Le Qatar va commander 12 avions Eurofighter Typhoon de plus. Aux dépens d’un lot supplémentaire de Rafale ?

En décembre 2017, le président Macron était reparti du Qatar avec une commande de 12 chasseurs-bombardiers Rafale supplémentaires, assortie d’une option pour 36 exemplaires de plus, et une lettre d’intention pour l’achat éventuel de 490 Véhicules blindés de combat d’Infanterie [VBCI].

À l’époque, ayant aussi commandé 24 Eurofighter Typhoon ainsi que 36 F-15 F-QA américains [le total a été porté à 48 par la suite], la question était de savoir si le Qatar lèverait l’option sur les 36 Rafale, ce qui porterait sa flotte à 72 appareils.

Avec tous ces contrats, le format de l’aviation de combat qatarienne allait être multiplié par huit, ce qui semblait alors hors de proportion pour un pays à peine plus grand que le Kosovo et ne comptant que 2,7 millions d’habitants [en tenant compte des ressortissants étrangers]. En outre, d’un point de vue militaire, une telle logique n’était pas pertinente dans la mesure où elle supposait d’entretenir trois flottes différentes d’avions de combat susceptibles de mener les mêmes missions.

Quoi qu’il en soit, en juillet 2023, à l’issue d’un déplacement à Doha de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, il fut rapporté que le Qatar envisageait de porter ses Rafale au standard F4 et de lever partiellement l’option posée six ans plus tôt en notifiant un contrat pour 24 avions supplémentaires.

Seulement, il n’est pas certain que l’émirat passe une nouvelle commande de Rafale… En effet, le 6 décembre, après une visite d’État de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, au Royaume-Uni, Doha a fait part de son intention d’acquérir 12 Eurofighter Typhoon de plus, dans le cadre « d’une extension du partenariat existant entre les forces armées britanniques et qatariennes ».

Plus précisément, le Royaume-Uni et le Qatar sont convenus de prolonger leur partenariat autour du No. 12 Squadron qui, mettant en œuvre des Typhoon, est commun à la Royal Air Force [RAF] et à la Force aérienne de l’émir du Qatar.

Or, selon la déclaration conjointe publiée par les deux pays, la prolongation de ce partenariat suppose que le Qatar achète 12 Typhoon de plus. Cela obéit-il à une nécessité opérationnelle ou bien est-ce une faveur de Doha à l’industrie aéronautique britannique [et à BAE Systems en particulier], qui risquait alors une rupture de son plan de charge ?

Pour rappel, le Typhoon n’avait plus obtenu de commande à l’exportation depuis celle passée par le Qatar, en 2017. Cela étant, Londres est en discussion avec l’Arabie Saoudite et la Turquie, ces deux pays ayant manifesté leur intention d’en acquérir respectivement 48 et 40. Seulement, les négociations n’ont pas pu aboutir à ce jour, en raison d’un veto que l’Allemagne a mis longtemps à lever.

Quant à l’achat des VBCI, évoqué en 2017, l’éventualité d’un contrat avait repris de la vigueur quand, en mars dernier, la France et le Qatar exprimèrent leur « volonté commune de coopérer pour renforcer et moderniser les capacités militaires » de l’émirat, « en particulier dans le domaine du combat d’infanterie ».

Seulement, la commande de VBCI par le Qatar n’est visiblement plus d’actualité… Et c’est l’ARTEC Boxer, produit par la coentreprise créée par Rheinmetall et BAE Systems Land, qui devrait être finalement retenu par Doha.

Selon leur déclaration, le Royaume-Uni et le Qatar ont en effet exprimé leur intention d’élargir leur coopération militaire « au domaine terrestre, en créant une unité conjointe d’infanterie mécanisée qatarienne et britannique ». Et d’ajouter que ce « partenariat, premier du genre pour la British Army, impliquera l’échange de personnel militaire, une présence permanente dans les deux pays et des exercices conjoints menés selon les normes de l’Otan en utilisant le Boxer comme plateforme opérationnelle partagée ».

Plus loin, la déclaration précise qu’il est question d’améliorer les « relations bilatérales entre les forces terrestres de l’émir du Qatar et la British Army, en explorant les opportunités de développer une coopération autour d’une plateforme terrestre commune ».