Admis au service en 1991, le patrouilleur Arago devra encore « tenir » pendant trois ans de plus

Admis en service actif au sein du Service hydrographique et océanographique de la Marine [SHOM] en juillet 1991, le patrouilleur de service public [PSP, classe Lapérouse] Arago fut affecté, vingt ans plus tard, à Fare Ute [Papeete] afin de remplacer le patrouilleur de type P400 « La Railleuse ».

À l’époque, la Marine nationale n’avait guère le choix, le programme BATSIMAR [Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime], censé lui permettre de remplacer à la fois ses patrouilleurs P400 et ses derniers avisos de la classe d’Estienne d’Orves, ayant été reporté à des jours meilleurs pour des raisons budgétaires.

Seulement, il ne vit jamais le jour… Après avoir acquis trois patrouilleurs de type « La Confiance » pour parer au plus pressé en Guyane et aux Antilles, la Marine nationale lança le programme POM [patrouilleur outre-mer] pour remplacer ses derniers P400 ainsi que l’Arago. Quant au renouvellement des avisos, il se fera au titre du programme PH [patrouilleurs hauturiers], les sept premières unités [sur dix prévues] ayant été commandées en novembre 2023.

« Le temps perdu ne se rattrape plus », chantait Barbara. Alors qu’elle a désarmé tous ses P400, la Marine nationale ne compte pour le moment que deux patrouilleurs outre-mer sur les six commandés, à savoir l’Auguste Bénébig, affecté à Nouméa, et le Teriieroo a Teriierooiterai, qui a récemment rejoint Papeete.

Pour autant, en 2021, les tergiversations sur le remplacement des P400 avaient conduit la Marine nationale à décider de prolonger de trois ans le patrouilleur Arago, repoussant ainsi sa date de retrait en 2024. Et cela après avoir réalisé une « analyse technique » approfondie pour s’assurer de sa capacité à poursuivre sa vie opérationnelle.

« La prolongation de l’Arago répond à un réel besoin opérationnel : missions de souveraineté et de protection des zones économiques exclusives françaises, d’intervention contre les pollutions maritimes et en faveur de la préservation de l’environnement, ainsi que de sauvetage et d’assistance aux personnes », avait-elle fait valoir à l’époque.

Maintenant que le Teriieroo a Teriierooiterai a officiellement été admis au service actif, l’Arago va pouvoir revenir en métropole. D’ailleurs, ce 11 septembre, la Marine nationale a annoncé qu’il venait de mettre le cap vers Brest, après avoir été escorté pendant un temps par son successeur et la frégate de surveillance Prairial. Pour autant, il ne sera pas question de le désarmer dès son arrivée en Bretagne puisqu’il « rempilera » pour trois ans de plus.

Cette fois, cette prolongation visera à donner une [mince] marge de manœuvre à la Marine nationale, qui doit faire preuve « d’agilité » à un moment où le nombre de ses avisos va en s’amenuisant et que ses futurs patrouilleurs hauturiers n’ont pas encore été construits. D’où, d’ailleurs, sa décision d’affecter temporairement la frégate La Fayette à Brest, afin de surveiller les approches de l’Île-Longue, où sont basés ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE].

Cela étant, cette nouvelle prolongation de l’Arago n’est pas vraiment une surprise. Doté de deux radars [DRBN-38 et Furuno] et armé de seulement deux mitrailleuses de 12,7 mm, ce patrouilleur avait été placé en arrêt technique majeur [ATM] en janvier dernier, dans le cadre d’un marché confié par le Service de soutien de la flotte en Polynésie française [SSF PF] à Naval Group.

Photo : L’Arago accompagné la frégate Prairial [au premier plan] et le POM Teriieroo a Teriierooiterai – Marine nationale