Dissoute en 2010, la Brigade du génie a officiellement été réactivée par l’armée de Terre

Lors de la dissolution du 3e corps d’armée, dont elle était issue, la Brigade du génie [B.GEN] fut placée directement sous l’autorité du Commandement de la force d’action terrestre en 1998. À l’époque, elle était constituée par les 1er, 2e et 5e régiments du génie [RG], le 28e groupe géographique ainsi que le groupe de défense nucléaire, biologique et chimique [GD-NBC] qui fusionna plus tard avec le 2e régiment de Dragons [RD]

Puis, avec les rigueurs imposées par la Révision générale des politiques publiques [RGPP], lancée en 2008, cette brigade perdit sa substance, avec la dissolution de ses trois régiments du génie et l’intégration des artilleurs du 28e groupe géographique à la brigade de renseignement. Conséquence : en 2010, elle dut rendre son drapeau.

Pour autant, l’idée de cette brigade du génie était pertinente… puisque, dans son dernier plan stratégique, l’armée de Terre a prévu de la réactiver, en la subordonnant au Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre [CALT], qui est l’un de ses quatre nouveaux commandements « Alpha ».

Le CALT a officiellement été créé le 1er juillet dernier, lors d’une prise d’armes organisée à Lille. Celui-ci doit regrouper la B.LOG [logistique], la BMAI [maintenance] et, donc, la B.GEN, qui a ainsi été réactivée à l’occasion d’une cérémonie qui s’est tenue dans la cour des Invalides, le 11 septembre. Son commandement a été confié au général Christophe Bizien.

Comme avant sa dissolution en 2010, cette B.GEN va s’appuyer sur le 28e groupe géographique ainsi que sur le 2e RD, seul régiment d’appui nucléaire, radiologique, biologique et chimique [NRBC] de l’armée de Terre. Ces deux unités ont été rejointes par les 19e et 31e RG : le premier est le « dépositaire des savoir-faire d’appui au déploiement lourd » tandis que le second a la particularité de compter deux compagnies dédiées à la production d’énergie. Le 132e régiment d’infanterie cynotechnique complète son ordre de bataille.

Avec ses domaines d’expertises [géographie, NRBC, contre-mobilité, combat cynotechnique, franchissement, soutien au déploiement, etc.], la Brigade du génie est « orientée vers la capacité à renforcer une division ou un corps d’armée en unités spécialisées uniques au sein des forces terrestres et ainsi, consolider leur chaîne de commandement. Elle se révèle être un élément essentiel pour maîtriser le milieu d’engagement dans le domaine du combat de haute intensité comme en gestion de crise », explique l’armée de Terre.

Pour son chef d’état-major [CEMAT], le général Schill, le regroupement de ces unités aux compétences « indispensables » permettra de « créer » et de « maintenir les conditions nécessaires au maintien du potentiel de combat de nos forces en opération ». En un mot, de durer. Et d’ajouter : « La création de la B.GEN concrétise ma volonté d’ajuster l’équilibre entre troupes de mêlée, d’appui et de soutien. Cet ajustement me paraît indispensable pour assurer la cohérence de notre armée de Terre dans sa préparation aux défis de demain. »

Photo : armée de Terre / CALT

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33 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    Bien.

    Avec quelques acquisitions au passage ?
    « INTRODUCING HESCO RAID »
    https://www.youtube.com/watch?v=R16lvnKBipM
    « Ukrainian Border Guard Digging Trenches Near Russian Border – MDK-3, Ukraine, Sumy Oblast »
    https://www.youtube.com/watch?v=BKR0uNy8HiE
    « Military Engineering Equipment Ditchers and Trenchers »
    https://www.youtube.com/watch?v=urAf59EKnjk
    Par exemple hein …

    Et, dans quelques années, au moins une « baleine volante » (~200 millions d’€) !
    « FLYING WHALES | Technical video »
    https://www.youtube.com/watch?v=xaQcOwwRoWw
    —> « Dirigeables Flying Whales : le projet girondin interroge, son directeur général répond aux critiques »
    https://www.sudouest.fr/economie/transports/grue-volante-flying-whales-le-projet-girondin-interroge-son-directeur-general-repond-aux-critiques-21245588.php
    Ça pourrait être vachement bien pour les opérations du Génie, notamment pour le franchissement.
    —> « The bridge design that helped win World War II »
    https://www.youtube.com/watch?v=vaNOuVgwPos&t=73s
    « Didacticiel pont Bailey M2 »
    https://www.youtube.com/watch?v=jT56vCNG2EU
    —> « Mabey Bridge Compact 200™ – Modular Bridge Construction »
    https://www.youtube.com/watch?v=-8HSHOzbgzE
    Imaginons les dirigeables plaçant de grandes poutres/IPN traversantes (dans la limite des 60t) qui facilitent la construction des ponts temporaires. Ce serait un atout non négligeable.

