La Marine nationale veut réduire le « coût par tir » pour user l’adversaire

Au début de cette année, la Marine nationale a dû justifier l’emploi de missiles surface-air Aster [15 et 30] pour abattre des drones peu coûteux lancés depuis le Yémen par les rebelles houthis contre le trafic maritime en mer Rouge. Et d’expliquer que le coût à prendre en compte n’était pas forcément celui de la munition utilisée mais celui du navire que celle-ci a permis de protéger.

Cependant, et comme l’avait suggéré le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’un colloque à l’Institut Montaigne, une telle approche n’est pas tenable dans la durée. « Si on veut gagner la guerre il va falloir développer des armes d’usure peu chères, en parallèle des armes de haute technologie qui permettent d’emporter la décision », avait-il expliqué, selon des propos rapportés par l’AFP.

Le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, avait exprimé un point de vue similaire, lors d’une audition au Sénat, en novembre 2023. « L’exemple, c’est le drone qui ne coûte presque rien, mais qui vient saturer, ‘user’ la défense aérienne de l’adversaire. Si la question nous était posée, il nous faudrait réfléchir à notre capacité à durer et à user un adversaire », avait-il dit. Or, « aujourd’hui, nous avons essentiellement misé sur des armes de décision », avait-il souligné.

D’où, par exemple, le programme franco-britannique [bientôt rejoint par l’Italie] de Futur missile antinavire / Futur missile de croisière [FMAN / FMC], qui permettra, à terme, de remplacer à la fois les missiles Exocet et les Missiles de croisière navals [MdCN]. En outre, pour ses sous-marins nucléaires, la Marine nationale a exprimé le besoin de remplacer le missile antinavire à changement de milieu SM39 à l’horizon 2040.

Pour autant, devant les sénateurs, l’amiral Vaujour avait estimé que la « vraie question » était « aussi de disposer d’armes d’usure capables d’épuiser un adversaire […] de façon à déployer [ces] armes de décision au moment opportun pour remporter la victoire ». En clair, il s’agit de fatiguer l’ennemi avant de lui porter l’estocade. « Usure et décision : l’un ne va pas sans l’autre. Il y a probablement un nouvel équilibre à trouver de ce point de vue », avait-il affirmé.

User l’adversaire suppose de disposer d’un nombre conséquent de munitions à tirer. Ce qui pose, par ailleurs, la question de leur stockage, la « Sainte-Barbe » d’une frégate n’étant pas extensible, ainsi que celle de leur coût. En tout cas, la Marine nationale a engagé des réflexions sur ce sujet, comme l’indique le dernier numéro de Cols Bleus.

« La Marine étudie des options présentant un ‘coût par tir’ réduit permettant d’augmenter le nombre de munitions tirées. Les travaux portent sur les munitions téléopérées [les drones, ndlr], le canon électromagnétique et, à plus long terme, le laser offensif », avance Cols Bleus.

S’agissant des armes laser, la Marine nationale a déjà expérimenté, avec succès, le système Helma-P depuis la Frégate de défense aérienne [FDA] Forbin. Mais si elle est suffisante pour abattre un drone, sa puissance est sans doute encore trop faible pour en faire un « laser offensif ». À moins que Cols Bleus n’ait fait référence au projet BLOOMLASE, qui vise à développer une capacité permettant d’aveugler les satellites d’observation depuis le sol.

Quant au canon électromagnétique, dont le principe a visiblement été abandonné par l’US Navy, son développement est en cours au sein de l’Institut de recherches franco-allemand de Saint-Louis [ISL]. Mais plusieurs défis technologiques doivent encore être relevés.

« Plusieurs déclinaisons du canon électromagnétique peuvent être envisagées. Celle qui permettrait d’envoyer un projectile à plusieurs centaines de kilomètres avec une accélération de 100’000 G serait plutôt placée sur une plateforme navale » car « lorsqu’on a besoin d’un mur entier de condensateurs pour pouvoir stocker et libérer une grande quantité d’énergie de manière quasi instantanée – comme c’est le cas, d’une façon générale, pour les armes à énergie dirigée, qu’il s’agisse de lasers ou de systèmes électromagnétiques – cela suppose des infrastructures adaptées », avait expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA].

Seulement, réduire le « coût par tir » grâce au laser ou au canon électromagnétique suppose une mise de départ importante. Et l’on ne parle même pas des dépenses inhérentes au Maintien en condition opérationnelle [MCO].

Aussi, à court terme, l’une des solutions passe par la dronisation. « L’emploi des drones aériens, de surface et sous-marins dans la Marine est un enjeu crucial des années à venir. L’accent est mis sur ces nouvelles capacités endurantes, économes et capables d’opérer dans des environnements hostiles », note d’ailleurs le magazine Cols Bleus, avant de préciser que des « solutions impliquant des drones de combat sont en réflexion ».

Et d’ajouter : « Après une priorité donnée à la protection, la Marine envisage à présent, en complémentarité avec les moyens actuels, de nouvelles capacités offensives articulées autour d’une autonomie du drone et de ses senseurs, et d’une capacité létale sous la supervision des marins ».

Pour autant, et comme l’a récemment confié l’amiral Vaujour, dans les pages du Figaro, aucun « grand » programme n’a encore été lancé pour le moment. « Il y a encore beaucoup de champs à explorer » et « au regard de la rapidité des évolutions, il faut une grande agilité d’acquisition pour bénéficier rapidement des innovations », a-t-il expliqué.

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106 contributions

  1. Clavier dit :

    Si les officiers généraux ont la même philosophie que nos politiciens, il est évident que riposter quoi qu’il en coûte ne nous mènera pas loin……..et payer pour la guerre des autres non plus !
    On se borne pour l’instant à envisager, ce qui ne coûte pas grand chose, et on retiendra surtout les propos de l’amiral qui souligne « qu’aucun grand programme n’a été lancé  »
    A mon avis il y a comme un manque de fonds au très dépensier département de la Défense…..

    • Pascal, (l'autre) dit :

      « département de la Défense….. »département de la Défense….. » !!!!! Ministère des armées, nous sommes en France et non pas aux………………..U.S.! (U.S. department of defense)
      https://www.defense.gov/
      Venant de vous une telle « confusion » est plutôt……………………….brouillone!

    • VinceToto dit :

      Oui, effectivement lutter contre le plan Houtis de blocus d’armes pour Israël pour en arriver au plan Houtis c’est … et cela a de nombreux coûts(pas que militaires).
      Que dire à propos de lutter contre les plans russes de la Crimée russe et ‘une partie du Donbass autonome, lutter pour faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN, pour en arriver à Oblast Crimée, Kerson, Zaporijjia, Donetsk, Lougansk russes? Là aussi c’est particulièrement … et avec de nombreux coûts(pas que militaires).
      Sinon, pour info, seul 3% des Russes accepteraient que l’Ukraine rentre dans l’OTAN en cas de négociations de Paix. 80% des Russes refusent toute concession à l’Ukraine pour finir l’Opération Spéciale. Source: Enquête par un « agent étranger » d’après la Fédération de Russie, https://www.levada.ru/2024/10/09/konflikt-s-ukrainoj-vnimanie-podderzhka-otnoshenie-k-razlichnym-usloviyam-mirnogo-soglasheniya-v-sentyabre-2024-goda/

      • VinceToto dit :

        NB: Le plan Houtis ne fonctionne pas pour les Palestiniens/la Paix/etc. mais il enrichit les assureurs de navires et les fabricants de missiles occidentaux. Le plan US/occident en mer Rouge ne fonctionne pas non plus sauf faire passer les Houtis pour victorieux, donc ils continuent à faire du n’importe quoi.

