La Marine nationale envisage d’associer un porte-hélicoptères amphibie à des drones de surface
On pourrait penser que, au regard de l’usage qu’en ont fait les Ukrainiens en mer Noire, les drones de surface [USV] chargés d’explosif seront, à l’avenir, « décisif » pour le combat naval. La réalité est plus nuancée. En effet, s’ils ont permis de tenir la flotte russe à distance, ces engins ont été rarement à l’origine des pertes infligées à cette dernière.
« L’essentiel des bâtiments russes détruits l’ont été par des frappes de missiles de croisière, qui les ont touchés à quai. Il y a eu effectivement des actions de drones mais elles ont été marginales », a constaté le vice-amiral Emmanuel Slaars, sous-chef d’état-major « opérations aéronavales » de l’état-major de la Marine nationale, le 20 février.
Pour autant, les drones de surface peuvent être utiles pour mener des missions précises, comme, par exemple, la lutte anti-sous-marine. C’est d’ailleurs une option envisagée par la Marine royale néerlandaise.
En effet, l’an passé, celle-ci a notifié des études au consortium « Dutch Naval Design » en vue de mettre au point un drone de surface doté d’un sonar et ayant une autonomie d’au moins 96 heures pour accompagner ses futures frégates issues du programme ASWF [Anti-Submarine Warfare Frigate].
La Marine nationale explore également cette capacité, comme en témoignent les récentes expérimentations menées depuis l’une de ses frégates avec le « Seaquest S », un USV développée par Sirenha [une filiale de Naval Group], en partenariat avec le chantier naval Couach-CNC.
« Le Seaquest S a été embarqué avec succès à bord d’une frégate de la Marine Nationale. La modularité et la flexibilité ont été confirmées : reconnaissance, escorte, protection portuaire et logistique. Un concept pour la lutte anti-sous-marine et contre les essaims de drones est à l’étude », avait ainsi expliqué Naval Group, en novembre dernier.
D’autres concepts sont envisagés… mais pour les porte-hélicoptères amphibies [PHA].
Le 10 mars, la Marine nationale a évoqué une « opération d’expérimentation réactive » [OER] qui, financée par la Direction générale de l’armement [DGA], est menée par le Centre d’expertise des programmes navals [CEPN] depuis la base navale de Toulon.
« L’objectif est d’éprouver la capacité des marins à opérer en autonomie » un drone DriX H8, fourni par l’entreprise Exail, et « d’explorer les cas d’usage en vue d’un emploi opérationnel », a expliqué la Marine nationale.
Fabriqué avec des matériaux composites, le DriX H8 est un drone de surface de 1,4 tonne, se présentant sous la forme d’une coque de 7,7 mètres de long pour 82 cm de large. Il est équipé d’un moteur diesel de 38 cv, d’un mât et d’une quille dans laquelle sont placés des capteurs [sonars, pointeur d’objets sous-marins, sondeur multifaisceaux, etc.]. Il peut naviguer à la vitesse de 7 nœuds pendant une semaine. Un exemplaire a récemment été commandé pour les besoins du Service hydrographique et océanographique de la marine [SHOM].
Un autre objectif de cette OER est « d’étudier et de réduire les risques associés à l’embarquement de ce drone à bord d’un porte-hélicoptères amphibie », a précisé la Marine nationale.
En attendant, les marins du CEPN vont mettre en œuvre le DriX H8 lors de l’exercice Dragoon Fury 25, l’USV devant être « associé aux manœuvres de la force qui exploite ses différents capteurs pour recueillir des données acoustiques et d’environnement nécessaires aux opérations et contribuer à l’établissement de la situation tactique », a conclu la Marine.
Photo : Marine nationale
Je suis rassuré par le fait que nos généraux se creusent la tête, pour établir les réels besoins de nos armées, d’une part, et les technologies à placer dans ces besoins d’autre part…
J’aurais été déçu, s’il n’avait s’agit que de simples drones bourrés d’explosifs.
Nos PHA ont une vraie fragilité face à des soums, ces drones peuvent tenir ces derniers hors de portée de tir de leurs torpilles, tout en guidant une éventuelle attaque de ces soums.
« s’il n’avait s’agit que de simples drones »
S’il ne s’était agi que de simples drones.
On expérimente à petits pas le domaine des drones de surface, et c’est une bonne chose. L’article cite également l’essai réussi d’embarquement d’un petit drone « Seaquest S » (9 mètres, 6 tonnes) de Naval Group à bord d’une frégate.
