Attaque contre Israël : Des moyens militaires français ont été mobilisés pour « parer la menace iranienne »
Dans la nuit du 13 au 14 avril, en représailles à une frappe de Tsahal contre la section consulaire de son ambassade en Syrie, l’Iran lança une attaque inédite contre Israël, en coordination avec les groupes armées de la région qui lui sont affiliés. Cette opération, appelée « Vraie promesse », se déroula en trois phases : 170 munitions téléopérées [MTO] furent d’abord envoyées vers le territoire israélien, puis elles furent suivies par 30 missiles de croisière [probablement des Soumar] ainsi que par 120 missiles balistiques [sans doute des Kheiber-Shekan, Emad, Dezfuls et Qadr].
Attendue, et donc très largement anticipée, cette attaque se solda par un échec opérationnel, plus de 99 % des projectiles tirés ayant été interceptés par des avions de combat et les systèmes de défense aérienne mis en œuvre par les forces israéliennes, américaines et britanniques. La France y prit part indirectement, l’un des Rafale B de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] engagés dans l’opération Chammal ayant abattu au moins un drone Shahed iranien qui était susceptible de menacer la base H5, en Jordanie.
« On n’en dit pas trop pour des raisons de discrétion. Les Jordaniens nous demandent cette discrétion. Les interceptions, très minimes en nombre que les Français ont pu réaliser cette nuit-là sont des interceptions en approche de la base H5. Nous étions dans un cas de stricte légitime défense », avait expliqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition parlementaire, en mai.
Depuis, le chef politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, a été tué alors qu’il se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, le 31 juillet. Au Liban, plusieurs chef du Hezbollah ont connu un sort identique. Et cela a conduit l’Iran à menacer Israël, via la milice chiite libanaise.
Seulement, celle-ci a perdu la plupart de ses cadres, victimes de l’explosion de leurs téléavertisseurs et / ou de leurs talkies-walkies, à l’issue d’une opération particulièrement audacieuse menée par le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien. Puis, le 27 septembre, son chef, Hassan Nasrallah, sorte de proconsul de l’Iran au Liban, a, à son tour, été éliminé par une frappe aérienne massive effectuée par Tsahal à Beyrouth. Ne voulant pas perdre la face, Téhéran a donc décidé de réagir, en lançant une seconde attaque massive contre Israël.
C’est ainsi que, dans la soirée du 1er octobre, le Corps des gardiens de la révolution a tiré jusqu’à 200 missiles balistiques [dont des Fattah, qui ont la particularité de pouvoir manœuvrer à l’approche de leur cible], dans le cadre de l’opération « Vraie promesse 2 ».
La nature de cette seconde attaque a été différente de la première dans la mesure où les forces israéliennes n’ont eu que très peu de temps pour réagir, un missile balistique ne mettant que 20 minutes pour atteindre son objectif après son lancement.
This is bad — multiple huge ballistic missile impacts around #TelAviv tonight. #Israel will respond hard, that seems inevitable.
Far more than was seen in April. pic.twitter.com/ULopkh0Dhu
— Charles Lister (@Charles_Lister) October 1, 2024
Selon Téhéran, cette salve – potentiellement saturante – de missiles balistiques a visé les « les trois principales bases aériennes militaires » ainsi que le quartier général du Mossad ». La « République islamique d’Iran a respecté les normes nécessaires et n’a ciblé que les bases militaires », a fait valoir le général Bagheri, le chef d’état-major iranien. Ce que conteste l’État hébreu, qui a dénoncé une attaque dont l’objectif était de « tuer des milliers » de civils.
Most of Israel is under Iranian ballistic missile attack pic.twitter.com/gD8QPJPrCH
— ELINT News (@ELINTNews) October 1, 2024
Quoi qu’il en soit, les missiles iraniens ont en grande partie été interceptés par les systèmes de défense aérienne israéliens « Fronde de David », « Arrow 2 » et « Arrow 3 ».
En outre, les forces israéliennes ont reçu l’appui de l’US Navy, les « destroyers » USS Cole et USS Bulkeley, dotés du système antimissile AEGIS, ayant lancé une douzaine de missiles intercepteurs, d’après un communiqué du Pentagone. De même que celui des forces britanniques, Londres ayant affirmé, sans donner de détails, qu’elles ont aussi été impliquées dans l’interception des missiles iraniens.
A priori, les forces françaises déployées dans la région ne sont pas restées inactives. En tout cas, c’est ce qu’a suggéré le président Macron, via un communiqué publié le 1er octobre pour condamner « avec la plus grande fermeté les nouvelles attaques de l’Iran » contre l’État hébreu.
« Attachée à la sécurité d’Israël, la France a mobilisé aujourd’hui ses moyens militaires au Moyen-Orient pour parer la menace iranienne », a en effet précisé l’Élysée. Et d’ajouter : « Le chef de l’État a également rappelé l’exigence de la France que le Hezbollah cesse ses actions terroristes contre Israël et sa population » et » demandé qu’Israël mette fin au plus vite à ses opérations militaires » au Liban.
Quels sont les moyens militaires qui ont pu être sollicités pour « parer la menace iranienne » ? Il est possible que, après l’attaque du 14 avril dernier et devant l’escalade militaire dans la région, un système Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T ou Mamba] ait été déployé sur la base aérienne projetée [BAP] H5, en Jordanie.
À vrai dire, au-delà des moyens aériens, l’État-major des armées [EMA] est plutôt discret sur les capacités dont dispose l’opération Chammal en Jordanie. Cela étant, un Mamba avait été temporairement déployé sur la base H5 en septembre 2021, dans le cadre d’une évaluation technico-opérationnelle.
Pour rappel, pouvant engager tout type de menace aérienne sur 360° grâce au missile intercepteur Aster 30, le Mamba se compose de cinq modules interconnectés, dont le CMD3D [Centre de management de la défense dans la 3e dimension], une conduite de tir et un radar Arabel.
D’autres moyens ont pu être sollicités [ou, du moins, mis en alerte]. La frégate multimissions [FREMM] (Languedoc) Provence, dotée de moyens de surveillance et de défense aérienne, se trouve actuellement en Méditerranée orientale tandis que la frégate de défense aérienne [FDA] « Chevalier Paul » sillonne la mer Rouge, au titre de l’opération navale européenne Aspides.