Pour le moment, Bogota refuse de confirmer le choix du Gripen E/F aux dépens du Rafale et de l’Eurofighter
Pour certains pays d’Amérique du Sud, les contraintes économiques, les alternances politiques et les considérations diplomatiques compliquent l’acquisition de nouveaux avions de combat. Ainsi, l’Argentine a mis des années avant de trouver une solution pour remplacer ses Mirage III et ses Mirage 5. Et, après avoir passé en revue plusieurs options, elle a finalement trouvé un accord avec le Danemark pour se procurer 24 chasseurs-bombardiers F-16.
La Colombie se trouve dans une situation assez similaire. En 2019, dans un contexte marqué par de vives tensions avec le Venezuela, la force aérienne colombienne [Fuerza Aérea Colombiana – FAC] obtint une enveloppe d’environ un milliard de dollars pour acquérir de nouveaux avions de combat, ses chasseurs-bombardiers Kfir, acquis auprès d’Israël dans les années 1980, étant sur le point d’arriver au bout de leur potentiel. Déjà, à l’époque, ces appareils faisaient l’objet de restrictions de vol après la perte accidentelle de deux d’entre eux.
Mais, en juin 2022, alors que Dassault Aviation [Rafale F3], Eurofighter [EF-2000 / Typhoon ayant servi sous les couleurs espagnoles], Lockheed-Martin [F-16 d’occasion] et Saab [Gripen E/F] s’étaient mis sur les rangs pour ce marché, le président colombien nouvellement élu, Gustavo Petro, jeta un froid en déclarant que l’achat de nouveaux avions de combat ne faisait pas partie de ses priorités.
Cependant, des rumeurs laissèrent entendre par la suite que la FAC était sur le point d’annoncer son intention de se procurer des JAS-39 Gripen, malgré les signaux envoyés par M. Petro. Mais ces bruits de coursive étaient en partie fondés. Seulement, si le président colombien s’était laissé convaincre de la nécessité de remplacer les Kfir, Bogotá fit savoir que son choix se porterait sur le Rafale F3.
« La proposition de l’avion Rafale est la meilleure option pour le pays en termes de prix, d’efficacité et d’opérabilité. Une heure de vol de Rafale coûte à peu près 30% moins cher qu’une heure de vol de Kfir », avait alors justifié la présidence colombienne, en décembre 2022. En outre, il fut rapporté que la France était prête à accorder des facilités financières, les paiements pour 16 appareils ne devant être effectués que cinq ans après la signature du contrat.
Seulement, les négociations ne purent aboutir, Bogotá ayant d’abord voulu trouver un accord pour acquérir, dans un premier temps, entre trois et cinq avions. Le processus fut donc relancé, avec les mêmes protagonistes.
Or, ces dernières semaines, la presse colombienne a indiqué qu’une annonce serait faite très prochainement. Et d’avancer également que, comme en décembre 2022, le Gripen E/F tiendrait la corde. C’est dans ce contexte que, le 5 novembre, s’appuyant sur des sources anonymes, SR [Sverige Radio, c’est-à-dire la radio publique suédoise] a affirmé que Bogota « aurait décidé d’acheter » l’avion de combat proposé par Saab.
Ce que, sollicité par l’agence Reuters, l’industriel suédois n’a pas souhaité confirmer. « Nous avons pris note des informations parues dans les médias mais nous ne pouvons pas faire d’autres commentaires pour le moment. Nous avons déjà eu un dialogue avec la Colombie au sujet du Gripen mais il n’y a actuellement aucun contrat », a déclaré un porte-parole.
En réalité, le seul commentaire de Saab concerne le premier engagement des F-39 Gripen brésilien dans l’exercice aérien multinational Cruzex 24, qui se déroule actuellement dans le ciel du Rio Grande do Norte [Brésil].
À Bogotá, on explique que toute annonce sur l’achat de nouveaux avions de combat est prématurée. « Il y a beaucoup de rumeurs, mais il n’y a pas encore de décision. Nous attendons la décision du président Gustavo Petro », a en effet déclaré Iván Velásquez, le ministre colombien de la Défense, à la presse.
En attendant, la flotte de Kfir se réduit comme peau de chagrin, avec six appareils de plus retirés du service pour être « cannibalisés », la détérioration des relations entre la Colombie et Israël ayant rendu plus compliqué leur maintien en condition opérationnelle [MCO]. Quant au coût de l’heure de vol, déjà astronomique il y a deux ans, il avoisine désormais les 25 000 dollars. Autant dire que trouver une solution devient très urgent pour la FAC.
la Colombie a peut etre due choisir la solution « disponible « au plus vite tout simplement
La Colombie a peut-être dû choisir.
Choisir quoi? Vous pourriez être un peu plus loquace?
je n’ai pas compris pourquoi dassault refusait de s’engager, alors que Bogota avait le budget provisionné, dans un contrat sur un nombre limité d’appareils, qui aurait forcément conduit à un augmentation de la flotte par la suite.
