Dissuasion : Porté au standard 2, l’avion ravitailleur A330 MRTT aura une capacité de guerre électronique

Le 8 octobre, à Saint-Dizier pour le soixantième anniversaire des Forces aériennes stratégiques [FAS] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a insisté sur la « crédibilité technologique » de la dissuasion, laquelle est « sans cesse questionnée et remise sur le métier, pour garantir dans la durée la supériorité des capacités de pénétration de la composante nucléaire aéroportée sur les systèmes de défense adverses ».

D’où la décision, annoncée à cette occasion, de faire évoluer le Rafale vers le standard F5 pour permettre la mise en œuvre du futur missile hypervéloce ASN4G [Air Sol Nucléaire de 4e génération] et de lancer le développement d’un drone furtif censé l’accompagner.

« Le standard F5 est une véritable révolution pour nos forces aériennes. Bien qu’il se base sur le même avion, le Rafale, c’est un changement au moins aussi profond que le passage du Mirage 2000N au premier Rafale », a souligné M. Lecornu. Et cette « révolution » est « celle de l’essor de la connectivité », a-t-il ajouté.

Ainsi, afin de déjouer des défenses aériennes adverses, souvent denses et toujours plus perfectionnées, le Rafale F5 devra être en mesure d’interagir avec « d’autres capteurs et effecteurs déportés, au sol, en vol comme vers l’espace », a expliqué M. Lecornu. Le drone de combat furtif, dont le développement a été confié à Dassault Aviation et qui bénéficiera des avancées obtenues par le démonstrateur nEUROn, tiendra un rôle déterminant.

Il est ainsi prévu que « le Rafale puisse être accompagné par un drone de combat furtif qui pourra l’appuyer dans la reconnaissance, le combat air-air comme dans les missions air-sol. Sa furtivité, son positionnement au-devant du Rafale, lui préparera le chemin et facilitera la pénétration », a détaillé M. Lecornu.

Cela étant, dans son discours, le ministre a omis de citer le Système de combat aérien du futur [SCAF] et le prochain standard de l’avion ravitailleur A330 MRTT « Phénix », mis en œuvre par la 31e Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégiques, laquelle fait partie des FAS.

Les travaux sur le développement du standard 2 de l’A330 MRTT ont été confiés par la Direction générale de l’armement [DGA] à Airbus en octobre 2023. Peu de détails sur leur contenu ont alors été donnés, si ce n’est qu’ils mettront notamment l’accent sur la « connectivité » [l’idée est de faire de cet appareil un « nœud de communications » à haut débit] ainsi que sur les « capacités d’autoprotection ».

Dans un entretien publié par Airbus, le 8 octobre, le général Stéphane Virem, le commandant des Forces aériennes stratégiques [COFAS], en a dit un peu plus.

« Le Phénix a révolutionné le transport et le ravitaillement stratégiques », a-t-il d’abord souligné. Et ce n’est pas fini étant donné qu’Airbus met actuellement au point le système A3R [pour Automatic Air-to-Air Refueling], afin de ravitailler des aéronefs en vol automatiquement.

S’agissant de l’A330 MRTT porté au standard 2, le COFAS a évoqué la connectivité et un « volet de guerre électronique » visant à « améliorer la survivabilité » de l’appareil et « donc du raid nucléaire ». Et d’ajouter : « Ces évolutions nous permettront d’accroître notre capacité à conduire des opérations aériennes complexes. Le but est de conserver tout notre crédit, dans un environnement qui sera de plus en plus contesté ».

Jusqu’à présent, la seule capacité de « guerre électronique » prévue pour l’A330 MRTT portait sur la connectivité, avec le projet MELISSA [Marché d’élaboration d’intégration et de soutien des stations satcom aéronautiques]. En effet, selon les explications données par la DGA en 2022, celui-ci doit permettre de « maintenir la connexion en bandes Ka militaire et civile avec le commandement ou entre aéronefs dans un environnement de brouillage électromagnétique par l’adversaire ou pour des conditions de vol très dégradées par la météo ».

