Rafale : La nacelle de désignation laser TALIOS dopée par l’intelligence artificielle entrera en service en 2026

Devant remplacer les anciens systèmes Damocles et PDCLT, la nacelle de désignation laser TALIOS [TArgeting Long-range Identification Optronic System – système optronique d’identification et de ciblage à longue distance], développée par Thales, a été déclarée opérationnelle par l’armée de l’Air & de l’Espace et la Marine nationale en 2020. Et elle a connu son « baptême du feu » en 2021, à l’occasion d’une frappe effectuée par des Rafale F3R contre l’État islamique [EI ou Daesh], dans le cadre de l’opération Chammal.

Par rapports aux précédents équipements dits « missionnels », la nacelle TALIOS permet d’identifier et de suivre des cibles mobiles de n’importe quelle taille, que ce soit de jour comme de nuit, grâce à des capteurs électro-optiques et infrarouges de haute résolution.

Ayant recours à la réalité augmentée pour simplifier la présentation d’une situation tactique pour l’équipage d’un Rafale [voire celui d’un Mirage 2000D rénové], la TALIOS est dotée de « capacités non traditionnelles NTISR [Non-Traditional Information, Surveillance and Reconnaissance], lesquelles donnent la possibilité de mener de front des missions de reconnaissance et d’appui, les données étant transmises en temps réel. Enfin, son maintien en condition opérationnelle [MCO], qui était le « point noir » des nacelles Damocles, est facilité grâce à l’outil de maintenance prédictive « SmartFleet ».

À ce jour, le ministère des Armées en a commandé 82 exemplaires [15 l’ont été à l’occasion de l’ajustement annuel de la LPM]. Mais depuis novembre 2022, les nacelles TALIOS livrées à l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi qu’à l’Aéronautique navale sont encore plus performantes, avec, selon Direction générale de l’armement [DGA], une « capacité haute définition permettant de fournir à l’équipage une image proche-infrarouge d’une meilleure résolution » et l’ajout d’un capteur « grand champ visible couleur qui permettra de coloriser les vidéos haute définition à partir du standard F4.2 du Rafale ».

Cela étant, Thales a l’intention d’aller plus loin en améliorant les capacités de la TALIOS avec des algorithmes d’intelligence artificielle [IA] « construits par apprentissage profond ». En mars, au moment de lancer son initiative CortAIx, l’industriel avait assuré que sa nacelle pourrait ainsi analyser les images en temps réel et fournir la position des cibles détectées 100 fois plus rapidement.

Visiblement, les travaux vont bon train. En effet, le 29 novembre, Thales a annoncé que la nacelle TALIOS « dopée » à l’IA devrait être « mise en service en 2026 avec l’arrivée du standard F4.3 du Rafale. » Et d’ajouter : « Ce sera d’ailleurs la première fonction à bord du Rafale qui utilisera le deep learning [apprentissage profond, ndlr] à plus haute intensité ».

Dans le détail, cette IA va passer au crible une zone donnée, analyser automatiquement les images et soumettre à l’équipage les objets d’intérêts qu’elle aura détectés. En outre, elle sera « capable de repérer des petits objets dans les images afin que le pilote puisse rester à distance de sécurité ».

Le développement de cette IA, mené dans le cadre d’un contrat notifié en décembre 2023 par la DGA, « s’est appuyé pour l’entraînement des neurones artificiels sur des myriades d’exemples issus des bases d’images de défense souveraines, acquises par Thales lors de vols industriels ou mises à disposition par les forces françaises », explique Thales, qui s’est aussi appuyé sur son laboratoire d’innovation interne « Image’Inn » afin d’accélérer sa mise en service en tenant compte des observations des utilisateurs finaux.

Par ailleurs, poursuit Thales, l’IA de la nacelle TALIOS « trouve tout son sens à long terme », étant donné qu’elle s’inscrit aussi « dans la perspective du futur combat collaboratif », qui suppose l’échange d’informations entre plusieurs plateformes. « De fait, face au déluge d’informations issues de différents capteurs, elle sera nécessaire pour extraire et transmettre les informations pertinentes et éviter ainsi de saturer les moyens de communications », explique le groupe.

Cependant, l’objectif de mettre en service la TALIOS dotée d’une IA en 2026 est sans doute optimiste. Dans son avis budgétaire relatif au programme 178 « Préparation et emploi des forces – Air », le député Frank Giletti a indiqué que, en 2024, « sur les 12 livraisons initialement prévues de pods Talios, seules 7 livraisons seront effectuées quand les autres seront lissées sur 2025-2026 ».

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22 contributions

  1. Bastan dit :

    Pour délivrer son armement à combien de kilomètres, et à partir de quelle altitude? En balistique ou par des armements motorisés ?

