Les vols de drones inconnus près d’installations militaires se multiplient en Europe et aux États-Unis

Entre 2015 et 2019, plusieurs installations nucléaires américaines firent l’objet d’un total de 57 incursions de drones aériens non identifiés, certains évoluant même en essaim. Puis, le même phénomène fut observé par la suite dans le Colorado, non loin d’une base de l’US Air Force abritant des missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III. À ce jour, le mystère reste entier.

En outre, en juillet 2019, un « destroyer » de l’US Navy, en l’occurrence l’USS Kidd, fut suivi par des drones relativement imposants pendant plusieurs soirs, alors qu’il participait à un exercice au large de la Californie. Deux ans après les faits, l’origine de ces appareils n’avait pas encore pu être déterminée [et elle ne l’est toujours pas].

Les vols de drones près de sites sensibles se firent ensuite beaucoup plus rares… Du moins était-ce le cas jusqu’en octobre 2023, quand un site dédié aux essais d’armes nucléaires implanté près de Las Vegas fut survolé par cinq appareils inconnus. Puis ce fut au tour de la base aérienne de Langley, laquelle abrite des avions de combat F-22A Raptor, d’être confrontée au même phénomène, durant plusieurs jours.

En décembre 2023, selon un récent article du Wall Street Journal, des drones évoluant en formation ont régulièrement survolé cette emprise militaire, avant de prendre la direction de la baie de Chesapeake et de s’aventurer du côté de la base navale de Norfolk. Ce scénario s’est répété à dix-sept reprises.

« Compte tenu de sa complexité, les autorités américaines estiment que des amateurs, même éclairés, ne pouvaient pas être à l’origine d’une telle opération », a avancé le quotidien, en se basant sur un rapport du Pentagone. D’autant plus qu’il a été établi que ces drones « n’utilisaient pas les fréquences habituellement mises à la disposition des appareils ‘grand public' », a-t-il relevé.

Ces survols ont pris fin le 23 décembre. Étant donné que la législation américaine interdit d’abattre des drones même s’ils volent près d’installations militaires [sauf s’ils présentent une menace « imminente »], il n’a pas été possible de déterminer leur origine, même si, en janvier dernier, un étudiant chinois a été arrêté par le FBI après avoir tenté de photographier avec un drone les installations du chantier naval de Newport News, situé une vingtaine de kilomètres de Langley.

Au moment de son interpellation, cet étudiant s’apprêtait à s’envoler pour la Chine, sans billet retour. Depuis, il a plaidé coupable pour deux des six chefs d’inculpation… Mais aucun lien avec le renseignement chinois n’a pu être établi à ce jour.

Plus récemment, c’est le « Picatinny Arsenal », un site dédié au développement de certaines armes de l’US Army, qui a été survolé par plusieurs drones de « grande taille », non identifiés.

Cela étant, ce phénomène ne concerne pas seulement les États-Unis… Depuis le 20 novembre, la base britannique de Lakenheath, qui abrite des F-15 Strike Eagle et des F-35A de l’US Air Force, ainsi que celles de Mildenhall et de Felwell [également utilisées par les forces américaines] ont également reçu des visites de drones inconnus durant plusieurs jours.

L’US Air Force en Europe [USAFE] n’a pas livré beaucoup de détails sur ces tentatives d’incursion. « Le nombre de systèmes a fluctué, et ils variaient en taille et en configuration « , a-t-elle seulement indiqué, via un communiqué publié le 25 novembre. Et d’ajouter simplement qu’elle se réserve le droit de « protéger ses installation », avec des moyens qu’elle n’a pas jugé utile de détailler pour des raisons de sécurité opérationnelle.

Ce n’est pas la première fois que des installations sensibles sont approchées par des drones non identifiés au Royaume-Uni. La base navale de Faslane [Écosse], qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Royal Navy, ainsi que l’Atomic Weapons Establishement [AWE], dédié à la conception, la fabrication et au soutien des ogives nucléaires de la force de frappe britannique, avaient été plusieurs fois survolés par des appareils inconnus entre 2019 et 2021. A priori, Londres estime que des agents chinois en étaient à l’origine…

À noter que, lors d’une escale à Hambourg [Allemagne], le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth a aussi été approché par un drone [de 1,5 mètres de long, d’après le quotidien Bild], malgré la zone de sécurité établie par la Bundeswehr. La tentative de le neutraliser avec un brouilleur portatif HP-47 n’ayant rien donné, l’appareil a poursuivi son vol avant de disparaître près du terminal de Tollerort… dont la Chine est copropriétaire depuis environ un an.

Plus généralement, plusieurs dizaines de survols de sites sensibles [dont des bases accueillant des formations données aux forces ukrainiennes] ont été constatés en Allemagne depuis plusieurs mois.

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33 contributions

  1. Bench dit :

    Comment survoler des installations militaires par drones sans se faire prendre ? Préprogrammer l’itinéraire, pas de transmission active depuis votre emplacement, réglage sur un décollage différé. Recevoir passivement le flux des drones, puis les abandonner sans forcément essayer de les récupérer. Difficile de cette façon d’attraper les fautifs, et c’est là tout le problème.
    A moins que, autre possibilité comme il est suggéré ailleurs (cf à ce sujet les articles de TWZ) , ce soient les US eux mêmes qui testent…..

