Avant la mission Clemenceau 25, le porte-avions Charles de Gaulle s’exerce à la lutte antidrone


Malgré les frégates dédiées à la défense aérienne [FDA et FREMM-DA] de son escorte, il n’est pas exclu que le porte-avions Charles de Gaulle soit exposé à la menace des drones, comme cela a déjà pu arriver, à plusieurs reprises, à ses homologues américains.

L’an passé, un drone iranien avait réussi à approcher à environ 1 300 mètres du porte-avions USS Dwight Eisenhower dans le but, a priori, de perturber ses opérations aériennes. À l’époque, l’US Navy avait dénoncé une « action dangereuse » et « non professionnelle » ayant « violé » les mesures de sécurité décrites dans la notice aux aviateurs [NOTAM] publiée quotidiennement. Cependant, elle s’était gardé de préciser si l’engin en question avait été abattu.

Si un drone a pu s’approcher d’un porte-avions, alors une munition téléopérée [MTO] serait aussi en mesure de le faire… Du moins en théorie. Il n’est pas exclu que les rebelles houthis aient tenté de le faire, bien qu’ils aient d’autres moyens à leur disposition. Il y quelques jours, ils ont affirmé avoir visé le porte-avions USS Abraham Lincoln avec un « un certain nombre de missiles de croisière et de drones », ce que le Pentagone a démenti.

Quoi qu’il en soit, alors qu’il s’apprête à appareiller pour la mission Clemenceau 25, qui le mènera dans l’océan Pacifique, le porte-avions Charles de Gaulle se prépare à toutes les éventualités, d’autant plus qu’il devra passer par la mer Rouge, donc s’exposer à une éventuelle attaque des houthis. D’où l’exercice de lutte antidrone qu’il vient d’effectuer.

Cet exercice a permis de « valider un savoir-faire crucial pour le futur déploiement du groupe aéronaval », a ainsi souligné la Marine nationale.

Pour assurer sa défense aérienne, le « Charles de Gaulle » dispose notamment de missiles surface-air Aster 15, de deux SADRAL [systèmes d’autodéfense rapprochée antiaérienne léger] reposant sur le missile MISTRAL, de trois tourelles Narwhal [de 20 mm] et, en dernier recours, de quatre mitrailleuses de 12,7 mm. Le tout est relié à ses radars ainsi qu’à ses capteurs optroniques.

« Face à un drone aérien identifié par ses systèmes optroniques et rapidement classifié hostile au vu de sa cinématique agressive, le central opérations [du porte-avions] a mené des tirs simulés de missiles avant de mettre en œuvre l’artillerie de petits calibres », a détaillé la Marine nationale.

En outre, le porte-avions a un autre atout dans sa manche : son groupe aérien embarqué [GAé]. Ainsi, deux Rafale M ont été engagés dans le récent exercice de lutte antidrone « Wildfire » [auquel le « Charles de Gaulle » n’avait pas été convié] de même que deux hélicoptères NH-90 Caïman NFH de la Flottille 31F.

D’ailleurs, lors de ce dernier entraînement dédié à la lutte antidrone, un Caïman de la 31F a abattu une « seconde piste » grâce à sa mitrailleuse de 12,7 mm, a rapporté la Marine nationale. Ce mode opératoire a été « inauguré » par un hélicoptère Panther de la Flottille 36F, durant le déploiement de la FREMM DA Alsace en mer Rouge, dans le cadre de l’opération navale européenne Aspides.

Si les missiles balistiques [bien que peu précis contre des cibles navales] et les missiles de croisière que possèdent les houthis constituent une menace, les drones de surface chargés d’explosifs peuvent être tout aussi dangereux.

D’autant plus que, en novembre 2021, la sécurité du porte-avions avait été prise en défaut après être entré en collision avec un voilier détecté trop tardivement. Et cela, malgré le système de veille optronique [IRST] Artemis, capable de suivre jusqu’à « 200 objectifs simultanés à courte et moyenne distance –, y compris les avions de combat opérant à très basse altitude, les missiles supersoniques et à vol rasant, ainsi que les fast-boats ou les jet-skis manœuvrant à grande vitesse ».

Photo : Marine nationale

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6 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    On peut voir un petit drone terrestre porter un HELMA-P dans l’article suivant. Il est donc imaginable d’avoir une version aéroportée.
    Aujourd’hui sur hélicoptères et avions de transport, demain sur d’autres plateformes (ACF, drones de combat AAROK et nEUROn, drones navals …).

    • julien_jla dit :

      Pour aéroporter le HELMA-P la question qui se pose c’est « le poids des munitions ». Quelle taille et quel poids pour les batteries pour combien de tir possibles ?

  2. Simlabeng dit :

    Il fait propre-propre-propre le Charlie G.!

  3. PHILIPPE dit :

    si la menace est prise en compte c’est déjà bien.

  4. toufik dit :

    Demi-HS : des exercices avec la Marine indienne sont-ils prévus durant ce déploiement, autour du Rafale M ? Manifestement le dossier d’un futur porte-avions indien CATOBAR INS Vishal, avec catapultes EMALS (tiens ? déja accepté par les US sous la précédente mandature Trump) est ouvert et avance.
    https://www.twz.com/sea/india-conducted-dual-aircraft-carrier-drills-for-the-first-time
     » INS Vishal is planned to be significantly bigger than the Vikrant, at around 65,000 tons, compared to 40,000 tons for the earlier warship. It should feature a catapult-assisted takeoff but arrested recovery (CATOBAR) arrangement, and may make use of an Electromagnetic Aircraft Launch System (EMALS) after the United States approved the transfer of this technology to India. »
    Petit retard vs la Chine pour ce type de porte-avions, mais évidemment les US et la France peuvent faire gagner beaucoup de temps à l’Inde pour son développement et la formation des pilotes…
    D’ici à penser à une collaboration France / Inde en parallèle du développement du PA NG…