    • Green dit :

      et les codes sources vous les voulez aussi?

      • Bastan dit :

        Ce type d’armement peut être couplé avec un drone assez gros, amenant plusieurs missiles ou bombes, qui elles seraient guidées par un autre appareil équipé de cette nacelle et placé en retrait et moins exposé aux défenses sol/air. Un drone nacelle pourrait également être utilisé. Il y a des décennies, le Royaume-Uni avait publié un Livre Blanc annonçant la fin des avions pilotés par un humain. On y arrive.

        • Green dit :

          D’ailleurs je me demande pourquoi le scaf et le projet british je sais plus le nom est un avion piloté. Si c’est seulement pour avoir un humain dans la boucle, celui ci doit il nécessairement être aussi pilote?

          Piloté ou non, il sera toujours a une certaine distance du combat porté en avant par des drones. A ce point je me demande quelle est la différence si c’est un opérateur dans un avion de type Falcon par exemple qui décide. Il aura une vision plus large du champ de bataille et moins de charge cognitive.

          la crainte du piratage peut être?

          • James dit :

            L’avion avec pilote à bord ne sert pas uniquement à commander le drone, il faut voir ça comme un bras extensible de l’avion, utilisé seulement pour une partie des missions

      • WhatsTheFrites dit :

        Oui, s’il vous plait. Pourrait on également me prêter un pod TALIOS fin que je l’étudie tranquillement chez Moi ? Merci d’avance 🙂

    • Pascal, (l'autre) dit :

      Le pricipal armement air sol étant celui ci…
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Armement_air-sol_modulaire

    • Mic dit :

      Vous êtes trop curieux
      Très probablement classé SD !

      • Icidee dit :

        Haut dessus et plus. « Etre curieux n’est pas curieux ». C’est démontrer que l’on est vivant et pas prêt pour l’enclos ( De moi )

    • Les murs ont des oreilles dit :

      Si on vous le demande, vous répondrez que vous ne savez pas.

    • E-Faystos dit :

      une bonne caméra est capable de déceler un T-shirt distinction à 20 km.
      c’est deux fois plus que la portée d’un ManPad.
      il reste possible d’avancer à très basse altitude sous l’horizon radar jusqu’à 30 km, monter et tirer une bombe guidée et repartir sous l’horizon si le système est branché sur le système d’analyse électronique et parvient à garder le contact de la munition où si le renseignement électronique a réussi à en obtenir la localisation GPS.
      mais les Missiles portables restent la menace existentielle par excellence et si la furtivité est un début de garantie, rester à distance de sécurité est LA garantie.

    • VinceToto dit :

      « nacelle de désignation laser »

  2. basstemp dit :

    Ce pod , est il enlevé pour avoir un Rafale purement de supériorité aérienne (dont on sait qu’il n’en aura pas usage … Mais bon, il me semble que ces pods ont aussi un usage et utilité potentielle en config de combat aérien pur & dur de sup’ aérienne) ou bien, ils ne sont jamais retiré et même en config lisse ils sont toujours présents pour être exploité par la conduite de tir ? (fusions de données toussa toussa)

    Le sujet m’interresse au sens que je suis un peu surpris de constater qu’on ait jamais tenté d’en finir avec ces pods montés sur Rafaut très « externe » a la cellule alors qu’il est je pense largement envisageable de penser a un pod intégralement « intégré » a la cellule pour justement parvenir a un pod qui ne gache pas le potentiel de furtivité global de l’appareil de façon a obtenir une config lisse sans pods en 1 click sur un bouton dans le cockpit …

    Je pense par exemple a un pod intégralement dans la cellule, seulement la boule derrière une vitre en config « lisse » : Le carreau pouvant alors être amovible (il s’ouvre ou autre possibilité éventuelle, pas aisé a retranscrire a l’écrit ce a quoi je pense la) et la boule de l’optronique du pod se téléscope pour sortir de façon la + optimale pour observer ce qu’elle a a observer

    Bref un pod réellement réfléchit en intégration cellule totale (pour que plus jamais en Rafaut) de sorte a ce que la furtivité face avant de l’appareil soit améliorée de façon notable , et ça n’empeche en rien de faire évoluer techniquement le pod, après c’est sur c’est embêtant et encore que … Pas forcément (en intégré par obligé de penser a son aspect esthétique secondaire)

    D’ou pourquoi, je me demandais si sur un Rafale F5 ou F6 si des fois ils n’étaient pas en train d’y réfléchir pour faire un bond en avant furtif … Après tout le SCAF ca sera que 100 appareils et encore vers 2045 (en étant optimiste) le Rafale sera pendant encore un bon moment notre fighter majeur de l’AdA : Il faut que sa furtivité évolue mais VRAIMENT ! Et ce pod je pense va falloir y réfléchir

    • mich dit :

      En résumé vous voulez un F6 / SCAF ou une version « Mirage IV » du rafale , fastoche quoi !