Bref, une occasion manquée. C’est pas parce que dassault marche très bien qu’il faut commencer à négliger telle ou telle possibilité
Parce que le principal bénéficiaire agricole du traité de libre échange dit « Mercosur » est le Brésil et que la France veut mettre son veto sur ce traité.
La Commission Européenne peut passer outre mais je pense que la considération soudaine du Rafale est peut être là uniquement pour faire pression sur le gouvernement français.
Oups pardon j’ai lu de travers.
La Colombie n’est pas un pièce maitresse du traité. Donc mon commentaire est sans objet.
Les gros bénéficiaires étant Brésil en numéro 1 et Argentine en Numéro 2.
La Colombie est quand même un gros exportateur de…………………..coke!
En effet, la Colombie ne fait pas partie du Mercosur
En gros, vous dites « Arrête ton char Dassault ! »
Excellent ! Mais Bidasse, qu’est-il devenu ?
Je suis d’accord pour dire qu’il ne faut pas faire la fine bouche. Mais initialement, un 1er contrat de 3 à 5 avions,est-ce vraiment intéressant et indispensable? Oui, en effet, cela entraînerait probablement une augmentation de la flotte… Par la suite… Peut-être.
Il faut que l’affaire soit rentable et avec des garanties.
5 avions ce n’est pas sérieux, il faut y voir là des moyens de pression.
Surtout, je vois mal les USA passer à côté de ce marché avec la Colombie… Surtout à partir du 20 janvier…
dassault disait vouloir se concentrer sur des petits contrats pour compléter son plan de production et je vois pas en quoi vendre quelques appareils serait « moins rentable » que plus. c’est le même appareil, non ? y font pas du tuning de golf gti
Oui c’est vrai pour le côté rentable, j’ai exagéré.
Après, nous ne sommes pas dans le secret des dieux, allez savoir ce qu’il y a dans les négociations…
Je ne crois pas vraiment que Dassault ait fait la fine bouche. Je pense plutôt que c’est une très basique histoire de négo. où une partie a négocié 6 avions, mais 4 pour plus tard, et en veut 2 tout de suite au prix négocié, et le reste pour le prochain président.
Excellente analyse.
C’est marrant toutes ces déductions à partir du fait que les négociations n’ont pas abouti
Il ne s’agit pas de troc dans un coin de la rue là!
Point de déductions en ce qui me concerne James.
Mais je pense sincèrement qu’un éventuel 1er contrat sur 3 à 5 appareils n’a pas de sens pour un pays comme la Colombie.
non, il s’agit d’un contrat qui était présenté ici-même – et dans d’autres feuilles traitant des mêmes questions comme étant quasiment bouclé. y eu un peu de jeu dans le bouzin depuis, hein
@Soad, @Czar,
Je dis juste que l’on ne sait pas pourquoi le contrat n’a pas abouti alors il ne faut pas en déduire que c’est la faute de qui que ce soit.
Pour revenir au « petit » contrat, même si c’est le même avion, il y a toujours des « exigences » techniques du client qui peuvent coûter en temps et en argent, ajouter un équipement modifie la masse, le centrage ou la forme externe de l’avion et donc qu’il faut tout réétudier et valider l’ensemble de l’avion
Et bien, le problème c’est que justement n’avait pas un budget provisionné et le gouvernement de Petro voulait signer pour ~4 appareils avant la fermeture de l’année pour le faire entrer dans le budget 2023 (donc ils veulent signer un contrat en 10 jours pour 4 avions, et laisser le reste pour plus tard). Le problème avec la vente du Rafale, c’est qu’il ne s’agit pas de vendre des bonbons a l’unité. La vente d’un seul avion représente un coût fixe énorme qui doit être supporté pour maintenir ce système d’armes. Et ce coût est impossible à amortir dans un achat de seulement 4 appareils car cela vous donnerait un coût unitaire exorbitant. Ce serait un peu comme si la Colombie disait à Alstom qu’elle voulait un TGV pour un Bogota-Medellin et que pour l’exploiter, elle aurait besoin de 16 rames, mais le gouvernement Petro vous demande de le faire avec seulement 4 rames et alors « nous signerons pour le reste. » Le montant du contrat varierait peu car les rames ne constituent qu’une partie du produit. Dans ce cas c’est pareil, l’avion n’est qu’une partie du système d’armes.
Si l’économie le permet, ce serait logique pour eux d’acheter 3..5 exemplaires de Grippen (comme le Brésil, avec coopération avec le Brésil pour l’entretien, etc.) puis voir pour après.
Non, telles étaient les conditions qui existaient en « Décembre 2022 ».
La Colombie et le Pérou qui sont deux pays voisins et en bon termes, devraient faire une commande groupé pour renouveler leurs chasses aériennes, histoire d’obtenir un prix de gros et intéresser davantage de constructeurs aéronautiques.
Une commande groupée.
