Airbus et Quantum Systems ont réussi à faire voler un essaim de plusieurs types de drones

Si l’on s’en tient à son sens premier, un essaim est un groupe important d’insectes appartenant à la même espèce. Jusqu’à présent, cela vaut aussi pour les drones, ceux-ci étant généralement du même type quand il s’agit d’en faire voler un grand nombre en formation, ce qui est désormais possible grâce aux avancées de l’intelligence artificielle [IA]. Le but est de leur faire réaliser collectivement une mission précise en fonction de leurs caractéristiques [saturation d’une défense, leurrage, reconnaissance, etc.].

Cela étant, rien n’empêche de faire voler en essaim plusieurs types de drones, c’est-à-dire ayant des capacités ou des caractéristiques différentes, afin de « maximiser » les effets militaires, collecter davantage de renseignements en utilisant des capteurs différents ou pour s’adapter plus aisément aux évolutions d’une situation tactique donnée.

Tel est l’enjeu de l’étude KITU 2 [Künstliche Intelligenz für taktische UAS – intelligence artificielle pour les drones tactiques], confiée par le ministère allemand de la Défense à Airbus Defence & Space, qui, pour la mener à bien, s’est associé au constructeur de drones bavarois Quantum Systems ainsi qu’à l’éditeur de logiciels Spleenlab.

Plus précisément, KITU 2 vise à évaluer le potentiel de l’intelligence artificielle pour « coordonner des essaims mixtes de drones aux capacités différentes ». Ce qui a donné lieu à une « avancée majeure », selon Quantum Systems, lors d’une expérimentation réalisée à l’Airbus Drone Center de Manching, au début du mois d’août.

« Pour la première fois, une IA spécialement développée a contrôlé et coordonné des systèmes de drones afin de garantir l’exécution de missions dans des scénarios de brouillage électronique », a en effet indiqué l’industriel allemand, via un communiqué diffusé le 17 septembre.

Cette IA a été « entraînée grâce à des méthodes avancées d’apprentissage par renforcement profond ». Cela suppose de traiter de très grandes quantités de données afin de « nourrir » l’algorithme afin qu’il puisse décider des actions à mener pour atteindre l’objectif qui lui a été assigné.

« Cette approche permet à l’IA d’affiner ses tactiques grâce à une auto-optimisation continue, ce qui conduit à des décisions plus efficaces et plus précises dans les opérations tactiques », a ainsi expliqué Quantum Systems.

Lors de cette expérimentation, plusieurs modèles de drones différents [dont les « Vector » et « Scorpion » de Quantum Systems ainsi que deux appareils « polyvalents » fournis par Airbus] ont ainsi pu voler en essaim.

« Les données de reconnaissance de tous les drones ont été fusionnées en temps réel pour former une image commune de la situation puis intégrées dans le système de gestion de combat ‘Fortion Joint C2’ d’Airbus », a expliqué Quantum Systems dont les drones Vector ont par ailleurs « démontré leur capacité à effectuer de manière autonome des missions de reconnaissance conjointe et d’acquisition d’objectifs dans un environnement sans GPS ».

Les résultats de l’étude KITU 2 serviront au développement de systèmes autonomes non seulement pour le Système de combat aérien du futur [SCAF] mais aussi pour le Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System], deux projet menés dans le cadre d’une coopération franco-allemande.

Photo : Drone VECTOR – Quantum Systems