L’armée de Terre recevra 26 nouveaux « Engins de bréchage mécanique de zone minée » en 2026

Que ce soit pour l’appui à la mobilité, l’ouverture d’itinéraire, l’aide au franchissement, le minage et le déminage, les unités du Génie présentent quelques fragilités capacitaires que l’armée de Terre espère corriger à plus ou moins brèves échéances.

Ainsi, affichant près de 40 ans de service, l’Engin blindé du Génie [EBG], conçu à partir du châssis du char AMX30, doit être remplacé par le Moyen d’appui au combat [MAC, aussi appelé Engin du Génie de Combat] dans le cadre du programme SCORPION. En outre, confirmé par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le programme SYFRALL [Système de franchissement lourd-léger] fait l’objet d’une « procédure de mise en concurrence« , lancée en mai dernier afin de renouveler une partie des moyens de franchissement de l’armée de Terre.

Seulement, les retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, notamment ceux portant sur l’échec de la contre-offensive ukrainienne de 2023, ont souligné la nécessité de compléter les moyens de déminage mis en œuvre par l’armée de Terre. Aussi, en avril, la Direction générale de l’armement [DGA] a émis un « avis de marché » en vue d’acquérir jusqu’à 30 « Systèmes de bréchage mécanique de zone minée » [EBMZ].

Selon les spécifications exigées par la DGA, l’EBMZ doit se composer d’un bouteur doté d’une cabine blindée, d’une charrue de déminage mécanique, d’un système de marquage / balisage, d’un treuil [ou d’un « ripper »], d’une remorque tout chemin, « pouvant contenir le bouteur avec sa charrue attachée », et d’un kit de téléopération.

« L’EBZM doit permettre d’effectuer un bréchage mécanique en zone minée, sous le tir des armes légères, tout en maintenant l’opérateur du système à distance de sécurité [en mode téléopéré] », avait insisté la DGA.

Cette procédure a été menée rapidement. En effet, lors de son point presse hebdomadaire, le 14 novembre, le ministère des Armées a annoncé que la DGA venait de notifier la commande de 26 « engins de bréchage mécanique de zone minée ».

« La DGA a commandé une vingtaine d’engins de bréchage mécanique de zone minée au bénéfice de l’armée de Terre. Ces engins doteront les unités de l’arme du Génie d’une capacité blindée de déminage, permettant le passage des véhicules et blindés des forces terrestres », a en effet indiqué le général Laurent Cluzel, le porte-parole adjoint du ministère des Armées.

Aucune précision n’a été donnée sur le modèle retenu par la DGA. On sait seulement qu’elle avait restreint l’appel d’offres relatif à l’EBMZ à des candidats présélectionnés. Pour le moment, aucun industriel susceptible de fournir ce type d’engins [comme par exemple KNDS France avec le Demeter ou CEFA avec le DMZ] n’a communiqué sur une éventuelle commande.

Cela étant, le général Cluzel a insisté sur la célérité de la procédure. « Cette commande est rendue possible par la force d’acquisition rapide, une procédure destinée à répondre très rapidement aux besoins des armées en simplifiant et en accélérant l’acquisition d’équipements », a-t-il souligne.

Les premiers EBZM devraient être remis à l’armée de Terre dans le courant du premier trimestre 2026.

Photo : Système DEMETER de KNDS France, candidat probable à l’appel d’offres « EBZM »

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35 contributions

  1. Bastan dit :

    Un engin protégé contre les armes légères, et ce ……en première ligne. L’équipage sait à quoi s’en tenir. Pourquoi ne pas développer un drone

    • Faut tout lui expliquer. Mais a-t-il lu l'article ? dit :

      Si vous aviez pris la peine de lire la totalité de l’article…

      « « L’EBZM doit permettre d’effectuer un bréchage mécanique en zone minée, sous le tir des armes légères, tout en maintenant l’opérateur du système à distance de sécurité [en mode téléopéré] », avait insisté la DGA. »

    • kagamet dit :

      Ce matériel est un robot téléguidé pas besoin

    • Jack dit :

      Vous êtes sûr que le déminage se fait habituellement sous le feu intense de la première ligne de front ?

