Deux avions de patrouille maritime russes Tu-142 ont fait le tour du Japon

Cette semaine, le ministère russe de la Défense a donné le coup d’envoi des manœuvres navales « Ocean 2024 », censées être les plus importantes depuis « trente ans », avec la participation de 400 bateaux [ce qui laisse songeur…], 90’000 militaires et 120 aéronefs. Devant se dérouler jusqu’au 16 septembre dans les mers Méditerranée, Caspienne et Baltique ainsi que dans les océans Atlantique et Pacifique, elles visent à évaluer la « préparation » de ses forces navales, tester des armes de « haute précision » et renforcer la coopération avec les « marines partenaires ».

D’où l’implication de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], avec le déploiement d’au moins cinq bâtiments dans la mer du Japon ainsi que dans celle d’Okhotsk, dont deux « destroyers » [un de Type 055 et un second de Type 052D], une frégate de Type 054A, un navire de renseignement de la classe Dong Diao et un pétrolier-ravitailleur de la classe Fuchi.

Selon Moscou, ce volet de l’exercice « Ocean 2024 » doit se concentrer sur la « défense des routes maritimes et des zones d’activité économique maritime ». À ce propos, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a justifié la tenue de ces manœuvres en soutenant que les « États-Unis et leurs [pays] satellites renforçaient leur présence militaire près des frontières occidentales de la Russie, dans l’Arctique et dans la région Asie-Pacifique ».

Était-ce en lien avec l’exercice sino-russe en mer du Japon ? Toujours est-il que, le 12 septembre, deux avions de patrouille maritime russes Tu-142 « Bear F » ont fait le tour de l’archipel nippon, ce qui ne s’était plus vu depuis environ cinq ans.

Selon le ministère japonais de la Défense, qui a fait décoller des avions de combat [dont il n’a pas précisé le type, ndlr] pour les tenir à l’œil, ces deux Tu-142 « Bear F » ont « volé depuis la mer du Japon jusqu’à la mer de Chine orientale, via le détroit de Tsushima, puis sont passés entre les îles d’Okinawa et de Miyako avant de longer la côte orientale de l’île principale de Honshu jusqu’à celle d’Hokkaïdo [nord] .

Ensuite, ils sont survolé le détroit qui sépare les îles d’Etorufu et de Kunashiri, lesquelles font partie de l’archipel des Kouriles, lequel fait l’objet d’un contentieux entre Tokyo et Moscou depuis 1946. Pour rappel, le Japon et la Russie n’ont pas signé de traité de paix depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale… Et ce n’est pas près d’arriver, les Kremlin ayant mis un terme aux négociations en dénonçant la position « inamicale » des autorités japonaises après l’invasion de l’Ukraine.

【ロシア軍機の動向について】
１２日(木)午前から午後にかけて、ロシア軍の哨戒機(Tu-１４２) ×２機が島根県隠岐島沖から対馬海峡を通過して東シナ海へ飛行した後、沖縄本島と宮古島との間を通過して太平洋を北上し、北海道沖から大陸方面に向け て飛行したことを確認し、これらに対し #航空自衛隊… pic.twitter.com/jVgFoq7g1F

— 防衛省統合幕僚監部 (@jointstaffpa) September 12, 2024

En tout cas, ces deux Tu-142 n’ont « pas violé l’espace aérien », a tenu à préciser le ministère japonais de la Défense. Mais probablement que leur mission a consisté à se renseigner sur la présence ou les mouvements d’unités de la marine nipponne et de l’US Navy dans les zones qu’ils sont survolées.

Cela étant, les décollages sur alerte [alpha scramble] sont très fréquents pour la force aérienne d’autodéfense japonaise. Selon un bilan publié en janvier 2024, cela est arrivé à 555 reprises au cours des neuf premiers mois de l’année 2023. Dans 71 % des cas, il s’est agi d’intercepter des aéronefs chinois. Le reste a concerné la présence d’avions militaires russes dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] de l’archipel.

Quoi qu’il en soit, ce vol autour du Japon effectué par ces deux Tu-142 russes est survenu deux semaines après qu’un avion de renseignement électronique Y-9DZ chinois a violé l’espace aérien nippon, à la hauteur des îles Dango [préfecture de Nagasaki].