Photo : Airbus

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48 contributions

  1. Fralipolipi dit :

    « « volet de guerre électronique » visant à « améliorer la survivabilité » de l’appareil »
    Cela pourrait correspondre à l’intégration d’une version de Spectra (et de ses capteurs) à bord des A330MRTT Phénix (?)

  2. Fralipolipi dit :

    Un tel « Spectra » pour A330MRTT pourrait assurément intéresser bien au delà de notre AAE nationale.
    .
    A nouveau de l’efficace et de l’économique français,
    à mettre en parallèle du projet « bulldozer » de l’USAF visant à faire faire ses ravitaillements en vol à des avions « stealth » au profil delta (type B21) … avions delta qui restent encore à développer.
    https://www.journal-aviation.com/actualites/47163-comment-l-us-air-force-est-en-train-de-faire-disparaitre-une-importante-competition-pour-ses-futurs-avions-ravitailleurs
    .
    Sinon, il y aurait une version bcp plus économique (car déjà largement développée par l’US Navy)
    https://theaviationist.com/2024/09/16/boeing-unveils-mq-25s-land-based-variant/

    • Charognard dit :

      @ Fralipolipi
      L’importance des avions ravitailleurs dans la dissuasion nucléaire n’est qu’un des aspects de cette approche, surtout avec une bombe nucléaire à double clefs et par gravité…
      https://meta-defense.fr/2020/09/24/la-vulnerabilite-des-avions-ravitailleurs-inquiete-lus-air-force/

      Avec un vecteur qui n’a toujours pas atteint sa pleine capacité opérationnelle, en attente de son futur moteur.
      Aperçu ceci, c’est intéressant…
      https://meta-defense.fr/2024/09/03/f-35a-vs-s-400-rcs-detection/

    • HMX dit :

      @Fralipolipi
      Sans aller jusqu’à intégrer l’équivalent du Spectra, l’intégration de nouveaux brouilleurs plus performants sur l’A330 MRTT est en effet souhaitable pour améliorer la survivabilité de l’appareil, qui demeure par ailleurs très vulnérable (comme tous les ravitailleurs). Dommage qu’on ait pas poussé la réflexion jusqu’à intégrer des leurres remorqués, connus pour être relativement efficaces pour leurrer les missiles assaillants, et dont le coût est relativement modéré :
      https://fr.topwar.ru/12650-buksiruemye-lozhnye-celi-raytheon-v-ale-50.html

      A moyen terme, pour réduire l’immense vulnérabilité de ces appareils, l’intégration d’un laser d’autoprotection est aussi une piste envisageable (mais coûteuse), sur un appareil du gabarit de l’A330.

      Pour résoudre ce problème de vulnérabilité et renforcer au passage le parc de ravitailleurs, il apparaît nécessaire de développer dès que possible une version entièrement dronisée de cet appareil. La tâche n’a rien d’impossible : la partie la plus délicate de la mission, à savoir le ravitaillement proprement dit, a déjà été automatisée (système A3R). Airbus travaille actuellement sur une version encore plus autonome (A4R) ainsi que sur le vol en formation autonome (AF2), qui vise notamment à anticiper l’arrivée prochaine de drones de combat ravitaillables en vol.

      Dans un conflit de haute intensité, les ravitailleurs seront les premières cibles de la chasse et de la défense antiaérienne adverse, comme l’atteste le développement de missiles à très longue portée spécialement conçus dans ce but. Il est donc, hélas, très probable que nous perdrons des ravitailleurs. Sauf à accepter le risque de perdre à chaque fois un précieux équipage, la dronisation de la fonction ravitaillement en vol constitue un passage obligé. En attendant de développer un jour un appareil spécifiquement dédié à cette mission (cf. les projets américains d’aile volante furtive pour le ravitaillement), le plus simple et le moins coûteux, à notre échelle, consiste à commencer par droniser les cellules d’avions ravitailleurs existants.