    • fred dit :

      il peux être télécommandé.

    • FTAM dit :

      Exact, Bastan : les démineurs du ministère de l’Intérieur utilisent depuis longtemps des engins télécommandés.
      Avec des spécifications particulières, évidemment : notamment une caméra à rayons X pour examiner l’intérieur du colis suspect avant de le détruire.
      Nous sommes d’accord : le principe d’innovation, c’est bien. Mais s’inspirer de ce qui existe déjà (en l’espèce un engin télécommandé) c’est bien aussi.

      • Thaurac dit :

        Déjà précisé dans l’article, lisez le avant de poster!

        • kghtuvubxz dit :

          Non, Thaurac : ce n’est pas ce qui est dit dans l’article.
          La contribution de FTAM apporte un complément d’information. Mais ce n’est pas le cas de la vôtre.

    • souricière dit :

      L’arme lourde commence à la mitrailleuse 12.7.
      Donc un calibre qui actuellement peut percer du VAB, du BTR82, du BMP et tant d’autres blindés.
      Ces autres blindés ont-ils une place en première ligne?

      • DP dit :

        Pas d’accord !
        « De mon temps » quand j’étais jeune bidasse pendant la guerre de 1870…ah ben nan, un peu plus d’un siècle après quand même, l’APC (armement petit calibre) c’est inférieur au 20 mm. 😉

  2. Serhio dit :

    Pourquoi pas les EBG NG ou un sort d’IMR-2 français ?
    Ça marche bien :
    https://baginett.blogspot.com/2024/09/2-225-2024.html
    Et les robots de ce genre, c’est plutôt pour post-conflictuel, ONU, ONG, etc.

  3. Alfred dit :

    Je crains que ce ne soit pas terriblement efficace en terme de durée de vie au travail malgre la cabine blindée, si partant d’un bulldozer civil, le moteur et l’hydraulique ne sont pas correctement protégés. (A moins que les champs de mines ne soient pas couverts par de l’artillerie, des drones et autres ?). Et puis, que vient faire un ripper (derocteur monté à l’arrière) là dedans ? Pauvres pousses cailloux toujours équipés a l’économie, avec des engins qui peinent à suivre ceux de l’ABC.

    • kagamet dit :

      Le jour ou l ABC sera face a un champ de mine il marcherons au rythme des sapeurs.
      Le choix d un bouteur est plus efficace aujourd’hui ils sont tous teleopere c est devenu une technologique banale dans le monde du travaux publicw

    • Ah ! Qu'en termes galants ces choses-là sont mises. dit :

      Le mot « terme » est toujours utilisé au pluriel dans la locution « en termes de ».

      Pas terriblement efficace en termes de durée de vie au travail.

      Toutefois, l’Académie indique que l’usage de l’expression « en termes de » devrait être limité à son seul sens de « dans le vocabulaire de ».
      https://www.academie-francaise.fr/en-termes-de

      Pas terriblement efficace en matière de durée de vie au travail.

  4. Rakam dit :

    Sont bien pressé…un truc en vue dans l’Est?…

    • ji_louis dit :

      L’hypothèse à la mode en ce moment, c’est que Trump « force » Poutine et Zelensky à cesser le feu sur les positions actuelles (et chacun garde les territoires conquis), et les armées européennes seraient chargées de la supervision du cessez le feu (genre FINUL) en s’interposant entre eux. Donc il faudrait déminer la zone où ils seront, donc s’équiper en conséquence.

    • Mappemonde dit :

      Dans l’Est (de la France), c’est en Alsace, dans le Jura ou en Savoie.
      À l’est (de la France), c’est en Allemagne, en Suisse, en Italie (mais pour cette dernière on parlerait plutôt du sud-est), et ainsi de suite jusqu’en Russie.