      • Oublieuse mémoire… dit :

        … Mais tu « oublie » les chiffres de ce même institut, qui ne vont pas dans ton sens :
        – 31% des Russes seraient d’accord pour une fin de conflit avec restitution des territoires ukrainiens (sauf la Crimée)
        – en mai 2023, 38% pensent que la guerre est utile, et seulement 28% en octobre 2024

    • rainbowknight dit :

      « payer pour la guerre des autres  » ? La France n’a pas d’amis, des alliés de circonstance, elle a des intérêts…. si elle répond au travers de ses armées par une action ponctuelle c’est sans doute que ses dépenses sont justifiées pour la sauvegarde de ses intérêts.

  2. AlexS dit :

    « Et d’expliquer que le coût à prendre en compte n’était pas forcément celui de la munition utilisée mais celui du navire que celle-ci a permis de protéger. »

    Une façon erronée de penser. Le coût de la cible n’a pas de pertinence, vous ne payez pas l’Aster avec si. Si vous ne pouvez pas payer le nombre de missiles nécessaires et si votre capacité industrielle ne vous permet pas d’en produire une quantité suffisante, votre navire sera touché.

    • tschok dit :

      @AlexS,

      Si, si, le coût de la cible reste une donnée de l’équation. Mais ce n’est pas la seule. Vous avez deux données: la première concerne les immobilisations et la seconde les stocks.

      1 – Côté actif immobilisé:

      Imaginez une frégate à 1 Mds € visée par un missile à 100.000 €. Si le missile fait mouche, vous perdez votre milliard d’euros et la capacité opérationnelle qu’elle représente. Si, pour détruire la menace, vous devez tirer un missile à 1 M€, vous êtes gagnant: vous avez préservé votre milliard d’euros + la capacité opérationnelle non monétisable. Vous êtes en train de gagner la guerre militairement.

      Ca, c’est quand on regarde l’opération en actif immobilisé (la valeur monétaire de la frégate + sa valeur non-monétaire)

      Ce résultat n’est pas influencé par le coût du missile ennemi: qu’il coûte 100.000 € ou seulement 20.000 € ne change rien à l’équation.

      2- En actif circulant:

      En revanche, en actif circulant, l’opération est différente: vous avez dépensé un millions d’euros, votre ennemi 10 fois moins. Si vous continuez comme ça, vous allez consommer vos actifs circulants (vos stocks) plus vite que votre ennemi et, effectivement l’opération fait apparaître un différentiel de perte de 1 M€ – 100k€ = 900 k€ à votre détriment.

      Vous êtes en train de perdre la guerre économiquement.

      Dans cette affaire, il ne faut pas avoir un esprit moniste (ne prendre en compte qu’une seule chose). Il faut regarder les deux dimensions du problème 1 et 2 en même temps et trouver la solution.

      Ici, elle est simple: il faut mais il suffit d’abaisser vos coûts de consommation de stock, autrement dit, tirer pour moins cher. C’est ce que dit l’amiral. Mais lui garde une pensée dualiste en opposant les armes de décision (celles qui coûtent cher mais permettent d’emporter la victoire) aux armes d’usure (celles qui répondent à la nécessité d’abaisser les coûts, ce qui permet d’user son adversaire).

      Donc, c’est tout simple, il vous suffit de passer d’une pensée moniste (je ne réfléchis qu’à un truc auquel je crois dur comme fer parce que c’est mon identité, ma bataille) à une pensée dualiste (j’intègre la mise en balance de deux éléments opposés dans ma réflexion, donc je fais de la dialectique, dans le but de trouver une solution à un problème).

      En gros, faut passer de la conviction à l’analyse.

      • Madame Mado dit :

        « autrement dit, tirer pour moins cher. »

        Hors de question de baisser les tarifs ! Vous trouvez que mon secteur d’activité n’est pas suffisamment en crise ?

        • Pascal, (l'autre) dit :

          Toujours le « mirage africain » Madame Mado, même dans le domaine de la distillerie, les jeunes aujourd’hui ne boivent plus de pastis, ils se rabattent sur les eaux pétillantes!

          • Madame Mado dit :

            C’est bizarre, le Pascal que je connaissais avait l’accent italien et là, vous avez l’accent allemand. Vous êtes cousin avec Théo aussi ?

      • Félix GARCIA dit :

        Pi autre donnée : pognon = temps/temps de travail. À peu près.
        Plus ça coute cher, plus c’est long (tous les process mis bout à bout) à produire (en général).

      • Félix GARCIA dit :

        *processus de transformation

  3. Jason Bourne dit :

    Et ben il était temps qu’ils s’en rendent compte !
    Depuis des années, les consultants militaires dans les plateaux de télévision ont souligné cette faiblesse gigantesque de nos navires qui ne sont plus du tout adapté aux guerres « droniques ». En effet, le coût des drones est devenu tellement dérisoire par rapport au coût des missiles anti-aérien qui équipent nos FREMM. Je me souviens toujours de cette phrase d’un spécialiste, quand un drone de 20 000 $ est abattu par un missile de 250 000 euros. Ce n’est pas le drone qui a été abattu mais c’est le missile qui a été « perdu » voir consommé ! Biensur, au finalité, c’est de protéger le navire ou son groupe aeronavale mais ça veut dire qu’une vingtaine de drone suffiraient pour vider mes stocks de missiles de nos navires et les rendre inopérant ! Bref, il était temps de réfléchir à ces menaces qui à ajouter d’autres missiles beaucoup moins chère comme les mistake ou des equivalent des CIWS américains…

    • Petit missile dit :

      Les missiles « Mistake » ? Sans vouloir paraître défaitiste, un petit doute semble permis concernant leur efficacité.

    • Math dit :

      40mm CTA.

      • Jason Bourne dit :

        Effectivement, je viens de voir les images sur Google, c’est une belle bestiole, il faudrait juste augmenter les volumes de nombres de balles . Les 4 km de portée conviendrait parfaitement pour les drones rustiques…

    • Carnaval dit :

      Son groupe aéronaval, sa capacité aéronavale.

    • Avekoucenzeh dit :

      En dépit d’une homophonie trompeuse, le verbe « voir » ne signifie pas « et même ». C’est l’adverbe « voire » (généralement précédé d’une virgule et invariablement doté d’un e final) qui a ce sens.