Tout cela est prometteur… mais reste très timide et à toute petite échelle, avec des drones de petite taille et bien sûr non armés. Or, dans le contexte que nous connaissons, ce ne sont plus des petits pas qu’il faut réaliser, mais bien des bonds en avant ! Ce ne sont pas les projets qui manquent. Le plus ambitieux est sans conteste la gamme Seaquest, et notamment son vaisseau amiral : le Seaquest L (50-60 mètres, soit le gabarit d’une corvette) dévoilé par Naval Group au salon Euronaval 2024.
Ces drones « Seaquets L » ont évidemment vocation à emporter des senseurs (radar et sonar) et de l’armement lourd, en jouant le rôle d’effecteurs déportés au profit des frégates. Une frégate pourra ainsi contrôler plusieurs de ces drones, formant ainsi un réseau : l’ensemble ainsi constitué (frégate + drones) contrôlera ainsi un espace maritime et aérien sans commune mesure avec les capacités propres d’une frégate. Et l’ensemble frégate + drones disposera également d’une puissance de feu totale décuplée, selon le nombre de containers ou de silos verticaux qui équiperont les drones.
A l’heure où nous devons rapidement remonter en puissance, notamment pour la Marine Nationale qui dispose actuellement d’un format à un plus bas niveau historique, la question de ces grands drones de surface devrait constituer un sujet prioritaire. Ces drones de 50-60 mètres sont en effet susceptibles d’être construits en série assez rapidement à un coût limité comparé à un navire « habité » (nous disposons justement de chantiers navals très performants et concurrentiels), et par définition ils ne nécessitent pas la constitution d’un équipage dédié, celui-ci étant basé au sol, ou sur une frégate. la France peut donc réaliser ce que les anglo-saxons appellent un « quickwin », en décuplant dans un temps court et à peu de frais ses capacités navales.
Les néerlandais montrent le chemin, et ont déjà commencer à expérimenter ce type de grands drones de surface. De notre côté, il n’est plus temps de « faire joujou » avec des petits drones de 9 mètres (qui peuvent néanmoins présenter un intérêt, je l’admets volontiers), mais à passer rapidement dans la catégorie supérieure pour obtenir un effet rapide et réel sur les capacités opérationnelles de notre Marine Nationale. Un peu d’audace !
Les Néerlandais ont déjà commencé à expérimenter.
Attaque évidemment exécutée par les hélicos du bord..
Il ne serait pas judicieux que ce soit les drones qui fassent ces attaques, pour la simple raison de perdre un produit bourré de capteurs actifs/passifs serait préjudiciable à la suite de la mission, alors qu’une MU90 larguée par un hélico serait beaucoup plus efficace.
Reste plus qu’à plancher sur la mise à l’eau/récupération de ces drones pour les recharger et leurs faire l’entretient courant.
@Carin
Sur quoi vous basez-vous pour préjuger que les drones de surface seraient nécessairement moins fiables qu’un hélico, et qu’à ce titre on ne pourrait pas les armer de torpilles (ou tout autre armement) ?… on serait donc incapables de concevoir un drone de surface fiable et présentant un excellent taux de disponibilité ?…
Je pense au contraire qu’il serait judicieux d’armer ces drones, d’abord parce que leur perte éventuelle au combat ne serait pas une catastrophe insurmontable (on pourrait même aller jusqu’à les sacrifier volontairement pour débusquer un sous marin bien caché…), et surtout parce que contrairement à un hélico, qui ne vole que lorsque les conditions météo le permettent (c’est à dire pas toujours), un drone naval bien conçu assurera sa mission 24/24H même en pleine tempête, pendant plusieurs semaines avant retour au port.
Tout dépend si on parle de ces drones de moins de 6T ou si on parle de drones en général.
Sur ces drones de moins de 6T, on est vite limité en capacité. Une MU90 avec lanceur , c est 700kg sans parler du volume. Cela rentre difficilement. Ces petits drones ont l immense avantage de pouvoir etre déployés facilement depuis n importe quel navire de guerre. Il est possible d y mettre de l armement, mais pas grand chose.
« un drone naval bien conçu assurera sa mission 24/24H même en pleine tempête, pendant plusieurs semaines avant retour au port. »
La vous parlez d un drone de plusieurs centaines de tonnes minimum.
Moins de 6 teslas ?
24 henrys sur 24 ?
Le symbole de la tonne est t (minuscule).
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tonne
C’est du tesla que T (majuscule) est le symbole.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tesla_(unit%C3%A9)
Moins de 6 t.
Le symbole de l’heure est h (minuscule).
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Heure
C’est du henry que H (majuscule) est le symbole.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Henry_(unit%C3%A9)
24 h / 24.
