Airbus et ses partenaires démontrent la complémentarité des hélicoptères et des drones aériens

Ces derniers mois, les retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine ont alimenté un débat sur l’hélicoptère de reconnaissance et d’attaque. Ainsi, et c’est le cas de l’US Army, certains estiment que ce dernier n’a plus d’avenir en raison de la généralisation des drones sur le champ de bataille. D’autres pensent exactement le contraire, comme le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT].

« Beaucoup semblent convaincus, à l’aune de l’expérience russo-ukrainienne, que l’hélicoptère est désormais en voie de déclassement, au mépris de certains retours d’expérience qui montrent qu’il produit encore les effets attendus sur le champ de bataille », a en effet affirmé le CEMAT. Et d’insister : « L’hélicoptère habité n’a pas dit son dernier mot » car la « place de l’homme, instrument premier du combat, reste déterminante ».

Cela étant, dans ce débat, il ne faut pas oublier les capacités dites MUM-T [Manned-Unmanned Teaming], lesquelles permettront à un hélicoptère [et /ou à un avion de combat] de contrôler un drone, voire plusieurs.

« Le couple hélicoptère-drone optimise les missions en termes de manœuvre, de renseignement et d’attaque, offrant une vision élargie et un effet démultiplié sur le terrain », a d’ailleurs souligné le Sirpa Terre, à l’occasion du 70e anniversaire de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT].

Le Tigre porté au standard Mk 2+ devrait posséder une telle fonctionnalité, de même que le NH-90 « Caïman », comme l’a indiqué Axel Aloccio, PDG du consortium NHIndustries, lequel réunit Airbus Helicopters, Leonardo et Fokker. En effet, dans un entretien à Breaking Defense, il a confié que le standard Block 2 de cet appareil, dont le contenu fait encore l’objet de discussions, pourrait prévoir une capacité MUM-T.

Cependant, encore faut-il que les technologies soient suffisamment arrivées à maturité pour envisager des usages opérationnels. C’est ce qu’ont cherché à démontrer les industriels impliqués dans le projet MUSHER, financé par l’Union européenne au titre de la Coopération structurée permanente [CSP] et dirigé par Thales.

Ainsi, entre le 30 septembre et le 9 octobre, tant en France qu’en Italie, Airbus Helicopters et Leonardo ont organisé une démonstration à grande échelle ayant impliqué des hélicoptères et des drones aériens, reliés à un réseau MUM-T unique.

Pour cette démonstration, à laquelle ont participé Thales, Indra, Space Applications Services et l’ONERA, Airbus Helicopters a fait interagir l’hélicoptère « FlightLab H130 » avec un drone aérien VSR700, sur lequel repose le programme de « Système de drone aérien de la Marine » [SDAM]. Les moyens mis en œuvre par Leonardo n’ont pas été précisés, si ce n’est que l’industriel italien a mobilisé « un hélicoptère et un véhicule éventuellement piloté ».

Plusieurs scénarios reposant sur des concepts opérationnels, élaborés par les ministères français, italien et espagnol de la Défense, ont ainsi été mis à l’épreuve.

L’un d’eux, a indiqué Airbus Helicopters, a mis l’accent sur la lutte contre la piraterie ». Ainsi, le drone aérien a d’abord tenu le rôle d’éclaireur pour l’hélicoptère avant d’être pris « en main » par ce dernier en vue d’une intervention.

Plus généralement, les « essais en vol visaient à démontrer les niveaux d’interopérabilité 2 à 4, depuis la réception directe des données du drone par les hélicoptères pilotés et la station au sol, jusqu’au contrôle et à la surveillance du drone depuis les hélicoptères », a détaillé Airbus Helicopters.

Et d’ajouter : « La démonstration a également permis de prouver que des hélicoptères pilotés et des drones de différentes sociétés et de différents pays, opérant dans des zones éloignées, pouvaient être intégrés au sein d’un seul système ».

« Le succès de la démonstration MUSHER est une avancée majeure dans la réalisation de notre ambition qui est de déployer des capacités MUM-T en réunissant le savoir-faire industriel européen au profit des clients militaires et civils », s’est félicité Bruno Even, le PDG d’Airbus Helicopters.

Photo : Airbus

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11 contributions

  1. GotoRaptor dit :

    Ça me semble cohérent de repousser l’héli derrière les drones en tant que station de commande aérienne. Les véhicules au sol son limité par le terrain où l’héli n’est pas, ce qui limite leur portée et vitesse (si le drone tombe au sol c’est plus facile d’aller le chercher en héli aussi). C’est aussi plus simple pour héli de d’emporter une charge plus lourde tel qu’un missile ou autre équipement.

    Les hélis doivent être adaptés à l’apparition des drones mais je ne pense pas qu’ils seront remplacés entièrement.

    • GotoRaptor dit :

      sont limités*

    • Grosminet dit :

      Citation: « si le drone tombe au sol c’est plus facile d’aller le chercher en héli aussi… »

      Dans une majorité de cas,certainement…..en dehors de la présence éventuelle de mines 😉

      Mais essayez donc de poser le ventilateur dans les bois,pour voir ^^

      • GotoRaptor dit :

        Ça va dépendre du drone, t’es pas forcé de te poser pour le récupérer. C’est comme une mission de sauvetage en mer. Vol stationnaire et quelqu’un descend au sol pour attacher le drone et accompagner la remontée.