      • Fralipolipi dit :

        @HMX
        Droniser le ravitailleur, c’est ce que propose justement Boeing via son MQ25 élargi (Cf lien ci-dessus).
        .
        De notre côté, peut-être qu’il est délicat de droniser au départ un trop gros appareil, sachant que ce caractère ‘dronisé le dédiera avant les autres aux missions dangereuses, il aura donc une petite vocation à être « sacrifiable » … et l’A330 est un peu trop cher pour cela.
        .
        Pour du dronisé sacrifiable, il faudrait peut-être étudier du côté de l’A220 (?) …

    • Bazdriver dit :

      @Fralipolipi. Le projet de Boeing est très séduisant en complément des gros ravitailleurs, mais sans les remplacer. Suggeriez-vous que la France en acquière ???

      • Fralipolipi dit :

        @Bazdriver
        Le MQ25, embarqué à bord d’un PA (ou pas), pouvant ravitailler autant que 3 à 4 Rafale gréés en Nounou (c un ordre de grandeur), il parait effectivement assez intéressant.
        Après, j’imagine que la société Dassault ne serait pas ravie de voir notre Mindef commander du lourd et technologique aux US sans tenter elle-même de proposer qque chose.
        … Peut-être que, dans le cadre du projet de drone UCAV en cours (base nEUROn), une version « Jumbo » pourrait être Co-développée, justement dans un tel but de ravitaillement en vol ultra discret (et sécurisé puisque sans équipage) ?
        Nous savons déjà que ce drone sera voué à être assez polyvalent … si une telle corde peut être raccrochée à l’arc, pourquoi ne pas l’étudier ?

  3. Stoltenberg dit :

    Très bonne décision. Cela permettra de doter le A-330 MRTT des capacités similaires, au niveau de la protection contre des impulsions EM d’origine nucléaire, à celles qui sont annoncées pour le KC-46A. Ce sera un avantage supplémentaire, notamment dans le cadre d’un conflit à haute intensité pour cette plateforme qui est déjà réussie.

  4. Bastan dit :

    A quand l’armement Air/Air, Air/Sol, Air/Mer pour A300MRTT?

    • Félix GARCIA dit :

      Jamais ?

    • Raph dit :

      et largage FS en saut HALO, capacité catobar/stobar et surtout, livraison Uber avec l’App (puisqu’il est connecté). En faire toujours plus avec toujours moins, c’est écrit en tout petit sur le fronton de nos mairies…

      • Pascal, (l'autre) dit :

        « En faire toujours plus avec toujours moins, c’est écrit en tout petit sur le fronton de nos mairies… »On est mal hein patron, on est mal!

      • totoro dit :

        Ce serait une très belle devise, elle explique le succès du rafale.
        Regardez les russes faire toujours moins avec toujours plus d’hommes, c’est moins sympa quand c’est votre fils qui monte dans le bus de conscription

    • Taquin dit :

      + armement anti-satellites et une machine à café/boissons chaudes (dont soupe à la tomate et soupe à l’oignon parce-que j’aime bien ça).

      Ah, et pourquoi pas Mer/Air, Mer/Mol et Mer/Mer, si on lui rajoutait des flotteurs pour le rendre amphibie ?

      Je te taquine, car je suppose que tu penses à l’A300 tout court pour en faire un bombardier (ce qu’Airbus se propose de faire, mais si on lui donne des sous). Ben oui, ce serait bien d’avoir un gros vecteur à très longue portée pour des missiles de croisière (mais il serait plus que prudent par les temps qui courent de disposer de Scalp ou d’Exocet ayant nettement plus d’allonge).

      Pour l’Air/Air sur ce type de machine, même les prodigues Américains du Nord n’en prévoient pas. S’il est besoin de le défendre, il vaut mieux le faire accompagner de chasseurs ; sa SER, sa maniabilité… le rendraient peu efficace en combat aérien, même BVR. La position normale d’un ravitailleur est d’ailleurs très en retrait, assez loin du front aérien et des batteries anti-aériennes (400 km).

  5. NoSCAF dit :

    Le plan B pour le futur de l’aviation française est en marche pendant que les allemands sabotent de le scaf. Il ne reste plus qu’a la dga demander a Dassault de bosser sur un nouvel avion et aura notre scaf qui n’inclut que la bitd française.

    • GotoRaptor dit :

      Il me semble que Dassault avait fait passer le message qu’ils avaient un plan B en cas d’avortement du SCAF.

      Vu comment l’industrie évolue en France, je pense que peu de travail sur le SCAF sera perdu, ce sont des modules que l’on peut adapter sur des plans différents au final.