  2. Sempre en Davant dit :

    Dans la « guerre toy’s are us » il va falloir comprendre que le plus simple écrou fait partie de la station spatiale…

    Oser comprendre que l’assemblage d’une « station spatiale » est désormais possible a partir de « robots éléments » si négligeable d’aspect au détail.

    Le périmètre à sécuriser autour de toutes les installations chichiteuses vient de s’accroître grandement.

    Et l’emploi d’armes classiques n’est pas forcément aisé ou judicieux dans ces lieux.

    Bref il faut des types pour promener des chiens bons marcheurs.
    La banalisation de la technologie nous rapproche des gourdins d’Enstein.

  3. FouPouDav dit :

    Étrange qu’il n’y ait si peu de discrétion.
    Op-Psy ? Préparation d’intervention ?
    Blue Beam va revenir en force sur les écrans.

    • Abbé Cherèle dit :

      La lutte pour l’emploi du « ne » dans les phrases négatives est un noble combat, mais il ne doit pas être miné par l’usage intempestif de « ne » dans des constructions qui n’en ont pas besoin.
      Ainsi, « Étrange qu’il y ait si peu de discrétion. » n’est pas une tournure négative et ne nécessite pas de « ne ».
      En revanche, ajoutez un « que » ou remplacez le « si peu » par un « pas » et votre phrase, devenue soudain négative, réclame immédiatement la présence de cet indispensable « n’ » : « Étrange qu’il n’y ait que si peu de discrétion. », « Étrange qu’il n’y ait pas de discrétion. »

  4. Lecoq dit :

    Mais qu’est-ce qu’on attend pour abattre ces drone ? Le dégel ?

    • Mic dit :

      Surtout aux US !
      Un des pays qui compte le plus grand nombre d’armes par habitant du monde !
      On a quasiment le droit de tirer sur n’importe quelle personne qui vous fait « une crasse », mais pas de dezinguer un drone qui survole un site sensible !!!!

      • rainbowknight dit :

        Exception faite d’une possible visite d’une intelligence extra terrestre toujours très commentée aux USA, et dont les ricains sont friands (friends), les militaires et stratèges locaux ont montré le paradoxe de leur défense aérienne…
        Inspirés par la fauconnerie ils ont développé Falcon et Eagle pour chasser les intrus. Parce qu’ils sont les USA ils ont même réussi à remonter jusqu’au Raptor avant de se perdre dans les délires hollywoodiens et imaginer faire voler une Dinde domestique …..
        Rien ne doit surprendre au pays d’Uncle Sam…… un manpads peut-être ?

  5. guilhom dit :

    la meme en suede et la meme en France
    il s’est avéré en Suede qu’il s’agissait d’opérateurs russes ou ayant la double nationalité.

    Mise à jour avant frappe possible.

    il ne faut pas etre naïf

    • PK dit :

      « Mise à jour avant frappe possible. »

      Ça parait le bon sens et le travail de tout bon service de renseignement.

      Faut juste espérer que nos plans soient aussi mis à jour régulièrement.

  6. convertor dit :

    Peut-être qu’une milice ou une ONG sur le « modèle » de Wagner pourrait contourner les lois et « neutraliser » ces drones ? ça doit être techniquement plus facile que de descendre un ballon d’observation … mais bon, « dura lex … »

  7. MARQUART Jean-Louis dit :

    Une solution pratique avec1,03 million de chasseurs en France : classer les drones comme oiseaux nuisibles et élargir les périodes de chasse aux nuisibles !!!

    • Pascal, (l'autre) dit :

      Mais que vont dire les E.E.L.V.? Ils devraient logiquement créer une section chargée de la protection des …………………………drones !

  8. Le Suren dit :

    « En outre, en juillet 2019, un « destroyer » de l’US Navy, en l’occurrence l’USS Kidd, fut suivi par des drones relativement imposants pendant plusieurs soirs ». Et le commandant n’a pas donné l’ordre de dégommer l’importun ? Un peu curieux quand même !

  9. philippe renard dit :

    Au plus les choses deviennent sophistiquées au plus elles sont vulnérables , c’est de la physique de base

  10. penandreff dit :

    il faut simplement acheter des brouilleurs, mais certains pensent que ces drones sont envoyer par les autorités des pays, à l’époque des images satellitaires l’intérêt d’envoyer des drones au dessus de certaines base stratégiques semblent dérisoire , provocation ?
    moi je vois ma voiture depuis google maps

    • Bourdon dit :

      Il vous a manifestement échappé que les drones peuvent à présent être équipés d’une charge explosive.
      Vous ne pouvez pas faire exploser votre voiture avec Google Maps, mais avec un drone armé, si. Et il y a dans les zones visées par ces visites impromptues, des choses beaucoup plus précieuses à faire sauter que votre voiture (même si vous l’aimez beaucoup).

