Des blindés JLTV américains ont été construits avec des plaques de blindage potentiellement défectueuses

En 2015, dans le cadre du programme JLTV [Joint Light Tactical Vehicle] lancé en 2006 pour remplacer les Humvee utilisés par l’US Army et de l’US Marine Corps, le Pentagone notifia à Oshkosh Defense un contrat initial d’une valeur potentielle de 6,7 milliards de dollars pour lui livrer jusqu’à 16 901 véhicules blindés de type L-ATV [Light Combat Tactical All-Terrain Vehicle]. Et cela alors que le besoin total était estimé à 64 000 exemplaires.

Par la suite, le L-ATV [rebaptisé JLTV] fut choisi par d’autres pays, comme la Belgique, qui en commanda 322 exemplaires en 2020, la Roumanie [129] ou encore la Lituanie [500 unités commandés en deux temps : 200 en 2019 et 300 en 2022]. Le Royaume-Uni a en outre fait part de son intention de s’en procurer 2 747 pour la British Army.

Le JLTV entra en production en 2016. Seulement, les véhicules sortis des lignes d’assemblage entre 2017 et 2019 ont sans doute été construits avec des plaques de blindage défectueuses. En tout cas, c’est ce qu’a avancé Bloomberg, le 11 mars.

En effet, selon les conclusions d’une enquête interne citée par l’agence de presse, les résultats des contrôles de qualité menés sur environ 12 800 plaques de blindage produites par la filiale américaine de l’entreprise sidérurgique russe Evraz, établie à Portland [Oregon], ont été falsifiés.

« Ces plaques étaient marquées comme testées et approuvées, mais certaines ont ensuite présenté des signes de fissures », avance Bloomberg.

Plus précisément, au moins quatre employés d’Evraz North America ont admis ne pas avoir soumis les plaques de blindage en question à une machine conçue pour éprouver leur solidité, alors qu’une telle procédure est obligatoire. Aussi, ont-ils saisi manuellement de faux résultats. « La falsification des données est une pratique générale », indique l’enquête interne citée par Bloomberg.

Les employés fautifs ont expliqué qu’il leur avait manqué du temps pour effectuer les tests pour chaque plaque à cause de la cadence élevée de production. « C’est comme ça que j’ai été formé », a confessé l’un d’eux. Même si ses supérieurs ont nié l’existence de cette pratique, le rapport estime qu’il y a une forte probabilité pour qu’ils en aient eu connaissance. « Quand on est pris au piège, il faut faire ce qu’il faut pour maintenir la chaîne de production en activité », a d’ailleurs reconnu un responsable de l’entreprise.

Selon Bloomberg, ces plaques de blindage à la qualité douteuse étaient essentiellement destinées aux JLTV. Le souci est désormais d’identifier les véhicules qui ont été construits avec ces dernières… alors qu’environ 22 000 exemplaires avaient déjà été produits en 2024.

« Le JLTV a constamment démontré sa capacité à combler les lacunes critiques des forces armées américaines et internationales », fait cependant valoir Oshkosh Defense, via son site Internet.

En attendant, le FBI s’est saisi de cette affaire, ses agents ayant visité plusieurs sites d’Evraz North America en juillet dernier. À ce stade, précise Bloomberg, « aucun élément ne suggère que les tests non réalisés et les fausses données […] soient liés » aux efforts américains pour soutenir l’Ukraine face à la Russie.