      • grand dit :

        En voyant ton post je me suis dit qu’il fallait trouver une solution. J’ai donc inventé cette nuit le concept d’un câble relié à un petit moteur, que l’on pourrait faire descendre et remonter avec une télécommande. J’ai appelé cette invention un « treuil ». Habitant en montagne, je suis allé démarcher le PGHM local, celui de Briançon qui vole sur Choucas05, un ventilo bleu type EC145. Ils sont super chaud de tester ce concept futuriste pour peut être le développer mondialement. Je pense remplacer le câble par de la ficelle de botte afin de gagner en poids.

        • Gaulois78 dit :

          @grand
          hum, compliqué votre proposition de câble avec moteur..Plus rustique, à l’abri d’une panne technologique, j’imaginais une corde en sisal de 16 avec un gros aimant à une extrémité et deux mimines pour remonter le drone ? Je radote, Briançon dans ma jeunesse c’était mon principal point de départ quand je partais en randonnées sportives mon choucas perché sur l’épaule dans les massifs de la région, à l’époque sur la voie romaine on était pas dérangé par les rencontres, j’ai cru comprendre que ce n’était plus le cas depuis quelques années..

        • Aigle noir - Alerte rouge dit :

          Il y a ça qui serait bien aussi.
          https://dinkytvspace.com/wp-content/uploads/2017/12/prop-v-actual.png?w=924

    • HMX dit :

      @GotoRaptor
      A court/moyen terme, la seule solution est évidemment de garder l’hélicoptère le plus loin possible de la zone de menace, et d’envoyer des hélidrones qui serviront à la fois de capteurs et d’effecteurs déportés au profit de l’hélico.

      Cette « solution » est toutefois complexe et coûteuse : cela signifie qu’on conserve des hélicoptères de combat et leur précieux équipage, qu’on doit les moderniser pour leur ajouter (au minimum) des liaisons MUM-T et dédier un opérateur à leur contrôle, développer en parallèle un ou plusieurs modèles de drones de combat, développer le cas échéant des munitions spécifiques pour les drones et des munitions à longue portée pour l’hélico, sans oublier bien sûr les coûts de maintenance, les coûts de formation, les moyens de simulation, etc…

      Notre flotte d’hélicoptères de combat est déjà réduite en dessous du strict nécessaire, avec un objectif peu glorieux de 67 Tigre en dotation en 2025. Sachant qu’un Tigre coûte peu ou prou la moitié du coût d’un Rafale, et compte tenu de la réalité de nos moyens budgétaires, poursuivre dans cette voie conduira donc à une impasse opérationnelle. C’est évidemment possible technologiquement, mais au mieux, on n’aura les moyens de se doter que d’une maigre poignée de Tigre modernisés (la moitié du parc actuel ? le tiers ?), avec leur « package » de drones d’accompagnement. Cela reviendra dans les faits à réduire encore davantage nos moyens opérationnels, tout en dépensant au passage davantage d’argent. Toujours moins, pour toujours plus cher : c’est un non-sens. Il faut changer de logiciel.

      La solution, c’est évidemment de dépasser cette étape intermédiaire, et de faire le pari de droniser dès que possible l’ALAT et la fonction d’appui-feu rapproché. C’est exactement ce que sont en train de faire les américains, qui ont annulé leur programme FARA. C’est là dessus que nous devons travailler, avec comme objectif de constituer progressivement un stock conséquent de drones, comme on stocke des munitions.

      En attendant que les drones soient opérationnels, conservons notre flotte de Tigre. Ils peuvent encore rendre de précieux services, en particulier sur des théâtres relativement « permissifs » de basse ou moyenne intensité, qui ne vont pas disparaître sous prétexte que la « tendance » est au retour de la haute intensité.

  2. charly10 dit :

    Pour tous les anciens pilotes hélicos, dont je suis, il est toujours inquiétant de voir la technologie drone prendre le dessus. Mais il faut être pragmatique, les prix des hélicos sont à des années lumières de ceux des drones, et l’efficacité du drone tant en antichar qu’en combat sur ligne est aujourd’hui démontrée. En plus à cout très limité, quand on sait que selon l’adage « l’argent est le nerf de la guerre » ; La seule filière qui ne verra pas à terme diminuer son parc, c’est l’hélico de manœuvre, qui sera toujours nécessaire pour transporter les fantassins et matériels.

  3. Roland Desparte dit :

    « certains estiment que ce dernier n’a plus d’avenir »…
    En vrac : Les bombes et missiles (anti-personnel, anti-bunker, anti-char, anti-navire, anti-sous-marin, anti-aérien, anti-radar, dont les hypersoniques et bombes planantes…), les canons et obusiers de tous types (dont les électrothermiques), les nouvelles munitions (de tous calibres et destinations), les drones (terrestres, aériens, marins), les mines (antichar, antipersonnel, dont les IED, les bondissantes, les directionnelles à fragmentation, les électromagnétiques, …), les nouvelles capacités ISR (satellites, capteurs électromagnétiques, …), menacent effectivement les aéronefs, les blindés, les fantassins, …
    S’il est judicieux d’y réfléchir, prédire l’avenir c’est entrer en contact avec les esprits et les dieux ! Et ignorer que contremesures existent ou en voie de l’être (l’éternelle course aux armements et son effet spiral), me laisse perplexe quant à la capacité intellectuelle de certains officiers (trop) supérieurs.
    Si l’on devait retirer du service tous les matériels qui peuvent se faire neutraliser ou présentant un danger, on arrête de faire la guerre ! (Et ce serait certainement une bonne chose, mais l’utopie ne gouverne pas le monde…). Une armée se mesure aussi à sa capacité d’adaptation et au juste emploi des forces.

  4. Charognard dit :

    En même temps, si AIRBUS HELICOPTER ne pond pas cette « conclusion », il ne leur reete plus qu’à mettre la clef sous la porte.