      C’est le missile qui a été « perdu », voire consommé.

    • tschok dit :

      Oui bon, mais il ne fait pas perdre de vue que l’objectif de l’opération était surtout de donner une notoriété au missile Aster par rapport au Patriot, et surtout l’estampille « combat proven ».

      Par ailleurs, la surconsommation de munitions complexes que cette opération a engendrée a placé les militaires en position de force, puisque tout le monde s’est rendu compte qu’il y a avait quelque chose qui clochait dans cette affaire et que si nos navires devaient effectivement être engagés dans des combats de haute intensité leur dotation comme les stocks de missiles disponibles ne leur permettraient pas de durer très longtemps.

      Donc, c’est devenu un sujet politique.

      En conclusion, moyennant le tir de peut-être 10 ou 20 missiles Aster, certes à un bâton et demi l’unité, l’armée a pu faire prévaloir son point de vue sur ce sujet, alors qu’elle bataillait en pure perte depuis plus de 15 ans dans l’indifférence quasi générale.

      Cela dit, on ne sait pas exactement quels seront les prolongement concrets de cette victoire politique des militaires, vu l’intensité de la contrainte budgétaire actuelle et l’anarchie qui règne au parlement. Parce que maintenant, faut voter les crédits, quoi.

      Maintenant que tout le monde est bien conscient du problème, faut mettre le pognon sur la table. Et ça, c’est pas gagné.

    • NRJ dit :

      @Bourne
      En soit les américains ont les phalanx. Ça coûte cher à installer, mais ça devrait suffire contre des drones.

    • Shareholder dit :

      Les autres missiles ne sont pas beaucoup moins « chère », ils sont beaucoup moins chers.

  4. Jeanot dit :

    Le coût oui est à prendre en considération
    la bonne mesure à prendre c’est surtout de saturer la défense adverse.
    si on face de nous nous avons de bons radars et de bons missiles, type aster par exemple je suis pas certain que 4 exocets puissent percer la défense adverse.
    si par contre 20 30 ou plus arrivent,là ça va pas être la même histoire.
    Développer peut être des missiles leurres capables de donner multitudes de cibles pour un missile tiré serait peut être bien.
    Bien regarder la meilleure défense anti aérienne du monde israélienne qui n’a pas pu arrêter tous les missiles balistiques tirés
    A peu de choses prés ils sont tombés pas loin des hangars des f35.

    • blavan dit :

      Dans tous ces commentaires, on envisage que la défense contre l’ennemi , donc on subit la saturation. Les israéliens ont bien compris qu’ils ne pourraient pas arrêter une attaque de saturation, et ils passent à l’offensive. Face à un ennemi déterminé , il n’y a plus qu’une réponse aujourd’hui la politique de la terre brulée, le Liban dans un premier temps va être détruit et l’Iran suivra si les attaques de drones et de missiles ne cessent pas !!!!

  5. PK dit :

    Quand l’armée commence à revenir sur terre, c’est bon signe. Pour le reste, comme ce sont des gugusses au pouvoir, ce n’est pas gagné !

  6. Vieilles recettes dit :

    Un canon classique long, de 200 mm ou plus ?

  7. Rakam dit :

    Les drones oui certainement, mais aussi le Rapid fire calibre au choix,mais en terme de saturation d’espace pour abattre des drone rien de telle..

  8. E-Faystos dit :

    C’est là que les Ukrainiens et leur expérience devient importante.
    si pour traiter une petite cible, on peut dorénavant avoir le choix entre un missile à un million et lancer un drone bombardier réutilisable, ça vaut la peine d’installer une catapulte quelque part sur une FreMM, et d’embarquer quelques grenades ad-hoc.
    et non, je ne dit pas que ce sera pas là panacée: ça va demander de former des opérateurs, d’installer des équipements coûteux, qui feront redondance avec l’hélicoptère.
    hélicoptère appelé à être multi mission.
    mais comme il ne pourra être en vol H24, un drone de support ne serait pas du luxe.

    • 3e personne du pluriel dit :

      Les Ukrainiens et leur expérience deviennent.

    • HMX dit :

      @E-Faystos
      La clé, c’est la redondance et la complémentarité des moyens de protection, et le caractère multicouche des systèmes de défense. Exactement le contraire de ce que nous avons fait jusqu’à présent, avec des frégates qui disposent quasi-exclusivement de missiles, certes très performants, mais en nombre échantillonnaire, et dénuées de systèmes de protection terminale.

      Face à la diversité des menaces, et à leur potentiel caractère saturant, nous devons développer de nouvelles approches multicouches :
      – couche haute : missiles Aster et Aquila pour les menaces les plus létales (missiles balistiques et missiles hypersoniques manœuvrants notamment),
      – couche intermédiaire : MICA NG, et potentiellement une version ensilotée du Meteor,
      – couche basse : beaucoup de solutions, mais on peut notamment citer le canon RapidFire 40mm, le laser d’autodéfense, les missiles low-cost à courte portée (à l’image du missile Martlet), et enfin les drones intercepteurs de drones (dérivés de drones FPV), solution légère, low cost et très efficace contre les drones légers. Ces drones intercepteurs prennent peu de place et pourraient facilement être embarqués à plusieurs centaines d’exemplaires dans des containers légers sur le pont des navires à protéger, pour contrer les attaques par essaims de drones.

      Comme le souligne l’article, la place risque de manquer sur nos frégates pour intégrer ces nouveaux armements. Et ce d’autant plus qu’on a eu la « bonne idée » de concevoir des frégates de taille réduite, les FDI, dotées de capteurs très performants mais nativement sous-armées, et avec très peu de place disponibles pour des évolutions ultérieures (sauf « chirurgie lourde » et peu probable, type ajout d’une tranche VLS…).

      La solution passe dans notre cas par une défense distribuée, avec de grands drones de surface (cf. le concept Seaquest-L de Naval Group : https://www.meretmarine.com/fr/defense/naval-group-devoile-sa-nouvelle-gamme-de-drones-de-surface-de-6-a-plus-de-50-metres) qui serviront de piquet radar et sonar au profit de la frégate, mais aussi de « réservoir à munitions » le cas échéant pour aider à contrer tout type d’attaque, même saturante.

      Enfin, s’il est essentiel de se doter de moyens défensifs, il ne faudrait pas pour autant oublier de nous doter de moyens offensifs équivalent, pour saturer des défenses terrestres ou navales adverses. Il serait relativement aisé de nous doter de drones à longue portée, inspirés de la famille des Shahed 136 iranien, capables de voler longtemps à basse altitude, de traquer des cibles navales, et de mener une attaque coordonnée à très longue portée avec plusieurs dizaines d’appareils sur une cible terrestre prédéterminée, pour « user l’adversaire » avant un éventuel coup de grâce mené avec des moyens plus performants (Exocet, SCALP, FMAN/FMC…). Faute de place disponible sur les frégates, ces drones low cost auraient eux-aussi leur place dans des containers montés sur les grands drones de surface évoqués ci-dessus.

