L’armée de Terre envisage de pérenniser le statut expérimental d’engagé volontaire « découverte »

L’an passé, la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT] se demandait si les difficultés qu’elle rencontrait alors en matière de recrutement s’inscrivaient dans une tendance « structurelle », caractérisée par un rétrécissement du « vivier » de candidats potentiels pour des raisons démographiques, sociologiques, voire sanitaires, ou s’il s’agissait simplement d’un « trou d’air » lié à un contrecoup de la crise du covid-19 et / ou au dynamisme du marché de l’emploi.

Pour tenir son « schéma d’emploi » et donc enrayer la chute de ses effectifs [il était question d’un « déficit » de 2 000 à 2 500 postes], l’armée de Terre utilisa tous les leviers à sa disposition, en retardant, si possibles les départs de plusieurs mois, en renforçant sa chaîne de recrutement et en adaptant ses processus de sélection des futures recrues, en particulier au niveau des aptitudes médicales.

Visiblement, ces mesures ont été efficaces. En effet, selon l’avis budgétaire publié par la députée Isabelle Santiago au sujet des crédits devant être alloués aux forces terrestres en 2025, l’armée de Terre est en passe d’atteindre, cette année, ses objectifs en matière de recrutement et d’améliorer la fidélisation de ses soldats. Toutefois, ces progrès « ne suffiront pas à compenser le retard accumulé en 2023 ».

Cela étant, il n’est pas précisé si les bons chiffres du recrutement tiennent compte du nouveau contrat de « volontaire découverte de l’armée de Terre » [VDAT] créé à titre d’expérimentation avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris [JOP].

Quoi qu’il en soit, dans un entretien accordé au quotidien Var Matin, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, a confirmé que les 15 000 postes ouverts au recrutement en 2024 allaient être pourvus.

« Cette année, nos objectifs étaient de 15.000 jeunes hommes et femmes. Nous sommes en train de finir de les recruter. En plus, on a amélioré la fidélisation, c’est-à-dire que nos soldats restent un peu plus longtemps dans nos rangs. Donc, en quantité, même si c’est difficile et qu’il nous faut continuer à faire des efforts pour recruter – d’où la nouvelle campagne de communication avec un nouveau slogan ‘Armée de Terre, peux-tu le faire ?’ – on y arrive », a affirmé le général Schill. Et de souligner que le « fait que les jeunes nous rejoignent en nombre signifie que notre pays est quand même conscient du prix de la liberté, de la souveraineté qui est la nôtre ».

Même si durée a été limitée à 4 mois, le contrat VDAT en est sans doute l’illustration. Cette expérimentation « a très bien marché », a dit le CEMAT, avant d’admettre que le contexte particulier, celui des JOP, a contribué à ce « succès ».

« Parmi les 15 000 soldats de l’armée de Terre engagés autour des JO, il y avait donc les 150 jeunes qui ont testé ce contrat court d’engagement de quatre mois. Tous étaient affectés au 35e Régiment d’Infanterie de Belfort, et l’expérience qu’ils ont vécue a été tout à fait exceptionnelle : on les a formés, ils ont défilé au 14 juillet, ils ont participé à la protection des JO. Et certains ont même participé à la montée des couleurs pour les remises des médailles », a détaillé le général Schill.

Mais ce succès du VDAT tient aussi à la diversité des recrues. « Aux côtés des profils habituels que l’on recrute, on avait aussi des profils ayant suivi des études plus longues. […] Cette population plus variée ressemblait beaucoup à ce qu’on connaissait du temps de la conscription », s’est félicité le CEMAT.

Aussi, cette expérimentation sera non seulement reconduite mais aussi élargie, avec l’objectif de recruter 300 volontaires. Cela étant, a précisé le général Schill, elle devrait être « recentrée davantage sur le cœur des missions » de l’armée de Terre.

Pour rappel, logés, nourris et blanchis, les VDAT perçoivent une solde de 790 à 1 000 euros nets par mois durant leur période d’engagement. À l’issue, ils ont la possibilité de poursuivre leur expérience en rejoignant l’active ou la réserve opérationnelle de l’armée de Terre, en ayant la priorité dans le choix de leur régiment d’affectation.

« Ce dispositif de recrutement inédit offre de nouvelles possibilités d’engagement, adaptées aux attentes de la jeunesse, désireuse de découvrir et de vivre des expériences nouvelles en donnant du sens à leurs actions », avait fait valoir l’armée de Terre, au moment de la création de ce contrat « VDAT ».