    • Participe dit :

      Sont bien pressés.

  5. Pico dit :

    Vraiment, je retourne le problème dans tous les sens, je ne vois pas pourquoi ce matériel sensé être engagé en première ligne sur des points « durci » de la défense ennemis ne serait pas au moins aussi blindé qu’un char lourd.
    Le seul éléments que je vois est que le système est prévue pour être téléopéré, est-ce qu’on irait le considérer comme du matériel jetable qu’on envoie en nombre pour qu’un ou deux passe ?

    • dolgan dit :

      C est le concept meme d un engin de brechage d etre un matos jetable dont moins de 50% survivra a la mission si tout se passe bien.

      • Félix GARCIA dit :

        Il est vrai qu’il y a aura nécessairement de la casse.
        On peut aussi envisager des versions spécifiquement conçues comme « consommables ». Pilotées à distance (oui, parce-que qui voudrait s’asseoir dans « du consommable » ? ^^), et taïaut !
        Pendant un temps, il était question du SDZ (Système de Déminage de Zone) :
        https://www.cefa.fr/fr/deminage/
        https://www.cefa.fr/wp-content/uploads/2024/02/SDZ.pdf
        Mais je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui.

        Peut-être que des drones terrestres avec une très faible empreinte au sol pourraient faire du dépôt de charges de déminage.
        De même que des drones-tracteurs pour remorques « de déminage » (charges de déminage, balisage, capteurs …)
        En gros : séparer en partie les applications/systèmes.

    • Conjugaisons dit :

      Des points durcis.
      Le système est prévu.
      Pour qu’un ou deux passent.

    • Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! dit :

      La défense ennemie, l’ouvrage défensif ennemi.

    • S&C dit :

      Quand on est sensé, être engagé en première ligne demande du courage, mais seulement de la témérité quand on est insensé.
      Quoi qu’il en soit, concernant ce qu’est supposé faire ce matériel, on écrira qu’il est censé être engagé en première ligne.

  6. Niko dit :

    26 par brigade vous voulez dire? (J’espère)

    Sur quel châssis chenillé, sachant que la France n’en produit plus?

  7. Fabien Tremm dit :

    Le Luxembourg confirme l’achat de 16 Griffons, 38 Jaguar, 5 Serval, le tout pour €2.6 milliards (inclus la rénovation à mi-vie et l’entretien pour 30 ans).

  8. Bricoleur dit :

    30 ans … ont passé. Les spécifications DGA reprennent quasiment mot pout mot celle de l’EMAT en 1992.
    Copie de mon post du 29/04/2024 à 18h46 sur un blog connexe.
    « Dés 1994, tenant compte de la guerre du Golfe, 6 bouteurs D7 ou D9 blindés téléguidés de déminage étaient mis en service par le 5° RG à MOURMELON. http://www.esprit-valmy.fr/viewtopic.php?t=13634. Ils ont été démantelés moins de …10 ans plus tard. Le cahier des charges lancé par la DGA correspond presque en tous points à ce qui existait. 30 ans après, on se réveille. On parle de 30 ex. Un gros progrès.
    Cependant, l’idée de se doter en 2026 mini de tels engins paraît bien datée face aux nuées de drones du champ de bataille actuel. Se cacher dans la fumée n’est plus une option face aux moyens de détection actuels. »
    J’ insiste aujourd’hui sur le duel EBMZ -drones qui n’existait pas alors. Il était déjà bien difficile en 1994 de « camoufler » la mise en oeuvre de moyens de déminage, cela semble quasi impossible de nos jours. D’ailleurs, les Ukrainiens n’ont pas insisté. La solution 1992 semble dépassée et on y revient. Mais … quelle est la solution. A part empêcher l’ennemi de poser des mines !

