Le ministère des Armées relance un appel d’offres pour louer des hélicoptères au profit de la Marine nationale
En 2017, les sept Alouette III alors exploités par l’École de spécialisation sur hélicoptères embarqués [ESHE/22S] devant être retirés du service par la Marine nationale sans être immédiatement remplacés par des H-160 Guépard, le ministère des Armées, via la Plate-forme Affrètement & transport [PFAT], émit un avis de marché visant à louer quatre aéronefs de type Dauphin, ceux-ci devant effectuer un minimum de 1 800 heures de vol par an. D’une valeur de 31,3 millions d’euros, un contrat fut attribué à l’entreprise belge NHV [Noordzee Helikopters Vlaanderen] pour une durée de cinq ans.
Celui-ci approchant de son terme, un nouvel avis de marché fut publié par la PFAT en novembre 2022. Cette fois, d’un montant estimé à 114 millions d’euros, le contrat prévoyait la fourniture de 1 800 à 3 000 heures de vol à l’ESHE [devenue, entretemps, Flottille 34F/ESHE], via la mise à disposition de quatre Dauphin. Et cela pendant au moins sept ans.
« Une période de mise à disposition de neuf mois maximum permettant l’adaptation des aéronefs, notamment l’homologation de l’appontage, prendra effet dès la notification du marché. Il est prévu une durée ferme de sept ans avec possibilité de trois reconductions expresses d’une année soit une durée totale de dix ans », était-il avancé dans cet avis de marché.
Et d’expliquer que cette période de sept ans était prévue pour « permettre une ouverture au plus grand nombre d’opérateurs économiques et un amortissement des investissements initiaux dû à la navalisation des aéronefs ». Quant aux trois possibles reconductions, elles devaient permettre « d’assurer la continuité de la formation dans l’attente de la réception des aéronefs d’État », c’est-à-dire les H160M Guépard.
A priori, ce marché a de nouveau été notifié à NHV [a priori car aucun avis d’attribution n’est disponible, ndlr]. En tout cas, c’est ce que suggèrent les immatriculations de Dauphins de la Flottille 34F/ESHE récemment photographiés.
Quoi qu’il en soit, et alors que ce marché est censé durer, au minimum, jusqu’en 2030, un troisième avis de marché concernant la Flottille 34F/ESHE vient d’être publié, cette fois par la Direction de la Maintenance aéronautique [DMAé]. Si les deux premiers avaient explicitement évoqué la location de quatre hélicoptères Dauphin, il n’en est rien avec celui qui vient d’être émis.
« Le marché a pour objet l’acquisition d’heures de vol d’hélicoptères, sans équipage, et prestations associées, au profit de la Flottille 34F/ESHE […]. Le parc d’hélicoptères mis à disposition depuis la base aéronavale de Lanvéoc doit être homogène et apte à apponter pour permettre à la flottille 34F/ESHE […] d’assurer ses missions », indique cet avis.
#34F | La 34F fête ses 50 ans ! 🥳 De sa création en 1974 à Fréjus Saint-Raphaël avec l’Alouette jusqu’à l’arrivée du 1erhélicoptère Lynx lui permettant de devenir une flottille de lutte anti-sous-marine, la 34F met aujourd’hui en œuvre le Dauphin à raison de 4 000h/an ! pic.twitter.com/xqTHjNL4P3
— Marine nationale (@MarineNationale) May 27, 2024
Ces appareils serviront à la « formation des pilotes d’hélicoptère de l’aéronautique navale » ainsi qu’à la « formation, l’entrainement au maintien de qualification des membres d’équipage, treuillistes et plongeurs ». Mais pas seulement puisqu’il est aussi question de les solliciter pour des « missions organiques » [vols de surveillance de jour et de nuit, que ce soit au-dessus de la terre ou en mer, hélitreuillage, etc.].
« Le soutien et la gestion du maintien de navigabilité sont entièrement de la responsabilité du candidat et répondent aux normes de l’aviation civile » et les hélicoptères devront être « immatriculés en France » et auront le « statut d’aéronefs militaires au sens de l’Article 1er du décret n° 2013-367 du 29 avril 2013 », est-il souligné dans cet avis.
En outre, il n’est plus question d’un seuil minimum de 1 800 heures de vol.
