Le Japon a fait décoller des F-15 et des F-35 après la violation de son espace aérien par un avion militaire russe

À peine l’exercice « Ocean 2024 » terminé, les forces navales russes et chinoises viennent d’en lancer un second, appelé « Beibu / Interaction 2024 », toujours en mer du Japon… et avec quasiment les mêmes navires.

Ainsi, les forces d’autodéfense japonaises ont repéré, dans le détroit de La Pérouse [de Sōya], puis près de l’île d’Hokkaïdo, le croiseur de type 055 Wuxi [n° 104], le « destroyer » de type 052D Xining [n° 117], la frégate de type 054A Linyi [n° 547], le pétrolier-ravitailleur de type 903 Taihu [n° 903] et le navire de renseignement Tianlangxing [classe Dongdiao, n° 794]. Ces bâtiments ont rejoint une flottille russe composée par deux anciens « destroyers » appartenant à la classe Oudaloï, à savoir l’Amiral Panteleïev et l’Amiral Tribouts, ainsi que par deux corvettes de type Grisha [ou classe « Albatros »].

Lors de l’exercice Ocean 2024, deux avions de patrouille maritime russes Tu-142 « Bear F » firent le tour du Japon, ce qui ne s’était plus vu depuis 2019. Ils « n’ont pas violé [notre] espace aérien », avait alors précisé le ministère nippon de la Défense, après avoir mis en alerte ses forces aériennes.

Mais ce n’était sans doute que partie remise… En effet, ce 23 septembre, un autre avion russe de type Il-38 « May » a brièvement violé l’espace aérien japonais à trois reprises, entre 13h et 15h00 [heure locale] au nord de l’île de Rebun, située à une cinquantaine de kilomètres de Hokkaïdo.

Pour rappel, l’Iliouchine Il-38 est un avion de patrouille maritime pouvant assurer des missions de lutte anti-sous-marine, de guerre électronique et de reconnaissance. Conçu dans les années 1960, il a récemment fait l’objet d’une modernisation pour être porté au standard Il-38N ou Il-38SD.

Quoi qu’il en soit, les forces aériennes d’autodéfense japonaises ont envoyé des avions de combat afin d’adresser des « notifications et des avertissements » à ce Il-38. « Des F15 et des F35 ont averti l’avion russe par radio avant de tirer des leurres lors de la troisième incursion », a ainsi expliqué Minoru Kihara, le ministre japonais de la Défense, devant la presse.

« C’est la première fois que les Forces d’autodéfense utilisent des fusées éclairantes en réponse à une violation de l’espace aérien, et la décision a été prise à la discrétion de la Force de défense aérienne du Nord, responsable de la défense aérienne d’Hokkaido », a relevé la chaîne NHK. En outre, cette violation serait la 44e à avoir été commise par un avion russe [ou soviétique].

Selon M. Kihara, il « existe un lien entre le vol de cet avion et la présence de navires de guerre russes et chinois » qui ont traversé le détroit de La Pérouse. « Les Forces d’autodéfense continueront de suivre avec un vif intérêt les mouvements militaires russes à proximité du Japon », a-t-il insisté.

De son côté, le Secrétaire général du gouvernement nippon, Yoshimasa Hayashi, a souligné que les forces russes restaient actives dans l’environnement proche du Japon, même après le début de la guerre en Ukraine. « Nous continuerons à suivre la situation de près et à prendre toutes les précautions possibles », a-t-il dit, avant d’indiquer qu’une note de protestation avait été adressée à Moscou par les canaux diplomatiques.

Il s’agit de la seconde violation de l’espace aérien japonais en moins d’un mois. Fin août, un avion « espion » chinois de type Y-9DZ, spécialisé dans le recueil du renseignement d’origine électromagnétique [ROEM], s’y était aventuré au large des îles Dango [préfecture de Nagasaki].

Photo & Illustration : Ministère japonais de la Défense