La Grèce envisage l’achat de systèmes israéliens de défense aérienne pour au moins 2 milliards d’euros

Bien qu’elles aient rejoint le projet de « bouclier du ciel européen » [European Sky Shield Initiative, ESSI] qui, lancé par l’Allemagne, vise à mutualiser l’achat de systèmes de défense aérienne dans le cadre de l’Otan, la Turquie et le Grèce ont visiblement l’intention de jouer leur propre partition.

Ainsi, en août, en faisant allusion au système israélien « Dôme de fer » [ou Iron Dome], Ankara a lancé le projet « Dôme d’Acier », lequel doit permettre d’intégrer l’ensemble des moyens de défense aérienne utilisés par ses forces armées au sein d’un réseau unique. Et cela avec le concours des groupes Aselsan, Roketsan et MKE. Il sera conçu « comme un parapluie de sécurité », censé protéger l’ensemble du territoire turc contre des menaces « allant des très basses altitudes aux plus hautes », qu’elles soient de « très courte ou de longue portée », a expliqué la chaîne publique TRT Haber.

La Grèce n’est pas en reste. Mais pour se doter d’une défense aérienne multicouche, elle envisage de se tourner vers Israël, pays avec lequel elle a noué une étroite coopération militaire en raison des intérêts qu’elle partage avec lui, notamment dans le domaine de l’énergie, avec le projet de gazoduc EastMed.

« Le projet consiste à développer un système antiaérien et anti-drone multicouche. […] Nous sommes en discussion avec Israël à ce sujet », a en effet confirmé une source proche du dossier à l’agence Reuters, après une réunion tenue à huis clos avec Nikos Dendias, le ministre grec de la Défense.

Cette information avait été révélée par le site spécialisé grec OnAlert. « Il s’agit d’un programme d’un montant de 2 milliards d’euros. Ce ‘dôme’ de défense aérienne comprendra tous les systèmes d’armes dont disposent les forces armées et permettra de surveiller, contrôler et intercepter toute menace aérienne, qu’il s’agisse de missiles ou d’aéronefs avec ou sans pilote », avait-il précisé.

Με τη Νέα Δομή των Ενόπλων Δυνάμεων 2024 -35 δημιουργείται ενιαίος αντιαεροπορικός και αντί – drone «θόλος» σε εθνικό επίπεδο και σε επίπεδο μονάδας.#elladadynati pic.twitter.com/5p3uLTGd15

— Nikos Dendias (@NikosDendias) November 14, 2024

Ce projet vise à mettre en réseau l’ensemble des capteurs et des systèmes d’armes afin de « couvrir » au moins la FIR [Flight Information Region] d’Athènes, qui englobe l’espace aérien grec ainsi que « diverses sections de l’espace aérien international », en particulier au-dessus de la mer Égée. À noter que cette FIR fait l’objet d’un différend avec la Turquie.

Parmi les systèmes que le ministère grec de la Défense envisage d’acquérir, aucun ne fait partie de ceux proposés dans le cadre de l’ESSI, à savoir l’IRIS-T SLM allemand, le Patriot américain et l’Arrow 3 israélien. Et si le consortium Eurosam [MBDA et Thales] voyait une opportunité pour exporter le SAMP/T NG [Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre de Nouvelle Génération], il en sera pour ses frais.

En effet, toujours selon OnAlert, la Grèce est intéressée par les systèmes israéliens « Fronde de David » [ou David’s Sling qui, affichant une portée de 300 km, est co-produit par Rafael et l’américain Raytheon], « Barak MX » d’Israel Aerospace Industries [pour des distances d’interception allant de 35 à 150 km] et « SPYDER MR » [Surface-to-air Python and Derby], capable d’intercepter une cible évoluant à 52 000 pieds, à 50 km de distance.

L’un des points des discussions en cours porte sur les compensations qu’Athènes pourrait obtenir dans le cas d’un accord, l’industrie grecque devant être impliquée dans la maintenance de ces systèmes, voire dans leurs mises à niveau ultérieures.

Photo : Système « Fronde de David »