    Ce serait bien des LMP pour envoyer des charges explosives de déminage en nombre.
    Les drones-bombardiers Skycarrier pourrait aussi y aider, tout comme ils pourraient servir à générer des écrans de fumigènes en 3D.

    • Félix GARCIA dit :

      « INTRODUCING HESCO RAID »
      —> Et pour les remplir rapidement ces ensembles de gabions lorsque nécessaire, des camions-bennes avec un tube de déchargement (comme les moissonneuses-batteuses), déversant terre, sable ou gravier, passant les uns derrières les autres à bonne allure.
      Ce qui nécessiterait évidemment de passer au tamis le volume ainsi chargé lorsqu’il s’agit d’autre chose que du sable.

      Pi, si ça marche, essayer de les « vibrer/secouer » après coup (en plongeant un « vibreur mécanique ») pour mieux répartir/tasser le contenu dans l’contenant, tout en étant à l’abri de cette nouvelle fortification.

  2. Félix GARCIA dit :

    Développer des dispositifs lumineux pour éblouir (qui émettent beaucoup de « candelas ») afin de fournir un appui à la mobilité ?
    Pour le combat urbain par exemple, afin de « neutraliser » des bâtiments entiers, même en plein jour, en visant plusieurs ouvertures à la fois, ou encore, dans le combat souterrain …
    De tels dispositifs pourraient-ils gêner les optiques d’en face ?

  3. Félix GARCIA dit :

    À propos des risques NRBC :
    « OUVRY at Eurosatory 2024 »
    https://www.youtube.com/watch?v=QWo3gBsFpY0

    « Rôle des microbes et des agents transmissibles dans l’évolution »
    https://www.youtube.com/watch?v=CU8MmIENsnA
    « Rôle des microbes et des agents transmissibles dans l’évolution 2/3 »
    https://www.youtube.com/watch?v=9Fos6Ueevqo
    « Rôle des microbes et des agents transmissibles dans l’évolution 3/3 »
    https://www.youtube.com/watch?v=sbnOSf-hAkI

  4. 10RC dit :

    Il serait temps de renommer le 2e régiment de dragons, qui, avec sa mission NRBC, n’a plus rien d’un régiment de cavalerie. De glorieuses unités du génie mériteraient d’etre réactivées via ce changement de dénomination.

    • lxm dit :

      Nous ne sommes pas dans game of thrones ou house of the dragon, nos soldats ne chevauchent pas de réels dragons.

      • Niko dit :

        Parlons-en c’est un scandale!

        • Pascal, (l'autre) dit :

          Comme d’hab la ritournelle du doigt et de la lune! On se fout de l’appellation du régiment N.R.B.C., on devrait plutôt se préoccuper si ses moyens sont suffisants et si ce régiment ne devrait pas être renforcé par d’autres ailleurs sur le territoire! Dans le cas d’une attaque massive sur notre sol, (peu probable mais pas impossible*) dans le cas d’un accident technologique majeur il y a bien les cellules « risques chimiques et radiologiques » des S.D.I.S. mais seront elles en nombres suffisants?
          * A ceux qui sont persuadés que cela n’arrivera pas il y eu un 11 septembre à N.Y., un 14 juillet à Nice et un 13 novembre à Paris! Le pire n’est pas toujours sûr mais…………………

  5. PHILIPPE dit :

    Compte tenu des dégâts importants enregistrés ces dernières semaines par le réseau routier tant dans les Alpes que dans les Pyrénées il serait tout à fait logique, me semble-t-il, que des unités du Génie interviennent pour rétablir au plus vite la situation.
    En effet par exemple le délai de 6 mois annoncé pour la réouverture d’une route en direction de l’Espagne n’est guère admissible.
    Les unités étant là, disponibles et qualifiées, elles sont en mesure de prêter main forte à la collectivité nationale.
    Qu’attend le gouvernement pour les mobiliser ?

    • STÉPHANE dit :

      Quel gouvernement ?
      indépendamment de ça (c’est territorial, pas besoin de la sur-centralisation parisienne), les territoires ont ils demandé l’aide de l’armée, via leur ComZD?