    • Marine dit :

      Et depuis Google Maps, vous êtes capable de lire sa plaque d’immatriculation, de voir ce qu’il y a à l’intérieur par les vitres ? Avec les satellites militaires d’observation, c’est pareil. Sur une vue satellite, on voit la forme et la taille des bâtiments, mais pas ce qui s’y trame. Pour avoir des images plus précises avec des angles plus variés, un drone peu s’avérer utile.

      • Pascal, (l'autre) dit :

        @Marine Certes nous ne sommes pas dans le film « ennemi d’état »où l’on voit à l’action les satellites espions « keyhole »mais concernant la résolution/précision des satellite militaires d’espionnage je serais un peu plus réservé!
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Ennemi_d%27%C3%89tat
        Parfois la réalité dépasse la fiction!

        • Marine dit :

          Il n’empêche, un drone peut fournir des angles de vue qui seraient impossibles avec un satellite.

    • Cossu dit :

      Bonjour, je suis retraité de l’armée de l’air, ex technicien radio sol (par opposition à ceux qui travaillent sur avion). Le brouillage, il fût un temps où c’était facile à faire. Aujourd’hui c’est beaucoup plus difficile. Parce qu’il est faisable d’utiliser des émetteurs et des récepteurs qui communiquent en évasion de fréquence. Quand le système change 5000 fois de fréquence par seconde, ça devient très difficile à brouiller. Surtout qu’il n’est pas obligatoire que le système ne travaille sur une seule gamme de fréquences. La loi d’évasion de fréquence est évidemment un secret.

      • Diacritique dit :

        Au passé simple de l’indicatif, « il fut un temps où c’était facile à faire » s’écrit sans accent sur le « u » de « fut » (il fut, nous fûmes, vous fûtes).
        C’est à l’imparfait du subjonctif que le verbe « être » nécessite un accent à la troisième personne du singulier (qu’il fût).
        Et dans un domaine plus en rapport avec celui de ce site, l’accent circonflexe est aussi nécessaire sur le « fût » quand c’est celui du canon.

  11. Béret Basque dit :

    Ha ces méchants russes. Ils sont partout décidément..

  12. Félix GARCIA dit :

    Merci pour ces informations monsieur LAGNEAU.

  13. Prof de physique dit :

    Je ne comprend pas qu’il existe une règle interdisant d’abattre un drone, surtout de grande taille, surtout en essaim lorsqu’il survole une base militaire ou une installation classée.
    En plus du risque d’espionnage, il y a le risque qu’il valide un trajet qui sera ensuite enregistrable dans d’autres drones porteurs de charges destructrices.

    Techniquement, ne peut on les descendre au classique calibre 12 ?
    Ou faut il moderniser le concept de canardière ?
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Canardi%C3%A8re

    Un bon compromis pourrait être l’usage de lances grenades de 40 mm sur affut, puisqu’ayant une âme lisse, ils peuvent effectivement lancer des grenades, éventuellement dotées d’un détecteur de proximité, mais aussi des gerbes de grenaille.

    Sinon, il y a le 40 CT sur une tourelle adaptée à la DCA.

  14. XRenaux dit :

    Des drones Russes fabriqués en Chine, quel coïncidence avec les deux articles précédents…

  15. Schwarzwald dit :

    Il suffit d’abattre à vue, un point c’est tout.
    C’est comme çà que l’on se rend compte que le monde occidental est complétement abruti de se laisser faire … Il n’y a plus qu’à leur donner un tube de vaseline pour qu’on se montre sous notre meilleur profil …
    Pays de l’Otan pathétique … quand est-ce qu’ils comprendront ? lorsque l’on parlera tous chinois ou Russe et que l’on pourra voter uniquement pour le parti communiste ? (ah, pardon … on me dit l’oreillette que c’est déjà le cas avec NUPES …)

    • Ceci cela dit :

      Le pronom démonstratif « ça » s’écrit sans accent. Il est la forme familière de « cela », qui n’en a pas non plus.

      C’est comme ça que l’on se rend compte.

  16. Vinnie dit :

    Du travail de renseignement en toute simplicité, l’étonnant c’est l’incapacité des US sur le sujet, une incapacité qui vient s’empiler aux autres, malgré le fait d’avoir continuer seul la course à l’armement avoir des budgets hors normes, des drones entrent et sortent en toute quiétude.

    Mais ce n’est pas le premier mystère, le syndrome de la Havane n’est toujours pas résolu non plus, ah ces Américains, ils sont plus forts dans une série télévisé que dans le monde réel.

  17. Elwin dit :

    C’est pas les Chinois qui avaient acheté du terrain près de certains de nos sites stratégiques il y a quelques années ? Ils font fructifier apparemment. Sachant que les services se monnayent ensuite ces infos de pays à pays…

  18. Pascal, (l'autre) dit :

    C’est bien d’abattre ces drones mais aux « flingueurs » prêts à défourailler à tout va ne serait il pas plus judicieux d’essayer de voir où ces drone repartent afin de savoir qui est derrière et qui « tire les ficelles » afin de lui tomber sur le râble et lui demander…………………………..quelques explication!