    • Jack dit :

      Il ne reste plus qu’a la dga A PASSER UNE COMMANDE A Dassault AFIN QU’IL BOSSE sur un nouvel avion
      .
      Les salariés touchent un salaire. Les yakafokon sont gratuits.

    • Parabellum dit :

      Demandons à dassault des drones au top.l aviation pilotée est trop chère et les pilotes aussi.en Ukraine l aviation à été tout de suite cassée et aujourd’hui hui c est la guerre des missiles.l armement français doit être réorienté vers la robotique de frappe.

      • EchoDelta dit :

        Cassé ? Non seulement les vecteurs avec les bombes lisses. Mais ceux qui tire des SCALP a distance ont toute leur place.
        Que le Su24 ou Su25 voir les premier Mig29 ou Su27 soient déclassés par les armes Sol/Air actuelles ne me semble pas correspondre à une remise en cause de l’aviation en général.
        Et si tel était le cas, alors habité ou pas il vaut mieux ne pas en faire si c’est obsolète.

        • Avekoucenzeh dit :

          Pour dire « et même », il convient d’employer l’adverbe « voire » (précédé d’une virgule) plutôt que le verbe « voir » (qui n’a pas ce sens).

          Que le Su-24 ou Su-25, voire les premiers MiG-29 ou Su-27 soient déclassés…

        • 3e personne du pluriel dit :

          Ceux qui tirent.

        • BisounoURSS dit :

          MiG-29 (pas Mig29), avec un grand G.
          Le « MiG » de « MiG-29 » est l’abréviation de « Mikoyan-Gourevitch ».

          Ah Mikoyan, ah Mikoyan, lève ton verre,
          Et sur Gourevitch, ne le renverse pas.

    • Aymard de Ledonner dit :

      Je pense que maintenant, les allemands ne vont certainement pas saboter le SCAF. Car si le SCAF meurt, la France peut élaborer des solutions alternatives. Mais du coté allemand, la mort du SCAF signifie devoir négocier un strapontin dans le programme tempest. Les industriels allemands ont intérêt à rester dans le SCAF. Rejoindre le Tempest serait pour eux beaucoup moins intéressant.
      Par ailleurs le rafale se vend bien et Dassault a obtenu des financements pour développer le standard F5 du rafale et le drone associé. Les ingénieurs de Dassault ont donc du boulot et Dassault peut attendre. Par contre l’Eurofighter se vend très mal et le travail sur cet avion est fourni presque uniquement par les membres du programme. Il y a donc un risque de perte de savoir faire pour Airbus Military. Ces aspects font très probablement partie du bras de fer entre ces industriels.
      Il est de bon ton sur ce blog d’accuser les allemands de saboter le SCAF. Aux débuts du programme cela a très clairement été le cas. Aujourd’hui pour moi les choses sont très différentes et je pense que c’est plutôt Dassault qui pourrait jouer la montre.

      • EchoDelta dit :

        Il reste le problème de la doctrine : la France veut un avion robuste, facile en maintenance avec peu de monde, biplace (Version Nucléaire) et embarqué, qui consomme pas trop, pas trop lourd (cher à l’unité).
        Les allemands veulent un avion de superlatif pour ne pas avoir besoin de s’en servir, n’ont pas besoin de biplace ou de version embarquée, n’ont pas de gros besoin de rusticité en maintenance, etc.
        Concilier ces deux approches me semble mission très très difficile sans qu’il y aie un cocu. Et je ne souhaite pas que soit la France, car elle va vraiment se servir de l’avion en mission de combat et le déployer partout.
        Autrement soit on tord le bras des allemands et on fait ce que NOUS voulons, soit nous serons amené a accepter des compromis handicapants.
        Dans tous les cas ce savoir-faire d’homogénéité est difficile à partager avec les allemands. Donc soit on fait deux avions différents dans un même système, accompagnés par des drones fait chacun de son coté, soit on va inévitablement se fâcher : nous parce que nous n’aurons pas ce nous voulons, eux parce qu’il financeront une DT qui ne leur correspond pas.

    • ALAN dit :

      Oui pour un super Rafale testo…neuroné !

