Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés
En 2018, la disponibilité de certaines flottes d’aéronefs étant encore très insuffisante au regard des contraintes et de l’activité opérationnelle, le ministère des Armées prit le taureau par les cornes en lançant une vaste réforme du Maintien en condition opérationnelle Aéronautique [MCO Aéro], sur la base des recommandations faites par l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert.
L’une des mesures prises consista à remplacer la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD] par la Direction de la Maintenance aéronautiques [DMAé]. Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA], cet organisme est désormais chargé d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies en matière de MCO Aéro, afin d’accroître la disponibilité des aéronefs à un coût maîtrisé.
Pour cela, la DMAé a entrepris de simplifier le MCO en confiant tous les marchés relatifs à la maintenance d’un flotte d’aéronefs à un prestataire unique tout en lui assignant des objectifs de disponibilité, dans le cadre de contrats dits « verticalisés ».
Cette réforme a-t-elle produit les effets escomptés ? Les chiffres relatifs à la disponibilité technique des aéronefs étant désormais confidentiels, comme, d’ailleurs, les indicateurs sur l’activité des forces que l’on pouvait trouver dans les « bleus budgétaires » [c’est-à-dire les projets annuels de performance], il est compliqué de se faire une idée.
À moins de se contenter de quelques ordres de grandeur concernant certaines flottes. Ainsi, l’an passé, le général Stéphane Mille, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE] avait confié, lors d’une audition parlementaire, que la disponibilité de l’aviation de chasse [Rafale et Mirage 2000] avait « globalement » augmenté de 3 % en 2023 tandis que celle des autres flottes [avions de transport, hélicoptères et drones] accusait une « légère baisse ».
Dans un référé publié ce 10 septembre, et bien que n’étant pas autorisée à rendre publics les taux de disponibilité des aéronefs, la Cour des comptes a donné un aperçu des résultats obtenus par le ministère des Armées en matière de MCO Aéro entre 2018 et 2023.
Ainsi, si elle dit avoir « observé à l’occasion de son contrôle une amélioration de la performance du MCO aéronautique, qui se traduit par une meilleure disponibilité de plusieurs flottes stratégiques d’aéronefs depuis 2018 », la Cour des comptes estime cependant que ces progrès, « réalisés au prix d’un accroissement significatif des moyens budgétaires » [4,7 milliards d’euros en 2022, ndlr], sont « insuffisants au regard des besoins opérationnels » étant donné que les volumes d’heures de vol et les indicateurs de performances des documents budgétaires » demeurent encore, « chaque année, en deçà des objectifs fixés par les armées ».
L’enquête menée par la Cour des comptes ne remet pas en cause les contrats verticalisés. En revanche, elle souligne qu’il existe des « marges de progrès importantes en matière de productivité et de compétitivité » au sein du Service industriel de l’aéronautique [SIAé].
Rattaché à l’armée de l’Air & de l’Espace, le SIAé est le « garant de l’autonomie de la France sur le MCO Aéronautique », en apportant une « logique de performance industrielle grâce à des méthodes innovantes », explique le ministère des Armées.
Certes, les Cour des comptes reconnaît que le SIAé a engagé des actions afin d’améliorer sa performance… Pour autant, poursuit-elle, « ses ateliers restent souvent engorgés par les flottes d’aéronefs les plus problématiques ». Et d’ajouter : « La production stagne depuis 2018 malgré l’augmentation des effectifs » tandis qu’il « n’existe pas d’indicateur fiable permettant de mesurer [sa] productivité. En outre, « peu de synergies ont été développées entre ses cinq ateliers [*], dont les pratiques restent hétérogènes ».
Selon le ministère des Armées, le SIAé emploie 5000 personnes [dont 83 % de personnels civils] et recrute plus de 400 opérateurs, techniciens et ingénieures tous les ans.
Parmi les mesures qu’elle préconise, la Cour des comptes soutient que la « transformation » du SIAé doit se poursuivre en prenant modèle sur « la réorganisation et les évolutions managériales menées à bien dans les centres d’essais de la DGA », lesquels « sont notamment parvenus à mutualiser leurs fonctions support et augmenter leurs heures productives ».