      Une solution d’attaque par essaim de drones kamikazes légers (quadcopter ou équivalent) pourrait aussi être développée : une munition cargo (cellule de drone ou de missile) serait lancée en direction d’une cible. Arrivé à distance suffisante de la cible, la munition éjecterait des dizaines de drones légers, qui attaqueraient la cible de façon coordonnée pour la détruire ou la neutraliser. Déclinable en version navale et aéroportée, une telle munition apporterait une grande valeur ajoutée à notre arsenal.

      • Aymard de Ledonner dit :

        Le meteor combine un accélérateur à poudre à une vitesse initiale élevée (grâce à l’avion porteur) pour atteindre une vitesse permettant de faire fonctionner son statoréacteur. Donc je ne crois pas trop à une version ensilotée.
        Le meteor a par ailleurs été conçu pour conserver une vitesse très élevée même après une trajectoire de plus de 100km. C’est un objectif très différent de celui assigné à un missile de défense AA contre les missiles.
        Les Shahed 136 ont un intérêt contre des cibles terrestres. Contre un navire, sachant qu’une tourelle de 20mm un minimum performante (type narwhal) pourra envoyer plusieurs dizaines au tapis sans trop de souci, je suis plus sceptique.

        • HMX dit :

          @Aymard de Ledonner
          Je pense qu’il n’y a rien de structurellement impossible à doter le Meteor d’un booster plus imposant, pour lui permettre d’atteindre l’altitude et la vitesse initiale requises pour allumer son statoréacteur, tout en conservant une portée et une « no escape zone » très intéressante, même avec un tir à la verticale effectué depuis la surface. En étant un peu optimiste, un tel missile « Meteor VL » resterait sensiblement moins cher qu’un Aster 30, avec l’avantage de pouvoir « recycler » les Meteor de l’AAE dans la Marine Nationale moyennant quelques adaptations (à l’image des missiles MICA/ MICA VL). Piste à creuser…

          S’agissant des drones inspirés des Shahed 136, à la base très « low cost », cela reste très intéressant de conserver une certaine rusticité dans la conception, tout en y apportant quelques raffinements « raisonnables », comme par exemple :
          – une boule optronique associée à une IA très basique, mais néanmoins capable de reconnaître et identifier une cible (comme un navire…).
          – On peut aussi imaginer un système de communication rudimentaire et discret (Ex : leds IR/UV clignotantes de faible puissance sur les ailes des drones de tête, dont les signaux seraient captés par les boules optroniques des drones suiveurs ?) permettant à un groupe de drones de voler en escadrille, et de coordonner leur attaque sur un objectif prédéfini.
          – Autre « option » intéressante : une fusée d’appoint basique, permettant au drone d’accélérer fortement (dans la limite de sa résistance structurelle…) dans les dernières secondes lors de l’entrée en phase d’attaque, pour maximiser la probabilité de pénétrer les défenses adverses.
          – Certains drones pourraient jouer un rôle de « chèvre », en remplaçant leur charge explosive par des leurres IR et radar, et en adoptant en phase d’attaque un profil de vol les exposant volontairement à la défense antiaérienne adverse, afin de détourner et semer la confusion dans la défense, et ainsi faciliter les coups au but du reste de l’escadrille,
          – etc…

          Bien sûr, la présence d’une boule optronique même basique, et/ou d’un petit système de communication par signaux lumineux, et/ou d’une fusée d’appoint, feront inévitablement gonfler le prix du drone. Il faudra viser un coût prévisionnel de l’ordre de 50 000€, et si possible moins, grâce à des composants achetés sur étagère dans des pays et filières préalablement sourcés et validés (moteur thermique, composants électroniques), une conception optimisée et une fabrication en série avec des matériaux simples, légers, mais résistants : bois, polystyrène extrudé, composites… un challenge tout à fait à notre portée, et même à la portée d’une PME innovante. Et en cas d’explosion des coûts, il ne faudra pas hésiter à faire l’impasse sur les « raffinements » trop coûteux pour ne conserver que l’essentiel : une cellule motorisée, un système de navigation autonome et fiable, et une charge explosive…

          Considérés comme des munitions, ces drones auraient vocation à être achetés et stockés en masse dans des containers « prêts à l’emploi », pour jouer pleinement leur rôle de saturation. Leur toute première qualité serait en effet leur nombre.

  9. Sempre en Davant dit :

    Détecter et détruire toutes ces choses qui tombent dans l’eau innocemment, comme des containers distrait, mais qui peuvent contenir force drones variés avec une réserve d’énergie de longue durée…

    Après l’Ukraine les asymétriques de marines seront bien houthisyéah.

    • Le cas Lembourg dit :

      « seront bien houthisyéah »
      J’essaie de comprendre le calembour, mais j’échoue lamentablement… Un coup de main venant d’esprits plus affutés ?

  10. Jul dit :

    Je voie mal avec quelle abtiment on pourrait reussir à faire ça quand on à un nombre de cellule en VLS completement désué et utlra limité…

  11. Claude C. dit :

    pensez à un Canon mhd à ogives en glace explosives ou non

  12. Appius dit :

    Serait-il possible d’avoir ces canons électromagnétiques sur des navires à propulsion nucléaire ? Les réacteurs pourraient fournir l’énergie nécessaire.

    • PK dit :

      Le problème n’est pas trop de fournir la quantité d’énergie, mais le fait de disperser la chaleur du départ du coup…

      En gros, c’est assez facile de tirer un coup, mais pas plusieurs.

      Toute ressemblance avec des expériences humaines est absolument fortuite.

      • Roland Desparte dit :

        @PK
        Heureusement que votre pseudo n’est pas PQ…
        Plaisanterie mise a part, vous avez raison.
        Et pour info, l’Institut franco-allemand de recherches Saint-Louis (ISL) travaille sur l’accélération électromagnétique et devrait présenter un prototype militaire en 2027 (En collaboration avec KNDS France, NavalGroup, Diehl Defence (D), Explomet (PL), Icar (I), l’Institut von Karman (B).

      • Dupanloup dit :

        Je ne vois absolument pas de quoi vous pouvez bien parler.

    • PPCM dit :

      Oui bien sûr, mais pas indispensable, propulser un obus ne requiert pas une énergie gigantesque. Cela ne dispenserait pas de disposer de dispositifs d’accumulation d’énergie, capable de la restituer en quelque millisecondes.

    • HMX dit :

      @Appius
      Oui, c’est évidemment concevable.

      Cela l’est d’autant plus avec l’avènement des SMR (small modular reactor). Beaucoup plus légers, moins encombrants, moins complexes et moins dangereux qu’un réacteur nucléaire classique, ces SMR ouvrent des perspectives nouvelles en matière de production d’énergie et de propulsion des navires militaires en mode « tout électrique ». Un SMR pourrait ainsi fournir l’énergie nécessaire pour recharger des batteries servant à la propulsion (par exemple batteries lithium-ion), tout en étant capable d’alimenter en énergie d’éventuels lasers ou canons électromagnétiques. Cerise sur le gâteau, les SMR compte tenu de leur encombrement limité, pourraient aisément être installés sur des navires du gabarit d’une frégate.