    • Aymard de Ledonner dit :

      Je pense que maintenant, les allemands ne vont certainement pas saboter le SCAF. Car si le SCAF meurt, la France peut élaborer des solutions alternatives. Mais du coté allemand, la mort du SCAF signifie devoir négocier un strapontin dans le programme tempest. Les industriels allemands ont intérêt à rester dans le SCAF. Rejoindre le Tempest serait pour eux beaucoup moins intéressant.
      Par ailleurs le rafale se vend bien et Dassault a obtenu des financements pour développer le standard F5 du rafale et le drone associé. Les ingénieurs de Dassault ont donc du boulot et Dassault peut attendre. Par contre l’Eurofighter se vend très mal et le travail sur cet avion est fourni presque uniquement par les membres du programme. Il y a donc un risque de perte de savoir faire pour Airbus Military. Ces aspects font très probablement partie du bras de fer entre ces industriels.
      Il est de bon ton sur ce blog d’accuser les allemands de saboter le SCAF. Aux débuts du programme cela a très clairement été le cas. Aujourd’hui pour moi les choses sont très différentes et je pense que c’est plutôt Dassault qui pourrait jouer la montre pour essayer de faire le plus de mal à Airbus. L’Etat Français a son rôle à jouer mais compte tenu de l’agressivité incroyable de l’Allemagne dans le domaine de la défense AA, autant garder la bride de Dassault bien lâche pour le moment.

      • SonnyTuckson dit :

        Je pense que nous sommes dans une Europe qui a éliminé le toute probabilité d’une guerre sur le sol nationale et européen. Cela conduit à des choix atypique comme celui du F-35 pour défendre son pays.
        Alors j’entend les remarques disant que les américains les tiennent par les c****** mais quand il est question de défense, céder n’est pas une option. Surtout pour un matos aussi pourri. C’est un problèùme de cohérence méthodologique et de complaisance avec ce qui semble être des intérêts communs.

        Et de tout temps les hommes ont du faire des choix stratégiques pour garantir leur indépendance, et il est nécessaire de définir une doctrine pour cela, hors de l’illusoire « j’achète un parapluie » qui se révèle à travers l’Histoire, toujours un double tranchant sévère.

        Néanmoins, il est urgent de se détacher des programmes communs avec l’Allemagne qui relève de la trahison des politiques FR dans la mesure où il ne vont jamais dans le sens francais. Le transfert techno et compétences vers l’Allemagne est une plaie.

        • Carnaval dit :

          Le sol national, la Marine nationale.

        • Conjugaisons dit :

          J’entends.
          Les hommes ont dû faire.
          Des programmes qui relèvent.

        • tschok dit :

          Ah non, l’Europe n’a pas éliminé toute probabilité d’une guerre sur son sol.

          En fait, il faut distinguer deux types de guerres:

          – Les guerres menées par une puissance extra-européenne: ça, ce n’est pas du tout éliminé. D’ailleurs, certains pays européens s’y préparent. Concrètement, ça vise la Russie (invasion) et peut-être l’Iran (tirs de missiles balistiques). Les pays qui s’y préparent à plus ou moins longue échéance: Suède, Norvège, Finlande, Pologne, pays baltes, Pays-Bas, Allemagne.

          – Les guerres intra-européennes: ça oui, c’est éliminé. Enfin en principe. C’est couvert par deux alliances, l’UE et l’Otan, qui en pratique ont un règlement intérieur qui interdit à leurs membres de se faire la guerre.

          A côté de ça, vous avez un troisième type de guerre qui peut se dérouler en Europe et impliquer des pays qui ne sont ni membres de l’Otan, ni membres de l’UE. Eux ne sont tenus par aucun règlement intérieur de bonne conduite, sauf la charte des Nations Unies, autrement dit que dalle.

          Mais ça existe ça? Eh ben euh… il y en a de moins en moins et concrètement il en reste trois, tous situés en ex-Yougoslavie: Serbie, Bosnie et Kosovo. Et en plus, il y a un réel risque de guerre puisque les gens se détestent, ce qui est quand même la condition de base pour se faire la guerre. Cerise sur le gâteau: ils ont tous des nationalistes dingos et des religieux tarés. Bref, tout ce qu’il faut pour s’en foutre sur la gueule avec entrain.