Par ailleurs, la Cour des comptes a également évoqué les difficultés du projet BRASIDAS. Confié en 2018 par la Direction générale de l’armement [DGA] à Sopra Steria, il doit permettre de réunir toutes les informations sur les activités de maintenance sur les différentes flottes d’aéronefs au sein d’un seul système d’informations [il en existait alors plus de 80]. Un audit de ce projet est d’ailleurs actuellement mené par le Contrôle général des armées.
« La Cour a constaté que la réalisation de la première étape de BRASIDAS accusait déjà un retard de deux ans par rapport au calendrier initial et se heurtait à des difficultés importantes, notamment liées à la reprise des données de certaines flottes et à la maturité du principal composant technique de la solution », lit-on dans le référé. Aussi recommande-t-elle de tirer toutes les conséquences sur la conduite de ce projet une fois que l’audit dont il fait l’objet sera terminé.
[*] Ateliers industriels de l’aéronautique [AIA]
bonjour, je souhaiterais savoir combien nous coût cette histoire de MEO , surtout qu’ils y a quelques années nous sommes passés a des opérateurs privés…
Avons nous effectivement fait des économies… voilà la question importante…
Ou la défense est encore un dindon de cette triste histoire…
a priori ce ne sont pas les opérateurs privés qui sont mis en cause……
@Rogger
On n’a pas d’économies car ce n’était pas l’objectif. L’objectif, c’était d’améliorer les taux de disponibilité des aéronefs, et c’est pour ça que des milliards ont été investi. Après, j’imagine que les industriels n’hésitent pas à faire payer le prix fort, et ils auraient tort de le faire, vu leur monopole. Et si la Cour des Comptes a raison, le mindef est bien le dindon de cette histoire.
Je suppose que la solution serait de négocier avec eux lorsqu’on lance de nouveaux standards (une négociation en mode : l’Etat paye le nouveau standard mais ils réduisent leur frais de maintenance).
Des milliards ont été investis.
Un exemple parmi trop d’autres: la société HELIDAX, appartenant à DCI, a fait de très bonnes affaires avec l’armée depuis des années et ne peut que s’en rejouir.
https://www.sudouest.fr/economie/emploi/helidax-remporte-la-maintenance-de-18-helicopteres-fennec-de-l-armee-de-terre-2838814.php
Pas seulement en matire de MCO ou de diplotie armée d’ailleurs, la formation des militaires français et étrangers est de plus en plus donnée depuis des années à DCI de manière plus ou moins adroite, avec parfois des sketch estivaux abusant du comique de répétition, encore plus que les vieux nanards du style « les bidasses en folie » (mais à la fin, c’est toujours la fameuse « magie » du carnet d’adresses et de la présence au conseil d’administration de certains immunisés aux délits de conflits d’intérêts, qui gagnent).
« L’État français », toujours au nom de l’idéologie a cédé DCI à l’ADIT, pour en faire un « champion de l’intelligence économique européenne »: le doublement du chiffre d’affaires est un objectif pour 2024.
https://www.challenges.fr/entreprise/defense/armees-comment-l-adit-compte-faire-redecoller-dci-champion-tricolore-de-la-formation-militaire_900314
Si cette cession a fait les bonnes affaires de ceux qui en ont profités, le contribuable français a beaucoup moins de raisons d’y trouver un intérêt pour la France.
https://www.intelligenceonline.fr/renseignement-d-affaires/2024/01/25/a-l-adit-l-absorption-de-dci-et-la-reconstruction-de-l-ukraine-au-menu-de-2024,110151364-eve
Un schéma de pensée « complexe » qui plaît beaucoup aux « sages » de la rue Cambon, qui comme tous ceux de cette caste consanguine, ne s’appliquent pas leurs propres médecines de Diafoirus.
Biberonnés de génération en génération au gaspillage de l’argent public de la France et à notre asservissement par la dette détenue par les créanciers internationaux, gavés de fausse monnaie.
Et tous savent si bien se servir plutôt que servir: la devise « privatisation des profits, nationalisation des pertes » devrait être gravée au fronton de tous nos édifices publics remplaçant « Liberté, Ėgalité, Fraternité « …
» privatisation des profits, nationalisation des pertes » » C’est le principe même du capitalisme financier!
