La France va-t-elle fournir des FAMAS aux forces armées haïtiennes ?

Sans président depuis l’assassinat de Jouvenel Moïse en 2021 et donc en proie à une instabilité politique devenue chronique, confrontée à des problèmes économiques et sociaux endémiques, gangrenée par une criminalité galopante [les gangs contrôlent 80 % de Port-au-Prince, sa capitale], Haïti est ce que l’on appelle un État « failli ».

Cela étant, alors qu’une mission de sécurité dirigée par le Kenya a été déployée en Haïti dans le cadre de la résolution 2699 des Nations unies depuis octobre 2023, les autorités haïtiennes tentent de rétablir l’ordre.

Ainsi, brutalement limogé par le Conseil présidentiel de transition, l’ex-Premier ministre Gary Conille avait annoncé son intention d’augmenter significativement les dépenses militaires, celles-ci devant être portées à 6,976 milliards de gourdes [51 millions d’euros] lors de l’exercice 2024-25. Reste à voir ce que décidera son successeur, Alix Didier Fils-Aimé, lequel a aussi promis de rétablir la sécurité dans le pays.

Au regard de la faiblesse de leur budget, les forces armées haïtiennes [1 500 à 2 000 hommes] n’ont pas les marges de manœuvres suffisantes pour s’équiper et s’entraîner correctement. Cependant, grâce aux moyens supplémentaires qui leur ont été accordés, elles ont pu acquérir des fusil d’assaut Taurus T4 auprès du Brésil. Mais il se pourrait qu’elles reçoivent des FAMAS de la part de la France.

En effet, via un Partenariat militaire opérationnel [PMO] établi au titre de la sécurité et la stabilité régionale de la zone Caraïbe, le 33e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] des Forces armées aux Antilles [FAA] a récemment accueilli, en Martinique, un contingent de vingt-cinq soldats haïtiens afin de les former « dans le cadre de la crise » qui touche leur pays, a expliqué l’État-major des armées [EMA], le 22 novembre.

« Cette formation alternant instruction théorique et pratique, s’est déclinée en plusieurs séquences d’exercices qui ont permis aux soldats haïtiens de découvrir et acquérir l’ensemble des connaissances nécessaires à la conduite de leur mission. […] Ils se sont ainsi exercés au maniement de l’armement individuel et leur entrainement s’est ensuite poursuivi par des exercices au combat en zone ouverte, au tir, au secourisme au combat ou encore à la fouille de véhicules suspects », a ensuite précisé l’EMA.

Les FFA ont donné plus de détails. Ainsi, durant deux semaines, les soldats haïtiens ont bénéficié d’une « instruction théorique et pratique dans toutes les phases du combat : découverte du FAMAS et maitrise de l’armement individuel, combat en zone ouverte, tir, parcours d’obstacles, etc. ».

Faut-il en déduire que la France fournira des fusils d’assaut aux forces armées haïtiennes ? Aucune annonce n’a été faite officiellement pour le moment. Cependant, ce ne serait pas une première, les Forces armées en Guyane [FAG] ayant déjà livré des FAMAS aux forces surinamaises, en septembre 2023.

Pour rappel, le FAMAS est en train d’être progressivement remplacé par le HK416F, le ministère des Armées ayant prévu d’en commander 8 000 exemplaires de plus en 2025. Cette nouvelle arme doit aussi équiper, à terme, les réservistes opérationnels.