    • blavan dit :

      Hélas , il y a longtemps que les moyens militaires ne servent plus aux mission de sécurité civile. Trop de chef, peu ou pas de de troupe, et des chaines de commandement qui paralysent toute action rapide d’aide.

    • Alfred dit :

      Ben non mon brave. Les compagnies de travaux (CTRG) qui avaient le materiel ad’hoc pour le faire ont ete dissoutes fin des années 70, début des années 80, et leur materiel ferraillé ou vendu aux domaines. Quant aux ponts Bailey, ils attendent dans les depots du CNPS (Centre National des Ponts de Secours) quand ce ne sontpas des entreprises privees qui les ont achetés pour les louer.

    • vrai_chasseur dit :

      @PHILIPPE
      Depuis 1988 les UIISC (cf par ex. la 7 : http://www.defense.gouv.fr/terre/unites-larmee-terre/nos-regiments/unite-dinstruction-dintervention-securite-civile-7 ), sont des unités de l’Armée de Terre rattachées à l’arme du Génie, qui sont mises à disposition pour emploi au Ministère de l’Intérieur. Ce dernier est seul décisionnaire (via le préfet de zone) sur le territoire national.
      En cas de catastrophe, tremblement de terre, incendie, inondation, la plupart du temps ce sont ces sapeurs qui viendront vous chercher en premier, souvent au péril de leur vie. Leur maîtrise technique les amène à être également très demandés et projetés à l’étranger.
      L’arme du Génie est peu connue, pourtant ses régiments sont très pointus, notamment le Génie de combat.
      Petite devinette anecdotique, quelle est le matériel le plus lourd de l’Armée de Terre ? non ce n’est pas le char Leclerc, c’est le SPRAT ( http://www.youtube.com/watch?v=6vqR_2v3uTQ )

    • MAS 36 dit :

      Question très pertinente !

    • VinceToto dit :

      Quand il y a des problèmes de stabilisation des sols(ou de montagne) faut parfois attendre, à moins de tout exploser puis déblayer pour avoir plus de certitudes au niveau stabilité des sols/montagnes.
      Après, vous voulez appeler qui de la Brigade Génie/CALT?
      Les chiens de combat ( https://youtu.be/jgUITxf20y4 ) , les dragons NRBC( https://youtu.be/oGf5q_4Jxhs ) ou les experts en groupes électrogènes( https://youtu.be/SO19o3LRiIg )?
      Mais bon, il parait qu’ils vont être compatibles OTAN. Alors, ok, cela va pas aider pour vos routes, mais ce n’était pas l’objectif.

    • Pascal, (l'autre) dit :

      « que des unités du Génie interviennent pour rétablir au plus vite la situation. » Pas certains qu’ils aillent plus vite! Les contraintes géologiques sont pareilles pour tous ceux qui auront à œuvrer pour remettre en état les infrastructures routières pyrénéennes!

  6. LW dit :

    Décidément dissoudre une brigade, une base ou une assemblée, ne sert visiblement pas à grand chose.

  7. NVG dit :

    Effectif total: Inchangé
    Jours de munitions: 3, inchangé

  8. Mon père avait 20 ans dit :

    Si M. Lagneau veut bien me permettre ce hors-sujet un peu personnel, la citation du 28e groupe géographique dans son article m’amène à évoquer le mémoire de mon père, dont il m’est arrivé très irrégulièrement de raconter quelques souvenirs militaires dans ce blog ces dernières années.

    Né dans la France rurale et fils d’un métayer, vétéran sans-grade de la 1re Guerre Mondiale plusieurs fois blessé, a connu étant enfant la 2e Guerre Mondiale : le départ des chevaux réquisitionnés en 1939, les troupes allemandes cantonnées dans la grange de la ferme, la faim, le gradé allemand réquisitionnant du pain à la boulangerie pour le donner à sa famille, et, en 1944, le train blindé passant par son village pour venir combattre les maquisards de la région, la brutalité de ces hommes envers la population et la patrouille qui le contrôla sur un chemin alors qu’il n’avait que dix ans, déchirant la doublure de son béret pour vérifier qu’il ne transportait pas de documents clandestins et lui faisant tellement peur qu’il avait ensuite fui à toutes jambes pour se réfugier chez le voisin le plus proche.