Photo : VDAT durant leur formation au 35e RI – armée de Terre

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35 contributions

  1. DIRISIEN dit :

    Contrats de 4 mois… Combien de temps pour les former ? Autant prendre des « intérimaires » pour effectuer des tâches précises pour une courte durée. Par exemple, tours de garde du régiment pendant la période estivale ?

    • Argo dit :

      C’est un premier pas pour des jeunes qui sortent d’un cadre scolaire sans réel repère de ce qu’est la vie active pour la plupart.

      Si cela leur permet de s’y découvrir une vocation ou un sens à leur vie pouvant déboucher sur un engagement pourquoi bouder une telle opération.

      Ça me redonne espoir en une jeunesse qui me paraît parfois à côté de la plaque.

      • Pascal, (l'autre) dit :

        @Argo « Si cela leur permet de s’y découvrir une vocation  » Et pour l’Institution si cela peut lui éviter des « erreurs de casting » à savoir des nouveaux engagés qui se faisaient des « idées » et découvraient la « réalité » des choses!

    • vrai_chasseur dit :

      Si on comprend bien, le but du VDAT est d’être contributeur au recrutement en offrant aux jeunes une visibilité qu’ils peuvent expérimenter sur le terrain.
      Il faut donc mettre les volontaires le plus rapidement possible au cœur du métier et éviter de les cantonner aux tâches périphériques qui agiraient comme un repoussoir.
      Avec des limites évidentes, on ne va pas non plus les faire participer à des exercices et manœuvres requérant des acquis qu’ils n’auront pas au bout de 4 mois.
      Néanmoins, 4 mois de mise en situation c’est suffisant pour tester une motivation réelle, y compris pour les jeunes vis-à-vis d’eux-mêmes.

  2. Kardaillac dit :

    A l’annonce de tous les plans sociaux, le retournement attendu du « dynamisme du marché de l’emploi » va favoriser les candidatures. Reste ensuite à fidéliser les recrues. On pourrait commencer par Sentinelle, non ?

  3. Dupuis dit :

    Faudrait commencer par limiter les aides sociales de tout poil..pour les transformer en contrats militaires lol

  4. Christophe Marchin dit :

    Si l’armée de terre veut garder ces effectifs,il faudrait, que le volontaire engagé
    puisse se projeter sur un temps long, jusqu’à penser faire carrière ; car dans certains régiments , faire carrière semble particulièrement difficile . Donc pouvoir rassurer l’engage , que s’il répond aux conditions, qui est motivé, qu’il est possible pour lui , de faire carrière. A mon humble avis.

  5. Rakam dit :

    J’ai failli critiquer mais….le terme découverte peu être…non tout les moyens employer sont bon,si le résultat est là, la nouveauté c’est que de jeunes diplômé sont de la partie, tant mieux, en même temps celà signifie que le boulot ce raréfie…pas mieux..

  6. scalectric dit :

    Ces formations sont proposées pour quelle tranche d’âge ?

    • VinceToto dit :

      « tranche »
      Oui, sur la photo on pourrait se poser cette question en confondant, probablement de l’ailante, avec des fougères, la berce de haute taille, etc., mais en fait ce sont des adultes de taille normale (et ils sont six, pas sept!).

      • C'est pas la taille qui compte dit :

        Y’en a quand même un nettement plus petit que les autres !

      • Nimbus - parfois cumulo dit :

        C’est bien de s’exercer à l’observation ! Et dans le domaine végétal c’est très intéressant… sans doute par déformation professionnelle, je note surtout la présence de cinq hommes et probablement une femme ( une tête de moins que ses collègues, et le pantalon un peu plus large ). Merci à tous ces jeunes volontaires pour leur « démarche découverte ».

  7. Green dit :

    Le mot découverte sonne étrangement mais l’initiative est bonne à mon avis. L’armée semble le penser en tout cas. Ces engagés seront sensibles et ouvert à la chose militaire. Ils reviendront en cas de besoin. C’est une façon de retourner vers une nouvelle forme de conscription en fait.

    J’espère que leur expérience sera considérée et valorisée dans la société civile, comme je l’espère autant pour les militaires d’active d’ailleurs.

  8. who? dit :

    c’est comme quand j’etais mino, il y avait la classe verte, sauf que là il y a l’argent de poche en plus..

