L’armée de Terre mise sur l’intelligence artificielle pour exploiter ses données opérationnelles à des fins de renseignement
En octobre 2022, le ministère des Armées notifia le marché TORNADE [Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteur] à l’entreprise Preligens qui, spécialiste du traitement de grandes masses de données grâce à l’intelligence artificielle [IA], s’était fait connaître grâce à l’outil d’aide à la surveillance d’activités sur les sites stratégiques qu’elle avait développé pour le compte de la Direction du renseignement militaire [DRM].
À l’époque, la Direction générale de l’armement avait expliqué que le marché TORNADE, d’une valeur maximale de 240 millions d’euros, visait à acquérir les licences nécessaires pour exploiter quatre solutions d’IA pour le traitement et l’exploitation de données, tant au profit de la DRM qu’à celui du Commandement des opérations spéciales [COS] ou du Commandement de la Cyberdéfense [COMCYBER].
Seulement, en mars 2024, il fut rapporté que les « contrats clés » liés à l’imagerie radar et optique n’avaient pas été reconduits par le ministère des Armées, ce qui mit Preligens en difficulté. Depuis, l’entreprise a été rachetée par Safran et porte désormais le nom de Safran.AI.
Quoi qu’il en soit, après avoir lancé un appel à manifestation d’intérêt [AMI] en vue d’intégrer des algorithmes d’intelligence artificielle dans la Méthode d’élaboration d’une décision opérationnelle tactique [MEDOT] afin d’appuyer les « postes de commandement de niveau brigade », en avril 2024, l’Agence de l’innovation de défense [AID] entend mettre cette technologie à la disposition des « postes de commandement d’unités de renseignement » relevant de l’armée de Terre.
D’où le nouvel AMI qu’elle a émis avant la trêve de Noël. Ainsi, celui-ci vise à « identifier des opportunités pour le développement d’applications à base d’intelligence artificielle pour appuyer les postes de commandement d’unités de renseignement dans le processus d’aide à l’analyse d’images aériennes ou satellites ou dans l’exploitation de données issues de la messagerie opérationnelle et de la chaine renseignement ».
En clair, il s’agit d’exploiter des photographies obtenues par l’imagerie satellitaire et/ou par reconnaissance aérienne. Mais pas seulement puisqu’il est aussi question d’en faire autant avec les « données essentiellement en texte libre issue de tchat, de messagerie formelle décrivant la situation opérationnelle ». L’objectif est de « fusionner » ces informations pour les « présenter dans une perspective de synthèse et d’interprétation d’ensemble ».
Les entreprises et les centres de recherche intéressés par cet AMI ont jusqu’au 24 janvier pour déposer leurs propositions de projet. Celles-ci seront ensuite évaluées par un comité ad hoc, constitué de représentants de l’AID, de la Direction générale de l’armement [DGA], de l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense [AMIAD] et de l’armée de Terre. Celles qui seront retenues feront l’objet d’une présentation lors d’un exercice que le Commandement des Actions dans la Profondeur et du Renseignement [CAPR] doit organiser dans l’est de la France en mars prochain.
Mettre un ordinateur pour compiler le travail hyper rébarbatif et abrutissant des petites mains d’un état-major, lorsque je lis ce projet, la question posée aux heureux participants est certainement : combien de postes peuvent être supprimés avec ça ? 30%, 70% ? Où mettre la limite entre ce que fournit l’IA et donc ce que « choit » l’homme dans la boucle ?
Que les gros indices de soldes lèvent le doigt…
https://www.forcesoperations.com/un-commandement-quatre-missions-et-un-premier-cap-pour-les-acteurs-de-la-profondeur/
C’est amusant, car un des RETEX de l’opération DAGUET qui a incité la création de la DRM et du COS, était que seuls les américains pouvaient fournir le renseignement et qu’ils ne fournissaient que ce qu’ils en avaient envie. Or qui renseigne, soumet les objectifs et oriente la manœuvre, donc commande dans les faits.