Cela dépend. Si les objets de la commande sont masculins, comme des raisins par exemples on n’accorde pas, question de logique. En revanche, s’il s’agit d’objets neutres et non genrés comme le fromage, c’est plus compliqué: par exemple si ladite commande contient des camemberts (masculin) et des tommes de Savoie (féminin), le plus simple est alors de compter et d’accorder à la majorité. De même pour une commande de livres qui contiendrait quelques encyclopédies et des éditions rares, il est sage de consulter l’index de cette commande en utilisant bien son index afin de respecter l’étymologie probablement figurative de ce mot polysémique.
Une décision contre l’état-major local ?
https://meta-defense.fr/2024/11/06/jas-39-gripen-forces-aeriennes-colombie/
Vous avez vérifié les composants du Rafale F3 et des systèmes d’armements vendus par la France?
@fabrice vous pourriez leur expliquer? Moi j’ai pas le droit.
Et puis, aussi, le Grippen coute beaucoup moins cher pour faire de la police de l’air, petite intervention au sol. Même si le Rafale me semble un choix logique pour les pilotes.
La Colombie et le Vénézuéla sont en conflit territorial larvé, et en conflit indirect via proxy par les farcs.
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Je ne pense pas que le Vénézuéla soit en mesure de mener une guerre quand on voit qu’ils ont rapidement du déclarer forfait contre le Guyana, mais ils opèrent 22 Su30 et 18 F6.
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Quant à une petite intervention au sol, voilà justement où l’aviation serait complexe d’emploi étant donné la couverture du pays par de la forêt tropicale.
Ils ont rapidement dû.
« mais ils opèrent 22 Su30 et 18 F6. »
Ces avions sont-ils si gravement malades qu’il faille ainsi tous les opérer ?
Le faux ami ne relève pourtant pas de l’art médical.
Plutôt que de jouer au docteur avec leurs aéronefs, ils pourraient les mettre en œuvre, les utiliser, les employer, les exploiter, s’en servir ou y recourir.
En mai 2024, certains articles de presse évoquaient que cette vente était sujette à un engagement du Ministère des armées à commander 5 Rafale neufs à Dassault pour compenser la livraison à Bogota des 5 premiers appareils. Il semble donc que les 5 premiers Rafale provenaient de l’AAE pour permettre une livraison à moindre délai. Devait suivre la livraison de 19 appareils neufs avec une option pour 9 Rafale supplémentaires. L’AAE s’est peut-être opposée à ce nouveau prélèvement ? Ou SAAB a fait une contre-proposition alléchante ? Ou le Ministère de notre ministre écrivain démissionnaire (Bruno Le Maire, sous le pseudo “Duc William“) s’est opposé aux facilités de paiement accordées à la Colombie ?
@Roland
Peut-être que c’est l’armée de l’air qui s’y est opposée quand on lui a dit de fournir ses Mirage 2000 à l’Ukraine. Si on perd nos Mirage 2000 et nos Rafales, il y a un moment où ça finit par coincer.
Après certains experts en économie disent ici que c’est très bon pour notre économie de filer nos avions aux autres
Les décideurs apparents (fournisseurs européens et Etat colombien) ne sont sans doute pas les seuls ni les plus puissants politiquement … Nous sommes là dans la zone d’influence du grand frère du Nord. Un peu comme le Donbass, toute proportion gardée. Et des avions de combat, c’est visible. Difficile de s’en procurer « discrètement » …
Par contre, des F16 d’occasion plus ou moins améliorés … Il y en aurait beaucoup de disponibles, et Uncle Don préfèrera les vendre à la Colombie que les donner à l’Ukraine. Une solution à la grecque ?
Oui, et la Colombie étant en bon terme avec le Venezuela de Maduro, pourquoi pas quelques uns comme cela d’occas: https://www.tiktok.com/@latam_stat_oficial/video/7426007948360682758
? (Le Venezuela n’a pas le budget pour s’occuper de tous ses Su-30 « Itar Free »)
N’oublions pas la Chine.
Donc en fait, ce n’est pas pour rien que diplomatiquement le Grippen n’est pas mal non plus pour la Colombie.
A priori moins cher que le rafale, disponible rapidement, itar free, omnirole, adapté aux (faibles) menaces régionales et des collab possible avec le Brésil qui en a deja. Clairement le meilleur choix pour la Colombie.
Le Gripen n’est en aucun cas Itar Free! Bien au contraire!
Itar Free, vous êtes sérieux ?
Le GRIPEN n’est pas ITAR FREE, en premier lieu son moteur, le coeur d’un avion de chasse.
Le Gripen n’est pas ITAR free, il a le réacteur General Electric F414 du F18 américain.
ITAR free ? Vous êtes sûr
C était pour voir si vous suiviez l itar, sorry et merci pour la correction. Probablement pas un gros pb pour la Colombie, qui reste proche des us malgré un léger refroidissement depuis Petro.
Les autres arguments restent valides.