  13. Le Suren dit :

    Pourrait-on imaginer une 12,7 montée sur un drone pour abattre ses adversaires ?

    • E-Faystos dit :

      voire même des roquettes à guidage laser, plus efficaces et précises, sans recul…

    • ji_louis dit :

      Le recul du tir déséquilibre le drone. Les russes ont essayé avec une kalach : rien de bon.

    • HMX dit :

      @Le Suren
      Oui bien sûr. Tout dépend de la taille du drone, et de la qualité du dispositif de stabilisation du berceau de la 12,7mm.

      Compte tenu du poids de la 12.7mm, de ses munitions, et surtout du poids prévisible du dispositif de stabilisation nécessaire à une mise en œuvre précise, il faudrait à vue de nez un drone d’un gabarit proche d’une tonne, capable d’emporter une charge utile de l’ordre de 200kg.

      A titre indicatif, et pour comparaison, la tourelle THL30 du Tigre pèse 212kg à vide (canon de 30mm), sachant qu’il faut encore compter à peu près le même poids pour les 450 munitions de 30mm embarquées. Un équivalent en 12.7mm de cette tourelle reconnue pour sa grande précision pourrait être développé, pour un usage sur drones de combat. Il faudrait viser une masse maximale de 200kg, tourelle approvisionnée.

      Ce poids serait sans doute rédhibitoire pour un hélidrone type VSR700, qui équipe déjà la Marine Nationale mais qui n’a pas été conçu dans ce but. Un potentiel « grand frère » plus musclé du VSR 700 pourrait en revanche intégrer sans problème un tel équipement (et sans doutes quelques missiles ou roquettes guidées en prime….). Autre hypothèse : un drone type quadcopter d’environ une tonne, qui emporterait la 12.7mm en position ventrale, dans son berceau stabilisé. De tels drones seraient susceptibles d’intéresser fortement l’ALAT, pour accompagner/remplacer ses Tigre…

  14. Anonyme dit :

    Cà existe déjà, çà s’appelle CIWS et il y en plein sur le marché : des plus basiques (Vulcan 20 mm ou AK-230) aux plus perfectionnés (Rapidfire, Pantsir-M) en passant par la moyenne gamme (Goalkeeper, AK-630)…

    • E-Faystos dit :

      vous avez une vision qui se contente de la protection rapprochée.
      ce que l’article met en avant, c’est l’option d’acquérir une capacité plus large, plus polyvalente qu’un canon qui tire trente secondes d’affilée avant d’épuiser ses munitions avec une.portée de seulement quelques kilomètres.

    • Ceci cela dit :

      Le pronom démonstratif « ça » s’écrit sans accent. Il est la forme familière de « cela », qui n’en a pas non plus.

      Ça existe déjà, ça s’appelle CIWS.

      Si votre correcteur ne vous signale pas cette erreur, c’est que le mot « çà » accentué existe aussi, mais c’est alors un adverbe de lieu (celui de l’expression « çà et là ») ou une interjection (comme dans « Ah çà ! »).
      https://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A7%C3%A0

    • Questions dit :

      On peut se poser les questions suivantes :
      – face à des attaques massives et répétées, les soutes à munition dédiées à ces systèmes très consommateurs seront-elles raisonnablement suffisantes ?
      – peut-on chaîner suffisamment de munitions pour abattre un essaim de 40 drones par exemple ?
      – les canons vont-ils résister à l’échauffement consécutif aux tirs nécessaires pour abattre 40 drones par exemple ?

  15. Matou dit :

    Le principe d’évoquer le coût de la cible qui est protégée en regard du coût du missile par rapport un drone n’est que pure rhétorique, pour faire passer la pillule d’une surconsommation d’armes en nombre limité et extrêmement honéreuses. C’est totalement dénué de sens pratique. Le propos du général Bukhard remet l’église au milieu du village. Maintenant il faut trouver des solutions. Dans les années 40, les grands navires de surface étaient truffés de DCA et de canons divers et variés. Les unités étant plus petites aujourd’hui, c’est la place qui risque de manquer en effet pour embarquer des munitions. On évoque des drones contre des drones mais le problème risque d’être le même : combien sont embarquables eu égard à la place disponible. Bref, il va falloir trouver les bonnes munitions, de taille réduite, efficaces, mais aussi trouver de la place pour les stocker et pouvoir les mettre en oeuvre rapidement. Un bon travail d’ingénierie système en perspective.

  16. philippe renard dit :

    Qui va faire la meme chose

  17. Rakam dit :

    Le canon laser ou électromagnétique est de toute façon à l’état de prototype,donc pas dans les clous avant de longues années, alors que là c’est maintenant…

  18. VieDesign dit :

    « aujourd’hui, nous avons essentiellement misé sur des armes de décision »

    Pourriez vous m’expliquer ce concept de « armes de décision » s’il vous plait?

    • E-Faystos dit :

      un Scalp
      pour rester dans le niveau tactique

    • tschok dit :

      @VieDesign,

      L’amiral oppose deux catégories d’armes:

      – Les armes dites de « décision » qui, comme leur nom l’indique, emportent la décision: en termes militaires, cela signifie que vous mettez fin à l’indécision d’un combat, c’est-à-dire qu’elles vous permettent d’imposer votre volonté à l’adversaire, autrement dit vous détruisez votre adversaire à coup sûr, ou avec un haut degré de probabilité. Ces armes ayant un fort contenu technologique, elles sont en général rares, coûteuses et longues à fabriquer (de plusieurs mois à plusieurs années). Elles sont donc précieuses, ce qui implique que vous ne pouvez pas vous offrir le luxe de les gâcher.

      En outre, leur mise en œuvre implique souvent un personnel qualifié, lui aussi précieux pour les mêmes raisons (rareté de la ressource humaine, coût et longue durée de la formation). Ces armes et leur environnement constituent donc un actif de haute valeur.

      Les armes de décision sont typiquement des munitions complexes comme les missiles Aster, Météor, Akeron, A2SM, etc.

      – Les armes dites « d’usure » sont tout le contraire: elles ne permettent pas en soi d’emporter la décision, mais il faut au moins qu’elles permettent de réduire l’aléa (rendre plus certain le « sort des armes », c’est-à-dire la victoire), en provoquant l’usure de l’ennemi. Elles sont consommables, dit autrement vous pouvez les utiliser avec beaucoup moins de restriction quantitatives, elles sont moins sophistiquées, plus abondantes, moins coûteuses, etc.

      En fait, pour le dire plus simplement: les armes d’usure peuvent être « usée »: on peut en faire usage, donc les consommer, voire les sacrifier avec bien moins de restrictions que dans le cas des armes de décision, et en particulier on accepte plus facilement que la décision d’en faire usage soit à discrétion des chefs de corps, sans autorisation préalable d’un échelon supérieur qui souhaiterait avant tout préserver ses précieux moyens.