    • E-Faystos dit :

      @ basstemp
      le podium est enlevé dès que possible : l’optique demande les plus grands soins.
      pour le combat aérien, le rafale possède sa propre caméra dont le seul défaut est de ne pas regarder vers le bas.
      car la feuille de route initiale voulait un appareil discret performant en TBA. donc avec des capacités de détection passives visant le haut quand les pods du F1 et du 2000 assuraient le boulot vers le bas, mais avec des fonctions demandant plus de volume.
      et ce volume, même le F35 a du mal à la garantir. de plus, l’EOTS est maintenant limite dans sa version US.

    • Diacritique dit :

      N’écrivons pas systématiquement « a » quand il existe aussi un « à » qui n’a pas du tout la même fonction grammaticale :
      – A : Verbe avoir (à la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif). Il a, elle a, on a.
      – À : préposition. Allez à la ville, c’est à moi, penser à elle, une chose à faire, être à la maison, avoir des choses à dire, etc.

      « Externe » à la cellule.
      Penser à un pod.
      « Intégré » à la cellule.
      Parvenir à un pod.
      De façon à obtenir.
      Je pense par exemple à un pod.
      Pas aisé à retranscrire.
      Retranscrire à l’écrit.
      Ce à quoi je pense.
      Ce qu’elle a à observer.
      De sorte à ce que.
      Penser à son aspect.

      De même, différencions « la » de « là », « ou » de « où » et « sur » de « sûr ».

      Ce à quoi je pense là.
      C’est sûr, c’est embêtant.
      D’où.

      Et tant que nous y sommes, respectons les accents des verbes « intéresser », « gâcher » et « empêcher ».

      Le sujet m’intéresse.
      Qui ne gâche pas.
      Ça n’empêche.

    • ji_louis dit :

      Monter des pods et des armements spécialisés permet à un avion généraliste comme le Rafale de pouvoir accomplir des missions spécialisées. C’est un peu comme le mécanicien auto qui a toute une caisse à outils pour tout faire sur la voiture, alors que travailler sur le faisceau électrique n’est pas du tout comme démonter un essieu ou régler des bougies d’allumage ou changer un pare-brise.

    • L'occasion fait le larron dit :

      82 Talios (bientôt) dans l’armée de l’air : ils sont plutôt montés en cas de besoin, plutôt que démontés. Et le Rafale est omnirôle, effectuant de préférence plusieurs mission en parallèle, c’est pas comme s’il y en avait pléthore.

    • VinceToto dit :

      « Il faut que sa furtivité évolue mais VRAIMENT ! Et ce pod je pense va falloir y réfléchir »
      Si la mission est attaque au sol avec des bombes laser(le guidage) ou des bombes à fusées BOUM qui coutent très cher, pas précises et interceptables(les A2SM), ce petit pod de ~250kg n’est pas le plus gros problème au niveau furtivité, agilité et efficacité du Rafale: pas de soute, armement cher et inadapté, etc. .
      Au niveau réflexion, j’en suis plus à réfléchir à l’utilité de la désignation laser sur un appareil multi rôle aussi couteux. La désignation laser sur un Su-25M, Hélico d’attaque, Drone, etc.: oui, et encore… Mais sur ce type d’avion?

  3. KOUDLANSKI Romain dit :

    C’est qui est pas mal, c’est que le pod Talios pourra être mis , soit sur les Rafale F4.3 F5 et Mirage 2000D RMV, suivant le déploiement des appareils et les missions qui leur seront confiées .

  4. Carin dit :

    Ce pod va faire faire un bond en avant au système de défense/évitement et de contre-mesures du Rafale…
    Voyant plus loin, mais surtout analysant beaucoup plus vite, le « fondu » de l’ensemble des capteurs du Rafale, vont le rendre beaucoup plus dangereux/efficace.
    Si on y rajoute le partage de données avec différents matériels sol/mer/air (selon la mission et la bulle SCORPION ou inter Rafale), ce qui rends le fait d’équiper chaque Rafale non pertinent, cause au partage de données, cet avion va encore creuser l’écart avec la concurrence.
    Et pour ceux qui veulent tout intégrer dans la cellule de l’avion, sachez que d’une part le MCO prendrait beaucoup plus de temps, et d’autre part, je vous invite à bien vous renseigner sur les capacités du Rafale à traiter/leurrer les ondes radars meme multi faisceaux, ainsi que les capteurs en mode passif qu’il serait amené à rencontrer. C’est accessible sur le net…. Ça vous évitera de constamment répéter « furtivité, furtivité, furtivité » c’est lassant.