Ceux qui en ont profité.
Cela a l’air de correspondre au rapport Draghi sur la compétitivité de l’UE.
(Mais pour ce qui est des solutions envisagées, je ne vois pas comment le poison pourrait aider l’empoisonné.)
HS Navions français : « Search for pilot who parachuted out of Mirage 2000 underway »
https://focustaiwan.tw/society/202409100028
Quand on est grand communiquant, les chiffres, on les aligne selon l’ordre désiré..
Après ceux qui les reçoivent, les interprètes selon l’ordre reçu…
C’est pire que cela… En fait, émetteur ou récepteur, aucun n’a la moindre connaissance de la maintenance, voir des spécificités militaires ! Tout repose sur une minorité de gens doués en dessous d’eux, régulièrement fauchés par la politique du personnel, voir le harcèlement des bas du front pour qui les maintenanciers ne sont pas des vrais militaires, et leur absence ou départ est immédiatement visible !
Le verbe « voir » ne signifie pas « et même ». C’est l’adverbe « voire » (avec son e final) qui a cette signification.
Aucun n’a la moindre connaissance de la maintenance, voire des spécificités militaires !
Fauchés par la politique du personnel, voire le harcèlement des bas du front.
Ceux qui les reçoivent les interprètent.
C’est en communiquant qu’on devient communicant.
Les externalisations font des ravages dans tous les domaines régaliens et même en dehors des armées: qui n’a pas entendu parler des inquiétudes sur les Canadair en plein été ?
https://www.avionslegendaires.net/2024/08/actu/les-canadair-francais-susent-et-ca-commence-a-vraiment-se-voir/
Pareil, mais toute l’année pour les hélicoptères des SAMU :
https://librejugement.org/2024/04/19/maladie-des-helicos-du-samu/
Il passe où le pognon ?
Il passe où le pognon ?……Il chemine vers les coffres des créanciers de la France, peut-être ?
@ JC
Vers les comptes offshore des paradis fiscaux, nets d’impôts.
4,7 milliards pour une amélioration de 3% c’est se foutre de la gueule du monde !!! autant dire que rien n’a changé sauf les dépenses qui ont explosé !!! ça sera déjà plus exact comme analyse.
Si les ateliers du SIAé sont engorgés c’est qu’ils ne recrutent pas assez ou mal, manquent d’outils ou de place et qu’ils sont victime des recommandations par le passé de réduction des coûts de la cour des comptes qui ne manque pas de soufflet à ramener son caquet sur un problème qu’il a lui même créé !!!
S’il est un lieu ou le pognon est mal employé c’est bien celui là.
Apparemment on a demandé à Sopra Steria s’ils pouvaient faire une usine a gaz fantasmée qui allait remplacer tout ce qui existait auparavant (le genre de truc dont rêvent tous les chefs, qui permettrait de tout faire et tout savoir en un clic). Et évidemment Sopra Steria a répondu que c’était dans ses cordes, sans toutefois s’engager précisément, puisque la demande se résumait aux grands principes, sans entrer dans les détails sordides et bassement matériels qui sont l’apanage des exécutants. Le démarrage du projet s’est annoncé prometteur comme d’habitude, puisqu’une seule personne allait en remplacer 10. Jusqu’au moment où face au mur des réalités, le coût augmente et les résultats se font attendre.
Rien de bien nouveau sous le soleil donc. C’etait déjà ainsi au cours des années 80/90. L’informatique allait tout révolutionner. Maintenant, c’est au tour de l’IA.
Pour la petite histoire le projet auquel je fais reference sans le nommer a pris fin au bout de quelques années. Les machines encombrantes ont fini sous une bâche, et le logiciel merveileux aux oubliettes. Certains ont essayé de continuer avec des micro ordinateurs et des logiciels achetés sur étagère. Mais ce ne fut guère convaincant. On a depuis réglé le problème en modifiant la mission du service pour ne conserver que la partie administrative.
À quel projet faites-vous référence ?
