Le Bâtiment ravitailleur de forces Jacques Chevallier a officiellement été admis au service actif

En janvier 2019, l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] notifia, au nom de la Direction générale de l’armement [DGA], un contrat d’une valeur de 1,7 milliard d’euros à un groupement momentané d’entreprises constitué par les Chantiers de l’Atlantique et Naval Group afin de construire quatre Bâtiments ravitailleurs de forces [BRF] avant 2030, dans le cadre du programme FLOTLOG [Flotte logistique], dont la réalisation avait été décalée à plusieurs reprises.

Un peu plus de quatre ans après, le premier BRF, le « Jacques Chevallier », fut officiellement remis à la Marine nationale, alors que celle-ci n’allait compter plus qu’un seul Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] – en l’occurrence la « Somme » – après le désarmement de la « Marne » [en 2023] et celui du « Var » [en 2021]. Cependant, il restait encore à vérifier ses caractéristiques militaires avant de prononcer son admission au service actif. Ce processus aura pris seize mois.

En effet, le BRF « Jacques Chevallier » a appareillé de Toulon en septembre 2023 pour effectuer un déploiement de longue durée [DLD] de quatre mois. Ce dernier aura été particulièrement dense, avec ses premiers ravitaillements à la mer [RAM] en Méditerranée, lesquels ont été suivis par une mission au-delà du cercle polaire, une navigation au large des Amériques, des entrainements avec des forces navales partenaires afin d’éprouver son interopérabilité, un escale en Afrique du Sud et une participation à un exercice interarmées au large de Djibouti.

« Ce déploiement de plusieurs mois correspond à l’ultime étape de la phase de ‘vérification des capacités militaires’ du bâtiment avant son admission au service actif. Cette période en mer, effectuée loin, longtemps et en équipage, permet de poursuivre la montée en puissance du matériel et des marins. Le retour d’expérience acquis favorisera par ailleurs l’amélioration des futurs BRF, série composée de 4 bâtiments », avait résumé le ministère des Armées, après le retour du « Jacques Chevallier » à Toulon, le 4 février dernier.

Pour autant, les vérifications de ses capacités militaires n’étaient pas encore terminées : il restait encore à voir son comportement au sein du groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle. Ce qui a été fait à l’occasion de la mission Akila, en avril / mai.

Ainsi, le 9 mai, le BRF « Jacques Chevallier » démontra sa capacité à transférer et à mettre en silo un missile Aster 15 à bord du porte-avions alors que celui-ci était en mer. Un mois plus tard, il réédita la même opération avec la frégate multimissions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM-DA] « Lorraine », alors qu’elle était à quai, à Toulon.

Les ultimes essais du BRF « Jacques Chevallier » ont été réalisés le 19 novembre, ceux-ci ayant consisté à vérifier sa capacité à interagir avec des pétroliers civils, en l’occurrence le Stena Polaris, lequel fait partie d’une flottille de navires civils affrétés par l’US Navy.

Ce n’est donc qu’après ce long processus que, le 20 novembre, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, a signé l’admission au service actif du BRF Jacques Chevallier.

« Depuis sa livraison à la Marine par la Direction générale de l’armement le 18 juillet 2023, le Jacques Chevallier et son équipage ont passé plus de 193 jours hors du port base, dont 153 jours en mer », a rappelé le ministère des Armées, lors de cette annonce.

Pour rappel, inspiré du navire ravitailleur A5335 Vulcano, conçu par l’italien Fincantieri, le BRF « Jacques Chevallier » affiche un déplacement de 31 000 tonnes en charge, pour une longueur de 194 mètres et une largeur de 24 mètres. Doté d’une double coque et de quatre mâts de ravitaillement polyvalents permettant le soutien simultané de deux navires, il a une capacité d’emport de 1500 tonnes de fret et de 13 000 mètres cubes de carburant. Pouvant accueillir un hélicoptère NH-90 Caïman et un drone aérien, il est mis en œuvre par 130 marins. Enfin, il est armé de deux canons RAPIDFire de 40 mm, fournis par Thales et Nexter, et d’un système de défense aérienne Simbad-RC livré par MBDA.

Photo : Marine nationale

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18 contributions

  1. C’est une bonne chose, mais je pense qu’il en faudrait un 5ème BRF

  2. Tannenberg dit :

    Ce serait bien de booster la production des munitions A3B-T pour le 40CTA… ça urge doucement.

  3. Soit @ Basile. Et les deux derniers BRF seront livrés « vers l’horizon 2033 » …… Alors pour un cinquième c’est’ y pas que cela serait faisable vers une ou deux décennies plus tard ?????…… Mais là, à peine j’ekjager !!!!!!

