Artillerie : La modernisation des systèmes d’alerte précoce GA10 de l’armée de Terre est lancée

Au début des années 2010, l’armée de Terre fit l’acquisition d’une dizaine de systèmes d’alerte précoce Ground Alerter 10 [GA10] auprès de Thales afin de renforcer la protection de ses bases opérationnelles avancées en Afghanistan contre les tirs de roquettes, d’obus de mortier et de missiles. Mis en œuvre par le 1er Régiment d’Artillerie [RA] en complément de ses radars de contre-batterie COBRA, ces dispositifs furent redéployés au Sahel.

Comprenant une antenne dotée d’un système de positionnement GPS montée sur un mât télescopique d’une longueur de six mètres, un radar UHF offrant une couverture à 360°, un réseau d’alerte intégré, une unité électronique RF, une unité de traitement du signal [SPC] et des batteries Li-On, le GA10 « garantit une détection et une classification rapides des tirs d’artillerie, de roquettes et de mortiers » dans un rayon de 10 km. Une fois la menace détectée, il est capable de calculer un point d’impact [POI], ce qui permet de mettre les troupes à l’abri une fois l’alerte donnée avec des sirènes.

En outre, le GA10 peut également déterminer l’endroit d’où proviennent les tirs… ce qui, souligne Thales, permet aux « forces terrestres de réagir et de capturer ou de neutraliser » les assaillants.

En avril 2021, pour le compte de la Heer, la composante terrestre des forces fédérales allemandes, l’Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr [BAAINBw] notifia à Thales une commande portant sur un nombre non précisé de GA10.

Cela étant, avec l’évolution des menaces et les avancées technologiques, il est apparu nécessaire de moderniser ces systèmes d’alerte précoce. Ce qui a donné lieu à un programme confié par la France et l’Allemagne à l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], avec une enveloppe d’environ 15 millions d’euros.

Ce dernier vient de franchir une nouvelle étape, avec la « réunion de lancement du contrat Ground Alerter 10 Standard 3 », à laquelle ont participé des représentants de la Direction générale de l’armement [DGA], du BAAINBw et de Thales Germany GmbH.

« L’objectif du programme GA10 Standard 3 est d’améliorer les performances du radar, d’augmenter sa portée de détection des menaces et de traiter les obsolescences via une mise à niveau à mi-vie du système de contre-artillerie existant, qui est actuellement déjà en service en Allemagne et en France », a précisé l’OCCAr, via un communiqué publié le 17 janvier.

Une autre réunion se tiendra en février, afin d’examiner les exigences techniques du système ainsi modernisé. Elle sera suivie par une revue de conception critique, devant être achevée en octobre. Enfin, la « qualification finale de la norme GA 10 Standard 3 » est attendue pour novembre 2027. « Le contrat comprend une phase initiale de soutien en service de 2 ans suivant la qualification, parallèlement aux activités de modernisation menées jusqu’à la mi-2029 », a précisé l’OCCAr.

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11 contributions

  1. HMX dit :

    Ces petits systèmes d’alerte précoces ne demandent en effet qu’à évoluer. Outre l’amélioration de la précision et de la portée de détection, on peut aussi supposer qu’une mise à jour logicielle permettra sans difficulté d’apprendre à ces radars à mieux détecter et identifier les drones et munitions rôdeuses. Sachant qu’à l’origine, ils sont exclusivement conçus pour détecter les menaces particulièrement véloces (obus, roquettes).

    Un autre axe d’amélioration consisterait à développer les systèmes d’alerte associés à ce radar : avec Scorpion, on suppose que chaque véhicule présent dans la zone d’impact potentiel pourra recevoir en temps réel une alerte. Reste à voir comment nous pouvons transposer ce système d’alerte sur les personnels qui sont présents dans la zone à protéger. Les soldats porteurs d’une tenue Félin pourraient probablement aisément être prévenus en temps réel de l’imminence d’un impact, comme pour les véhicules. Mais les soldats au repos, les logisticiens et autres civils présents sur une base ne sont pas tous porteurs d’une tenue Félin. On pourrait donc imaginer un système type bracelet connecté (ou équivalent) qui vibrerait et biperait d’autant plus fort que la personne concernée se trouverait proche du point d’impact estimé.

    Pour gagner en efficacité, on pourrait imaginer une version améliorée du système d’alerte montée sur ballon d’observation, qui permettrait d’accroître de façon très sensible la portée pratique (facilement plusieurs dizaines de km). Encore plus ambitieux, une version aéroportée montée sur drones (il en faudrait plusieurs pour tirer profit du multistatisme) rendrait du même coup le système mobile, ce qui élargirait son horizon d’emploi bien au delà des de la protection des implantations fixes.

    Un autre axe d’amélioration consisterait à travailler sur un couplage de ce système d’alerte avec différents systèmes de protection terminale déjà existants, ou à développer (missiles, canons à tir rapide, lasers, drones d’interception…).

