Artillerie : Pour le général Schill, il va être « nécessaire de prolonger » les Lance-roquettes unitaires

Cette année, l’armée de Terre a pour objectif d’être en mesure de déployer une « brigade bonne de guerre », c’est-à-dire qu’elle devra être « projetable » avec ses soldats entraînés, ses équipements [principalement issus du programme SCORPION], ses appuis, sa logistique et ses stocks.

Lors d’une audition au Sénat tenue en novembre dernier et dont le compte rendu vient d’être publié, son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, a expliqué qu’il s’agissait « d’assurer le chef d’état-major des armées [CEMA] qu’il peut proposer aux autorités politiques de déployer cette brigade en Roumanie ou ailleurs ».

Cela étant, cette brigade « bonne de guerre » est un premier jalon vers la « division bonne de guerre », laquelle devrait être disponible en 2027.

« La brigade ‘bonne de guerre’ […] sera par définition complète. Elle disposera des stocks adaptés et du niveau d’entrainement requis. Ce sera également le cas en 2027 pour la division ‘bonne de guerre’ qui sera prête à s’engager en 30 jours », a indiqué le CEMAT.

« Nous avons insisté sur la cohérence, donc sur le fait de disposer d’une brigade puis d’une division en ordre de combat. Il est donc nécessaire de disposer du Maintien en condition opérationnelle [MCO] permettant de mener plusieurs modes d’engagement. La capacité à déployer rapidement nos unités avec leur logistique pour durer est un facteur de crédibilité », a ensuite développé le général Schill.

Seulement, en 2027, cette division « bonne de guerre » ne disposera vraisemblablement pas de la capacité de frappe dans la profondeur que le CEMAT a dit souhaiter, à maintes reprises, depuis près de trois ans. Aussi, et même si le programme FLP-T [Frappe longue portée terrestre] a été lancé par la Direction générale de l’armement [DGA], elle devra se contenter des neuf Lance-roquettes unitaires [LRU] encore en dotation au sein du 1er Régiment d’Artillerie [RA]. Pour rappel, quatre exemplaires ont été cédés à l’armée ukrainienne en 2023/24.

« S’agissant du remplacement des LRU, des études pour la réalisation de démonstrateurs sous 18 mois ont été confiées à des industriels », a d’abord rappelé le CEMAT, en faisant référence au partenariat d’innovation de la DGA. Deux consortiums y prennent part : l’un formé par MBDA et Safran, l’autre par ArianeGroup et Thales.

Seulement, même si la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 précise que « la recherche d’une solution souveraine sera privilégiée pour remplacer le LRU dans les meilleurs délais », c’est-à-dire avant qu’ils ne soient frappés d’obsolescence, le programme FLP-T de devrait pas se concrétiser avant 2027.

D’où les travaux dont s’est fait l’écho la députée Isabelle Santiago, dans son dernier avis budgétaire sur le programme 178 « Préparation et emploi des forces – Forces terrestres ».

« Il semblerait que des travaux soient déjà menés en parallèle pour étudier le recours à une solution étrangère », avait-elle avancé, en octobre dernier, en évoquant le M142 HIMARS américain et une version « européanisée » du PULS israélien.

Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, la division « bonne de guerre » ne sera « probablement pas encore équipée » de nouveaux systèmes d’artillerie. Cependant, a-t-il continué, elle « bénéficiera d’une combinaison entre le mortier de 120 mm, le canon Caesar, nos LRU maintenus autant que possible en service et des munitions téléopérées, pour neutraliser l’adversaire avant le contact ».

Et le CEMAT d’ajouter : « J’ai donc besoin, d’ici 2027, d’une capacité à tirer en profondeur dans la frange des 100 kilomètres. Il est donc nécessaire de prolonger les LRU, puisqu’ils ne seront pas remplacés à court terme ».