    • Tintouin dit :

      Saluons cet équipement qui arrive avec célérité pour équiper la division Daguet 😉
      Plus sérieusement: le budget, toujours le budget.
      Faute de budget suffisant, les militaires doivent renoncer à des capacités.
      C’est donc l’actualité internationale et guerrière qui fait office de révélateur du besoin urgent. Le conflit ukrainien a au moins pour avantage de révéler nos faiblesses, plutôt qu’on les découvre douloureusement face à l’ennemi.

  9. Kamelot dit :

    Tout est destructible même un char du Génie de 70 tonnes, tout comme un bulldozer D9… Faire du déminage sur une ligne de front avec un champs de bataille observable n’est pas une sinécure pour les hommes et les matériels.
    Un moyen issu du civil protégé correctement piloté et dronisé peut convenir pendant un certain temps en fonction des menaces qui lui sont opposées.
    L’hydraulique et les liens mécaniques sont exposés de la même manière sur les porteurs militaires, à moins d’en faire des « tortues ». Attendons de voir l’engin et sa remorque tout-terrain (?) pour critiquer… 🙂
    Ce sont l’emploi, la préparation tactique en
    rendant la manoeuvre possible qui feront la différence, en y associant la masse et/ou les qualités techniques des matériels. En terme de bréchage mécanique ce moyen est indispensable sans avoir des coûts exorbitants. Bien entendu, la guerre des mines réclame encore bien des investissements en matériel et en hommes pour combler notre trou capacitaire dans le domaine du Génie, conformément à la LPM.
    Aujourd’hui notre attention se porte « à l’Est » avec une conflictualité potentielle. Qu’en sera-t-il demain ?

  10. DP dit :

    « Les premiers EBZM devraient être remis à l’armée de Terre dans le courant du premier trimestre 2026. »

    Ah-ah-ah !
    Ils vont être construits à Lourdes ?
    Certains ont dû voir Bernadette Soubirous lors de leur dernier pèlerinage militaire… c’est pas possible autrement !

    Ou bien le Gal Cluzel ne veut pas dire que ce sera un achat sur étagère ?
    « … « Cette commande est rendue possible par la force d’acquisition rapide, une procédure destinée à répondre très rapidement aux besoins des armées en simplifiant et en accélérant l’acquisition d’équipements », a-t-il souligne. »

    Quand on sait qu’il a fallu des années pour remplacer les Famas et que c’était ultra urgent car ils étaient complètement rincés.

    On est en droit de se poser la question !?!

    Pour ma part, j’ai jamais vu d’EBG (sauf à Canjuers) mais des MPG plus d’une fois en opex…
    …les redresseurs de tort me diront qu’ils ne font pas le même job.
    On est d’accord, mais alors, quelle est l’urgence de remplacer les EBG ???

  11. Alfred dit :

    @ kagamet. Progresser au rythme du plus lent, ou arrêter une progression pour permettre de recoller, permet a l’adversaire de souffler et de se ressaisir. L’intérêt pour le génie d’avoir du materiel qui progresse au rythme du plus rapide et au plus pres de la ligne de contact pour éviter ces temps morts n’est plus à démontrer. Les techniques du BTP sont une chose. Le sapeur, lui, doit faire au plus vite, que ce soit pour déminer, rétablir un itinéraire, faire franchir, etc… Et peu importe la méthode du moment que ça fonctionne. Etant donné tout ce qui vole désormais au dessus du champ de bataille, amener un engin sur une remorque est déjà en soi un handicap. Qu’il soit teleopere ou pas ne changera rien au fait qu’il puisse être neutralisé rapidement si les parties sensibles ne sont pas protégées un minimum.

  12. Félix GARCIA dit :

    Chez les Anglais :
    « Unveiling the AJAX Family Cutting Edge Reconnaissance Armored Vehicles for the British Army  »
    https://www.youtube.com/watch?v=j8S9avE3rmA

    Vivement une nouvelle famille de chenillés française :
    « amx 10p upscale »
    https://www.youtube.com/watch?v=TI4cv-8ZEKk