          Et enfin, vous avez la variante turque: une guerre impliquant sur le sol européen un pays membre d’une des deux organisations contre un autre pays membre d’au moins une des deux organisations. Donc un conflit entre la Grèce (UE+Otan), ou Chypre (UE), et la Turquie (Otan). Et là encore, il y a des risques, la Turquie étant très bien équipée en nationalistes dingos et religieux tarés et, au-delà de ça, il y a des enjeux stratégiques assez sensibles (énergie) qui font que même des gens raisonnables sont capables de s’entretuer.

          Donc vous voyez, ça nous fait quand même pas mal de possibilités au total.

          Mais dans l’ensemble, l’Europe dans sa partie occidentale, sous couverture UE et Otan, reste une bulle de prospérité et de paix. Or, la guerre, c’est comme le réchauffement climatique: on y croit une fois qu’on y est confronté, sinon, on s’en fout. C’est donc dans cette partie de l’Europe, où se trouve justement la France, que la guerre reste une hypothèse abstraite. On la voit au journal télévisée, mais elle n’est pas au bout de la rue.

          Donc effectivement, dans cette partie-là de l’Europe, les gens pensent comme vous: la probabilité de guerre a été éliminée. Mais en fait, non.

          Une dernière petite remarque à propos de cette phrase: « il est urgent de se détacher des programmes communs avec l’Allemagne ». Figurez-vous que c’est inutile, les Allemands ont méthodiquement saboté la plupart des programmes qu’on a lancés avec eux. A ce jour il n’en reste que trois: le SCAF, le MGCS et l’Eurodrone, dont on ne sait pas quoi foutre en France.

          Il faut être très zen sur la question des programmes lancés en coopération avec les Allemands. Je veux dire par là qu’il est inutile de s’exciter à leur sujet, la plus forte probabilité étant qu’ils se cassent la figure d’eux-mêmes, ou que les Allemands décident finalement de les saboter à leur tour. Ca peut se produire du jour au lendemain, pour un oui ou un non, et si c’est le cas, il ne faut pas en faire un drame.

        • DCS dit :

          @SonnyTuckson. Z’avez raison…Vaut mieux transférer ces technologies à l’Inde..Sont tellement plus mignons et coopératifs les Indiens..Décidément l’argent, le profit à court terme n’ont pas d’odeur….Vive l’Europe de la défense….!!

    • paul dit :

      bien dit ,totalement d’accord avec vous .

  6. vno dit :

    Le SCAF est passé en Plan B ?

  7. SonnyTuckson dit :

    Peut on doter facilement de missiles d’autoprotection des avion comme le Phoenix ? Est ce que cela en vaut la peine (coût/ valeur ajoutée) ?

    • HMX dit :

      @SonnyTuckson
      Des missiles d’autoprotection, pourquoi pas, mais cela semble très improbable et il n’existe d’ailleurs à ce jour aucun de ces systèmes en version aéroportée : il faudrait en effet concevoir un système de missiles anti-missiles aéroporté (capteurs et armements) particulièrement lourd et coûteux.

      De façon plus réaliste, on peut évoquer l’idée d’intégrer un laser destiné à aveugler et/ou à détruire les missiles assaillants. C’est parfaitement envisageable sur un appareil du gabarit d’un A330, où il existe du volume, de la charge utile et de la réserve de puissance électrique.

      Un système d’autoprotection à courte portée, sur le modèle des systèmes de protection active qui équipent certains blindés, est également envisageable. Des capteurs radars répartis sur toute la surface de l’avion détecteraient les missiles et munitions en approche, et un calculateur central programmerait l’éjection de charges explosives au bon moment et dans la direction de la menace. Mais il s’agirait là aussi d’un système particulièrement coûteux, dans sa conception, à l’acquisition, et pour sa maintenance.