Ce n’est pas ce qu’il dit. Larguer une torpille à partir d’un drone de surface ne présente pas de difficulté insurmontable. Les drones de surface de guerre des mines savent déjà larguer des drones sous-marins.
Par contre lors de la manœuvre le drone de surface serait vulnérable car la portée d’une MU90 est inférieure à celle à celle d’une torpille lourde que pourrait tirer un sous-marin. Et perdre le drone de surface et son sonar serait préjudiciable tant en terme de capacités pour la mission que du fait du cout du sonar.
Autant larguer tranquillement la MU90 depuis un hélico ou pourquoi pas un VSR700.
Concernant les conditions de mer, le drone de surface n’est pas non plus une sorte de réincarnation de l’Abeille Flandre. Si l’hélico ne peut décoller , il est probable que le drone ne pourra pas être mis à la mer non plus.
En termes de capacités.
En matière de capacités.
Quand on entretient couramment, on fait l’entretien courant.
@Laurent Lagneau
Merci pour ces précisions sur un domaine peu développé dans la presse spécialisée, et le chantier naval de Couach fondé en 1897 !
La France maintient un haut niveau de recherche et de développement technique pour ses armées, et c’est une bonne chose;
Mais cela ne peut masquer trois points importants :
Nous somme surendettés, et quel que soit l’artifice comptable, tout nouvel achat de masse ne pourra se faire qu’en augmentant la dette, ou en limitant les prestations sociales de manière importante … et sans toucher aux entreprises, car se sont bien elles qui créent du travail et qui peuvent partir à l’étranger. Beaucoup de gens se trouvent à la limite de la précarité, et peuvent basculer du jour au lendemain. Les aides sociales, si elles doivent être bien ciblées, ne sont pas des facilités pour des fainéants !
Il n’y a aucune éducation, ni encore moins de formation, de la population à un esprit de défense. Pourtant, si la situation se dégrade, il faudra maintenir le moral, organiser la gestion des contraintes, et confier aux civils, formés et équipés, des actions de sécurisation des sites d’intérêt collectif, comme les hôpitaux, les hangars, les transports, etc …
Et pour finir, les pays européens qui se disent ‘souverains’ sont toujours désunis, par exemple la France propose des productions européennes tandis que l’Allemagne préconise l’achat de matériels US sur étagère.
Il faudra une génération pour remettre tout cela en état.
`
Car Ce sont bien elles.
https://jeretiens.net/ca-ou-sa-ce-ou-se-ces-ou-ses-cest-ou-ses/
Vos commentaires obsessionnels sont passionnants. Je suis heureux que ce site vous aide à exister.
Votre sollicitude me touche.
les PHA ont un radier et peuvent donc en embarquer/recharger,entretenir tout plein et de toute taille jusqu’à la taille d’un EDAR ,c’est l’avantage voir faire un panachage.
Par contre le drone Drix H8 a un tirant d’eau de près de 2 mètres, nettement plus que les barges qu’emporte d’habitude les PHA. Je suis donc curieux de savoir s’il rentre dans le radier d’un PHA ou s’il est mis en œuvre à partir des bossoirs ou d’une autre manière.
Les barges qu’emportent les PHA.
Il me semble qu il est dimensionné avec son socle de récupération (qui doit diminuer le tirant d eau) pour etre déployé depuis les bossoirs de la marine a la place d une embarcation rapide.
Des drones semi-submersibles serraient probablement une bonne solution pour leur assurer une defense minimum si ils opèrent en solo sans l’appui d’une frégate. Comme les sous-marins des deux guerres, navigation en surface et attente en plongée périscopique plus plongée defensive ne cas d’attaque. Pas besoin de plongée profonde. Cela diminuerait en plus leur SER et les protégerait des menaces simples.
🙂
« Projet SMX-25 »
https://modern-submarines.com/?page_id=8367
J’imagine des semi-submersibles pour ravitailler des hydravions.
Ceux-ci pourraient attendre sous l’eau (« à l’abri ») que les hydravions (guet aérien, ASM, transport, ravitailleurs, etc …) viennent se ravitailler.
Cit:[ J’imagine des semi-submersibles pour ravitailler des hydravions.]
Mon Félix , cela ne sert à rien de t’esbaudir devant des concepts !
La réalité est des plus » mer à mer » : Une copie des narco-submarines …
Cela fait 42 ans qu’ils naviguent » entre deux eaux » en transportant de 2 à 7 tonnes de drogue . Certains ont compris qu’ils peuvent transporter autre chose que du bicarbonate de soude de manière » furtive » .