    Enfin, simultanément à la recherche d’une solution de protection terminale, le calcul estimé du point de départ de la munition assaillante devrait permettre de déclencher une solution de riposte, visant cette fois à éliminer la menace. On pense par exemple au tir quasi-instantané d’une munition rôdeuse/drone kamikaze dans la direction de la menace assaillante afin de rechercher et neutraliser le ou les tireurs.

    • ji_louis dit :

      L’aérostat signalerait immanquablement où bombarder, de même que les mats et tours de surveillance inhabitées signalent un point à détruire (par un FPV armé, par exemple).
      Sinon, il faut viser les sources d’énergie de ces systèmes, ou les câbles d’alimentation.
      Quant au point de départ d’une munition rôdeuse, il peut être n’importe où, précisément parce qu’elles sont dirigeables.

      • HMX dit :

        @jilouis
        Dans le cas de la défense d’une base ou implantation fixe, dont la position est de toute façon connue de l’adversaire, on se moque que des mats, tours de surveillance ou aérostats soient visibles : l’ennemi sait où nous nous trouvons. L’efficacité doit donc primer. Et à ce petit jeu, l’aérostat dispose d’un avantage incomparable. D’autant plus qu’il est facilement déplaçable (remorque, ou container transportable).

        Sous réserve qu’il soit à portée, le point de départ d’un drone ou d’une munition rôdeuse se détecte avec précision, grâce au radar embarqué dans l’aérostat. Et même si le point de départ n’a pas pu être détecté (drone lancé à très longue portée, ou sous le couvert d’un relief), il reste la possibilité de calculer par triangulation la position de l’émetteur qui contrôle le drone ou la munition rôdeuse, permettant de guider sur lui un tir de riposte.

  2. Carin dit :

    C’est très bien, mais je reste persuadé qu’un ballon supportant une plateforme équipée de ces différents capteurs, et monté sur un câble pouvant atteindre une centaine de mètres, serait beaucoup plus efficace, parce qu’il verrait beaucoup plus loin.
    Et pourquoi pas: relier l’ensemble à un ordinateur nantis d’une IA (c’est devenu courant), qui pourrait alerter les gars de surveillance d’une approche… même d’un seul homme… les caméras d’aujourd’hui faisant, jour/nuit/chaleur etc, le tout en totale autonomie.
    Les matériels dont parle l’article, et ma proposition ne servant que sur un point fixe.
    Pour un campement de quelques nuits, l’actuel matériel étant plus adapté pour cause de discrétion…. Un ballon entre 20 et 100 mètres d’altitude se voit de loin, même de nuit.

  3. GotoRaptor dit :

    Je comprends pas trop l’intérêt d’avoir un système statique qui demande une mise en place avec des cables et autre.

    Prenez un truc genre vab ou autre qu’on a déjà et fixez le dessus avec un bras telescopique.

  4. Roland Desparte dit :

    Le 8 juin 2017, à Kidal (Nord du Mali), le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), principalement tenu par des Casques bleus guinéens et tchadiens, est soudainement visé par des tirs intensifs de roquettes et de mortiers. Le GA10 sonne l’alerte et permet aux personnels des Nations Unis de rapidement s’abriter des frappes d’une dizaine d’obus de différents calibres ; seuls cinq membres de la MINUSMA seront légèrement blessés (En mode combiné, une position ONU extérieure au camp est également attaquée par un groupe terroriste et quatre soldats guinéens seront tués, trois autres blessés). Ce jour-là, dans le camp de Kidal, ce produit “allemand“, le GA10, a sauvé des vies.
    “Allemand“, car le GA10 est produit en Allemagne, sur le site de Ditzingen appartenant à Thales Deutschland ; un site qui développe et produit des outils technologiques à vocation civile (systèmes ferroviaires pour la Deutsche Bahn) ou militaire en technologies radar et systèmes de vision.
    Fiable, facile à entretenir et très résistant, alimenté par batteries Li-ion ou générateur, éventuellement solaire, ne consommant que 350 watts, le GA10 est d’un fonctionnement entièrement automatique et par tous les temps (« plug-and-play » ; avec une recherche dynamique de la fréquence la moins brouillée ; couverture azimutale à 360° jusqu’à 10 km de portée). Portable, le GA10 est rapidement mis en œuvre par deux personnes qui positionnent le radar et son mat puis plusieurs récepteurs d’alerte dont chacun est affecté à une zone d’alerte spécifique (zone de vie, de repos, de travail, parking, place d’armes, etc…). Chaque récepteur est installé sur un trépied équipé d’une sirène et d’un flash lumineux puissant (alimentés par des batteries d’une autonomie de 3 à 5 jours) qui ne seront actionnés que si le système estime que le récepteur est dans la zone d’impact. En cas d’alerte, Thales estime à environ 30 secondes le temps destiné à chercher un refuge ou évacuer la zone. Par ailleurs, même si l’impact est calculé à l’extérieur du camp, le GA10 le signalera et délivrera immédiatement les informations nécessaires à localiser le départ du (des) coup(s) pour une réplique immédiate.

    • wince dit :

      Bonjour,
      Ça donnerait presque envie d’en acheter un, au cas où un conflit arrive « chez nous ».
      Vous le faites à combien ?

      Plus sérieusement, ça devrait être acheté par millier !