La force aérienne roumaine devrait recevoir son premier chasseur-bombardier F-35A en 2030

Pour remplacer ses MiG-21 LanceR hérités de son passé soviétique alors qu’elle était contrainte financièrement, la Roumanie avait dû se contenter d’acquérir dix-sept F-16 MLU d’occasion auprès du Portugal pour un montant total de près de 880 millions d’euros. Ce qui était encore insuffisant pour permettre à la Forțele Aeriene Române [force aérienne roumaine], qui souhaitait au moins vingt-quatre appareils, de tenir ses contrats opérationnels.

Finalement, ses vœux furent exaucés en 2022, avec la reprise annoncée de trente-deux F-16 ayant servi sous les cocardes norvégiennes, pour 388 millions d’euros. Ils le seront même au-delà puisque, la même année, le président roumain, Klaus Iohannis, évoqua l’éventualité d’acquérir des chasseurs bombardiers F-35A auprès du constructeur américain Lockheed-Martin.

Cette intention fut entérinée par le Conseil Suprême de Défense roumain [CSAT] en avril 2023. « Le processus de modernisation de la Forțele Aeriene Române se poursuivra, avec l’achat d’avions F-35 de dernière génération », annonça-t-il. Et de justifier cette décision en expliquant que de tels appareils, « équipés d’une large gamme de capteurs avancés, avec la capacité d’échanger des informations chiffrées en temps réel avec les plateformes aériennes et les systèmes de défense » allaient lui permettre « d’atteindre et de maintenir la supériorité aérienne ».

Puis, en août 2023, le ministère roumain de la Défense précisa ses intentions en demandant au Parlement d’autoriser l’achat d’un premier lot de trente-deux F-35A pour un coût estimé à 5,9 milliards d’euros. « La principale menace pour la sécurité de la Roumanie dans le contexte actuel est le renforcement du potentiel militaire de la Russie et l’augmentation de la pression militaire sur la frontière orientale », plaida-t-il, en suggérant qu’il pourrait commander ultérieurement douze appareils de plus afin de constituer trois escadrons.

Le feu vert des députés acquis, il ne restait plus à Bucarest qu’à attendre celui de l’administration américaine. En septembre dernier, Sans surprise, celle-ci l’autorisa à se procurer trente-deux F-35A Block 4 [une version qui n’a pas encore été développée, ndlr] pour un montant évalué à 7,2 milliards de dollars.

Romania is the 20th country to join the @lockheedmartin F-35 program, signing a Letter of Offer and Acceptance (LOA) for 32 aircraft. Click for more: ⬇️🔗

— Lockheed Martin News (@LMNews) November 21, 2024

La voie étant dégagée, le gouvernement roumain n’aura pas tardé à officialiser sa commande. En effet, le 21 novembre, il a signé une lettre d’offre et d’acceptation [LOA], via le dispositif des ventes militaires à l’étranger [FMS – Foreign Military Sales]. La Roumanie est ainsi devenue le vingtième pays à vouloir se procurer des F-35.

« L’intégration de l’avion F-35 Lightning II au sein de la force aérienne roumaine renforcera considérablement les capacités de dissuasion de l’Otan, en offrant des avantages stratégiques, opérationnels et tactiques sans précédent », s’est félicité le général américain Michael Schmidt, le responsable du programme F-35 au Pentagone.

Pour Mara Motherway, vice-présidente de la stratégie et du développement commercial chez Lockheed-Martin, la « présence croissante du F-35 en Europe renforce la dissuasion de l’Alliance et jette les bases d’une capacité aérienne de nouvelle génération au sein de l’Otan ».

Le premier F-35A devrait être remis à la Forțele Aeriene Române vers 2030 et les livraisons s’étaleront jusqu’en 2035.

Reste à voir comment cette commande – la plus importante jamais passée au profit des forces roumaines – sera financée, sachant que, en 2023, la Roumanie n’a consacré que 1,6 % de son PIB à sa défense, selon les statistiques de l’Otan. Cependant, ses dépenses militaires pour l’exercice 2024 devaient s’élever à 8,6 milliards d’euros [soit 2,25 % du PIB].