Le ministère des Armées a commandé 8 drones sous-marins pour le Système de lutte anti-mines du futur

Avec les Bâtiments bases des plongeurs démineurs de nouvelle génération [BBPD NG], les Bâtiments de guerre des mines [BGDM] et le Système d’exploitation des données de guerre des mines [SEDGM], le Maritime Mine Counter Measures [MMCM], lancé en 2015 dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni, est l’un des quatre piliers du programme SLAM-F [Système de lutte anti-mines du futur], conduit au profit de la Marine nationale.

Plus précisément, son développement ayant été confié à Thales, le MMCM repose sur l’utilisation d’un robot téléopéré [ROV] et de trois drones sous-marins [AUV] à partir d’un drone de surface qui, faisant office de « bateau-mère », est équipé d’un sonar remorqué. Le tout fonctionne avec un système de mission appelé « M-Cube ».

« Projetable » en moins de 48 heures, le MMCM permettra de détecter des objets de très petite taille, de neutraliser les mines jusqu’à une profondeur de 300 mètres et de cartographier les fonds marins grâce à un sonar multi-faisceaux.

Initialement, il était prévu de commander à Exail des AUV imposants de type A27 [d’une masse de 1 tonne] et de les doter d’un sonar à ouverture synthétique SAMDIS [Synthetic Aperture Mine Detection and Imaging System], proposé par Thales. Seulement, depuis ce choix, la technologie a évolué…

En effet, Thales a mis au point le SAMDIS 600, aux performances accrues grâce à une nouvelle architecture électronique. En outre, il est moins encombrant tout en consommant trois fois moins d’énergie que son prédécesseur. Et cela a ouvert de nouvelles perspectives pour le programme SLAM-F, comme vient de le confirmer le ministère des Armées.

En effet, le 7 novembre, à l’occasion du salon Euronaval 2024, ce dernier a annoncé l’acquisition de 8 drones sous-marins autonomes de nouvelle génération A18-M auprès d’Exail, ceux-ci devant être équipés du SAMDIS 600. Une option pour 8 exemplaires de plus a été posée.

« Basé sur une version modifiée du drone A18-M d’Exail, l’AUV NG embarquera un tout nouveau sonar haute-résolution et multi-vue, le SAMDIS 600 de Thales, et regroupera dans un format compact et une architecture ultra-sécurisée, le plus haut niveau de performance en matière de détection, d’autonomie et de classification des mines marines », a expliqué le ministère des Armées.

Et d’ajouter : « Pleinement intégré au Système de lutte anti-mines futur, l’AUV NG constitue une nouvelle étape majeure dans le cadre du renouvellement de la capacité de guerre des mines de la Marine nationale ».

Les premiers AUV NG seront normalement livrés au cours du premier semestre 2028. À noter que l’accord-cadre notifié par le ministère des Armées porte également sur le soutien, les rechanges et les « lots de déploiement, notamment depuis la base navale de Brest ou depuis des sites projetables ».

Dans le détail, l’AUV NG affiche une masse de 500 kg, pour une longueur de 5 mètres et un diamètre de 47 cm. Pouvant évoluer à des profondeurs de 300 mètres, il a une autonomie de 10 heures en mission.

Son développement a débuté en 2023, dans le cadre d’une collaboration étroite entre la Direction générale de l’armement [DGA], la Marine nationale, Exail et Thales.

« Réalisé dans une logique de réutilisation optimisée des solutions des deux industriels et de développements recentré sur les technologies à la plus forte valeur ajoutée, ce travail a permis de concentrer, dans un drone de taille deux fois inférieure, toutes les fonctions du prototype A-27 actuellement employé au sein de la Marine nationale », a conclu le ministère.

Quant au SAMDIS 600, Thales assure qu’il permet « d’obtenir en une seule passe des images à partir d’angles multiples ». Associé au logiciel d’analyse de mission Mi-MAP, qui intègre des algorithmes d’intelligence artificielle, il « offre des probabilités de détection et de classification exceptionnellement élevées, avec des performances supérieures qui permettent d’accélérer le tempo et d’augmenter l’efficacité des opérations de la Marine », fait valoir l’industriel.

Photo : EXAIL

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]

9 contributions

  1. Fralipolipi dit :

    Vu les dimensions, on pourrait presque songer à en embarquer un à bord de nos SNA …
    (ou réadapter le concept sur un drone D-19T, version dronisée de la torpille F21, beaucoup plus grosse que ce nouvel A-18M).

    • pldem806 dit :

      Mener des opérations de GDM à partir d’un SNA ?
      Approche intéressante !!

      • Fralipolipi dit :

        Si vous avez bien lu, vous aurez sans doute compris que l’engin a des capacités qui vont au delà de la stricte guerre de mines … Pourquoi donc se contenter du minimum 😉

      • dolgan dit :

        Interessante oui. C est pourquoi c est une de leur fonction.

  2. desi dit :

    Le sonar d »Exail avait l’air très bien pour les belges et les néerlandais, pourquoi on va chercher midi à quatorze heures pour nous .??

  3. Simlabeng dit :

    Comme la marine royale canadienne, mes connaissances en lutte anti-mines sont pauvres…

    Quand tu fais de la lutte anti-mines avec des bateaux en acier opéré par la réserve navale…

  4. Fred And Co dit :

    Félicitations à nos entreprises pour la qualité de leurs produits et à nos marins pour leurs mise en œuvre. La lutte anti mines est un domaine ou la France a souvent été en pointe. Le recours aujourd’hui et demain aux systèmes de drones dans ce domaine est un choix technologique fort de la part de nos états majors et de nos industriels. Combien d’autres pays s’y sont risqués ?.