      Enfin, bien moins cher que le laser ou la protection active, et déjà disponible sur étagère, on peut aisément envisager d’installer des leurres remorqués sur l’A330MRTT. Cette piste est celle qui devrait être proposée en priorité, à mon sens, pour équiper les ravitailleurs, mais aussi les AWACS et nos avions de transport (A400M). Ces leurres passent pour être relativement efficaces, et peu coûteux. Ils sont de surcroît récupérables et réutilisables. Leur intégration est parfois problématique sur des avions de combat, où la place est comptée, et qui sont susceptibles d’effectuer des manœuvres sous fort facteur de charge difficilement compatibles avec le remorquage d’un leurre. Mais dans le cas d’un appareil dérivé d’un avion de ligne, il n’y a aucun problème majeur d’intégration à prévoir.

      • tschok dit :

        @HMX,

        @HMX,

        Il y a des petits détails à ne pas oublier: dans le ciel, il y a des nuages – oui, hélas, ça existe – et les rayons laser n’aiment pas ça, alors que les missiles, eux, s’en fichent complètement. L’autre truc aussi à ne pas perdre de vue c’est qu’un missile antiaérien moderne fonce vers sa cible à une vitesse comprise entre mach 2,5 et mach 3,5, donc il faut être capable de viser très précisément une cible se déplaçant à cette vitesse pendant un temps suffisamment long pour que le laser restitue son énergie à la cible, alors qu’elle vous fonce dessus et que votre laser ne porte pas très loin.

        Ca veut dire que vous avez une fenêtre de tir très brève: à mach 3, un missile franchit 1 km/s. Si votre laser porte à 2000 m, ce qui suppose un laser déjà puissant, vous avez donc 2 secondes, en laissant de côté les problèmes de vitesse relative du missile par rapport à sa cible, en fonction des trajectoires respectives de l’un et de l’autre.

        Donc, en moins de deux secondes, il faut délivrer la quantité d’énergie suffisante pour que le missile soit neutralisé. Si vous voulez plus de temps, il faut un laser plus puissant qui porte plus loin: plus gros, plus lourd, plus encombrant, plus cher, plus gourmand en électricité, donc problème de génération électrique en vue.

        Sinon, sur l’APS (le hard kill façon Trophy israélien en version pour avion): sur un blindé, ça se conçoit très bien parce que le blindage absorbe sans difficulté le départ du coup de la grenade explosive qui intercepte le projectile, et résiste aux éventuels débris de ce projectile, qui est certes instantanément pulvérisé, mais pour autant pas totalement désintégré.

        Maintenant, quand je regarde les parois du fuselage d’un avion, qui sont tout juste un peu plus épaisses que celles d’une canette de bière en alu, je ne suis pas certain que la gestion des débris soit non-problématique. Pareil pour la structure: il y a quand même une force de recul à absorber au moment du départ de la grenade, qui est ultra-rapide. C’est pas insurmontable (on monte bien des pièces d’artillerie en sabord dans des Hercules) mais je dirais pas que c’est simple. Et j’envisage pas quelque chose de léger non plus.

    • dolgan dit :

      Auto protection pour abattre des missiles en approche? Parce que il y a peu de chances qu un avion ennemi vienne a portée d un missile air air courte portée ( et pour de la longue portée, va falloir ajouter un bon radar)

    • tschok dit :

      « Peut on doter facilement de missiles d’autoprotection des avion comme le Phoenix ?  »

      Oui pour ceux qui lui sont inutiles (ceux qui le protègent contre des avions ennemis qui vont l’abattre au combat canon, ce qui est extrêmement improbable). Dans ce cas, on parle de missiles à guidage infrarouge, c’est relativement simple à installer sous pylônes, ou en semi-caréné.

      Non pour ceux qui lui sont utiles (ceux qui le protègent contre des tirs de missiles antiaériens adverses, qu’ils proviennent d’avions, de drones, du sol, etc). Dans ce cas on parle d’une protection antimissile embarquée, à ce jour il n’en existe aucune, et elle supposerait l’installation d’un système de guidage dans le Phoenix (radars de détection, de poursuite, boule optronique, etc) ce qui complique tout de suite les choses.

      Donc, ça n’existe pas et cela suppose des modifications dans l’avion.