Si on met l’IA commande, cela va encore un peu piquer certains, mais ce sera ça. On voit ce que donne LAVENDER avec l’armée israélienne…
https://www.ifri.org/fr/presse-contenus-repris-sur-le-site/bombardements-israeliens-gaza-comment-lintelligence-artificielle
L’importance de la transmission de l’information est l’effet majeur, on peut parler de souveraineté alors que ce que je vois de « CONTACT », SCORPION est basé sur du vent…
Si on veut que ça marche, ce sera forcément « achetez américain », comme pour l’utilisation de Starlink à Mayotte ( Iris2 est un projet qui vient à peine d’être lancé après des atermoiements allemands et ATOS appartient à ses créanciers).
https://cercle-k2.fr/etudes/l-ukraine-et-les-operations-dans-la-profondeur-operative-redecouvrons-notre-souverainete
Les Allemands seront pour gaspiller l’argent des européens pour préserver leur commerce extérieur avec Trump et ils ont d’excellentes courroies de transmission à Paris : nous avons échappé de très peu à Roland Lescure comme premier ministre (la prochaine sera la bonne, cher collaborateur).
https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/pour-le-porte-parole-des-macroniens-la-france-doit-laisser-son-siege-au-conseil-de-securite-de-lonu
En fait, rien ne change au niveau de la mentalité, décrite il y a quelques années sur le site de « War on the rocks » :
« Que peut donc faire la France pour trouver le juste milieu entre la masse et la qualité ? Le gouvernement français espère trouver des économies en adoptant une approche particulière de ses investissements technologiques. En fin de compte, l’état actuel des débats dans les cercles politiques et militaires français montre que le pays reste attaché à la qualité et à la forme de guerre qu’il a perfectionnée depuis 1940. »
La défense opérationnelle du territoire (DOT) est un vieux concept qui sentait le rance depuis « les dividendes de la paix » et pour un corps expéditionnaire dédié aux OPEX. Personne n’en voulait avant le 24 février 2022, sans OPEX , retour à « la guerre hors limite » implique toute la société, pas seulement les armées et les civils mangent chaud.
Nous ne sommes pas encore sur DOT 360, car encore faut-il « faire société »…
C’est un peu brouillon votre commentaire…
Pour répondre rapidement à votre premier point, le truc pompeusement nommé IA est simplement de l’algorithmie de tri perfectionné pour gagner du temps et de l’efficacité. 99% du dépouillement des données numériques (chiffre louchométrique mais qui doit approcher la valeur réelle) peut être traité plus rapidement (infiniment plus rapidement) et plus efficacement (infiniment aussi) par des systèmes numérisés.
Après, les infos, cela reste des infos. La pertinence qu’on en fait ne se résout pas par le traitement numérique, sauf à faire une guerre de robots et uniquement de robots. Vous pouvez mettre 200 caméras quelque part, si vous n’avez personne pour traiter l’alarme quand elle est sera réelle, vos caméras ne serviront à rien, si ce n’est à justifier un poste de dépense et de personnels inutile.
Les gens croient que la numérisation est un miracle. Non, c’est un miroir aux alouettes : elle repousse seulement le stade de prise de décision. Quand et qui décide lorsque l’information pertinente est révélée ?
Dans une société sans valeur et sans responsable, sans direction et sans socle sociétal, cette question n’est évidemment jamais posée : elle est à elle-seule le miroir du désastre sociétal.
Il est quand même embarrassant que vous n’ayez toujours rien compris à l’IA, alors que vous en parlez si doctement.
Une IA, ce n’est pas seulement quelque chose qui fait du tri et du dépouillement de données, c’est quelque chose qui élabore des informations qui ne pourraient pas être obtenues autrement.
Vous, vous pensez le truc comme si l’information était contenue dans un gros paquet de données, et qu’il fallait trier et dépouiller ces données pour trouver l’info qui est cachée dedans, comme si l’info préexistait sous une forme exploitable dans ce gros paquet. Et à tout prendre, on pourrait alors employer d’autres moyens pour la trouver: mettons 100.000 petites mains de 50.000 Chinois embauchés pour faire le tri et le dépouillement, comme vous dites. Ok, ça irait moins vite, mais dans votre logique, ça ferait le taf.
Et c’est ainsi que vous parlez d’une information pertinente « révélée »: comme quelque chose qui passe d’un état dissimulé, inintelligible, inconnaissable, à un état visible, connaissable, exploitable. C’est quasiment la révélation au sens religieux du terme.
Sauf que ce n’est pas ça du tout: votre information n’existe pas dans le paquet de données, même à l’état caché. Elle est élaborée. Elle est créée si vous préférez. Par des algos. On va dire qu’elle est générée. Et si on utilise un autre algo, on obtient une autre info. Et si on n’utilise pas d’algo, on n’a pas l’info: vous avez juste un gros paquet de données, inutiles.
Ca, c’est la première erreur conceptuelle qui fait que vous pensez à côté de la plaque.