      Il s’agit typiquement de munitions plus simples comme les obus classiques de 155, obus de mortier de tout calibre, balles de fusil et de mitrailleuse, grenades, etc.

      L’amiral observe à juste titre qu’on s’est focalisé sur les armes/munitions complexes, très sophistiquées et coûteuses, mais qu’on n’a pas suffisamment modernisé les armes/munitions d’usure afin de leur donner une efficacité qui permette de les employer contre des armes nouvelles, telles que le drone, typiquement, sans avoir à entamer le faible stock d’armes de décision dont on dispose.

      En réalité, il manque une catégorie intercalaire entre l’arme de décision, à fort contenu technologique, et l’arme d’usure, à faible contenu technologique. Donc, il faut inventer un nouveau segment avec un contenu technologique suffisant pour faire face aux menaces nouvelles, mais sans créer par technologisme excessif une arme qui deviendrait trop complexe et coûteuse, ce qui nous ferait retomber dans l’impasse du monisme – ou du monolithisme, j’hésite – de l’arme de décision.

      C’est ça, je crois, qu’il veut dire in fine.

      Dernière observation: l’amiral parle d’armes, mais dans la pratique le sujet ne doit pas être distingué de celui des munitions ou des systèmes, voire des équipements. On va dire « armes » pour simplifier, mais le concept est plus global.

    • PK dit :

      C’est du blabla pour vendre hors de prix un objet militaire sous prétexte qu’il apporte un gain immédiatement avantageux sur le terrain.

      En pratique, cela coûte cher et ne fonctionne pas. Sauf pour les finances du vendeur qui en général, s’en sort très bien.

    • vrai_chasseur dit :

      C’est comme la tauromachie :
      – armes d’usures, ce sont les petites banderilles et coups de fers de lance des picadors destinés à fatiguer le taureau
      – armes de décision, c’est l’épée du matador, acérée, pointue et courbe, onéreuse car longue à forger et à tremper, qui permet de donner le coup de grâce d’un seul geste très précis.
      NB je ne suis pas spécialement adepte de la tauromachie, c’est une simple comparaison.

      En l’espèce les armes de décision sont des missiles de haute technologie, très précis, quasi-imparables, destinés à une frappe chirurgicale forte pour neutraliser les « centres de gravité » de l’adversaire : centres logistiques, centres de transmission, centres de commandement etc
      Il est intéressant de voir que « l’usure » n’est pas vue ici par la MN uniquement dans le volet défensif mais également dans le volet offensif -et c’est bien comme cela qu’il faut l’aborder-. La capacité d’emport d’une frégate n’étant pas extensible à l »infini, cela passera à terme par des « ailiers », gros drones auxiliaires d’emport de complément, remplis de « petites armes d’usure » comme des drones volants ou marins, et opérés depuis la frégate. Le champ d’expérimentation est très large.

  19. ONERESQUE dit :

    Le futur CHI naval risque effectivement d’être fortement synonyme pour les frégates de « déluge » d’effecteurs sur 360° d’azimut et 90° de site…Un déluge convergeant en mode gamme XXXXL : sea-skimmers subsoniques et supersoniques, missiles balistiques, hypersoniques semi-balistiques tendus, munitions téléopérées, drones furtifs à évasives en essaim, FPV, bombes planantes…Une panoplie agressive donc particulièrement délétère qui n’est actuellement traitable par une frégate de la Marine Nationale QUE si chacun de ces éléments arrive bien gentiment « en respectant son tour », avec son « ticket d’entrée individuel séquentiel » dans la bulle de défense du navire….

    1> Bien entendu, s’attendre à un défilé d’effecteurs offensifs ennemis bien ordonné, en mode bien orchestré, aimable, façon… « au suivant ! »…est naturellement une vue de l’esprit non auto-réalisatrice dont la naïveté n’échappera à personne. Ce n’est que la relative « modestie » des moyens Houthis qui explique qu’il n’y a eu « que » 3 missiles balistiques lancés simultanément sur la Fremm DA Alsace le 21 mars 2024 et non pas une pluie de 12 à 20 engins, accompagnés de drones saturateurs..Une configuration « cool » qui ne se retrouverait pas face à la PLAN…..

    2> Les projections tactiques des EM marine anti-occidentaux intègrent obligatoirement dans leurs modèles des méthodes d’attaque capables de contrevenir à l’efficacité « bulle AA » des systèmes AEGIS ou autres Smart-L ou Sea Fire. Face à des dizaines de VLS équipés de SM-6, de SM-3, d’ASTER et d’ESSM, les modèles offensifs doivent exploiter les effecteurs attaquant dans l’objectif de traverser AEGIS, au moins à 10% de taux, sachant qu’un destroyer moderne ne peut subir beaucoup de coups au but, faut-il rappeler le Moskva, coulé par 2 Neptune ou le Sheffield par 1 Exocet ?

    3> Les simulations d’attaque contre des bulles AEGIS (ou autres) qui s’avèrent capables d’aboutir à quelques coups au but sont donc nécessairement celles qui sont parvenues à une développer une des 2 méthodes (ou les 2) : SATURATION ; PERCEMENT. Percer revient à développer des missiles ultra-furtifs comme le NSM de Kongsberg qui a stupéfié l’US Navy par sa discrétion radar OU des hypersoniques de type Zirkon, dont l’efficacité reste à démontrer. Saturer revient à un « arrosage » des frégates par AU MOINS une quinzaine de missiles de trajectoires différentes combinant rasant sea-skimmer et balistiques arrivant EN MÊME TEMPS ! Combiner les 2 crée une synergie encore plus redoutable…

    4> Face à ces tactiques de « saturation azimuts&sites – discrétion, hypervélocité », les frégates devront effectivement « changer de braquet défensif » d’un facteur très très significatif….S’il est difficile de rajouter des VLS, l’une des SOLUTIONS reste donc d’installer des canons tir rapide (ou des SeaRAM) aux 4 coins des navires, une refonte en revanche très faisable. Le tout naturellement asservi aux systèmes de détection vecteurs rasants et aux conduites de tir adéquates. Chaque FDI ou FREMM devrait ainsi disposer de 3 à 4 RapifFire couvrant 360° sans angle mort. On revient en cela aux équipements qui prévalaient dans la seconde moitié de la WW2 avec les très nombreux canons de 40 mm Pom-Pom anti-kamikaze qui hérissaient les ponts des croiseurs…On notera aussi que l’équipement futur des projets de frégates néerlandaises, allemandes et autres comprennent 2 SeaRAM et non plus un. 3 serait encore meilleur…

    5> Enfin, le laser et le Railgun restent naturellement intéressants dans cette optique de réduction drastique des coûts de tir, mais ils butent encore sur des défauts extrêmement gênants. Le laser doit être pointé au moins 3 à 5 s sur sa cible s’il fait moins de 100kW. Seul un 500kW ou 750kW (et encore voir les résultats de l’ABL US de 1MW sur 747) pourrait abattre presque instantanément et repointer…Ceci à CONDITION que la cible ne soit pas trop « réflectrice »…Réaliser des ogives polies comme des miroirs sur des missiles suffit à contrecarrer l’essentiel des effets thermo-ablatifs d’un laser. Pour sa part, le railgun doit surmonter les énormes obstacles technologiques engendrés par les milliers d’Ampère qui circulent et l’effet Joule associé, ainsi que l’échauffement cinétique de l’obus Mach 5 à 7 en zone confiné ( voir les flammes crachées par le Railgun BAE-ONR abandonné) ….A la clé, rails rayés, déformés, craquelés…qui auto-aggravent ces phénomènes pour les coups suivant !!!