    • Argo dit :

      C’est vraiment réducteur alors que c’est un premier de résolution d’un problème de disponibilité de personnel.
      Les ruisseaux se rassemblent pour faire des rivières…

  9. Stakhan Vada dit :

    Si cette mesure permet de mettre le pied à l’étrier pour certains jeunes qui veulent découvrir le milieu militaire avant de s’engager, pourquoi pas.

  10. Kl dit :

    Qu’il commence par augmenter leur nombre de réservistes déjà, aux moins 100.00 réserviste de 18 à 50 ans facile, la France devrait avoir et encore, on est à la traîne sur ce sujet, car en soi, l’armée française n’a pas besoin de plus de soldats, de métier on est pas en guerre un.

    • Mèkeskidi dit :

      « on est pas en guerre un. » ? ? ?

      Peut-être « On n’est pas en guerre, hein. » ?
      Ou alors, avec l’accent belge : « On n’est pas en guerre, une fois. » ?

    • Roro94 dit :

      Pour quoi faire ?
      Dans leur immense majorité.Les unités de réserve actuellement n’ont aucun véhicule attachées à elle de façon permanente, aucun système de communication moderne, une arme pour deux ou trois personnels, l’armement collectif est quasiment inexistant, aucun équipement de protection balistique (à part quelques casque F1 et spectra), aucun équipement NRBC, et quasiment aucune optique de nuit ou thermique.

      Quadrupler les effectifs alors que tout manque n’a tout simplement aucun sens.

  11. Alfred dit :

    Ca laisse quand même songeur quand on compare 150 ou même 300 VDAT aux besoins de recrutement annuels (15 000) ou même au deficit à combler (2 500). S’agissant d’une experimentation, ça peut etre tenté tout en gardant a l’esprit qu’ on ignore encore quelle proportion d’entre eux s’engageront par la suite; le risque etant que ça tourne au job d’été .

  12. vrai_chasseur dit :

    On peut consacrer tous les efforts qu’on veut sur les citoyens pour une meilleure défense de la nation et ces efforts sont méritoires, à l’image de ce VDAT.
    Mais on reste dans l’optimisation marginale.
    Les personnes (morales, en l’espèce) à mon humble avis oubliées pour participer à cet effort, ce sont les entreprises.
    Si on veut parler sérieusement « d’économie de guerre » au lieu de se gargariser de mots creux, il faut aller significativement plus loin que les dispositifs actuels d’aménagement des périodes pour les salariés réservistes : établir une sorte de « service national des entreprises ».
    Évidemment il ne s’agit pas de ponctionner à la hache 2% de l’économie générale du pays sur les entreprises au seul bénéfice de la défense, on le fait déjà et on risquerait la perte de compétitivité.
    Mais rien n’empêche de développer un panel de mesures ciblées, citons pêle-mêle :
    – la participation directe à l’effort de production de défense : toute le secteur de la plasturgie par ex. est capable de produire des structures de drones, le secteur logistique est capable de contribuer au transport, etc etc. Les règles étant que cela doit se faire à coût d’investissement marginal, comme une « production dérivée » à seul coût de revient au bénéfice de la défense sur une chaine de production normale.
    – le fléchage vers la défense d’une partie du mécénat d’entreprise : aujourd’hui le mécénat à but culturel, social ou sportif (3,6 milliards € par an) bénéficie d’incitatifs fiscaux. Pourquoi ne pas créer le mécénat de défense sur la même logique, avec des fondations d’entreprises dédiées qui viendraient doter un fond commun d’investissement défense (au lieu d’essayer de piquer les sous des français sur le Livret A….),
    – … il existe plein d’autres mesures potentielles, notamment sur la R&D des technologies « duales » d’entreprises qui ne sont pas parties prenantes dans la défense mais dont les produits peuvent être utilisés à des fins militaires.
    Bref, « service national des entreprises ».

  13. Goetz Christophe dit :

    moi je dis faudrai accepter même ceux ki on plus de 40ans à l’armée car j’en connais qui serai capable d’y retourner moi déjà perso ayant dja eu une expérience mili pendant 7ans je le dit que j’aimerai y retourner

  14. Bricoleur dit :

    On se souvient que lors de la conscription, le nombre d’engagements par des appelés après les 12 ( ou 16, ou18) mois de service était loin d’être négligeable. Si quelqu’un dispose de pourcentages… Ce contrat court peut avoir des résultats de même nature. A continuer effectivement.

  15. Jean Ayassez dit :

    une sorte d emploi jeune anti djeunz….

  16. Ératosthène dit :

    Pendant ce temps-là, les sous pour le service militaire de Macron n’ont pas été alloués.