Et ce ne sont pas des amateurs qui les conçus ont et qui les construisent : Souvent des ingénieurs navals au chomdu .
https://news.usni.org/2024/02/13/marine-to-test-logistics-drone-inspired-by-drug-running-narco-subs
PS : Des versions plus petites, notamment dronisées, sont évidemment à envisager.
C’est en effet une piste intéressante à creuser. Des drones semi-submersibles seraient à la fois difficiles à détecter, et difficiles à détruire, si on suppose qu’ils embarqueraient à la fois des moyens de lutte ASM (torpilles) ainsi que qu’un système d’autodéfense antiaérien (Mistral 3 ou MICA VL ?).
Cela rappelle le concept du SMX-25, présenté par Naval Group lors du salon Euronaval 2010. 15 ans plus tard, une version dronisée et mise à jour de ce concept serait tout à fait pertinente…
« Cela rappelle le concept du SMX-25 »
🙂
😉
Les bonnes solutions n’aimant pas être serrées de trop près, on pourrait plutôt dire que des drones semi-submersibles seraient probablement une bonne solution.
Je vous confirme que les bonnes n’aiment pas être serrées de trop près.
Vous n’avez pas toujours dit ça.
Cit : [ Des drones semi-submersibles ]
Je connais d’excellents chantiers navals en Colombie pour ce genre de fabrications .
Souvent la conception c’est le fait d’ingénieurs navals Espingouins nimileuristas qui en ont eu marre des stages renouvelables sans fin chez Nav*****™ .
Ils sont enfin payés à la valeur de leurs compétences !
https://www.forbes.com/sites/erictegler/2024/02/16/the-marines-may-mimick-narco-submarines-for-stealthy-resupply-options/
https://www.youtube.com/watch?v=ICQ4X1eKqgg
Tiens, voila le Bessonovista qui fait mine de rien de la pub pour les narco trafiquants colombiens maintenant. Bravo, belle mentalité!
Excellent.
« Reportage porte hélicoptères amphibie Le Tonnerre pour Ensemble avec Tégo »
https://www.youtube.com/watch?v=8q7luSvpqcs
Cit :[ La Marine nationale envisage d’associer un porte-hélicoptères amphibie à des drones de surface]
Je ne fais pas que de me moquer des Portouguèches même si ils le méritent ! Ils ont parfois de très bonnes idées … Comme une horloge en panne peut indiquer l’heure juste deux fois par jour .
https://www.opex360.com/2023/11/27/la-marine-portugaise-va-se-doter-dun-navire-polyvalent-particulierement-innovant/
Cit : [ En effet, d’une longueur totale de 107,6 mètres pour un déplacement de 7000 tonnes, ce navire polyvalent sera en réalité un « porte-drones » aériens et navals [y compris sous-marins].
Mais ils restent des Portouguèches …
Pour ta gouverne BESSON le RIGOLO condescendant, et puisque tu cites cet article d’opex de novembre 2023, je ne résiste pas au plaisir de te rappeler ici la réponse cohérente et censée de vrai_chasseur avec qui tu ne voulais plus interagir : « Ben oui l’océanographie ça sert à faire la guerre…pas une grosse découverte. Pour la Marine Nationale par ex. c’est dit simplement et clairement. Donc pas besoin de s’effaroucher de l’hypocrisie, elle n’existe pas … sauf peut-être au sein de l’amirauté russe.
Bref ils font du soutien à la guerre. »
Et puisque selon tes dires tu es » né en France …/…naturalisé Brésilien », garde tes conneries méprisantes pour tes compatriotes en ignominie plutôt que d’insulter ici l’intelligence des contributeurs sensés.
HS nélicos : « H140 »
https://www.airbus.com/en/products-services/helicopters/civil-helicopters/H140
« Introducing the Airbus H140 »
https://www.youtube.com/watch?v=8sBIMl4V4yo&t=18s
« Booth opening ceremony at VERTICON 2025 »
https://www.youtube.com/watch?v=Gv8pnY-e6vE
M’a tout l’air super ce nélico.
La porte arrière, c’est génial, notamment pour le militaire (largage de charges/drones/etc…)
Un super nélicoptère militaire en devenir.
Apparemment l’Ocean Avenger de Naval Group, projet de trimaran dédié au service de drones de tous types (UAV, USV, UUV), ne fait plus l’objet d’aucune communication depuis plusieurs années. Sans doute trop beau pour être réaliste…
https://lefauteuildecolbert.blogspot.com/2019/04/navire-de-combat-du-futur.html?m=1
Bonjour, un drône marine ou terrestre d’ailleurs pourrait-il être équipé missile ?