« Le titulaire devra assurer une disponibilité permanente de trois hélicoptères et une disponibilité de quatre hélicoptères lors de périodes d’activité aérienne de pointe [à titre indicatif, périodes limitées à deux semaines, à raison de cinq fois, sur douze mois glissants. Elles seront annoncées avec un préavis raisonnable] », sachant que « l’activité aérienne du parc d’hélicoptères est d’environ 3 000 heures de vol par an », indique le document.
Par ailleurs, si sa valeur estimée n’est pas précisée, ce marché est censé avoir une durée comprise entre quatre et dix ans.
Reste à voir quel prestataire sera retenu et, surtout, quel sera le type d’hélicoptère que mettra en œuvre la Flottille 34F/ESHE. Et cela en sachant que « l’offre économiquement la plus avantageuse » est le principal critère d’attribution de ce marché. Les candidats ont jusqu’au 10 février pour se manifester auprès de la DMAé.
Qu’ils s’adressent aux polonais vu le nombre d’hélicoptères commandés par eux.
« En 2017, les sept Alouette III alors exploités par l’École de spécialisation sur hélicoptères embarqués [ESHE/22S] devant être retirés du service par la Marine nationale … »
… A ce sujet, on notera que les bonnes vieilles Alouette 3 sont toujours actives cette année à bord des frégates françaises … les Alouette de la Marine Indienne bien-sûr … Exercice Varuna 2025 ! 🙂
… Difficile de faire plus endurant et moins onéreux 😉
https://www.flickr.com/photos/franceinindia/54264242120/
Quelques très jolies photos par ailleurs, notamment celle-ci du Dauphin Pedro du PA CDG.
https://www.flickr.com/photos/franceinindia/54243814048/
Merci pour ces photos.
Et oui, l’alouette 3 c’est génial.
Très belles photos, en effet.
En passant
https://x.com/thetoitoi/status/1879426669829669329
Toujour la même histoire :absence de gestion previsionnelle, procrastination budgetaire, économie de bouts de chandelles, choix du minimum universalisé conséquence, bricolage…. Tant que ca tient, ca tient.
Encore un signe de l’affaiblissement programmée de nos forces armées par des décisions politiques qui nous amènent par petites doses à ce désastre faute d’équilibre financier ……!
Ce genre d’annonce me stupéfie.
Notre armée… LOUE son matériel… à une entreprise qui fera des bénefs… Pourquoi pas louer des tanks, de l’artillerie, tant qu’on y est. Avec une bonne assurance tout est possible.
Perte de compétences, on ne sait plus entretenir des hélico ? Perte de techniciens, ils sont parti dans le civil ? Refus de l’armée de Terre qui sait encore le faire de lever le petit doigt pour la Marine ? Ou quoi ?
Ces décisions ne sont que le fruit des politiques, il ne faut pas chercher plus loin. Et si elles ne sont pas directement émises elles sont fortement suggérées. Le tout avec le petit doigt sur la couture du pantalon évidemment.
Je suis quand même curieux de savoir comment on peut argumenter ce genre de marché. Comment l’externalisation d’une telle prestation pourrait-elle être moins onéreuse que de la faire en interne ?
À moins, évidemment, qu’on ait supprimé le personnel et qu’on prenne en compte les recrutements nécessaires… mais ça met la barre très-très haut en matière de malhonnêteté.
Pourquoi la guerre des « Six Jours » avait elle duré six jours? Parce que les israéliens avaient loué leurs matériels pour six jours. Pour la guerre de Cent Ans, je n’ai aucune info.
Laquelle guerre de 100ans ? Il y en a eu 2. La première de 1159 à 1259 et l’autre de 1346 à 1453. Les deux remportées par la France.
Elle a duré 116 ans en fait. 1337 – 1453.
Les 16 dernières années devaient être un bonus du loueur de guisarmes, de vouges, et autres armes d’hast, pour les bons clients.
Plus sérieusement, au début de la guerre de cent ans, les souverains bénéficiaient d’un service de 40 jours de la part de leurs vassaux. Pas d’armée permanente, peu d’État en fait, donc peu d’impôts.
La population était dans l’ensemble bien moins taxée que maintenant, même en comptant les corvées en nature (entretenir une route, …)
Ce que cette guerre a changé c’est justement l’apparition d’impôts réguliers, à l’occasion en particulier du paiement de la rançon du roi Jean le bon capturé à Poitier.