    À vingt ans, bien que reconnu soutien de famille, il fit son service militaire.
    Sa modeste formation professionnelle incluant la maîtrise du dessin, l’armée l’affecta (avec une certaine cohérence) à une unité géographique de 1954 à 1956.
    Il servit d’abord en Allemagne pendant un an, à Offenburg, dont une partie affecté à l’infirmerie (bien que sans aucune compétence médicale, la cohérence militaire a ses limites), ce dont il était très fier, car le médecin – très occupé à rédiger sa thèse – lui déléguait beaucoup de responsabilités et il estimait ne s’être jamais trompé quand il fallait décider de faire hospitaliser ou non ses camarades.
    Il a gardé de l’Allemagne occupée le souvenir des froids intenses et des soldats transis s’évanouissant dans la cour de la caserne, des photographies qu’il faisait et avait appris à développer lui-même dans le laboratoire de l’unité, des petits trafics de cigarette avec la population locale et de quelques mots d’allemand, seules compétences linguistiques qu’il ait jamais acquises, suffisants pour commander un bière et compter jusqu’à dix.
    Il embarqua ensuite pour une année en Algérie, où ses fonctions redevinrent purement géographiques, pays dont il ne parlait que très peu. Il évoquait parfois le souvenir d’une histoire de cartes qui auraient dû être incinérées mais dont une partie avait été retrouvée intacte sur une plage, ce dont le fautif avait essayé – sans succès – de lui faire porter la responsabilité.
    Il parlait un peu plus volontiers de sa participation à l’opération de Suez de 1956 (à laquelle je n’ai jamais compris comment, en tant qu’appelé, il avait pu être affecté), qui, dans son souvenir, consista essentiellement à creuser des tranchées dans le jardin d’une belle villa coloniale d’Ismaïlia.
    Jeune enfant, je lui avais demandé une fois s’il avait « tué des méchants à la guerre ». Il me répondit que non, visiblement soulagé de ne pas avoir eu à le faire. Plus tard, il évoqua le souvenir d’un camarade, mort en Algérie d’une balle dans la gorge…
    Libérable, l’armée lui proposa de s’engager, mais il préféra revenir à la vie civile. Quelques années plus tard, il épousait ma mère, mais c’est une autre histoire.

    Cet homme, simple, pudique, honnête, courageux, travailleur et profondément aimant, s’est éteint dans la paix et entouré de l’amour de sa famille il y a quelques mois.

    Merci de m’avoir lu.

  9. papy dit :

    Il faudrait en profiter pour retrouver les capacités perdues en matière de franchissement suite aux dissolussions du 1 et 2 RG. Ce n’est pas avec du MLF que cela va se faire.

  10. Leboeuf dit :

    « combat cynotechnique »

    c’est pour la detection des explosif ?

  11. Félix GARCIA dit :

    « La bureaucratie comme ennemi secondaire »
    […]
    « Le général Syrsky a clairement entrepris un effort de réorganisation de son armée, en simplifiant progressivement les structures, transformant petit à petit des brigades territoriales en brigades de manœuvre, alors que le ministère de l’Intérieur fait de même avec la garde nationale et les gardes-frontières. Des états-majors sont effectivement créés, des chefs de brigades sont virés, et parfois même des brigades sont dissoutes. Un grand espoir est de disposer de suffisamment de brigades pour enfin avoir une réserve stratégique. Il faut bien comprendre que la réserve stratégique n’est pas seulement là pour faire face aux urgences ou organiser des attaques sans retirer des forces du front. C’est aussi la seule manière d’organiser des rotations de brigades du front vers l’arrière, de les y reposer, de les reconstituer et de les entraîner à de nouvelles méthodes. Les armées évoluent plus vite à l’arrière que collées au front ; encore faut-il avoir un arrière bien structuré. Le courage immense des soldats ukrainiens et leur ingéniosité technique, dopée par l’arrivée des civils dans leurs rangs, méritent d’avoir une structure de commandement à la hauteur.

    Je précise, pour conclure, que les forces armées françaises de ces vingt dernières années n’ont aucune leçon à donner en la matière, trouvant le moyen de passer, en quelques années, d’un système capable de déployer en quelques jours en Allemagne 65 régiments de manœuvre au complet, avec une chaîne de commandement complète et un soutien bien organisé, à un bordel bureaucratique à grande échelle. Le révélateur de la guerre à grande échelle et à haute intensité serait cruel pour nous. »
    https://lavoiedelepee.blogspot.com/2024/09/la-bureaucratie-comme-ennemi-secondaire.html

  12. jaicruvoir dit :

    l’armée réactive de nouveaux regiments de terre de l’air,…
    Où va-t-elle trouver la RH pour les peupler?