Et la seconde, c’est que vous associez cette vision erronée à une approche moralisante de la société, dans une sorte de discours décadentiste, anti-techno et fondamentalement pessimiste. Vous dites par exemple que:
« Les gens croient que la numérisation est un miracle »: miracle, encore un mot du registre religieux. Comme si les gens étaient naïfs et tombaient en pâmoison devant une manifestation divine.
Vous êtes plutôt catho tradi, on dirait. C’est pas un tort, c’est pas ça que je veux dire. Mais là, ça devient des biais cognitifs qui font que… vous comprenez rien, en fait.
Il faut que vous fassiez une partition dans votre tête entre ce qui relève du religieux et de la science. Cette partition, on appelle ça la laïcité. C’est pour cette raison que Galilée a eu des petits problèmes avec l’Inquisition, vous vous souvenez?
Il avait dit en substance: pour faire de la science, faut mettre la religion de côté. C’est pour ça qu’il a eu des pépins avec l’inquisition, pas pour ces histoires d’héliocentrisme (le pape était globalement favorable aux thèses héliocentriques). Une petite phrase à la con, au détour d’un dialogue entre deux personnages de son bouquin (le Dialogo, écrit en Italien et pas en latin).
Si vous mélangez les deux, c’est pas que vous commettiez un crime contre la pensée – on n’en est plus là – c’est que vous risquez d’introduire des biais dans votre raisonnement, c’est pour ça qu’on recommande de bien séparer le profane du sacré.
Allez, vous allez nous la refaire en mettant moins de religion dans la science et vous verrez, vous comprendrez mieux ce dont il est question. Parce que là, votre com ressemble plus à un sermon qu’à autre chose. On a l’impression d’une mère sup qui sermonne ses novices, pour les mettre en garde contre les tentations du monde moderne. Mouarf!
Mes filles, faites attention au Walkman de Sony, c’est l’œuvre du diable!
« On va dire qu’elle est générée. »
Si on pouvait s’abstenir de le dire quand on peut dire « engendrée » à la place, ce serait mieux.
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9G0488
Vous êtes toujours aussi pédant et pour une fois, je vais vous répondre (sur l’IA, pas sur vos délires, pour qu’une absurdité énorme n’entre pas dans la tête d’un lecteur qui n’y connait rien et qui pourrait croire un baratineur comme vous).
« Une IA, ce n’est pas seulement quelque chose qui fait du tri et du dépouillement de données, c’est quelque chose qui élabore des informations qui ne pourraient pas être obtenues autrement. »
C’est complètement faux. L’IA, c’est faire une moyenne : c’est tout. C’est une moyenne élaborée, mais seulement une moyenne.
Qu’est-ce qu’une moyenne ? C’est prendre 2 informations et donner le résultat équidistant des deux. C’est tout.
L’IA, au lieu de prendre 2 informations, en prend des milliards et des milliards. En prenant la « moyenne », elle donne l’impression de sortir une information nouvelle, comme si quelque chose n’avait jamais été pensé. C’est une impression seulement, car l’information existe dans la base de donnée, comme moyenne de toutes les informations.
Je donne un exemple pour bien faire comprendre. Si vous cherchez à découvrir un engin ennemi sur une photo satellite, vous allez examiner chaque centimètre carré de la photo et votre coup d’œil d’expert va trouver un bout d’objet qui pourrait correspondre. Chaque correspondance va être entrée dans une base de données géante qui va être « digérée » par un logiciel. Il sera ainsi capable de reconnaître toutes les occurrences sur une carte, à une vitesse et une efficacité absolument supérieures à n’importe quel expert humain.
Voilà, mais cette IA sera incapable de reconnaître une fusée. Il faudra la « programmer » pour cela, de la même manière. Il faut lui apprendre à reconnaître des bouts de fusée.
Bref, l’IA c’est con et stupide et mais c’est un super outil pour faire du travail con et stupide, quand bien même il faudrait des experts pour réaliser ce travail con et stupide.
Malheureusement, il n’y a pas d’IA pour se débarrasser des cons et stupides qui polluent les forums…
un algorithme Sar suffit. L’urgence est d’avoir de la masse des chars
Et comment l’IA va traiter l’information pertinente mais unique, non « chainée » et noyée dans la masse de données ?
La rapidité des calculs multiples (process) permet à l’IA d’envisager [la phase suivante] d’une séquence observée. Par recoupements des hypothèses et possibilités qui se combinent (dans tel contexte, telle situation), l’IA présente une ou plusieurs options à l’homme qui valide, ou pas, puis qui décide.