  4. Roland Desparte dit :

    Faut-il rappeler que le Jacques Chevalier (31 000 tonnes) est le deuxième bâtiment en tonnage de la Marine nationale après le Porte-Avion Charles de Gaulle (42 500 tonnes), et le troisième plus long après les PHA Mistral, Tonnerre et Dixmude, à 5m près ! (194m et 199m pour les PHA).
    Si ce BRF met en exergue la bonne coopération/collaboration entre NavalGroup et l’italien Fincantieri, il faut surtout souligner que depuis sa mise à flot, en mars 2023, le Jacques Chevallier a réalisé -sans incident notable- son 100ème ravitaillement à la mer (RAM) en mai 2024 avec la FDA Chevalier Paul. Mais aussi que le suivi de sa navigation renforce sa crédibilité et notre fierté : Essais en méditerranée, de la mer Rouge au Cercle polaire, en eaux chaudes comme en eaux froides, de l’Islande aux Caraïbes… Ravitaillement par l’USNS Arctic au large de Norfolk, ravitaillements de l’USS Leyte Gulf, de l’USS George Washington, du HMS Prince of Wales, de l’USS Dwight D. Eisenhower, de destroyers US “Arleigh Burke“ et d’un croiseur US “Ticonderoga“, du PHA brésilien Atlântico… Exercices avec les marines américaines, sud-africaines, brésiliennes… Les Antilles, la Guyane, Rio de Janeiro, Capetown, La Réunion, Abu Dhabi, Fujairah, Salaalah, Djebel Ali, Djeddah, Djibouti, mer Rouge (où les deux canons de 40 mm RAPIDFire Naval et les deux systèmes surface-air Simbad-RC étaient en alerte renforcée), Grèce, … Sans oublier les ravitaillements discrets des sous-marins français… Ainsi que la mise à disposition de sa plate-forme hélico (Dauphin, NH90, Puma, Seahawk US et japonais, Cougar brésilien, …). Aussi, cette hyperactivité démontre la nécessité de l’arrivée rapide des BRF Jacques Stosskopf (livraison prévue en 2025) puis du Émile Bertin et du Gustave Zédé (livraisons prévues 2027 et 2029).

    • 31udo dit :

      Ok pour le classement en tonnage. Mais en longueur, il n’est que 4ème . Il ne faut pas oublier le Monge qui fait 230m de long .

    • Ki ki a juste ? dit :

      Moi j’ai 2027 et 2031 comme dates de livraison des deux derniers…

      Mais comme disait Raymond Quenau : « qui c’est qui sait ce qu’c’est qu’la vérité ? »

  5. Fralipolipi dit :

    En dehors des rechargements VLS/Aster, en matière de première (sauf erreur de ma part), il y a eu aussi la réalisation en simultané du ravitaillement du PAN CDG et du catapultage d’avion Rafale !
    https://x.com/French_CSG/status/1785359226396709301
    Ceci n’est pas un détails, loin de là. La phase de ravitaillement est toujours considérée comme une phase durant laquelle le PA reste le plus exposé ou vulnérable.
    Aussi, avec cette possibilité de mise en oeuvre de Rafale en simultané avec le ravitaillement bord à bord, cette vulnérabilité sera déjà clairement amoindrie.
    .
    Par ailleurs, un tel bâtiment FLOTLOG pourra plus tard aussi faire usage de son immense hangar hélico pour mettre en oeuvre un peu plus qu’un hélico Guépard … ou autre (car il pourrait tout aussi bien mettre en oeuvre un Caiman ou même un très haut Caracal vu les dimensions des hangar et portes.
    Il pourrait aussi servir plus tard pour la mise en oeuvre de drones (ailes tournantes) … et pas forcément qu’un seul, ou pas forcément que du SDAM-VSR700.
    Regarder à 7:05
    https://www.youtube.com/watch?v=fDjuI5Wf1VM

    • Howk dit :

      Bonjour. Il faut réunir plusieurs conditions météorologiques et marines pour effectuer un RAM pendant des catapultages. L’opération n’est pas envisageable dans toutes les conditions de navigation.

      Dans des conditions optimales de temps (weather) et de sécurité tactique, c’est un avantage certain pour la gestion du temps (time). Il faut quand-même s’assurer du vent relatif pour les avions, par rapport à la vitesse surface de transit du BRF, « sans » handicaper des procédures de sécurité en conditions tactiques délicates. Un RAM additionné à des catapultages mobilise des personnels moins disponibles pour réagir à certaines situations « surprise » (avarie technique, incident, menace hostile).

    • Félix GARCIA dit :

      « Ceci n’est pas un détails, loin de là. »
      LeBétonnier@le_betonnier
      Naval forces: combining bad ideas
      – Launching fighter jets from the deck of a ship in the middle of the sea
      – Load the ship with ammunition
      – Have nuclear reactors on the ship
      – Get a tanker a few meters from the ship
      Result: a normal day
      Mandatory: bake baguettes on board (drapeau français)
      https://x.com/le_betonnier/status/1785474939598029165
      —> JP Picchiottino @JPPFRUS
      Baguettes are the real fuel of any French ship.
      https://x.com/JPPFRUS/status/1785659593005072632
      ^^

    • vrai_chasseur dit :

      Pour compléter,
      – le PC gérant les menaces asymétriques, le PCLCMA, est le même que celui des FDI, qui bénéficieront de ce RETEX,
      la plateforme hélico supporte 32 tonnes… donc est capable d’accueillir un CH53 ou un V22 Osprey américain. Elle peut supporter aisément le poids d’un Chinook, mais la présence des 2 rotors de cet appareil obligera à une manœuvre d’appontage en oblique, ce qui ne sera pas le cas préféré
      – le BRF contrairement à ses prédécesseurs peut stocker (et transborder sous élingue hélico) un moteur M88 de Rafale
      – Reste à qualifier son propre ravitaillement en carburant à la mer par un pétrolier civil (pas trouvé trace de ce genre d’exercice).

  6. Martin Marin dit :

    BRF? Varois? le trigramme est mal choisi.
    Ici cela veut dire Barbecue Rosé Frais!
    Vé on est du Sud ici et on craint dégun!

  7. KOUDLANSKI Romain dit :

    Longue et belle carrière au BRF Jacques Chevallier .