    • tschok dit :

      Sur votre 5, oui, c’est quelque chose sur lequel on insiste pas assez.

      Vu les niveaux de puissance qu’on peut embarquer dans un véhicule terrestre ou aérien à ce jour, le laser reste une arme qui, contrairement à une balle de fusil, qui délivre instantanément son énergie lors de l’impact, fonctionne par effet de saturation.

      Donc, non seulement il faut de la puissance et de la précision, mais il faut encore durer dans la puissance et la précision pour que le faisceau laser s’applique au même point de la cible pendant un temps assez long, alors que la cible et le vecteur du laser bougent.

      Tout cela était assez bien expliqué dans cet entretien du Point: https://www.lepoint.fr/monde/israel-l-arme-laser-iron-beam-est-tres-probablement-operationnelle-19-10-2023-2539997_24.php

      Notamment le rapport entre puissance absorbée par le laser et sa puissance restituée: par exemple, pour un laser de 100 kW en sortie, il faut fournir 400 kW de puissance en entrée.

    • leo dit :

      @Oneresque: La conclusion c est que c est vraiment très difficile de protéger un navire de surface.
      On en vient donc à penser que:
      -autant que faire se peut, il faut se passer de navire de surface, et en premier lieu on doit s interroger sur la pertinence de construire un nouveau porte avion, qui devrait être abandonné ne serait ce qu en raison de l état de nos finances publiques
      -privilégier des tailles de navires les plus petites possibles, sans personnel à bord, ou des sous marins moins vulnérables, peut être développer un concept de submersible qui naviguerait la plupart des temps en surface et uniquement en zone dangereuse sous l eau, à faible profondeur
      -truffer les navires actuels et à venir de SeaRAMs

      • Roland Desparte dit :

        Bonjour leo,
        Le SeaRAM, “successeur“ du Phalanx, tout comme le Millennium allemand, sont des armes très couteuses dont l’efficacité est inférieure au RapidFire. Le SeaRAM ne dispose que de 11 missiles d’interception (pas d’obus), à la différence du RapidFire qui dispose “à volonté“ de cinq types de munitions obus (dont l’A3B (Anti-Aerial AirBurst), une munition télescopée qui en explosant projette à grande vitesse 200 billes de tungstène… En 2011 et 2013 des essais ont été effectués à Biscarosse (Centre d’essais de la DGA) contre des drones en essaim et son efficacité a été jugée nettement supérieure aux divers lance-missiles. La cadence de tir du RapiFire est de 200 coups/mn et ce dernier est capable de former une barrière de billes face aux drones et missiles. Quant au multitube Phalanx (Gatling), si sa cadence de tir est de 3000 à 4600 coups/mn son autonomie est cependant limitée (30 secondes environ) avec seulement 1500 obus en réserve, et ce dernier n’est efficace qu’à 1500m à 2000m maxi, à la différence du RapidFire dont la portée est de 4000m avec une extrême précision.
        RapidFire : https://youtu.be/XuSnsqiiG5Q
        Le seul problème, comme déjà dit par ONERESQUE, c’est le nombre limité de RapidFire à bord de nos vaisseaux de combat et les angles morts du système.
        Pour le porte-avion c’est non seulement une force de projection grandement protégée, mais aussi un vecteur diplomatique à ne pas négliger.

    • Roland Desparte dit :

      Bonjour ONERESQUE,
      Bonne analyse. Cependant je pense qu’il faut sortir le Railgun car il ne serait efficace qu’à longue distance et sa cadence de tir pose problème, sans parler de ses autres défauts que vous avez justement évoqué. Donc, oui, il faut muscler la défense AA de nos navires et sites sensibles, mais en ce qui concerne nos frégates je ne sais pas si leur structure permet un nouvel agencement ? Un défaut d’anticipation, certainement, mais fonction des enveloppes budgétaires allouées…

  20. Stakhan Vada dit :

    Ces déclarations sont navrantes. « Armes peu chères »… »user l’adversaire ». Mais dans quel monde vivent ils pour affirmer de telles aberrations? Sont-ils au moins conscients de l’état général de nos forces. Nous n’avons plus d’armées dignes de ce nom. Pas de masse de manœuvre, peu de munitions, matériel insuffisant, logistique aux fraises, formation et entraînements insuffisants. Quant aux réserves… Quelles réserves? Sérieusement. Même si nos amis suisses voulaient nous envahir, ce serait l’affaire de quelques jours.

    • Pascal, (l'autre) dit :

      ON EST FOUTU! C’est plus concis et on………………….gagne du temps de lecture!

    • E-Faystos dit :

      les Suisses ne voudront pas.
      trop de chômage, de pleurs et de polémiques.
      après, se contenter d’une situation même si il est convenu qu’elle est intenable, c’est ce que Bercy à fait pendant des décennies, au nom de la « paix sociale ».
      Au moins, il y a ici un officier qui dit que :
      la France ne peut pas tirer des missiles à chaque fois qu’un drone artisanal traverse son champ de vision
      que l’on aurait pas dû attendre aussi longtemps pour comprendre que faire de la contre piraterie ne demandait pas de moyens qui arrachent un rein à chaque tir.

      • jo666 dit :

        Pour rappel , le Général VIAUD a été démis de la DRM pour ne pas avoir prévu le déclenchement de la guerre en Ukraine à cause de la démographie en Russie. Il faudrait faire le ménage à la CMAT et à la DGA. Ce sont des petits . Ils refusent le small business act. Un obus coûte 6000 euros

    • tschok dit :

      Non, il y a un contenu intellectuel dans les déclarations de l’amiral, mais encore faut-il le saisir. Je crois que ce n’est pas du tout votre intention, si j’en juge par l’amertume de votre diatribe qui n’a pour seul objet que de vous décharger de vos rancœurs et autres frustrations en les rendant publiques.

      C’est tout à fait humain, mais là vous n’êtes en mode « système nerveux qui se décharge » et cela ne présente qu’un faible intérêt, dans votre cas (vos colères sont un peu trop adolescentes et banales pour éveiller la curiosité).

