Les Pays-Bas s’intéressent aux projets de char franco-allemand du futur et de frappe à très longue portée

Censé avoir été relancé en avril dernier, après la signature d’un protocole d’accord entre la France et l’Allemagne, le projet de Système principal de combat terrestre [ou MGCS, pour Main Ground Combat System] était encore à l’arrêt, aux dernières nouvelles.

En effet, selon les explications données lors d’une audition parlementaire par le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, la création d’une « société de projet » par les quatre principaux industriels concernés [KNDS France, Thales, KNDS Deutschland et Rheinmetall] a pris du retard. Aussi, les contrats relatifs à une nouvelle phase d’étude et de démonstration technologique n’avaient pas été encore notifiés en octobre dernier.

En outre, au Bundestag, la commission du budget, saisie dès lors qu’un projet d’armement nécessite un investissement supérieur à 25 millions d’euros, ne s’est toujours pas prononcée sur l’accord trouvé en avril.

Pour autant, le MGCS suscite l’intérêt d’autres pays européens. Si le groupe Leonardo avait pu s’entendre avec KNDS et non avec Rheinmetall, l’Italie l’aurait sans doute rejoint. Mais elle a finalement l’intention de s’entendre avec Rheinmetall pour établir une coopération autour du char KF-51 Panther afin de moderniser ses forces terrestres. Cela étant, l’Espagne songe à s’inviter dans ce projet franco-allemand, de même que… les Pays-Bas.

C’est en effet ce qu’a déclaré leur ministre de la Défense, Ruben Brekelmans, après avoir rencontré Sébastien Lecornu, son homologue français, le 27 novembre. « Il faudra être très pragmatique et voir jusqu’où on va aller », a-t-il cependant admis.

Notre relation de défense avec les Pays-Bas est forte, autant sur le volet capacitaire qu’opérationnel.

Au-delà de notre partenariat pour le renouvellement de la flotte sous-marine néerlandaise, qui s’appuie sur l’expertise de @navalgroup, nos armées coopèrent étroitement au… pic.twitter.com/VRxqSYF0TX

— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) November 28, 2024

Mais probablement qu’il sera plus aisé pour les Pays-Bas de rejoindre le projet ELSA [European Long-range Strike Approach], qui vise à développer une capacité européenne de frappe à longue portée. Lancé par la France, l’Italie, l’Allemagne et la Pologne en juillet dernier, il a été rejoint par le Royaume-Uni et la Suède.

« En ce qui concerne l’initiative ELSA, les Pays-Bas souhaiteraient y participer », a dit M. Brekelmans. « Nous pensons qu’il est essentiel d’augmenter les capacités européennes » dans ce domaine [la frappe longue portée, ndlr], a-t-il insisté.

Pour rappel, l’an passé, les Pays-Bas ont fait un effort particulier pour se réapproprier des capacités de frappe à longue portée, avec la commande de 20 lance-roquettes multiples PULS [Precise and Universal Launch System] auprès du groupe israélien Elbit Systems, de missiles de croisière américains Tomahawk pour ses futurs sous-marins Orca [construits par Naval Group] et de missiles air-sol AGM-158 JASSM ER pour ses chasseurs-bombardiers F-35A.

Mais comme l’a expliqué le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], le projet ELSA doit permettre de développer une capacité de frappe sol-sol dans « la grande profondeur ». « On parle en milliers de kilomètres et non en centaine de kilomètres », a-t-il récemment souligné, à l’Assemblée nationale. « C’est une initiative lancée au niveau européen prenant en compte l’évolution de l’environnement stratégique, en voyant les armes utilisées sur les théâtres d’opérations par les différents belligérants, que ce soit en Ukraine, au Proche et Moyen-Orient ou ailleurs », a-t-il ajouté.

Si une participation des Pays-Bas au MGCS est sans doute encore prématurée, ils pourraient rejoindre l’initiative ELSA assez rapidement… étant donné que, comme l’avait expliqué M. Lecornu, cette dernière doit être la « plus inclusive possible », notamment afin d’amortir les coûts.