      « Est ce que cela en vaut la peine (coût/ valeur ajoutée) ? »

      C’est à vous de voir. Je veux dire: ça dépend de l’importance que vous accordez à la fonction ravitaillement en vol. Nous, en France, on associe cette fonction à la dissuasion nucléaire. Donc on lui confère une importance stratégique, dans le domaine de la protection des intérêts vitaux du pays. Donc, le top. On sait pas faire au-dessus.

      Donc, pour nous, ces avions entrent dans le périmètre du vital, au même niveau que la discrétion de nos SNLE, par exemple.

      Alors, est-ce que ça en vaudrait la peine? La réponse est indubitablement oui. Mais alors, pourquoi on ne le fait pas? Parce qu’on ne sait pas faire. Pour l’instant, c’est un défi technologique hors d’atteinte. Donc on travaille plus sur d’autres aspects de la protection. Par exemple, la doctrine d’emploi: la première protection du Phoenix, c’est la distance qui le sépare des emmerdes. Il n’est pas censé être à portée de tir de l’ennemi. Et puis, on peut travailler sur la protection passive (leurres, brouillage), ou l’escorte, ou la guerre en réseau. Dans ce dernier cas, on peut imaginer que le Phoenix évolue dans une bulle de protection qui lui soit fournie par exemple par une frégate dotée de missiles Aster. Mission de la frégate: intercepter tout missile ennemi qui entre dans la bulle.

      Et puis un jour la technologie nous permettra d’installer une batterie antimissile sur cet avion, puisque c’est ça en fait le truc. Vous voyez les camions du SAMP-T? Ben faut faire rentrer tout ça, en bien plus léger et compact, dans un A 330 MRTT, sans que ça pénalise les autres missions. Et au passage il faut concevoir un nouvel intercepteur puisqu’on ne va pas utiliser l’Aster, qui est trop gros. En pratique, il faudrait un intercepteur entre le Mistral et le Mica.

    • Pascal, (l'autre) dit :

      @SonnyTuckson C’est tout à fait possible et cela a été réalisé par les Britanniques qui, eux avaient équipé leur avion de patrouille/reconnaissance maritime le Hawker Siddeley Nimrod de missiles d’auto protection Sidewinder!
      https://www.reddit.com/media?url=https%3A%2F%2Fi.redd.it%2Fyf4ej5qrthd81.jpg&rdt=65057
      Mais les opérations de ravitaillement en vol nécessitent une certaine « sécurité de part le profil de vol du ravitailleur et des ravitaillés donc dans une zone à « l’arrière » et aussi sous « haute » protection d’intercepteurs!

      • Par pare pars part dit :

        À part ça, bien qu’on écrive « de la part de » et « de part en part », c’est avec la préposition « par » qu’on écrit « de par le profil de vol du ravitailleur ».

        Néanmoins, l’Académie française restreint le sens de la locution « de par » à sa signification première d’« au nom de↓» et désapprouve son emploi pour dire « en raison de », préconisant dans ce cas de plutôt employer « par », « du fait de » ou « étant donné ».
        https://www.academie-francaise.fr/de-par

        Une certaine sécurité du fait du profil de vol du ravitailleur et des ravitaillés.

        • Pascal, (l'autre) dit :

          l’A330 a visiblement des capacités de ravitaillement en……………confiture!

  8. FouPouDav dit :

    Le SCAF existera à la condition que l’Allemagne mette la main sur les propriétés intellectuelles de la BITD aéronautique française.
    Recherches de l’ONERA sur les meta-matériaux, bibliothèques de guerre électronique, etc…

    • tschok dit :

      Toutafé, l’Allemagne veut nous piller. Et les Boches sont très méchants. Quand ils se lèvent le matin, ils se demandent ce qu’ils vont bien pouvoir inventer au cours de la journée rien que pour nous faire chier.

      C’est comme ça qu’il faut voir les choses, et en plus c’est très saint.

      Tout le temps suspecter les autres de vouloir nous nuire, c’est quelque chose qui améliore notre bien être intérieur et pacifie nos relations avec autrui, toutes les études convergent pour le dire. Si à cinquante ans vous n’avez pas acheté un fusil de chasse pour flinguer vos voisins au cas où, c’est que quelque part vous avez loupé votre vie.

      J’arrête pas de le dire.