Le Monténégro commande deux patrouilleurs hauturiers auprès du chantier naval français Kership

Malgré des liens culturelles et économiques étroits avec la Russie, le Monténégro est devenu le vingt-neuvième membre de l’Otan en 2017. Pour autant, ce pays de 600 000 habitants, qui a par ailleurs la particularité d’avoir l’euro comme unique monnaie à cours légal sans faire partie de l’Union européenne [UE], est traversé par des sentiments pro-russes, comme en témoigne la présence de ministres russophiles au sein du gouvernement dirigé par Milojko Spajić depuis octobre 2023.

Étant donné la faiblesse des dépenses en matière de défense consenties par Podgorica [106 millions d’euros en 2023, soit 1,5 % du PIB], l’apport militaire du Monténégro à l’Otan est loin d’être évident. Mais c’est surtout sa position géographique qui aura pesé dans la balance.

Ainsi, en 2017, la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] du ministère des Armées avait expliqué que la « sensibilité maritime que le Monténégro [était] susceptible d’apporter à l’Alliance atlantique pourrait être particulièrement utile pour le traitement des problématiques méditerranéennes [migrations, lutte contre les trafics, etc.] tout en renforçant la « stabilité des Balkans occidentaux ». En outre, cette adhésion devait permettre d’établir une « continuité de la zone Otan sur la côte adriatique, en complétant le chaînon manquant entre la Croatie et l’Albanie ».

Quoi qu’il en soit, après le désarmement en 2019, de ses deux frégates légères de type « Kotor », la marine monténégrine était en quête de patrouilleurs pour les remplacer. En avril dernier, après avoir signé un accord de coopération « intergouvernemental en matière de défense » avec Sébastien Lecornu, son homologue français, le ministre monténégrin de la Défense, Dragan Krapović, s’était rendu en Bretagne pour étudier l’offre du constructeur naval Kership [détenu à parts égales par Naval Group et Piriou]. Et, visiblement, cette visite aura été fructueuse.

En effet, le 4 novembre, le ministère des Armées et la Direction logistique du ministère de la Défense du Monténégro ont annoncé la signature d’un contrat portant sur l’acquisition de deux patrouilleurs hauturiers OPV 60M auprès de Kership. Le montant de cette commande n’a pas été précisé.

Selon le communiqué, un « accompagnement étatique », associé au contrat commercial notifié à Kership, sera assuré par la Direction générale de l’armement [DGA], via un arrangement technique avec la Direction Logistique du ministère monténégrin de la Défense.

Le Monténégro a choisi de se doter de deux navires patrouilleurs hauturiers français.

Échanges avec mon homologue Dragan Krapović en marge du salon Euronaval : stabilité des Balkans, accroissement de notre coopération sur les volets maritime et cyber… pic.twitter.com/yvJax4qsCk

— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) November 4, 2024

Ce soutien concernera « principalement le suivi général du contrat commercial de Kership et la réalisation, en France métropolitaine, d’un suivi qualité selon les méthodes en vigueur à la DGA », a précisé le ministère des Armées. Et d’ajouter que cet « arrangement technique s’inscrit pleinement dans le cadre et la mise en œuvre de l’accord intergouvernemental relatif à la coopération dans le domaine de la défense ».

Pour rappel, affichant un déplacement de 620 tonnes pour une longueur de 62,2 mètres et une largeur de 9,5 mètres, l’OPV 60 est un patrouilleur robuste et facile à exploiter. Selon Kership, il est doté d’un « système de combat puissant taillé pour la lutte antiaérienne et antisurface et la neutralisation des menaces asymétriques » ainsi que de la capacité à mettre en œuvre rapidement « deux embarcations d’intervention par rampes arrière ».

Les deux OPV 60 commandés par le Monténégro auront la « capacité à emporter et déployer des forces spéciales » et disposeront d’équipements de « type drones afin d’étendre les zones d’action et d’influence des navires ».