Un projet qui consistait schematiquement à regrouper dans une super CAO 3D toutes les spécialités BTP en croyant qu’à partir des éléments saisis par une personne le bouzin dimensionnerait les ouvrages, sortirait les plans, le descriptif, et calculerait les quantites et les coûts. Sauf qu’il ne s’agissait pas de concevoir des pieces destinées à être produites en serie, et qu’il fallait à chaque fois partir d’une feuille blanche en fonction des contraintes particulières rencontrées. Ce qui, ajouté à l’eventail des techniques du domaine d’intervention, relevait des 12 travaux d’Hercule, et s’est terminé comme il se devait
Merci.
On embauche des fonctionnaires et la disponibilité ne s’ameliore pas… Déjà lu !
Apparement il faut le répéter quand je lis les commentaires sur les industriels el l’externalisation 😉
Sous cet angle, avec la bulle du flir, on dirait un peu un Lancaster…
Alex Delalibre: oui pourquoi pas…L’ATL2 n°26 me disait quelque chose de particulier et après vérification ( sur mon carnet de vols ) lorsqu’il a été livré en flottille après sa sortie d’usine, j’ai participé à son 1er vol ops et c’est aussi sur le 26 que j’ai fait mon dernier vol…Nostalgie…
Et on apprend fort opportunément que Macron et Le Maire ont trafiqué les comptes de l’État qui sont catastrophiques… Cela aura forcément des conséquences dramatiques sur le budget de la défense…
Heureusement que l’un est le Mozart de la finance et l’autre le Beethoven du renflement brun !
On rappelle qu’on a mis à genoux l’économie russe…
Merci pour cet article et la référence en lien.
Même si l’on n’a pas de chiffre, il signale que la situation demeure non satisfaisante en dépit des dépenses supplémentaires.
« les profils des équipes de direction des ateliers du SIAé gagneraient à être plus diversifiés, en privilégiant l’expérience dans l’industrie aéronautique et dans le management de la performance industrielle »
Sans encenser le secteur privé, qui bénéficie de contrats très juteux, c’est à l’Etat de nettoyer les écuries d’Augias, s’il y en a, parmi les AIA … sur la question de la productivité et de la qualité du travail effectué, l’Etat devrait pouvoir mesurer le rendement de ses établissements de maintenance.
L’efficacité de l’externalisation est un article de foi, elle n’est donc pas discutable. Certains hérétiques pourraient être tentés de fonder leurs critiques sur les résultats obtenus ces dernières années. Ces malotrus oublient qu’on ne juge jamais un arbre à ses fruits, qu’on ne doit jamais se laisser influencer par des choses aussi vulgaires que des faits et qu’il est d’un égoïsme éhonté de considérer autre chose que les intérêts des actionnaires et les plans de reconversion des décisionnaires. Fort heureusement, la classification des données réelles ne permet plus de blasphémer de la sorte.
Le « crédit social » va bientôt discipliner tous ces mauvais esprits…
Le principe de l’irréalité permet de gouvernement selon ses désirs.
Le principe de la réalité fait que les tenants du principe précédant finissent toujours par se fracasser sur le mur de la réalité.
Comme partout dans ce pays : trop de bureaucratie, pas assez d’ouvriers.
Quand ça veut pas, ça veut pas.
SIA et plus, un nouveau petit Mammouth bien tché nous ?
tiens donc encore un échec de sopra steria dans un des multiples contrats que cette entreprise remporte … cette entreprise est la mort du savoir faire et de l’innovation de l’armée dans le domaine informatique pour résultat des projets bancales au technologie datée et inconfortable pour l’utilisateur final …
concernant la maintenance aéronautique , il est clair que plus de simplification était nécessaire, la verticalité a du bon …
Un projet bancal, des projets bancals.
Une réalisation bancale, des réalisations bancales.
« des projets bancales au technologie datée et inconfortable »
Des projets bancals aux technologies datées et inconfortables.
Des projets bancals à la technologie datée et inconfortable.
Bazilou si vous êtes dans l’coin. En guise de service et pour un temps vous sortir de votre mono produit. Pouvez vous nous faire un Tuto qui nous expliquerait ici comment RUAG s’organise pour bichonner les aéronefs Helvètes en temps et en heure – d’Hey ! men- . Tank you.