C’est aussi l’apparition des États généraux, sorte de parlement temporaire, puisque le souverain n’avait pas le droit de décider de changer la fiscalité à lui seul.
Les français étant habitués à payer des impôts régulièrement, l’État embryonnaire et surtout une armée permanente, avec un armement de pointe très coûteux, l’artillerie, ont pu se construire.
L’État-nation moderne est le fruit de la guerre de 100 ans.
Donc cette location d’hélicoptère est un signe inquiétant de la déliquescence de notre État souverain.
Un retour vers les temps féodaux ?
Oui… c’est sûr qu’une location sur cent ans… c’est très intéressant et rentable…
surtout pour celui qui te le loue…
Excellent !
Opérations civilo-militaires, entraînement, essais et servitude ne doivent pas empiéter sur les moyens opérationnels qui font déjà défauts. Le Caïman est un boulet en terme de maintenance et de disponibilité ! Croisons les doigts pour le H-160…
Externaliser le « non-militaire » et regrouper les moyens autres avec des engins civils adaptés peuvent répondre à des besoins ponctuels pour des tuilages ou des pertes de compétences temporaires. Globalement ça ne sent pas le sérieux en terme de programmation et de gestion des moyens.
Dans « en termes de », on écrit toujours « termes » au pluriel.
Le Caïman est un boulet en termes de maintenance et de disponibilité.
Globalement ça ne sent pas le sérieux en termes de programmation et de gestion des moyens.
Mais l’expression « en termes de » ne devrait avoir pour seul sens que celui de « dans le vocabulaire de » : https://www.academie-francaise.fr/en-termes-de
Le Caïman est un boulet en matière de maintenance et de disponibilité.
Globalement ça ne sent pas le sérieux en matière de programmation et de gestion des moyens.
Je sais bien qu’ici quelques ”spécialistes” de la gestion des équipements et matériels de nos forces armées sont prêts à tout trouver normal et satisfaisant, mais mon analyse est différente. Des contrats de location perpétuellement renouvelés, de plus en plus onéreux et de moins en moins précis dans leurs termes ne paraissent pas être une solution satisfaisante. Nos forces techniques se débandent tout comme notre diplomatie. Lorsque dans quelques dizaines d’années on étudiera notre déclin, il faudra bien imputer cette dégringolade à des politiciens incompétents depuis une quarantaine d’années et à des chefs d’État Major du même triste acabit.
L’article du lien ci-dessous est hors sujet avec cet article, mais est-ce que AUKUS est vraiment véritablement hors sujet? A lire avec un sourire.
https://www.aspistrategist.org.au/virginia-we-have-a-problem/
Merci. Le titre de l’article est un programme à lui tout seul.
Du moment que les navigants sont des militaires français, il n’y a pas lieu de faire un fromage pour un A/O passé afin de disposer d’engins qui seront, certes très utiles, mais resteront d’abord de seconde ligne. Notez enfin que l’ imposante USN pour ses opérations de « lift » entre bâtiments utilise une société privée.
j’ai fait mon service militaire à la 22S en 1990. cette escadrille tournait fort avec plusieures promotions de brevetés aux opérations hélicoptère marine. De mémoire 2 alouettes 2 et une dizaine d’alouette 3, dont certaines embarquées sur des navires pendant de longs mois.
Bravo à tous les mécanos qui ont su entretenir ces hélicos pendant si longtemps, et ce malgré le sel de mer. Une pensée aussi à ceux qui décollaient les nuits de tempête en hiver pour secourir les marins en détresse, entre autres les Super Frelons de la 32F.
incroyable que les A3 aient tenu jusqu’en 2017! Personne n’aurait cru cela possible à cette époque.
Kenavo
Recourir aux appels d’offres pour louer des aéronefs dont la disponibilité est assurée présente plusieurs avantages en termes de coûts complets. Ce n’est pas une lubie. Avec des contraintes budgétaires réelles, autant consacrer de l’argent à des activités opérationnelles.
Le retard pris par le H160M explique ces contrats de location…
Petite précision le H160M n’est toujours pas livré parce qu’il est encore en phase de finition pour le côté militaire, puis viendra la phase qualification, puis au bout d’une année d’essais par les servants, viendra le « bon de guerre/réception définitive ».
Ceci explique peut-être cela?