      Si vous pouviez passer en mode réflexif, je crois que ce serait plus agréable pour tout le monde. Vous avez certainement des choses intelligentes à dire.

    • PK dit :

      « Même si nos amis suisses voulaient nous envahir, ce serait l’affaire de quelques jours. »

      N’exagérons rien : les Suisses simulent désormais beaucoup et on n’a jamais vu un simulateur passer à l’acte.

    • Elwin dit :

      Vite, votre drapeau blanc !

    • LW dit :

      Arretez de geindre, le budget de la défense et de l’intérieur sont les seuls à échapper au massacre budgétaire, tout un symbole.

  21. Roland Desparte dit :

    Un “petit“ développement…
    Certains proposent des systèmes de brouillage. Les américains ont mandaté la RAND Corporation (Research ANd Development Corporation : une société US de conseil et de recherche ayant pour vocation l’analyse stratégique) pour étudier les effets du brouillage sur un essaim de drones de combat américains XQ-58 évoluant au-dessus du détroit de Taïwan. Il en résulte que la puissance dégagée par un seul brouilleur est trop faible pour brouiller l’intégralité des communications d’un essaim. Le brouillage impose donc de disposer de plusieurs brouilleurs coordonnés. Cette parade semble actuellement la plus efficace [Ainsi que l’ont démontré les russes en Ukraine].
    D’autres études ont été menées, en particulier grâce à la modélisation d’attaques saturantes. Ainsi, un essaim de 2500 drones iraniens Shahed-136 lancés sur 8 navires équipés de deux canons antiaériens à courte portée de type Phalanx, a démontré que seules 200 cibles pouvaient être abattues à chaque attaque et que le coût financier était élevé (38 millions de dollars, avec une consommation effective de 1 941 munitions par attaque). Une autre étude a été menée en modélisant une attaque terrestre sur une unité de 13 blindés type Scorpion par 200 quadricoptères équipés de charges creuses. Pour l’essai, les blindés étaient équipés de systèmes d’autoprotection de type hard kill et ont chacun neutralisé une dizaine de drones, soit 130 drones détruits (reste 70…). Le coût munitionnaire de l’attaque a été estimé à 812 000 euros (sans compter la destruction des blindés en cas d’attaques réelle). Ces attaques par saturation ne sont donc actuellement pas totalement solutionnées…
    Des études et RETEX émergent quelques “solutions“.
    La première est l’emploi du RapidFire de Thales et KNDS (moins couteux que les Phalanx) et dont l’efficacité est assurée par une conduite de tir automatique et une visée optronique précise, mais le RapidFire est en difficulté lorsque les attaques se développent sur plusieurs axes par un nombres important de drones (saturation) ; ceci semble impliquer de couvrir les angles morts et de disposer de plusieurs RapidFire en action. Il faudrait donc investir…
    Une autre alternative est le développement en cours des armes à énergie dirigée (AED) dont un prototype a été testée par la DGA. Si les essais sont prometteurs, un point faible est apparu en ce sens que l’arme a besoin d’être pointée plusieurs secondes sur chaque cible pour la détruire ! Et selon la même problématique que pour le RapidFire les AED présentent des limites pour traiter certaines cibles sous certains angles… [Certains proposent d’utiliser les AED pour simplement flasher (aveugler) les capteurs optiques des drones pour les rendre inopérants].
    La dernière solution est l’emploi de l’arme à micro-ondes E-TRAP de Thalès. Cette arme ou « High-Power Microwaves » (HPM) émet à 360° des impulsions électromagnétiques de forte puissance qui dégradent immédiatement les composants électroniques des drones. Ce système est particulièrement efficace contre les essaims de tous types de petits drones actuellement sur le marché et des tests sont en cours pour les plus gros. Un système plus intéressant que les AED car la source d’énergie est réduite, ainsi plusieurs centaines de “tirs“ peuvent être effectués avant de recharger les batteries. Un démonstrateur a été conçu en 2019 et ce projet très prometteur est activement soutenu par la DGA [A noter que la France est leader mondial, cocorico !].

  22. Schwarzwald dit :

    rien de tel qu’un obus en terme de coût … par contre au niveau portée …

    • Ah ! Qu'en termes galants ces choses-là sont mises. dit :

      Ne pas confondre « à terme » et « en termes ». Le nom « terme » est toujours employé au pluriel dans la locution « en termes de ».

      Rien de tel qu’un obus en termes de coût.

      Cependant, l’Académie préconise de n’utiliser « en termes de » qu’au seul sens de « dans le vocabulaire de », car un usage au sens d’« en matière de » constituerait un anglicisme.
      https://www.academie-francaise.fr/en-termes-de

      Rien de tel qu’un obus en matière de coût.

  23. Lex dit :

    Tant qu’on se borne à intercepter ce qu’on nous envoie sans détruire ceux qui nous l’envoient, ce coté « économique » de la guerre est perdu d’avance, parce qu’on ne produira jamais moins cher que nos adversaires.
    Il faut supprimer le mal à la racine, mais au lieu de ça, on le nourri à grand coup d’aide humanitaire et d’aide au développement.

    Il faut accepter de supprimer nos adversaires sans ménagement.

    • Vinz dit :

      « on ne produira jamais moins cher que nos adversaires. »
      Bah si. Quelques obus de 40mm PPM ça coûte moins cher qu’un drone.

      • Lex dit :

        Si vous ne comptez que les obus, il manque une bonne part de l’équation !
        Ajoutez le canon, la tourelle, le bateau et l’équipage, et vous verrez que d’aller jouer les punching-ball en mer Rouge nous coûtera toujours plus cher qu’un Houthi qui lance un drone à 3 sous.
        Pour réduire réellement le coût de l’équation, il faut supprimer le Houthi.

    • Roland Desparte dit :

      Bonsoir Lex,
      Pas évident de détruire le Hezbollah ou les Houthis…

    • 3e personne du singulier dit :

      On le nourrit.

  24. VinceToto dit :

    Je vous ai compris.
    Il faut beaucoup investir dans la réflexion sur une potentielle réduction couteuse des coûts.

  25. Félix GARCIA dit :

    « Navy Just Reloaded A Vertical Launch System For The First Time While Underway At Sea »
    Having the ability to replenish surface combatants’ vertical launch system cells while underway is seen as critical to sustaining a fight in the Pacific.
    https://www.twz.com/news-features/navy-just-demonstrated-reloading-vertical-launch-system-at-sea-for-the-first-time

    C’est EXACTEMENT le système que j’avais proposé et décrit ici.

    Hein ? Quoi ?
    Oui, chuis fier de moi et j’le dis ! 😀
    « I want the credit ! »
    https://www.youtube.com/watch?v=tEaLZLdA1Fk
    ^^

  26. Félix GARCIA dit :

    HS MISTRAL :
    Clash Report@clashreport
    Ukrainian soldier fires French Mistral MANPADS, targeting a Russian UAV at night.
    https://x.com/clashreport/status/1846131101640557026
    Est-il problématique que cette vidéo soit disponible sur internet ?