En partant de la mauvaise vulgarisation profane qui précède, on pourrait imaginer un tri à grande vitesse des données observées, pour immédiatement écarter des hypothèses ou possibilités sans intérêt, parce que non convergentes ou non prioritaires. L’ecremage rapide par IA permettrait à l’humain de procéder par élimination plus vite, pour gagner du temps sur des éléments considérés comme recevables, recoupés.
Tout ce blabla inutile pour dire que les choses non chaînées et noyées dans la masse sont plus vite confirma les ou infirmables par IA que par X effectifs qui moulinent. Je crois (oups) que l’IA prend tout avant de déterminer.
240 millions pour des licences de logiciel de reconnaissance d’image ? Tu m’étonnes que les militaires aient trouve la note un peu abusée …
Juste un exemple. Si vous vendez des solutions avec des produits Microsoft ce n’est pas vous qui décidez du prix et des licences Microsoft.
Pour exploiter la « masse » il faut du renseignement….ou avoir une très grosse masse « chair à canon ».
Du renseignement de qualité permet d’exploiter une masse « contrainte » .
Donc l’IA y participe.
Ma peur, qu’il soit facile de tromper l’IA ? plus facile que l’oeil humain ? les « fermes » à fake news ?
Le 7/10 Tsahal avec sa barrière électronique à GAZA a été trompé ?
Durant la guerre froide les « Missions » (MMFL, Brixmis, USML) ont complété, validés, les images satellites et autres (écoutes radio-électroniques) .
Il faut pour cela avoir une IA « souveraine ».
@ PMO
La MMFL, qui s’en souvient ?
https://www.athena-vostok.com/les-sentinelles-oubliees-le-renseignement-humain-derriere-le-rideau-de-fer-1
à propos d’IA :
« Deepseek 3 », la réponse chinoise à Chat GPT relance la rivalité sino-américaine
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-vendredi-03-janvier-2025-7771608
Ce qui se cache derrière l’intelligence artificielle a besoin d’énergie nucléaire, une requête IA réclame 10 fois plus d’énergie que sur un moteur de recherche comme Google.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/01/nous-avons-besoin-d-energie-pour-l-ia-et-de-l-ia-pour-notre-energie_6476610_3232.html
Après les câbles sous-marins, les multinationales numériques font un pas de plus vers l’autonomie et la concurrence aux États.
https://cafetech.fr/2024/10/16/comment-lia-pousse-les-geants-du-cloud-a-sinteresser-au-nucleaire/
Bientôt des armées privées sans le faux nez des États ?
Je ne sais pas si « plus d’IA » aurait permis de mieux de préparer à l’invasion de l’Ukraine, quand on pense qu’avec les mêmes « data », la décision politique a été de croire que Poutine n’oserait pas déclencher une offensive éclair « car cela lui couterait trop cher ! ».
Avec des chaines de commandement pareilles, l’apport de l’IA d’observation serait futile, car les biais cognitifs seront toujours là, dans la tête de nos énarques « décideurs ».
Il suffit de voir comment l’ex-ministre des Finances s’est défaussé sur les « modèles d’estimation de croissance » pour justifier l’écart entre les prévisions de déficit et la réalité de l’économie française.
Avec des raisonnements pareils, il serait plus judicieux d’investir dans des têtes « bien faites » que dans des outils prétendument « intelligents ».
Si c’est l’intelligence des décideurs politiques (et conseillers du Roi) actuels qui reste aux commandes, il est temps que cela soit une vraie IA (type « Colossus » dans « The Forbin Project ») qui dirige ce monde !
La Red Team aura beau mettre toute la plus belle technologie du monde dans ses scénarios de « ces guerres qui nous attendent », le destin du monde restera gouverné par les réactions du cerveau reptilien hérité des 400.000 ans d’évolution de Sapiens sapiens (autoproclamé élément supérieur de la création et de l’évolution du vivant)!
Et si les décisions prises, après traitement par les algorithmes retenus pour le traitement des data en masse, ne reposent que sur les biais cognitifs des humains actuels, nous sommes mal barrés (en tant qu’ êtres humains sur cette planète).
Ou l’on voit que c’est l’éducation de nos décideurs la première « arme » de notre survie collective…
( Comme aurait dit -à vérifier- en son temps Henri Poincaré, « si l’on veut gagner la guerre, il suffit de confier l’Ecole Polytechnique à l’adversaire » (l’Allemagne d’alors) ! )
Correction: « aurait permis de mieux se préparer »