Armement terrestre : Le groupe franco-allemand KNDS annonce la création d’une filiale en Ukraine

Au regard du nombre d’équipements militaires de différents types qui leur ont été livrés en plus de deux ans, les forces armées ukrainiennes sont confrontées à d’importants problèmes d’approvisionnement en pièces détachées, sans lesquelles il n’y a pas de maintien en condition opérationnelle [MCO] possible.

L’une des solutions consiste à faire remettre en état les équipements endommagés dans un pays frontalier, comme par exemple la Lituanie où KNDS Deutschland et Rheinmetall ont mis en place une structure chargée du MCO des chars Leopard 1 et Leopard 2 livrés à l’armée ukrainienne. Seulement, cela suppose une manœuvre logistique assez lourde.

D’où l’idée d’assurer l’entretien et la remise en état de ces équipements militaires en Ukraine. Voire d’y établir des usines afin de livrer plus rapidement des armes aux forces ukrainiennes.

En septembre 2023, BAE Systems a ainsi annoncé la signature d’accords avec Kiev pour « accroître » son « soutien » et « explorer » la « fourniture d’armes légères » aux forces armées ukrainiennes.

D’autres industriels en ont fait autant, comme Rheinmetall, qui s’est associé avec Ukrainian Defense Industry JSC [UDI, ex-Ukroboronprom] pour créer une co-entreprise appelée « Rheinmetall Ukrainian Defense Industry LLC ». Depuis, un centre de maintenance dédié au MCO des véhicules de combat d’infanterie Marder a vu le jour et un feu vert a été donné par Kiev pour la construction d’une usine de munitions d’artillerie.

Côté français, en mars dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait annoncé que trois industriels français [Delair, Arquus et KNDS France] allaient établir des « partenariats » pour produire des pièces détachées en Ukraine. Puis, avec son homologue allemand, Boris Pistorius, il avait évoqué une initiative conjointe visant à établir la présence de KNDS sur le sol ukrainien

D’où l’annonce que vient de faire le groupe franco-allemand, ce 1er octobre.

« KNDS a ouvert une filiale à Kiev. Sous l’appellation KNDS Ukraine LLC, elle soutiendra la coopération entre les institutions gouvernementales ukrainiennes, l’industrie de défense ukrainienne et KNDS », a fait savoir le groupe.

Cette initiative a pour objectif de « consolider l’industrie Ukrainienne et de lui permettre de mener à bien plus efficacement la maintenance, les réparations et les révisions des systèmes KNDS – parmi lesquels les chars Léopard 1 et 2, le système d’artillerie CAESAr, l’AMX 10RC, l’obusier automoteur PzH 2000 – permettant ainsi d’augmenter sensiblement la disponibilité opérationnelle des systèmes ».

En outre, KNDS a également l’intention d’ouvrir en Ukraine des lignes de production d’obus de 155 mm, destinés à l’artillerie, ainsi que des « pièces de rechange » en utilisant des « technologies de pointe ».

Reste à voir quand cette initiative donnera ses fruits alors que l’armée ukrainienne n’a pas le temps d’attendre. Le mois dernier, le quotidien allemand Bild avait rapporté que les obusiers automoteurs PzH-2000 livrés à l’armée ukrainienne étaient, pour la plupart, hors service à cause d’une pénurie de pièces détachées.

« C’est un excellent système, mais l’usure est très importante », avait témoigné un artilleur ukrainien. « Nous avons signalé la nécessité de remplacer les canons après un certain temps… mais les remplacements sont lents, en partie à cause des pénuries », avait-il ajouté.

Cela étant, d’autres industriels devraient imiter Rheinmetall et KNDS. Tel est le cas de Saab, dont le PDG, Micael Johansson, a récemment évoqué l’idée d’un « partenariat avec l’industrie ukrainienne, en Ukraine ». Il serait question de produire des drones et des munitions.

« Je pense que nous sommes en train de passer d’une situation où les pays font des dons à l’Ukraine, ce qui continuera bien sûr, à une situation où l’industrie livre directement aux forces ukrainiennes, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas, mais commence à l’être », a estime M. Johansson.