L’armée allemande va renforcer significativement ses capacités dans le domaine de l’artillerie

Comment a-t-il fait ses comptes ? Toujours est-il que, dans un rapport qu’il vient de publier pour souligner la lenteur du réarmement de l’Allemagne depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Institut Kiel a estimé qu’il faudrait près d’un siècle à la Bundeswehr pour retrouver des capacités en matière d’artillerie au moins équivalentes à ce qu’elles étaient en 2004.

Seulement, le document insiste surtout sur le nombre d’obusiers automoteurs de 155 mm [PzH-2000, en particulier] sans pratiquement dire un mot sur les lance-roquettes multiples [LRM] MARS II.

Ainsi, en 2004, l’armée allemande [Heer] possédait encore 978 obusiers, contre 121 PzH-2000 actuellement. Quant au MARS II, sur les 151 acquis initialement, elle ne peut en aligner qu’une grosse trentaine, déduction faite des cinq exemplaires données à l’Ukraine.

Si les industriels d’outre-Rhin, Rheinmetall et KNDS Deutschland en tête, ont relancé la production d’obus de 155 mm et d’obusiers PzH-2000, l’Institut Kiel estime que les cadences sont encore trop faibles par rapport à celles observées en Russie où, selon lui, 40 obusiers sortiraient des chaînes d’assemblage tous les mois.

Quoi qu’il en soit, le 16 septembre, lors d’une visite à l’école d’artillerie de la Heer, implantée à Idar-Oberstein [Rhénanie-Palatinat], le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé un gros effort en la matière.

Il y a encore peu, l’armée allemande comptait seulement quatre bataillons d’artillerie, dotés chacun de PzH-2000, de MARS II et de drones KZO [Kleinfluggerät Zielortung], en service depuis 2005. Un cinquième – le Panzerartilleriebataillon 375 [PzArtBtl 375] a été réactivé en octobre 2023. Or, selon M. Pistorius, leur nombre va augmenter significativement dans les années à venir.

« Nous en avons besoin au niveau des divisions et à celui des brigades. C’est pourquoi nous allons créer quelques bataillons dans les prochaines années », a-t-il dit, sans plus de précisions.

Cela étant, d’après la presse spécialisée allemande, la Heer comptera dix bataillons d’artillerie supplémentaires à l’horizon 2035. Ce qui supposera de recruter plus de 6000 soldats de plus. En outre, à cette échéance, elle devrait posséder 289 obusiers automoteurs et 76 lance-roquettes multiples.

S’agissant de ces derniers, M. Pistorius a confirmé le choix en faveur du système PULS, proposé par Elbit Systems et KNDS Deutschland. Et cela aux dépens du version « européanisée » par Rheinmetall du M142 HIMARS américain.

Quant aux obusiers, il est question d’acquérir des RCH 155, c’est-à-dire un système d’artillerie de 155 mm associé au véhicule blindé de combat d’infanterie Boxer. Le dossier sera transmis au Bundestag « au début de l’année prochaine », a assuré M. Pistorius. A priori, et selon des informations publiées en juillet par l’hebdomadaire Der Spiegel, une première commande de 80 exemplaires auprès de KNDS Deutschland, pour un montant estimé à 2 milliards d’euros, serait en préparation.

« Une force terrestre peut difficilement agir sans une artillerie efficace et opérationnelle. Nous le savons et nous nous engageons à renforcer » celle de la Bundeswehr, a fait valoir le ministre allemand.

Photo : Bundeswehr