M. Lecornu confirme la création d’un « Commissariat au numérique de défense » en 2025

Priorité des dernières Loi de programmation militaire [LPM], le développement des capacités du ministère des Armées en matière de numérique a donné lieu à la création de plusieurs nouvelles entités, qui sont venues s’ajouter à la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’informations de la défense [DIRISI], laquelle assure le rôle d’opérateur télécom au sein des armées depuis maintenant plus de vingt ans.

Outre les organismes comme Commandement de la cyberdéfense [COMCYBER], à vocation opérationnelle, ou comme DGA Maîtrise de l’Information [DGA MI], le ministère des Armées s’est ainsi doté d’une Direction générale du numérique [DGNum], qui s’est substituée à la Direction générale des systèmes d’information et de communication [DGSIC] en 2018.

Puis, l’année suivante, l’Unité de management « socle numérique » [UM SNum] a vu le jour au sein de la Direction générale de l’armement [DGA], avec la mission de développer la « cohérence d’ensemble entre les activités de conception / développement […] et les activités de déploiement / d’exploitation d’outils et de services numériques ».

La création de cette structure a été suivie par celle de l’Agence du numérique de défense [AND], en 2021. Rattachée à la DGA, elle est chargée de « répondre aux enjeux de modernisation et de cohérence globale du numérique au sein du ministère » des Armées.

Enfin, l’an passé, l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense [AMIAD] a été portée sur les fonts baptismaux par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. Selon les explications données à l’époque, elle devait être l’équivalent de la Direction des applications militaire [DAM] du Commissariat à l’énergie atomique et des énergies renouvelables [CEA].

Seulement, l’empilement de structures dédiées à un même domaine ne fait qu’accroître le risque de doublons. Aussi, le 7 janvier, lors des vœux pour la nouvelle année, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a confirmé qu’un « Commissariat au numérique de défense » serait prochainement créé.

S’il n’a pas donné de détails sur le contour de cette réforme, il est question de fusionner, ou du moins de réunir au sein de ce commissariat, quatre entités, à savoir la DIRISI, la DGNum, l’AND et l’AMIAD.

« Depuis plus de 20 ans, les réformes du numérique au sein du ministère se sont sédimentées en couches successives. […] Un décalage de plus en plus grand s’est ainsi créé entre […] une organisation qui a […] perdu en lisibilité et en efficacité […] et le besoin de réactivité et d’agilité », a fait valoir le ministre, dans une lettre citée par le site L’Informé.

La priorité de ce Commissariat au numérique de défense « sera de répondre au besoin opérationnel, en soutenant les opérations en cours et en préparant les ruptures technologiques à venir dans la perspective des opérations de demain », a précisé M. Lecornu, dans le même document.

Reste à voir comment tout ceci pourra fonctionner, étant donné que toutes ces structures appelées à se fondre au sein de ce commissariat ne font pas toutes le même « métier ».

Quoi qu’il en soit, l’ambition en matière d’intelligence artificielle reste intacte… et c’est d’ailleurs sans doute pour mieux la servir que le commissariat au numérique de défense verra le jour.

« Dans le domaine de l’intelligence artificielle, 2025 sera une année charnière pour maîtriser et déployer cette technologie dans l’ensemble du ministère : avec la livraison du supercalculateur, la concrétisation de partenariats industriels et internationaux, et surtout la mise en production d’IA à tous les niveaux et dans tous les métiers du ministère », a dit M. Lecornu, lors de ses vœux.

« Le succès du déploiement d’un portail d’IA générative sur Intradef, en fin d’année dernière est une première brique désormais accessible à tout le ministère. Ce n’est qu’un début et il sera étendu sur les réseaux classifiés dans les prochains mois au bénéfice du renseignement, des opérations et du cyber », a continué le ministre, pour qui l’objectif est de « faire irriguer l’IA à tous les usages opérationnels » afin de faire de la France « un des premiers pays au monde leader en IA militaire ».