça permet aussi de permuter si on a des pannes ou autre et si l’interface d’utilisation est similaire alors les troupes peuvent passer facilement d’un CAESAR std au MRLS.

    On cherche à limiter les coûts et faire dans le modulaire mais j’ai l’impression c’est pas encore assez poussé. Je croise les doigts pour que NEXTER soit de la partie et que cesse la multiplication des systèmes.

    • ji_louis dit :

      L’emploi et le rechargement d’un caesar et d’un mlrs sont différents (le caesar ne tire pas toutes ses munitions en une fois, le recomplètement des munitions est plus rapide et plus simple), l’un fait du « scout & shoot », l’autre du tir de saturation.
      Le caesar a plusieurs châssis possibles de la part de plusieurs constructeurs, je ne crois pas que ce soit le cas des mlrs. Et j’ai du mal à imaginer un camion supportant du mlrs étant facilement convertible en caesar et vice-versa, surtout proche du champ de bataille.

    • Air dit :

      Tout à fait un chassis commun pour l’artillerie : un obusier et un LRM !

    • Matou dit :

      Complètement en ligne avec votre propos. C’est peut-être ce qui va survenir car SAFRAN-MBDA ne sont pas des sociétés spécialisées dans les véhicules. Il faudra donc bien une plateforme. Celle du CAESAR serait souhaitable car l’effet volume sur le camion et sur la maintenance devrait effectivement mener à des optimisations financières et pratiques tout à fait pertinentes. A suivre.

  7. Ulysse dit :

    Quand on a que 9 LR LRU, l’urgence à les remplacer est toute relative!
    la question peut également être posée de disposer d’un dispositif de 150km de portée ou de se concentrer sur un dispositif de plus longue portée 500 à 1000km)

  8. Georges Frérot dit :

    « si les industriels « travaillaient bien » », on croit rêver !
    La date de fin de vie des LRU était connue, archi connu.
    Mais c’est bien l’incurie générale qui nous place dans cette situation.
    En fait rien, strictement rien, n’a été anticipé, mêmes pas les spécifications des besoins.
    Au surplus pourquoi raconter des balivernes aux représentants de la nation, puisque les industriels eux mêmes, ne peuvent programmer les premiers essais que mi-2026 !

  9. Robmac dit :

    A propos de la ‘souveraineté’, bien que hors sujet : l’usine chimique Vencorex, indispensable pour les filières spatiales et nucléaires, en difficultés financières, a été attribuée à un groupe chinois !!!

    Un bel exemple d’inculture et de mépris de la notion de ‘souveraineté’ …

    • Nexterience dit :

      Il y a des alternatives souveraines à Vencorex.

    • Georges Frérot dit :

      Et quand Eric TRAPPIER, PDG de DASSAULT, estime à 10 ans de travail, le temps nécessaires pour éliminer tous les composant hors UE du RAFALE !
      On ne croît plus rêver, c’est un cauchemar éveillé.
      Et si il ya des brevets de fabrication, ils deviennent chinois, cerise sur le gâteau !

  10. MERCATOR dit :

    Pour une armée comme là notre as ton besoin de LRU à quantité homéopathique qui plus est !
    Je ne connais pas la doctrine d’emploi officielle de notre état-major, mais on peut raisonnablement penser qu’ils seraient utilisés sur des « masses » de véhicules, chars et engins blindes qui tenteraient de franchir nos frontières ou dans le cadre d’une intervention OTAN d’essayer de colmater les dispositifs de défense de la Pologne et des pays baltes.
    Ce nombre ridicule est évidemment symbolique.
    Cependant, on semble ignorer ce que rappelle une notice de notre armée de l’air et qui serait tout à fait pertinent .
    Nos Rafales
    La gamme d’armements AASM air-sol modulaires propulsés HAMMER en versions de 250 kg et de 1000 kg. L’AASM est équipé d’un kit de guidage GPS/ inertiel, d’un kit GPS/inertiel/imagerie infrarouge ou d’un kit de guidage GPS/inertiel/laser et d’un kit d’augmentation de la portée,
    Le missile de croisière SCALP,
    Le missile antinavires AM39 EXOCET,
    Des bombes à guidage laser avec différentes charges/effets militaires possibles,
    Des bombes classiques non guidées,
    Le canon interne NEXTER 30M791 de 30 mm (2.500 coups/min) disponible sur monoplace et sur biplace
    Eh bien évidemment, sur seule décision du chef des armées, sans ce que préconiserait certain, un vote à la chambre, l’emploi en dernier recours des 54 missiles de croisière à tête nucléaire, les ASMPA, d’une portée d’environ 500 kilomètres.

  11. Flo dit :

    Beau boulot, le LRM ayant des effets tant tactiques que stratégiques une solution souveraine a du sens bien que je trouve le volume de la LPM douteux.
    On espère que l’actualisation de la LPM permettra d’établir une cible bien plus ambitieuse que 27 systèmes.

  12. LaMeuse dit :

    Nous devons sortir de l’impasse dans laquelle nous a mis la sacrifice de notre artillerie contre l’assurance que les feux seraient assurés par la composante aérienne.

    La guerre russo-ukrainienne démontre que les avions sont très largement neutralisés par les défenses SA et dépassés par le couple missile-drone. L’usage des bombes larguées (67.000 côté russe) relève de l’exploitation d’opportunité d’un stock immense existant. Quant au fait de faire décoller des TU22 au dessus de la Russie pour taper une ville ukrainienne quelques fois à quelques dizaines de Km de la frontière c’est une aberration économique, dont nous n’avons pas les moyens.

    Ce programme des feux dans la profondeur est le plus important, pour que nos forces terrestres puissent de nouveau exploiter le couple feux-mouvement dans un conflit majeur. C’est d’autant plus important que notre corps de bataille est plutôt « médium », héritage oblige.